C H A P I T R E 13 - Josef Damste
Découverte
Josef poussa un gémissement de plainte. Il avait réussi à dormir quelques heures après le passage d'Aroha dans sa cabane qui servait de prison. Pourtant, il n'était pas du tout reposé. La plaie de son crâne le lançait et sa tête lui paraissait lourde.
Alors qu'il essayait de rassembler ses idées, la porte s'ouvrit avec fracas et la silhouette de la déesse se dressa dans l'ombre. Il faisait toujours nuit, mais il apercevait une lumière bleutée plutôt claire dans le ciel, ce qui lui laissait deviner que c'était l'aube d'une nouvelle journée.
Josef se redressa, essayant de paraître présentable pour Aroha. Il ne voulait pas qu'elle voie qu'il souffrait et qu'il était faible. La jeune cheffe entra dans la cabane et s'approcha du Néerlandais. Doucement, elle posa une feuille de palmier à terre où différentes substances verdâtres étaient réparties. Josef reconnut à l'odeur le produit que la vieille femme lui avait appliqué sur sa plaie. La déesse venait-elle le soigner ? Incrédule, Josef fixa longuement le visage énigmatique de la jeune femme. Il n'arrivait pas à expliquer son changement de comportement. Tantôt volcanique et agressive, elle paraissait froide et... résignée ?
Aroha lui fit signe de s'asseoir pour qu'elle regarde son crâne. Josef s'exécuta, ne souhaitant pas réveiller le volcan qui sommeillait en elle. La jeune femme enleva le bout de feuille de palme toujours collée au crâne de l'étranger et appliqua le même produit que la veille du bout des doigts. Elle remit la feuille sur la plaie et s'éloigna rapidement.
Prête à repartir, elle se remit devant la porte. Puis, ayant visiblement changé d'avis, elle se retourna vers Josef.
« Nau mai. Viens. »
La jeune femme lui fit un signe et Josef comprit qu'elle voulait l'entraîner dehors. Le jeune homme s'exécuta, impatient de retrouver l'air libre. Il lui afficha un grand sourire, voulant lui manifester son contentement et sa reconnaissance. Pourtant, la jeune femme le fixa d'un air froid. Il commençait à regretter le côté volcanique de la cheffe, au moins elle avait l'air vivante. Sa froideur la rendait insensible aux émotions alors qu'elle semblait guidée par ces dernières la veille. Que lui était-il arrivé ?
L'air frais fit frissonner le jeune homme alors qu'ils sortaient tous les deux de la cabane. Aroha le guida d'un air pressé vers la plage, endroit du village encore inconnu de Josef. Il put découvrir la beauté de la baie où vivait ce peuple. La lune se reflétait sur l'eau sombre, créant des reflets étincelants qui concurrençaient avec la beauté des étoiles. L'air frais venait caresser les feuilles de palmier qui dansaient doucement, presque sensuellement, et dégageaient un bruissement agréable et rassurant.
Aroha s'avança vers la mer et mit les pieds dans l'eau, laissant les petites vagues envelopper sa peau avec douceur. Josef fit de même et se mit à côté d'elle, se laissant surprendre par la fraicheur de l'eau. L'odeur iodé de l'océan lui envahit les narines et pour la première fois depuis des semaines, il se sentit bien. Il se sentit à sa place.
La jeune femme se retourna alors vers lui, la moitié de son visage éclairée par la lune paraissait faite d'argent. Il admira sa beauté presque surnaturelle, se laissant bercer par le rythme des vagues à ses pieds.
Aroha entama alors une discussion qu'il essaya tant bien que mal de comprendre.
« Mōhiohio hao ? Tu sais pêcher ? »
Josef fronça les sourcils, essayant d'associer ces mots à ceux déjà présents dans son carnet. Mais, rien n'y ressemblait. Le petit dictionnaire improvisé ayant disparu de sa poche, il ne put vérifier pour être sûr. Il se pinça les lèvres et regarda la jeune cheffe d'un air désolé.
« Je ne comprends pas... »
Aroha mima alors ce qu'elle lui demandait. Elle le pointa du doigt d'un regard insistant et, attrapant un bâton sur la plage, le plongea brusquement dans l'eau à plusieurs reprises, comme si elle attrapait des poissons. Josef comprit donc et répondit à la négative. Malheureusement, il ne savait pas pêcher.
La jeune femme fronça les sourcils et parla à nouveau.
« Mōhiohio riri whakauka ? Tu sais te battre ? »
N'attendant pas que l'étranger réfléchisse à ce qu'elle venait de dire, Aroha, toujours aidée de son bâton, mima un combat. Josef, surprit et légèrement effrayé par cette demande, répondit à nouveau non.
