Chapitre 17
Un coup de pied.
Trois semaines.
Un coup de poing.
Trois maudites semaines sans la moindre nouvelle.
Un coup de genou.
C'était peut-être presque pire que si j'avais appris sa mort, je détestais n'être au courant de rien.
Deux coups de poing.
S'il ne donnait pas de nouvelles d'ici la fin de la semaine suivante, je me jurai de le tuer à son retour pour lui faire payer tout le stress qu'il m'avait donné.
Alors que j'allais asséner un nouveau coup au punchingball devant moi, une main se posa sur mon épaule. Je me tournai vers la personne qui osait me déranger et découvris Namjoon.
-Qu'est-ce que tu veux ? m'enquis-je d'un ton agacé.
-Donner un coup de main. Normalement t'as l'air froid, à la limite agacé, mais en ce moment t'es juste insupportable, t'as une tête qui fait flipper et t'es sur les nerfs toute la journée, déclara nonchalamment le bleu.
Je contractai la mâchoire en le fusillant du regard plusieurs secondes.
-Viendrais-tu de me tutoyer et de me parler comme à ton pote, Kim Namjoon ? relevai-je.
-Tout à fait. Je peux continuer, d'ailleurs. T'es le mec le plus horrible que j'ai jamais rencontré, affirma-t-il en me regardant dans les yeux sans ciller. Et en même temps le plus pitoyable. T'es une machine, pas un homme. Les rares fois où on a l'impression que t'éprouves quelque chose ça ressemble à du sadisme.
Mes poings se serrèrent inconsciemment.
Respire, Yoongi. Reste calme.
Mais Namjoon n'en avait pas terminé.
-Ô grand Suga, dieu vivant incontesté et incontestable des nouveaux Enrôlés, je suis désolé de t'apprendre que tes "chiens", puisque tu m'as si gentiment expliqué à mon arrivée que c'est ce qu'on est, te détestent ou au mieux te trouvent pitoyable. Pauvre petit instructeur peut pas gérer son boulot et sa vie privée en même temps, c'est...
Mon poing l'obligea à se taire.
Le coup était parti tout seul. Namjoon avait au moins raison sur un point : j'étais sur les nerfs, je n'arrivais même plus à contrôler mes émotions.
-Ne me parles pas comme ça, sifflai-je.
-Je dis juste la vérité. Tant pis pour toi si elle te plaît pas, ricana-t-il. Tu. N'es. Rien.
Je vis rouge et les coups lui tombèrent dessus sans même que je n'y pense. Au bout de quelques secondes, réalisant ce que je faisais, je m'arrêtai immédiatement en écarquillant les yeux. Ce n'était pas moi. Je n'étais pas comme ça. Je n'étais pas non plus quelqu'un de bien pour autant mais je savais me retenir et je ne reportais pas ma frustration sur les autres.
Surtout quand l'autre en question ne se défendait même pas.
Je le lâchai et passai une main dans mes cheveux, tentant de me reprendre.
Je vis Namjoon grimacer légèrement à cause de la douleur mais, à ma grande surprise, lorsque ses yeux rencontrèrent les miens, il me sourit.
-Ça va mieux ?
-Pardon ? fis-je.
-Vous vous êtes repris ? me demanda-t-il.
En comprenant ses intentions, je faillis esquisser un sourire. Ce garçon me prouvait une nouvelle fois que j'avais raison de voir en lui un futur haut-gradé. C'était un leader qui savait analyser une situation, un comportement, et y trouver une solution quelle qu'elle soit.
-Merci, gamin, lâchai-je.
-Je vous en prie, monsieur. Ah et pour ce que j'ai dit, oubliez. Je voulais juste vous faire réagir. Vous êtes pas forcément leur personne préférée mais les autres vous détestent pas.
Je haussai un sourcil et il comprit pourquoi.
-Je vous déteste.
-Au moins tu es honnête, fis-je.
-À demain, monsieur, se contenta-t-il de me lancer avant de s'en aller comme il était venu.
Je reculai lentement jusqu'au mur en inspirant profondément, le long duquel je me laissai glisser avant d'enfouir mon visage dans mes genoux.
Il était temps que je regarde la vérité en face. Je n'allais pas bien. Pas bien du tout. Et je ne pouvais pas me le permettre, je devais rester en haut du classement.
Il fallait que je me reprenne.
Fini de s'inquiéter pour Junjae. Je l'aimais et je n'arrivais pas à lui faire quitter mes pensées ? Tant pis pour moi, je devais trouver un moyen. Aussi douloureux que cela puisse être, il était peut-être déjà mort à l'heure qu'il était, et même s'il ne l'était pas, rien ne me garantissait qu'il resterait en vie bien longtemps. De plus, il m'avait demandé de continuer à vivre ma vie normalement. Alors, lorsque je quitterais cette salle, j'occulterais tout ce qui n'était ni en rapport avec mes responsabilités envers mes gamins, ni avec Haru et Jungkook.
