Le tireur

La détonation déchire le maigre silence peureux qui s'était installé une seconde avant. Une balle court entre deux cheminées et vient se nicher sur un homme, au loin, dont on ne connaît l'identité, faisant éclater son épaule dans une éclosion sanglante. Tout le monde a les yeux rivés sur l'intrus, trop choqué pour daigner faire le moindre mouvement. C'est Armin qui vient casser l'étonnement général, d'une phrase :

" A TERRE ! "

Sans attendre, vous obéissez tous et tu sens une balle te passer juste au-dessus de la tête, avant d'entendre un gémissement de douleur venant de l'ennemi. Son épaule a dû être salement amochée ! La personne ayant tirée à dû l'apercevoir lui et son arme, faisant en sorte qu'il ne puisse plus se servir de sa main, ou son bras valide. 

Etalée sur le toit, non loin d'Armin, qui rampe pour parvenir à tes côtés, tu remarques que de la vapeur s'échappe de son arme, et que sa main est presque sur la gâchette. Tu l'interpelles, une étrange peur enrobe ton corps entier : 

" Armin ? C'est toi qui a tiré ?! "

Le garçon ne répond pas, tu te rends compte qu'il tremble de tout son corps lorsqu'il se relève. Tu vas lui crier de se mettre à l'abri, comme l'ont déjà fait Levi et Jean, mais il tourne juste ses yeux calcifiés d'un mélange de peur et de courage, et sourit. Il prend son arme entre ses deux mains, et s'approche de la cheminée où se trouve l'homme armé. 

Sa cape est totalement collée à sa silhouette, ses cheveux dépassant légèrement, dansant une valse déchaînée, mais son corps ne bouge plus, il attend. Tu te lèves alors, prenant ton arme en main. Le souffle court, tu rases l'air pour te retrouver non loin de la cheminée. 

Armin, t'apercevant, te fait signe de le surprendre par la droite, lui, il ira par la gauche. Vous attendez une bonne seconde, qui semble passer en une éternité. Son regard, pendant cet instant, était toujours le même. Une coupure nette entre une sombre peur et un courage éperdument beau. Après ça, lorsqu'il fait enfin un pas vers la cheminée, tu ne vois plus ses yeux, cachés par sa capuche. 

Tes pas suivent alors les siens, par la droite. Tu as alors une toute nouvelle vision, celle d'un homme à l'épaule en sang, reclus sur lui-même, et pourtant, son arme maintenant en la main gauche et un regard presque triomphant. Tu n'as pas le temps de tirer, Armin non plus, c'est à lui de jouer. Une balle part, mais tu l'évites de justesse en te pliant légèrement sur le côté. Là, tu entends un bruit de tuile et une nouvelle bille fend l'air pour foncer dans l'épaule gauche du tireur ennemi qui hurle déjà de douleur. 

Armin regard l'homme avec un soupçon de pitié puis se mets à partir en courant vers un autre toit en criant :

" Merci Marco ! Je te revaudrais ça ! " 

C'était bien Marco qui vous a sauvé, celui-ci s'accroche un mignon sourire à la figure avant de partir à la suite d'Armin, remettant sa capuche. 

Vous lancez vos câbles et sautez dans le vide pour rejoindre la surface semblant s'étendre jusqu'au ciel. Tu fais signe aux deux garçons d'avancer jusqu'à une énorme cheminée et  te colle contre celle-ci à votre suite. 

Tu souffles, une fois à l'abri, puis, reprenant enfin le contrôle de tes esprits, laisse tout sortir :

" Mais t'es malade Armin ? T'aurais pu te faire tuer ! - Tu te tournes - Toi aussi Marco ! T'as de la chance qu'il t'ai pas vu ! - Tu reviens sur Armin - Et tu sais..Oh "

Tu stoppes tes réprimandes d'un coup, le blond semble profondément choqué. Ses yeux sont accrochés à un point dans le ciel, il a l'air ailleurs. Tu le remues un peu, puis cale ton regard sur l'objet de son attention : Deux oiseaux volant vers le lointain. Le garçon souffle :

" Moi, tout ce que je voulais, c'était voler plus loin que les murs, pour voir la mer. Et là, je me mets à attaquer un homme. Il est peut-être déjà mort d'une hémorragie en ce moment même. "

Tu le secoues plus fort, l'étreins, Marco essaye même de le frapper (doucement), mais rien ne le décale de ces deux oiseaux volant dans les cieux, libres. Tu prends donc la parole, alors qu'il commence à pleurer :

" Tu as tiré pour ne pas te faire tuer. Tu t'es défendu, c'est compréhensible. " 

Il tourne enfin ses yeux vers les tiens :

" Non, si j'ai fait ça, c'est pour vous protéger. Pour toi, qui es mon coeur, ce qui me maintient en vie. Pour mes amis, mes membres, qui me permettent d'avancer. Et pour mon rêve, mon âme, qui façonne tous mes gestes de sorte à ce que je puisse l'atteindre. "

Tu te rapproches de son visage, lui embrassant le cou, demandant faiblement :

" Et aujourd'hui, tu as fait ça pour qui ? "

Il tourne sa tête vers toi et t'embrasse :

" Pour toi. "

Tu relâches ses lèvres, au bout d'un moment, et te retournes toute rougissante vers Marco qui à l'air d'avoir des paillettes dans les yeux. Le garçon aux éphélides, semble te pousser un mini cri de victoire en souriant. Tu rigoles avec Armin, tout même encore un peu gênée. 

Alors que tout semble être devenu plus calme, vous vous demandez alors ce qu'il faut faire dans ces cas-là, vu que la dernière Brigade a été anéantie. Armin vous fait vous regrouper tout les trois, jaugeant la situation, et semble dire à contrecœur :

" Nous ne pouvons pas nous battre seul, il va falloir retrouver le caporal chef Levi, et Jean, puis... - Il prend un ton de meneur, à la manière d'Erwin - Nous allons devoir neutraliser tout nos ennemis, coûte que coûte ! C'est d'accord ? "

Il vous regarde, ses yeux bleus ne sont plus coupés par des sentiments contredits, ils sont seulement remplis d'une seule chose : La détermination. 

- " Quand tu dis neutraliser - marmonnes-tu - ce n'est pas nécessairement tuer ? "

Armin se bloque soudainement, les yeux baissés à nouveau. Il se tourne lentement vers toi et te répond en évitant ton regard :

- " Oui, tu as raison. Il faut seulement faire en sorte que leur camp ne puisse plus nous attaquer. "

Vous acquiescez en silence, d'un mouvement de tête, puis partez tout les trois retrouver vos camarades. 

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