Un lapin mort dans les bras, un jeune homme gravit la petite montagne qui la séparait de ses frères et de sa sœur. Il était fier de leur montrer qu'il avait réussi à chasser un lapin. Surtout que cette fois-ci, il avait réussi du premier coup.

Tenant fermement son butin contre lui, il fit attention à ne pas tomber. Tuer ce petit lapin lui avait tout de même fait du mal, car il était le genre de petit garçon à adorer les animaux. Ça lui avait fait mal de voir cette petite bête mourir à cause de lui.

« Mais il le faut pour que nous puissions manger, pour que nous puissions vivre. L'animal que tu tueras seul retrouvera Odin et lui dira à quel point tu es courageux. A quel point tu es devenu un homme. Mourir de tes mains, c'est le destin de l'animal. » Lui avait dit son grand frère. Il serait fier de lui annoncer lorsqu'il reviendra auprès d'eux.

Arrivant enfin au sommet de la montagne, il souffla un coup, essoufflé. Il prit quelques secondes afin de reprendre son souffle avant de lever la tête vers ses frères et sa sœur. De dos, il n'eut pas de mal à reconnaître qui était qui.

L'unique fille, Historia, était la plus belle de toutes les femmes de Norvège. Un visage doux, de magnifiques yeux bleus, de longs cheveux blonds, il n'y avait pas plus belle femme dans ce monde que sa sœur ainée.

A la droite de la jeune femme, un jeune homme, également blond, se tenait fièrement. C'était Porco, le troisième plus vieux de la fratrie. C'était un vrai coureur de jupon, celui-là. Il fallait dire qu'il avait pris exemple sur son grand frère.

Il vit Reiner, son autre grand frère, passer ses mains dans sa nuque, profitant de la petite brise de vent qui venait balayer leurs cheveux blonds. Reiner était le plus grand et le plus musclé de tous les fils du roi.

Et Sieg, lui, était le plus vieux. Il était l'héritier du trône de leur père. C'était lui qui allait lui succéder, prolongeant la dynastie de leur ancêtre. Le jeune homme ne savait pas si c'était une bonne chose que ce soit lui qui hérite de ce titre. Tout ce qu'il savait, c'était que Porco était celui qu'il craignait le plus. Mais le jeune blond voulait que ce soit son autre frère qui monte sur le trône. Seulement, cela était impossible, car on l'avait choisi pour partir loin de sa famille.

Le vent s'accentua, au point qu'il dû mettre ses bras devant lui. Ses yeux commençaient à s'inonder de larmes à cause du vent qui venait les sensibiliser. Lorsque le souffle s'arrêta, il vit un homme à quelques mètres de lui. Ce n'était pas un de ses frères, car il les aperçut observer l'homme. Il sentit rapidement Historia mettre ses mains sur ses épaules, comme pour lui assurer qu'il ne lui arriverait rien.

Ainsi, chacun de ses frères vinrent se mettre devant lui en voyant l'homme se rapprocher dangereusement. Plus il se rapprochait, plus ils voyaient son visage. C'était un homme vieux, avec un cache-œil à l'œil gauche. Sur chacune de ses épaules se trouvait un corbeau. Ils n'eurent alors pas de mal à reconnaître cet homme, malgré que cela soit assez utopique.

« Mes enfants... Les descendants de Ragnar... » Commença-t-il.

Le plus jeune serra la main de sa grande sœur, ne croyant pas ce qu'il était en train de voir. Odin était devant eux. Il était venu à eux.

« O-Od... » Commença Sieg, n'en croyant pas ses yeux.

« Ne dis rien, Sieg. » Lança le dieu en mettant sa main devant lui. « Vous protégez tout votre petit frère. Vous êtes soudés. Vous en aurez besoin, à l'avenir... »

« Armin... » Lança Historia, la voix tremblante. « Qu'est-il arrivé à mon frère ? »

« Armin va bien, princesse de Norvège. »

Personne ne parla pendant quelques secondes, avant que Renier n'ose demander ce que personne n'osait demander jusqu'à présent.

« Qu'est-il arrivé à notre père ? » Demanda-t-il alors.

L'homme ne parla pas. Il se tourna, et commença à faire demi-tour. Des dizaines et des dizaines de corbeaux les entourèrent dans le ciel. Le ciel gronda férocement, et la foudre frappa le sol, faisant disparaître le dieu.

« Cela me réjouit de savoir qu'Odin se prépare pour un festin. Bientôt, je boirai de la bière dans des cornes incurvées ! Je n'entrerai pas dans la halle d'Odin avec crainte, j'attendrais que mes fils et ma fille viennent me rejoindre. Lorsqu'ils arriveront, je me délecterai des récits de leurs triomphes. Les Ases t'accueilleront ! Je meurs sans demander de pardon ! Et j'ouvre les bras aux Valkyries qui me rappellent chez moi ! »

Ces paroles résonnèrent dans leur esprit. Ces paroles, ce n'étaient autre que les dernières paroles du roi Torstein.

Pendant un long moment, ils fixèrent tous l'endroit où ils avaient vu Odin pour la dernière fois avant qu'il ne s'évapore. Le ciel continuait de gronder, le tonnerre résonnait partout. Les dieux les mettaient en garde, c'était un signe.

« Mon père est mort. » Dit alors Falco, une larme coulant sur sa joue.

( Les dernières paroles prononcés par le roi dans ce chapitre sont également celles de Ragnar dans la série Vikings )