C H A P I T R E 17 - Josef Damste
Le mariage
Josef n'avait pas dormi de la nuit. Comment aurait-il pu ? Il allait se marier avec une femme, amoureuse d'un autre, qu'il connaissait à peine, à l'autre bout du monde. Tous ces facteurs assemblés lui prouvaient chaque minute que c'était une mauvaise idée. Pourtant, il ne semblait pas changer d'avis. Il l'épouserait. Il tiendrait sa parole.
En devenant le mari d'Aroha, il embrassera un nouveau rôle dans la tribu. Il ne sera pas chef, mais il aura des responsabilités, la première étant de protéger ce village coûte que coûte. Il se doutait que les autres membres de la tribu n'allaient peut-être pas l'accepter et l'accueillir à bras ouverts, mais il devait leur montrer du respect. Se marier avec leur cheffe et prendre soin d'elle chaque jour était la plus grande preuve de respect qu'il pouvait leur apporter.
Josef n'avait aucune idée de comment allait se dérouler le mariage, mais Natai était venu dans sa cabane la veille pour lui donner le vêtement traditionnel. Son futur beau-père lui avait tendu la sorte de cape avec un grand sourire. Josef était touché qu'au moins une personne dans la tribu soit heureuse de ce mariage. Natai avait été bon avec lui depuis le début et il savait qu'il représentait un espoir de paix pour lui. Il avait donc attrapé la cape traditionnelle avec un faible sourire et l'avait remercié en maori.
Alors que le soleil se levait doucement et commençait à chauffer l'intérieur de sa cabane, Josef fixait le vêtement confectionné à partir de nombreuses plumes différentes entremêlées à des feuilles de fougère. Il ne savait pas à quels oiseaux pouvaient appartenir tous ces plumages. Il doutait même les avoir déjà vus, peut-être étaient-ce des espèces endémiques ? Ils devaient sans doute être des animaux sacrés ou symboliques.
Le jeune homme soupira. Il avait tant à apprendre de ce peuple et de leur culture. Il avait peur d'être submergé par les informations. Pourtant, ces derniers jours, il avait réussi à échanger quelques mots maoris avec Aroha et Natai. Il s'améliorait, comprenant mieux leurs paroles. Il était décidé à parler leur langue couramment, ne voulant pas être rejeté éternellement à cause de cette barrière pouvant se montrer infranchissable.
Josef secoua la tête. Il pensait trop. Le mariage allait commencer d'ici quelques minutes. Il enfila alors la cape par-dessus un pagne que Natai lui avait également donné. Étonnamment, le vêtement pesait lourd sur ses épaules, mais ce n'était rien comparé à ce qui l'attendait.
Natai lui avait expliqué, avec un mélange de mots maoris et de signes insistants, qu'il devait se présenter sur la plage quand il entendrait le pūtātara. Le chef lui avait montré l'instrument et en avait joué devant lui pour qu'il puisse reconnaître le son. C'était un beau coquillage qui émettait un son de trompette.
Quand il reconnut la mélodie, Josef sortit de la cabane d'un pas décidé, prêt à affronter ce futur qui s'offrait à lui. Il avait vingt-cinq ans, Aroha en avait dix-huit. Malgré le fait qu'il avait sept ans de plus que sa future femme, il avait l'impression que la jeune cheffe était bien plus mature que lui. Il se redressa, gonflant ses pectoraux. Il ne devait pas se montrer faible. Il devait être digne d'elle, dans tous les sens du terme.
Josef arriva sur la plage, sentant ses entrailles se tordre dans tous les sens. Tout le village était présent. Il avança difficilement dans le sable déjà brûlant, rejoignant Natai qui avait les pieds dans l'eau. Le père d'Aroha souffla à nouveau dans le pūtātara pour appeler Aroha à les rejoindre.
Deux minutes plus tard, il la vit. Vêtue seulement d'un pagne, elle avait une couronne de fleurs qui reposait sur son front. Le reste de sa chevelure était nouée en une longue tresse ornée également de fleurs. Son teint rayonnant contrastait avec sa moue résignée. Elle était magnifique. Une vraie déesse. Elle se planta à côté de Josef, laissant les vagues caresser ses mollets. Elle ferma les yeux un instant, inspirant l'air salé de la mer. Il sembla au jeune homme qu'elle faisait une prière au dieu Tangaroa. Puis, elle planta enfin son regard dans celui du Néerlandais.
