Chapitre XVI : Soulagement et Retrouvaille

 Échanger une souffrance contre une autre est parfois un aussi grand soulagement que sentir l'arrêt de la souffrance.

« Madame, il n'est pas possible d'avoir plus de samouraïs que je ne vous en propose. » Dit un chef Samouraïs du clan Azumabito.

« Je demande des samouraïs en plus. Si vous ne voulez pas que notre Empire tombe, faites votre possible pour avoir les cinq cents samouraïs que je vous demande. Vous n'avez plus beaucoup de temps. » Insista Annie, le regard froid.

« Madame... »

« Si les vikings sont tombés, nous tomberons. Nous courrons à notre perte. Mais nous devons nous battre. »

Le chef fixa Annie d'un regard mauvais. L'impératrice, elle, était indifférente à ce regard. Il devait penser qu'elle n'était qu'une incapable. En fait, elle en était pratiquement sûr. Et il était en droit de penser cela. Elle n'avait aucune expérience en tactiques et en stratégies de guerre. Sa seule technique était de rassembler le plus de samouraïs pour les emmener se faire massacrer.

Annie n'était pas prête à être Impératrice. Elle le savait très bien.

« Annie-sama... » Commença Mikasa. « Je pense que le chef du clan Azumabito a réuni le maximum de soldats qu'il pouvait. Nous devrions maintenant trouver une technique d'attaque et de défense. C'est à nous de les prendre par surprise. C'est pour cela que j'ai pensé que nous pourrions nous mettre autour de leur camp et tirer des flèches sur eux. Un groupe de tireurs et un autre groupe qui ira directement au front. » Expliqua la japonaise, appuyant ses dires sur une carte juste devant-elle.

« Si vous me le permettez, je pense que cette stratégie pourrait marcher. » Dit l'homme. « Qu'en dites-vous, madame ? »

L'impératrice fixa la carte devant elle, sans un mot. Elle n'était pas capable de dire un mot. Il fallait que ce soit sa servante, sa meilleure amie qui fasse son travail à sa place. Mikasa méritait bien plus qu'elle de monter sur le trône.

« Annie-sama ? Tu peux réfuter ma stratégie, tu sais. On peut adopter autre chose. »

« Non. C'est très bien. » Finit-elle par dire, faisant un petit sourire.

« Très bien. » Fit le chef. « Je vous propose de fuir avec les membres de mon clan. Nous allons nous réfugier chez les hommes du clan Rokkaku. Ils sont prêts à vous accueillir. Certains samouraïs viendront vous chercher, et la moitié partira nous rejoindre sur le champ de bataille. »

« Qui vous a dit que j'allais fuir ? »

Personne ne parla. Mikasa comprit directement ce que son ami voulait dire. Elle s'approcha d'elle, mettant sa main sur l'épaule de l'Impératrice.

« Annie-sama... Tu ne peux pas aller te battre. Je n'ai même pas le niveau pour... Tu cours à ta perte. »

« Qu'il en soit ainsi. »

« Vous ne pouvez pas, Madame. Ce serait l'anarchie si vous veniez à perdre la vie. Vous n'avez même pas d'héritier pour assurer votre succession. » Continua le chef.

Annie ne dit rien, sachant pertinemment qu'il avait raison. Mais elle resta silencieuse, la tête baissée.

« Annie-sama ! Annie-sama ! » Cria Jean en arrivant en trombe dans la pièce.

Tous les membres dans la pièce regardèrent l'esclave avec inquiétude. A ce moment-là, Annie craignait le pire. Pendant que des samouraïs l'attrapaient par les bras pour le faire sortir, Annie les arrêta d'un geste de la main.

« Madame, c'est un esclave. Il est peut-être du camp des Mongoles. »

« Jean n'est pas un esclave, c'est un serviteur et ami de votre empereur. Il est également mon ami et mon allié. Vous lui devez le respect. » Assura Annie avant de s'approcher de Jean, suivit de Mikasa. « Dis-moi ce qu'il se passe, Jean. »

« C'est... C'est le prince... » Commença-t-il.

Le sang d'Annie ne fit qu'un tour. Ça y est, on venait lui annoncer qu'on l'avait retrouvé mort. Ils étaient fichus, il n'y avait plus aucun vikings sur leur terre. Ils étaient finis.

