C H A P I T R E 11 - Josef Damste

La déesse

La première chose que Josef entendit quand il se réveilla fut la voix de la jeune femme mystérieuse qui l'avait assommé. Même s'il ne comprenait pas un mot de ce qu'elle disait, il devina à son ton qu'elle était toujours aussi énervée. Une odeur de sel marin envahit les narines du cartographe à mesure qu'il sentait la cheffe s'avancer vers lui. Les yeux toujours fermés pour faire croire qu'il était encore inconscient, il ne put s'empêcher de frissonner.

Il reconnut ensuite la voix de Natai lui répondre, sur un ton bien plus calme, presque enjoué. Le chef prononça alors le prénom du Néerlandais qui ne put s'empêcher de sursauter, ne s'attendant pas à cela. Josef sentit ensuite une grande main se poser sur son avant-bras et il sut qu'il était temps d'arrêter de jouer la comédie.

Le blond ouvrit donc ses grands yeux bleus et analysa la situation. La déesse fixait Natai d'un air mauvais, tandis que ce dernier regardait Josef avec un sourire bienveillant. Il se redressa alors péniblement, s'appuyant sur ses deux mains. Il était dans une sorte de cabane faite de bambous, différente de celle où il avait été emmené à son arrivée dans le village. Le toit en pyramide donnait une impression de grandeur à l'habitacle, ce qui rassura le jeune homme. Tandis qu'il sentait le regard de la déesse lui bruler la peau, il entendit une nouvelle voix dans son dos. Il se retourna et découvrit une femme d'un âge assez mur. Ses longs cheveux blancs contrastaient avec sa peau d'ébène et ses yeux perçants fixaient les cheveux clairs du jeune homme. Elle s'approcha de lui, répétant ce qu'elle venait de dire, et appliqua une gelée étrange sur son crâne. Surpris, Josef recula.

« Qu'est-ce que... ? »

La vieille femme l'interrompit, le grondant presque. Elle posa sa main contre la tempe du jeune homme pour le tenir immobile et continua à appliquer sa concoction verdâtre dans ses cheveux. Josef se rappela alors de ce qu'il s'était passé avant son évanouissement. La déesse l'avait frappé, à l'endroit même où la femme aux cheveux blancs lui appliquait un liquide à l'odeur douteuse. Il comprit donc qu'elle ne lui voulait aucun mal et que c'était pour le guérir.

« Merci de t'être occupée de lui, Amiria, mais je vais prendre la suite, déclara Aroha d'un ton sec. »

Josef, percevant l'énervement et la détermination de la jeune femme, sans pour autant comprendre ses paroles, chercha de l'aide dans le regard de Natai. Ce dernier comprit que le cartographe était complètement perdu et tenta de l'aider. Il essaya donc de raisonner sa fille, même s'il savait que c'était cause perdue.

« Essaie d'apprendre à le connaître, Aroha. C'est un homme bon.

— Pour la millième fois, je ne l'épouserai pas !

— Pourtant, cela règlerait tous les problèmes ! On pourra faire croire à la tribu d'Ari que nous avons le soutien d'un nouveau peuple et nous n'aurions rien à craindre ! »

Aroha poussa un petit cri d'énervement. Elle ignora ce que son père venait de dire et reporta son attention sur Josef. En un regard, le jeune blond comprit qu'il devait la suivre. Il n'arrivait pas encore à cerner cette jeune femme. Elle avait un caractère de feu mais un physique qui inspirait la douceur et l'amour. Ce paradoxe ambulant lui faisait autant peur qu'il attisait sa curiosité. Il ne put donc s'empêcher de la suivre, se levant avec peine. Ils sortirent de la cabane et la lueur du soleil éblouit le cartographe. Ses yeux bleus mirent du temps à s'habituer à cette nouvelle luminosité, mais il essaya de suivre la déesse tant bien que mal, légèrement aveuglé.

Cependant, l'éblouissement du soleil fut de courte durée. La jeune cheffe entraîna Josef sur un petit chemin qui s'éloignait du village. Au bout se trouvait une autre cabane, plus petite que celle qu'il venait de quitter et à l'apparence plus délabrée. Aroha ouvrit la porte d'un coup sec et fit signe au jeune homme d'entrer. Le cartographe dut se pencher pour franchir le seuil et se retrouva dans une pénombre inquiétante. Josef put se redresser au milieu de l'abri et en profita pour se retourner et faire face à cette femme intrigante.