La puissance de ses prunelles noires ébranla Josef. Il y perçut de la haine. Jusqu'à maintenant, elle n'avait montré que de la résignation, de la déception, ou encore de la tristesse. Mais son état d'esprit avait changé. Elle le détestait déjà.
Le jeune homme avala difficilement sa salive et reporta son attention sur Natai. Ce dernier, accompagné de différents soldats, dont Eimeo, commença à effectuer une danse traditionnelle. Les femmes du village se mirent à chanter au rythme des mouvements des hommes. Eimeo ne quittait pas Aroha des yeux. La puissance de ses mouvements transpirait d'amour pour elle.
Josef se sentit extrêmement mal à l'aise. Était-il en train de faire une erreur ? Pourquoi s'interposait-il entre ces deux personnes qui s'aimaient profondément ? Il ferma les yeux un instant, se reconcentrant sur ses raisons. La protection d'un peuple était bien plus importante qu'un amour de jeunesse.
Il rouvrit les yeux et observa la fin de la danse. Les hommes revinrent à leur place initiale, derrière le couple, et Natai commença la cérémonie. Il parla longtemps, fixant souvent sa fille, essayant de lui transmettre son amour paternel. Mais la jeune femme semblait être insensible à tout le monde, sauf à Eimeo. Elle en voulait terriblement à son père et comptait bien lui montrer.
Le chef prit une cape semblable à celle du marié des mains de sa femme, Marama, et la tendit à Josef. Grâce à des mots que le jeune homme connaissait et quelques gestes, il comprit ce qu'il devait faire. Il s'approcha de la jeune femme et lui glissa la cape, désignée comme le korowai par Natai, autour de ses épaules.
Natai effectua ensuite plusieurs prières et demanda aux différentes familles du village d'apporter les cadeaux qu'ils avaient prévu pour le couple. Josef et Aroha reçurent de nombreux présents, plus ou moins utiles pour leur future vie ensemble. Le jeune homme avait l'impression de vivre cette cérémonie depuis l'extérieur de son corps. Il se voyait, seul homme blanc et blond, au milieu de cette tribu qui commençait à peine à l'accepter. Il voyait surtout le regard d'Eimeo pour Aroha. Il sentait cet amour palpable. Ne pourrait-il jamais goûter à l'amour lui non plus ?
Après que tout le monde ait donné ses cadeaux, Natai intima au couple d'effectuer le hongi. Josef ne comprit pas de quoi il s'agissait, il laissa donc Aroha venir à lui. La jeune femme avança doucement son visage vers celui de son nouveau mari. Elle sentait son appréhension et s'en amusa intérieurement. Elle posa alors son front contre le sien et approcha le reste de son visage jusqu'à ce que leurs nez se touchent. Elle ferma les yeux et resta ainsi un instant.
La proximité de la jeune femme fit frissonner Josef. Il avait déjà vu ce geste au sein du village. Il avait compris que cela témoignait d'un grand respect. Aroha recula et plongea son regard dans celui de Josef. La haine avait été remplacée par une angoisse qu'elle n'arrivait pas à contrôler.
Tandis que toute la tribu les acclamait et se dirigeait vers le buffet de nourriture qui avait été préparé en avance, les mariés comprirent que la cérémonie n'avait été que la partie facile du mariage. Après la fête, il restait la nuit de noces.
Aroha venait de perdre sa virginité avec un autre homme et Josef, n'ayant connu que quelques expériences sexuelles, appréhendait cette nuit.
Elle ne le désirait pas, alors que lui pensait à elle jour et nuit.
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L E X I Q U E :
Korowai : voile de l'amour
Hongi : signe de respect et de salutation maori (voir la photo)
N D A :
Bonjour !
Et voilà le mariage tant attendu de Josef et Aroha <3
La team Eimeo, je suis vraiment désolée, ne me tuez pas s'il vous plaît !
J'ai fait des recherches sur les mariages maoris et j'ai essayé de l'adapter à notre petit couple. J'espère que j'ai réussi à bien expliquer les éléments importants. Si vous n'avez pas compris quelque chose, n'hésitez pas à me le dire !
Donc, comme vous l'avez compris... Le prochain chapitre sera la nuit de noces. Est-ce que vous pensez que ça se passera bien ? :P
Bisous, Clara <3
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