« Le prince... Il est là ! Il vient d'arriver ! Avec une vingtaine de guerriers vikings ! » Lâcha Jean avec un petit sourire.

Annie entrouvrit la bouche, ne sachant pas comment réagir. Alors... il n'était finalement pas mort ? Il avait survécu ? Mais dans quel état était-il ? Il devait être gravement blessé.

« C'est une merveilleuse nouvelle. Un miracle. » Dit Mikasa, regardant son ami.

« Je dois aller le voir. » Dit Annie, prête à sortir de la pièce.

« Nous n'avons pas fin... »

« Mon mari que l'on croyait mort vient de revenir. Il doit être blessé et doit être épuisé. Mon rôle d'épouse est d'être à ses côtés pour le soigner, le réconforter et le motiver. Nous reprendrons cette discussion demain, juste avant le lever du soleil. » Ordonna Annie, avant de prendre le poignet de Mikasa et de Jean.

Les deux jeunes adultes la suivirent sans rien dire.

« Où est-il ? »

« Dans la salle juste à côté, madame. » Répondit Jean.

Alors, Annie entra dans la pièce à quelques mètres et elle le vit, assis. Il avait un bandage autour de la tête qui cachait son œil gauche, et sur son bras gauche. Elle fut incapable de se rapprocher du blond. Ce dernier buvait, le regard baissé vers le sol. Il semblait être littéralement épuisé. Elle allait s'occuper de lui.

Il tourna la tête et la vit enfin. Lorsque leurs regards se croisèrent, Annie eut le sentiment d'être rassuré et d'être comblé d'un bonheur inconnu. Il était là, elle avait retrouvé espoir.

Et il était revenu. Malgré qu'il soit blessé, il était revenu, comme il l'avait promis. Elle pouvait lui faire confiance.

Le jeune homme commença à se relever, mais ses amis vikings lui dirent de rester assis. C'est là qu'Annie s'approcha de son époux pour s'accroupir face à lui, l'entourant tendrement de ses bras, avant de se mettre à pleurer. Peut-être de soulagement.

*

La vie c'est des étapes... La plus douce c'est l'amour... La plus dure c'est la séparation... La plus pénible, c'est les adieux.... La plus belle, c'est les retrouvailles.

Armin se laissa faire, plutôt surpris. Mais il finit tout de même par resserrer l'emprise de la jeune femme. Sa présence ici devait peut-être la rassurer. Peut-être que pour elle, tout n'était pas perdu. Mais pour lui, c'était déjà trop tard.

Elle se recula et l'observa. Annie avait les larmes aux yeux, et quelques larmes étaient en train de couler sur ses joues. Armin sourit avant d'essuyer les joues humides de la japonaise à l'aide de son unique main utilisable.

A son tour, Annie lui rendit son sourire mais de façon plutôt timide. Elle se redressa et mit sa main sur l'épaule de son époux. Armin la regarda faire, silencieusement.

« Jean, assure-toi que tous ces gens mangent à leur faim. Assure-toi qu'ils puissent dormir confortablement. Je souhaiterais qu'ils reçoivent des soins s'ils en ont besoin. Je te fais confiance. » Annonça Annie d'une voix distincte.

« Très bien, Annie-sama. » Fit le jeune homme en s'inclinant.

« Quant à toi. » Dit-elle en se tournant vers Armin. « Tu pourrais marcher un peu ? »

« Bien sûr. J'aurais juste besoin d'un peu d'aide. » Assura Armin, à voix basse.

Alors, il se leva et sentit le bras d'Annie passer dans son dos. Son bras sans bandage se retrouva autour des épaules de la jeune femme. Tous les deux, ils sortirent de la pièce. Ils n'eurent pas beaucoup de marche à faire avant de se retrouver dans la chambre de l'Impératrice.

Cette dernière s'arrêta devant son futon et aida le blond à s'accroupir pour s'allonger. Armin soupira lourdement, ayant mal partout. L'intégralité de ses membres lui faisaient mal. Annie le remarqua. Elle s'assit à côté de son mari avant de lui mettre une serviette sur le front.

« Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Tu as besoin de nourriture ou d'autres choses ? » Demanda la jeune femme, tenant des bandages dans ses mains.

« J'ai faim... »

« Mikasa, tu peux... »

« J'y vais, Annie-sama. »

Armin vit du coin de l'œil Mikasa sortir de la pièce. Il reporta son attention sur Annie qui s'était penché sur lui, le visage inquiet.

« Tu as perdu beaucoup de sang... sûrement trop de sang... »

« Ça va, ne vous en faites pas. » Assura Armin, tentant de sourire comme il le pouvait.

« J'étais morte d'inquiétude. Je suis soulagée que tu sois finalement revenu. »

« J'avais promis. »

La main sur sa joue, elle le regarda avec un sourire sincère. Elle était magnifiquement belle lorsqu'elle était gentille avec lui, encore plus que les autres fois.

Il sentit la jeune femme retirer son bandage à son bras. Il grimaça légèrement, car la plaie n'était pas encore refermée. Avec un tissu, elle nettoya la plaie comme elle le put, évitant de faire souffrir encore plus le jeune homme.

« Vous... Vous n'êtes pas médecin, Annie-sama. » Dit Armin.

« Peut-être, mais je suis ta femme au cas où tu l'aurais oublié, mon rôle est de te soigner. Et arrête avec ces formules de politesse, Armin. Nous sommes sur un même pied d'égalité. » Dit Annie en recouvrant le bras meurtri du blond d'un nouveau bandage. « Nous sommes souverains, maintenant. »

Souverain...

Ce mot résonna plusieurs fois dans la tête d'Armin. Il en avait presque oublié la mort de l'Empereur. Leur vie avait basculé en plusieurs jours. C'est irréel, presque utopique.

« Souverain... »

« Il faut que tu m'aides Armin... J'ai besoin de toi... » Finit par lâcher la jeune femme.

Armin la regarda. Elle semblait désespérée, à bout. Elle souffrait. Elle l'appelait à l'aide.

« Je... Je ne sais pas quoi faire... Je dois... Je dois trouver une stratégie de guerre mais... mais je n'ai jamais fait la guerre ! Je n'arrive pas à me faire respecter ! Je n'ai pas l'étoffe d'être impératrice... »

« Je suis là. Nous le ferons ensemble, je vais t'aider, Annie. » Assura Armin.

La jeune femme hocha doucement la tête. Elle semblait lutter contre les larmes. Elle ne voulait sûrement pas craquer devant lui, déjà qu'elle avait pleuré quelques minutes avant d'aller dans la pièce.

« Merci... Merci... »

Pour seule réponse, il sourit.

La porte se rouvrit. Mikasa s'approcha, un plateau entier de nourriture juste pour eux. Elle le déposa sur la table à côté du futon avant de faire un sourire rassurant à Annie. La jeune femme sortie de la pièce, laissant les époux seuls.

« Je peux retirer le bandage de ta tête ? J'irais doucement. »

Il redressa sa tête pour qu'elle puisse le faire. Peu à peu, Armin vit le visage d'Annie se décomposer face à l'horreur. Il ne s'était pas vu, mais au regard apeuré de la japonaise, ça ne devait pas être beau à voir.

« Armin... Ton oeil... »

« Il est crevé. »

Ne voulant toujours pas perdre son sang-froid, elle nettoya la plaie d'une main tout de même tremblante. Après quelques minutes à nettoyer la plaie, elle finit par effleurer la peau du blond, non loin d'une coupure.

« La première chose que je me suis dit quand je t'ai vue, c'était que tu avais un visage d'ange. Comme si tu étais un être tombé du ciel. Tu avais l'air si fragile... Maintenant je comprends que non, tu n'es pas fragile. »

« Mais je suis blessé. »

« Mais tu n'as pas abandonné. »

Certes. Il n'avait pas abandonné sur le champ de bataille. Jusqu'à ce qu'il voit l'empereur tomber devant lui. Il avait fini par abandonner. Qu'il était faible...

« Tiens, mange un peu. » Dit-elle en aidant le jeune homme à se redresser.

Désormais assis sur le futon, il attrapa une boule de riz. C'était collant.

« C'est un onigiri. C'est du riz avec du thon dedans. » Expliqua Annie, en prenant un à son tour.

