C H A P I T R E 16 - Aroha
Ranguini
Contrairement à ce qu'elle avait pensé, Josef avait rapidement accepté le fait qu'il allait devoir se marier à la jeune cheffe.
Elle sentait souvent son regard bleuté brûler sa peau brune. Elle savait qu'il avait compris ce qu'il se passait entre elle et Eimeo. Qui ne l'aurait pas remarqué ? L'alchimie entre eux était tellement puissante qu'elle en devenait palpable. Josef devait y faire face chaque jour.
Aroha avait essayé de trouver du réconfort auprès d'Eimeo. Elle voulait profiter de ses derniers instants en tant que femme célibataire avant d'être emprisonnée pour le reste de sa vie. Mais, Eimeo étant le soldat le plus respectable et respectueux de la tribu, il avait repoussé sa cheffe tant bien que mal.
La jeune femme lui en voulait autant qu'elle respectait sa décision. Lui aussi allait devoir trouver une femme avec qui se marier. Le devoir surpassait leur amour, même si cela les détruisait intérieurement.
Natai avait décidé de marier sa fille à Josef le plus rapidement possible pour que la menace d'Ari disparaisse. Cela faisait deux semaines que ce dernier était venu et Aroha lui avait répondu qu'elle avait un autre prétendant, plus intéressant. Natai et sa fille savaient pertinemment qu'Ari allait vouloir les attaquer, c'était pourquoi Aroha et Josef devaient s'unir rapidement.
La jeune femme grimpa dans sa pirogue et navigua vers la grotte de Tangaroa. Elle s'allongea dedans, fixant le faux ciel étoilé. Les petites lumières bleues l'apaisaient et permettaient à son esprit de divaguer un peu.
Elle s'imaginait souvent ce qu'aurait pu être sa vie si elle n'avait pas été cheffe. Aurait-elle attiré l'attention d'Eimeo ? Bien sûr, sourit-elle. Ce qu'ils partageaient surpassaient l'échelle sociale. C'était autant physique que mental. En un seul regard, ils se faisaient comprendre qu'ils s'aimaient et se désiraient. Si elle n'avait pas été cheffe, elle n'aurait pas eu à choisir entre Anaru et Josef. Si elle n'avait été qu'une femme banale de la tribu, elle aurait pu s'unir à Eimeo. Elle aurait pu porter ses enfants et aimer sa famille plus que tout.
A cause de son titre et de ses responsabilités, elle devait dire non à l'amour. Elle devait regarder l'être aimé chaque jour sans jamais pouvoir le toucher. A cette pensée, son cœur se serra et ses yeux s'emplirent de larmes. Non. Elle s'était promis de ne plus pleurer. Elle ravala ses sanglots et inspira profondément.
Il fallait qu'elle passe un dernier moment avec Eimeo. Elle devait s'unir à Josef le lendemain et elle ressentait le besoin de dire au revoir à celui qui faisait battre son cœur.
Elle se redressa d'un bond, déterminée. Elle sortit de la grotte et amarra sur la plage. La nuit était en train de tomber. Aroha et Josef ne devaient pas se voir la veille du mariage, elle pouvait donc faire ce qu'elle voulait.
La jeune femme entra dans sa nouvelle cabane, celle où elle vivrait avec le néerlandais, et attrapa sa plus belle cordelette pour se faire une longue tresse. Elle enfila un pagne qu'elle venait de laver et sortit d'un pas décidé. Sur le chemin vers la tour d'observation où était posté Eimeo, la jeune femme attrapa une fleur blanche qu'elle glissa derrière son oreille.
Quand elle arriva, Aroha siffla pour signifier sa présence, comme à son habitude. Elle grimpa ensuite sur la structure et croisa directement le regard d'Eimeo. Il était seul, comme toujours.
Le jeune soldat ne put s'empêcher de sourire en la voyant apparaître. Les traits de son visage lisse étaient apaisés et quelques mèches de ses cheveux noirs le balayaient doucement, au rythme du vent. Il lui tendit la main pour l'inviter à s'asseoir auprès de lui.
Aroha la saisit et sentit ses joues la brûler. Elle avait une idée derrière la tête et elle espérait que le jeune homme n'allait pas la repousser comme il l'avait fait dernièrement.
« Tu es magnifique, murmura Eimeo près de son oreille. »
La jeune femme frissonna et lui fit un grand sourire. Il n'y avait aucun doute, elle était folle de lui.