Je me devais de ne plus penser à Junjae.
Pour moi comme pour les autres.
J'inspirai une nouvelle fois avant de me relever et de partir en direction du mess au pas de course. Le dîner n'allait plus tarder.
Une fois arrivé dans le mess, je repérai immédiatement ma meilleure amie, elle aussi légèrement en avance, et je me dirigeai vers elle. Le regard qu'elle posa sur moi en me voyant venir vers elle reflétait toute l'inquiétude qu'elle ressentait pour moi, ce qui me serra le cœur. Je m'en voulais de l'avoir mise dans cet état.
-Tu vas bien ? me demanda-t-elle.
-Oui, et toi ? répondis-je.
-Je suppose... fit Haru en plissant les yeux.
-Qu'est-ce qu'il y a ? m'enquis-je en m'asseyant.
-Tu me poses vraiment cette question ? s'étonna-t-elle. Ça fait des semaines que tu te morfonds à cause du vieux et tout d'un coup tu débarques comme si de rien n'était et tu me sors que tout va bien ? J'ai raté quelque chose ?
Je me crispai un peu à la mention de notre ami mais je me contentai d'hausser les épaules.
Ma meilleure amie me dévisagea d'un air incrédule.
-Je suis juste arrivé à la conclusion que m'inquiéter ne changerait rien, soupirai-je finalement.
Je la vis ouvrir la bouche pour insister mais l'arrivée des trois plus jeunes et le début du service l'en empêchèrent.
Je parvins à éviter le sujet durant trois jours au cours desquels ma vie d'Enfant de la Nation et d'instructeur reprit son cours habituel.
Cependant, ça ne dura que trois jours.
Une fille d'environ l'âge de Kookie, toujours en attente d'une affectation définitive, déboula au beau milieu de ma leçon de tactique militaire, visiblement essoufflée d'avoir couru. Ce qui pour une Enfant de la Nation devait signifier qu'elle m'avait cherché dans toute la base.
-Oppa... commença-t-elle avec difficulté.
-Respire, Chanmi, lui dis-je, me détournant de mes bleus.
Elle secoua négativement la tête.
-C'est urgent... lâcha-t-elle.
Des chuchotements s'élevèrent de mes Enrôlés mais je les ignorai, comme à mon habitude.
-D'accord, dis-moi.
-Je t'ai cherché partout, déclara la jeune fille, le souffle toujours court. Le mardi... Je suis au courier et... On a... On a reçu une lettre du front.
-Du front ? répétai-je après un silence.
Chanmi acquiesça. Je sentis mon estomac se tordre légèrement sous l'appréhension.
-Et donc ? Pourquoi est-ce que tu voulais me voir ? Il leur faut encore des renforts et je dois partir immédiatement, quelque chose comme ça ? tentai-je.
Elle secoua négativement la tête.
-Non. J'étais avec Océan, il avait une lettre à envoyer au QG, parce que... Désolée, on s'en fiche de ça !
Océan était le nom de code de Suyeong, je n'avais pas véritablement l'habitude de l'entendre car je n'étais pas sous ses ordres et qu'il était en plus le meilleur ami de Junjae...
-Enfin bref, continua Chanmi. Quand il a vu le tampon du front sur une des enveloppes, il a demandé à la voir, du coup je la lui ai donnée et ensuite il m'a dit de te l'amener. Que c'était extrêmement important et que tu devais absolument la lire.
-Tu sais de quoi parle la lettre ? me renseignai-je.
-Non. Océan m'a seulement dit que c'était en rapport avec Cendre. Yoon Junjae.
Ces simples mots me firent pâlir de manière immédiate. J'avais brusquement bien plus peur du contenu de cette lettre que de n'importe quoi d'autre...
Je lui arrachai presque l'enveloppe lorsqu'elle la sortit de sa poche, les mains tremblantes.
Au diable ma réputation d'insensible, j'avais beau essayer, j'étais incapable de me contrôler.
J'ouvris la lettre sans même oser regarder à qui elle était adressée à l'origine, ni qui l'avait rédigée.
Ça fait une véritable éternité depuis le dernier chapitre et je m'en excuse ! Malheureusement, ma moyenne me dit qu'il faut que je travaille alors j'ai très peu de temps où j'ai à la fois la possibilité et l'envie d'écrire... J'espère que vous me pardonnez et que ce chapitre sera à la hauteur malgré l'attente :)
À... au plus vite !
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