Armin croqua dedans et mâcha longuement, avant de faire un sourire à l'Impératrice. C'était bon. C'était vraiment très bon.

« Tu te doucheras après. Je t'aiderais. Et tu te reposeras cette nuit. Je veillerais sur toi. »

« Merci. »

Les deux jeunes adultes mangèrent en silence, avant d'aller se doucher. Finalement, les deux se douchèrent ensemble. Armin avait pu enfin voir le corps d'Annie. Elle était sublime, encore plus qu'il n'avait pu le penser.

Elle avait pris soin de laver le corps d'Armin au complet, faisant son possible pour ne pas lui faire mal. Le norvégien avait ensuite observé la japonaise se laver. Il n'en avait pas loupé une miette. Il avait été difficile de lever son regard de cette beauté. Mais il avait fini par le faire.

Ils s'étaient ensuite allongés, l'un à côté de l'autre. Il avait senti la main d'Annie se poser sur sa joue, avant de l'embrasser tendrement. C'était le premier baiser qu'ils partageaient, et cela eut le don de réchauffer le corps du vikings.

La jeune femme s'était ensuite reculée et avait souri. Armin se dit que c'était le bon moment pour lui faire un cadeau pour la remercier de son attention.

« J'ai un cadeau pour toi. »

« Vraiment ? Qu'est-ce que c'est ? » Demanda la jeune femme en se redressant légèrement.

De sa main utile, il attrapa le collier qu'il avait autour de cou. Annie le regarda faire, et compris rapidement que c'était son cadeau. Alors, elle l'aida à le retirer avant de le regarder sous toutes les coutures.

« Qu'est-ce que ça représente ? » Demanda-t-elle, curieuse par le présent.

« C'est le marteau de Thor. »

« C'est... le dieu... du tonner ? »

« Et de la foudre, oui. » Dit Armin avec un sourire. « Le marteau de Thor est l'arme la plus puissante des dieux. Il symbolise la protection de l'univers. Ce marteau s'appelle Mjǫllnir. »

« C'est un nom très étrange pour une arme je trouve. Qui l'a appelé comme ça ? Thor lui-même ? »

« Non, ce sont les nains qui l'ont fabriqué. » Expliqua-t-il. « Le manche fut forgé trop court. Ça, c'est à cause de Loki, le dieu farceur. Il s'est métamorphosé en mouche pour distraire le nain qui le forgeait. »

« En mouche ? Pourquoi faire ça ? »

« Loki est un dieu de la malice. Le dieu de la discorde et des illusions. Il est l'un des ennemis des dieux. Il adore se moquer des Dieux. Il se battra contre les dieux pendant le Ragnarok. Reiner, mon grand frère, dit que je suis sa réincarnation. Parce que je suis intelligent, et que je suis très malin. »

« Mais tu es gentil, non ? »

« Oui. Enfin, je l'espère. »

Annie sourit et mit le collier autour de son cou. Elle observa encore le pendentif quelques instants avant de regarder son époux.

« Ce pendentif, c'est un peu comme la croix des chrétiens. C'est notre symbole de foi. Il te protégera toujours. » Dit Armin. « Tu sais, on dit que mes ancêtres, dont Ragnar, descendent directement d'Odin, le père de tout. »

« Ça veut dire que tu es un dieu ? »

« Je ne pense pas. Juste un descendant. Mais si cela s'avère être vrai, Thor te protégera davantage. Parce que tu es ma famille. »

Annie lui fit un petit sourire attendrissant. C'était nouveau venant d'elle.

« Ici, on dit que le premier empereur était le descendant direct par son père de la déesse du Soleil. Sa mère était la fille du dieu de la mer Susanoo. On est un peu pareil, tous les deux. »

« Et... Tu y crois ? Je veux dire... Tu penses vraiment être une descendante de tes dieux ? »

« Oui. Je crois que j'y crois. Et toi ? »

« Moi aussi, j'y crois. »

« Et bien nous dirons à nos enfants qu'ils sont des êtres importants. Car ils réuniront deux croyances. Ils choisiront celles qu'ils souhaitent. »

Armin et Annie se sourirent, avant de plonger dans le monde des rêves, l'un contre l'autre.  

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