« Merci, souffla-t-elle soudainement intimidée. »
Elle se rapprocha de lui et fixa l'horizon pendant quelques minutes. Comment allait-elle s'y prendre ? Comment lui expliquer ?
« Tout va bien ? dit enfin Eimeo, coupant court à ses pensées.
— Oui, je... je pense trop, je crois, lâcha-t-elle avec un sourire gêné. »
Eimeo haussa les sourcils. Il posa sa main dans le bas du dos d'Aroha, l'encourageant à parler. La chaleur de la paume rassurante du soldat redonna confiance à la jeune femme et la douce caresse de son pouce contre sa peau la décida à aller droit au but.
« Je me marie demain à Josef. Je t'aime, toi et rien que toi. Et je refuse d'aller me marier sans avoir partager un dernier moment avec toi. »
Le visage d'Eimeo affichait la surprise au fur et à mesure qu'elle parlait, mais le mouvement circulaire de son pouce dans son dos ne s'arrêta pas pour autant.
« Je veux m'unir à toi. Je veux que notre lien soit plus fort qu'un simple mariage. Parce que nous sommes bien plus que Josef et moi ne serons jamais. »
Touché par ces mots puissants, Eimeo ne prit pas la peine de réfléchir et saisit le menton d'Aroha de sa main libre. Il fixa ses grands yeux bruns un long moment, s'assurant qu'elle n'allait pas regretter ce moment unique. Puis, il l'embrassa. Ses lèvres épaisses rencontrèrent celles, déjà gonflées, de la jeune cheffe. Il savoura d'abord le goût salé empreint des embruns de la mer avant d'accélérer la cadence et d'aller à la rencontre de sa langue sucrée.
Il encercla le visage d'Aroha de ses deux mains puissantes et fit tomber la fleur qui était coincée derrière son oreille. Il enfouit ensuite l'une de ses mains dans ses cheveux et défit la tresse de la jeune femme. Il adorait caresser sa longue chevelure et sentir sa douceur.
Ils se fixèrent tandis qu'Aroha parcourait le torse musclé d'Eimeo d'un doigt hésitant. Elle redessinait ses tatouages, les connaissant par cœur. Le jeune soldat frissonna sous ses caresses et l'attira plus près de lui. La main de la jeune femme se retrouva coincée entre leurs deux torses, dernier rempart entre leurs deux corps brulant d'amour.
D'un geste, elle détacha le haut de son pagne, dévoilant sa petite poitrine. Eimeo la plaqua contre lui, sentant ses tétons durcir contre sa peau chaude. Ils s'embrassèrent à nouveau, découvrant peu à peu leurs corps respectifs. Aroha s'allongea sur le bois et finit d'enlever son pagne tandis que le soldat faisait de même. Ils se retrouvèrent nus, vulnérables mais amoureux.
La jeune femme leva les yeux au ciel, observant les étoiles un instant. Elle pensa à Ranguini, dieu du ciel, et le pria de la pardonner. Elle était faible face à l'amour. Elle devait goûter juste le temps d'une nuit à ce qu'elle aurait pu vivre si elle n'était pas née cheffe. Elle méritait de connaître cette véritable sensation avant de plonger dans l'inconnu et l'indifférence.
Elle allait accomplir son devoir, mais elle devait goûter au moins un instant au bonheur.
Alors, quand Eimeo s'introduit avec douceur et amour en elle, elle poussa un soupir d'aise. Elle se sentit complète.
Elle était prête à affronter le reste de sa vie.
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Hello !
Autant vous le dire tout de suite, j'ai adoré écrire ce chapitre... J'en ai déjà parlé avec certaines d'entre vous, mais ces deux personnages, Aroha et Eimeo, sont mes idéaux féminins et masculins. En gros, ce sont mes chouchous.
MAIS, Josef est mon chouchou aussi. Je sais pas trop comment vous expliquer... Peut-être que certains d'entre vous comprennent ?
Alors, je sais que la team Josef est en train de grincer des dents mais ne vous inquiétez pas, votre tour arrive bientôt !
Et la team Eimeo... J'espère vous faire plaisir ! Mais je sais que vous m'en voulez aussi, l'amour est compliqué, que voulez-vous ;)
Je ne voulais pas vous spoiler en mettant un TW au début du chapitre donc j'ai essayé de faire une scène de sexe assez light, j'espère que ça ne choque personne ! Si oui, dîtes-le moi et j'ajouterai le TW.
Comme vous avez dû le deviner, le chapitre suivant sera le mariage de Josef et Aroha donc... soyez prêts ;)
Bisous et bonne nuit !
Clara <3
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