La cheffe lui lança un regard méprisant et marmonna quelque chose que le jeune Néerlandais ne parvint pas à entendre. Visiblement agacée, Aroha s'assit dans le sable et laissa l'eau mouiller sa robe. Josef l'observa un instant, imaginant le combat qui se déroulait dans son esprit.
Le jeune homme avait l'impression que s'il savait pêcher ou se battre, il serait beaucoup plus respecté. Il ressentit le besoin de lui montrer que malgré tout, il savait faire quelque chose. D'un geste, il sortit le semblant de carte qu'il avait commencé de sa poche, heureux qu'elle n'ait pas disparu, et s'assit à côté de la déesse. Quand elle daigna le regarder, il lui montra le bout de papier avec un sourire.
« C'est une carte.
— Carte ? »
L'accent irrésistible d'Aroha le fit frissonner. Il acquiesça et lui mit son travail entre les mains. Il montra ensuite différents points sur le papier.
« Ici, c'est mon camp, dit-il en montrant la petite baie où son équipage avait amarré. Ça, c'est le trajet que j'ai fait avec Natai, ajouta-t-il en traçant une ligne avec son doigt. »
La jeune femme releva la tête en entendant le nom de son père. Elle comprit alors de quoi il parlait. Jusqu'à présent, son peuple n'avait pas eu besoin de ce genre d'outil. Ils savaient s'orienter dans leur jungle et n'avaient donc pas besoin d'être guidés. Mais, cela pouvait lui être utile pour identifier où étaient ses ennemis et comment leur échapper. Aroha écouta donc Josef attentivement, même si elle ne comprenait pas un seul de ses mots.
« ... Et ça, c'est ici, finit-il en montrant la baie occupée par le village maori. »
Josef sentit que la déesse était intéressée par ce qu'il disait et un sentiment de soulagement l'envahit. Après tout, il lui serait peut-être utile.
Aroha se releva brusquement, tirant sur le bras pâle de Josef. Evitant de justesse une chute dans l'eau, le Néerlandais s'agrippa à la main de la déesse. Cette dernière se dirigea alors vers un petit feu de camp où un tas de vêtements avait été mis à sécher. Elle en attrapa deux et les tendit à Josef, esquissant un léger sourire. Ne comprenant pas tout de suite, le jeune homme saisit les bouts de tissu et s'immobilisa. Aroha, légèrement agacée par la passivité de l'étranger, s'approcha de lui et tira sur sa chemise sale pour lui enlever.
Josef comprit donc. Elle voulait qu'il enfile de nouveaux vêtements. Des vêtements de sa tribu. Cela signifiait-il qu'il était accepté ? Hésitant, il enleva sa chemise et la laissa tomber dans le sable. Aroha, sans gêne, observa le torse de l'étranger. Elle fixa les poils blonds, presque invisibles du jeune homme et constata avec horreur l'absence de tatouages sur son corps. La présence de quelques abdominaux visibles la rassura, mais ses petits biceps la révoltèrent. Le jeune homme rougit, sentant un complexe l'envahir.
Décidée à voir l'entièreté de son corps, Aroha lui fit enlever ses chaussures et baissa son pantalon, sans que Josef ne s'y attende. Ne portant rien en dessous, son intimité était à l'air libre, sous les yeux de la déesse.
La jeune cheffe esquissa un sourire avant de lui tendre les vêtements maoris. Légèrement humilié, Josef saisit les bouts de tissu et découvrit avec surprise un simple pagne. Le néerlandais fixa le vêtement avec incompréhension tandis qu'Aroha riait doucement de lui. Elle reprit alors le pagne de ses mains et lui enroula autour de la taille avant de faire un nœud solide.
Puis, alors qu'il était sur le point de lui sourire en retour, la jeune femme attrapa les anciens vêtements du néerlandais, retira la carte et le carnet des poches pour les poser dans le sable, et balança les bouts de tissu colorés dans le feu. Le volcan était toujours présent.
___
N D A :
Hello ! Je sais, ça fait longtemps que je n'ai rien mis... J'ai fini mes partiels il y a peu et j'ai eu pas mal de choses à faire entre temps. Mais, me revoilà ! Je vais essayer de mettre un chapitre par semaine, peut-être plus. Dans tous les cas, je serai beaucoup plus régulière que dernièrement.
J'espère que ce chapitre vous a plu ! Un petit moment Josef - Aroha rien que pour vous ;). Bon, notre petit Josef n'est pas au bout de ses peines, mais il s'en sort plutôt bien, non ?
N'hésitez pas à me donner vos impressions ! Et pendant ce temps, je vais rattraper mes lectures... ;)
Bisous, Clara <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top