Chapitre XV : Prière et Réveil
La patiente est la plus grande des prières.
« Amaterasu... Je vous en supplie, fait que mon époux rentre. Protège-le des cieux, aide-le à venir jusqu'ici. Je t'en conjure. Aujourd'hui, je suis impératrice, et je n'ai pas la force de l'être seule. S'il te plait, ramène-le-moi. J'ai besoin de cet homme à mes côtés. » Supplia Annie, priant devant la petite statue de la déesse Amaterasu.
Annie priait chaque matin, chaque midi et chaque soir pour son mari. Mais rien ne faisait, il ne montrait pas de signe de vie. Elle avait été même prête à prier ses deux à lui pour qu'ils le ramènent. Se retrouver seule la terrifiait. Malgré qu'elle ait Mikasa à ses côtés, elle se sentait seule. Car Armin la comprenait vraiment, il savait ce que c'était, d'être un prince.
« Annie-sama... »
« Je ne sais plus quoi faire, Mikasa. Je prie chaque jour et il n'y a aucun résultat. Il ne vient pas. Penses-tu qu'il est mort ? Réponds-moi sincèrement. »
La blonde vit son ami soupirer, signe qu'elle devait probablement être agacée de son comportement. C'était certainement le cas, mais elle ne pouvait pas se comporter différemment, c'était plus fort qu'elle. Elle devrait rassurer ses sujets, monter un plan de guerre et faire des choses qu'une Impératrice se doit de faire. Mais elle n'y arrivait tout simplement pas. C'était trop dur.
Du coin de l'œil, elle vit Jean arriver avec un plateau de nourriture. Le serviteur semblait terriblement angoissé. Armin lui avait dit que Jean n'était pas son serviteur, mais son ami. Un peu comme Mikasa pour elle. Elle savait que le blond l'appréciait beaucoup et qu'ils partageaient beaucoup de choses ensemble. Ils apprenaient à lire et à écrire ensemble, et ils s'entendaient terriblement bien. Annie avait de la peine pour Jean.
« Tu peux prendre congé quelque temps si tu le souhaites. » Dit Annie au jeune homme avec un sourire franc.
« Je préfère vous servir. Ça m'évite de penser à lui, votre Majesté. » Répondit-il, d'une voix presque tremblante.
« Mais tu as l'air épuisé. Essaie de te reposer au moins. »
Il hocha la tête, posant le plateau devant la souveraine. Ce dernier était rempli de nourriture qu'elle aimait, mais elle n'avait pas le cœur à manger. C'était comme ça depuis plusieurs jours. Incapable d'avaler quoique ce soit mis à part quelques boulettes de riz, de l'eau et du thé. Rien de plus.
« Et vous, tâchez de manger, votre Majesté. » Lui dit-il, se reculant.
« J'y veillerais. Merci pour tout, Jean. » Dit-elle, souriant alors au jeune homme. « Que puis-je faire pour te remercier ? »
« Eh bien... Prier pour lui me suffit, vous savez. »
« Je te parle de quelque chose de matériel. Armin souhaite te donner des terres. C'est toujours ce que tu souhaites ? »
Le jeune homme resta bouche-bée devant la jeune femme.
Armin lui avait dit que Jean rêvait d'être fermier, comme il l'était enfant. Alors, Annie s'était promis de le remercier en lui donnant des terres, comme il le souhaitait.
« Je... Je ne sais pas... »
« Lorsque tout cela sera terminé, tu pourras avoir des terres que tu pourras cultiver. Je te les accorderai. »
Le jeune homme s'inclina alors devant l'Impératrice.
« Merci... Merci votre Majesté. » Dit-il, avant de sortir, laissant les deux jeunes femmes ensemble.
Annie vit Mikasa regarder la porte par laquelle le jeune homme venait de partir.