« Qui es-tu ? lâcha enfin Aroha. »

Josef écarquilla les yeux. Il sentait la menace dans la voix de cette déesse mais il ne comprenait rien à ce qu'elle disait. Il essaya de fouiller dans ses poches pour trouver son carnet de note et commença à paniquer quand il se rendit compte qu'il ne l'avait pas.

« Qui es-tu ? répéta Aroha en haussant le ton. »

N'ayant toujours aucune idée de ce que la jeune femme disait, Josef essaya à son tour de lui parler.

« Je ne comprends pas, je suis désolé... »

La déesse brune s'avança alors brusquement vers le blond. Ce dernier sursauta et se cogna la tête contre le plafond en bambous. Retenant une plainte, il laissa la jeune cheffe s'approcher encore plus de lui. A quelques centimètres de son visage, elle le fixait d'un air curieux. Josef était plus qu'intimidé par cette femme au charisme surdéveloppé. Il laissa le souffle chaud d'Aroha caresser sa peau rougie par le soleil et autorisa enfin ses yeux bleus à se planter timidement dans les deux pupilles noires et profondes de la maorie. Cette dernière haussa les sourcils, surprise par la beauté du regard de cet intrus. Josef, lui, fut comme hypnotisé. Etait-elle une sirène ? Allait-il mourir de ses mains ? Il sentit des frissons lui remonter le long de la colonne vertébrale. Il n'arrivait pas à expliquer les sensations qui prenaient possession de son corps quand elle était près de lui, et il en avait peur.

La déesse s'écarta alors, laissant une odeur de sel de mer flotter autour de lui pendant quelques instants. Le néerlandais réalisa qu'il se retenait de respirer depuis un moment et il prit une grande inspiration, retrouvant ses esprits. Il tenta alors de la mettre en confiance, comme il l'avait fait avec Natai quelques semaines auparavant.

« Josef, déclara-t-il en se montrant du doigt, tentant une nouvelle fois de se présenter. »

La cheffe, désormais plus calme,  comprit rapidement, et, après un moment d'hésitation, imita l'intrus.

« Aroha. »

Aroha. Ce nom exotique résonna dans l'esprit de Josef. L'association de ces syllabes formait un prénom parfait, selon lui. Il sourit béatement.

La jeune femme haussa à nouveau les sourcils. Puis, elle sortit de la cabane, bloqua la porte avec un bambou et laissa ainsi Josef seul. L'absence de la déesse lui creusa un trou dans le cœur. Pourquoi se sentait-il ainsi auprès d'elle ? Il n'avait jamais ressenti cela pour une autre femme dans son pays. Aroha était si intrigante, mystérieuse... sauvage.

Le néerlandais s'assit doucement sur le sol et réfléchit à la scène qu'il venait de vivre. Le prénom de la jeune cheffe tournait en boucle dans sa tête quand il se rendit compte d'une chose qui lui avait échappé.

La jeune femme mystérieuse, cette déesse ou sirène qui lui faisait tourner la tête, venait de le faire prisonnier.

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Et bonsoir ! 

Encore et toujours, je suis désolée pour mon retard... Toujours les mêmes excuses, je pense que ça ne sert à rien que je me répète ! D'ici juin, ça devrait s'améliorer (je dis bien "ça devrait"). 

Bon sinon, ce chapitre... Notre petit Josef ne vous aurait-il pas manqué ? Pour les fans d'Eimeo, dîtes-moi un petit oui pour me faire plaisir s'il vous plaît x).  

Plus sérieusement, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? On a enfin une vraie confrontation entre Josef et Aroha (où elle ne le frappe pas et où il ne s'évanouit pas). Je sais que beaucoup d'entre vous attendent ça depuis longtemps (depuis le premier chapitre en fait) du coup... TADA !

Voilà, je voulais en profiter pour vous remercier encore pour toutes les vues et les commentaires, c'est incroyable de voir à quel point vous pouvez aimer cette histoire... ça me touche vraiment parce que vous savez que cet univers me tient à coeur. Donc voilà, merci, encore et toujours. 

Bisous, Clara <3

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