« Tu vas vraiment le faire ? »
« Bien sûr ? Pourquoi ? »
« Ce n'est pas dans les habitudes de la famille impériale de faire ce genre de chose. »
« C'est Armin qui m'en a donné l'idée. C'est une chose qui se fait en Norvège. Ça permet d'être plus proche du petit peuple. »
« Si tu le fais, il ne le restera pas longtemps. »
« Pourquoi dis-tu ça ? »
« Mon père l'aime bien. » Lança Mikasa après un temps de pose, s'installant à la table pour manger. « Comme je te l'ai déjà dit, le temps de me trouver un mari est arrivé. Mon cousin a refusé, il trouvait cela bizarre et je t'avoue que moi aussi. Et mon père trouve que Jean est un homme très gentil. Mais étant donné qu'il est serviteur, il est réticent. Mais si tu lui donnes des terres et le retire de tes serviteurs, il y a de forte chance pour qu'il lui propose ma main. » Explique-t-elle avant de commencer à manger.
Annie regarda son ami sans rien dire, la laissant manger à sa faim. Elle ne savait pas tellement si Mikasa voulait un époux mais en tant que femme, elle y était contrainte.
« Tu le veux ? Être marié ? » Demanda Annie.
« Oui, je suppose. J'aimerais être marié et avoir des enfants... Mais... »
« Mais ? »
« J'aimerais choisir celui que j'épouse... J'aimerais avoir ce privilège... »
Annie la comprenait plus que bien. Elle aussi aurait aimé choisir son époux au lieu d'être littéralement vendu pour une alliance.
« Qui est l'homme qui fait battre ton cœur, très chère ? » Questionna Annie, un sourire en coin.
« Eh bien... Je dois avouer qu'il y a ce païen, l'ami de prince. Ses cheveux bruns et ses beaux yeux verts m'ont charmé. » Avoua finalement Mikasa, les joues rouges.
« Un païen, dis-tu ? Eh bien, je commence à m'y connaître sur les païens. » Ria Annie, amusé, avant de reprendre son sérieux. « Mais crois-tu qu'il ait réussi à fuir ? »
« Je l'espère du plus profond de mon cœur. Mais même s'il survivait, c'est un amour impossible. Mon père ne me laisserait jamais choisir mon époux. » Dit-elle dans un soupir triste.
« Jean est très charmant je trouve, et toi aussi tu le trouve charmant, non ? »
« Oui. L'épouser ne me dérangerait pas... Peut-être qu'il est mieux que je ne revois plus Eren. Si je venais à épouser Jean, ou quelqu'un d'autre, il me serait plus facile d'essayer de l'aimer. Crois-tu pouvoir aimer Armin ? »
« Je... » Commença Annie, hésitante. « Je crois que je lui en ai demandé trop, le pauvre. Peut-être qu'il ne veut pas revenir car il a peur que je lui en demande encore après tout ça. Alors que non. Je ne lui demanderais plus rien, mis à part de m'aimer. Mais il le fait déjà... »
« Il est amoureux ? » Demanda Mikasa, un sourire aux lèvres.
Annie sourit, levant tout de même les yeux au ciel.
« Je crois que oui. C'est un homme tellement gentil... Je ne peux que lui être reconnaissante. J'aimerais tellement qu'il soit là, à mes côtés pour me rassurer... »
« Et avez-vous... Tu sais ? »
La jeune femme compris instantanément ce que la jeune femme voulait dire.
« Eh bien... Nous avons essayé chaque soir depuis notre mariage. Mais nous n'y sommes jamais parvenus. »
« Est-ce un problème venant de lui ou de toi ? As-tu peur ? »
« Je suis terrifié à l'idée de me laisser complètement à lui. Mais mes craintes ont commencé à s'estomper. Mais c'est trop tard... »
« Ne dis pas ça... Il reviendra et vous pourrez avoir l'occasion. »
« Je l'espère. »
Elle espérait sincèrement qu'Armin revienne. Elle mourrait d'envie de lui raconter des histoires. Il lui manquait plus qu'elle ne l'aurait crue.
*
Les yeux de l'éveil sont innombrables mais l'éveil n'a qu'un œil.
Sa tête lui faisait terriblement mal. Il avait l'impression qu'elle allait exploser à n'importe quel moment. C'est ce mal de crâne qui le fit émerger de son sommeil.
En plus de sa tête, tout son corps était endolori. Comme s'il venait de se battre pendant des heures. En réalité, c'était vraiment le cas. Il s'était véritablement battu pendant bien des heures dans une bataille où le sang des centaines de personnes avait coulé. C'était injuste.
Lorsqu'Armin voulut se lever pour observer où il était, il n'eut pas assez de force. Il resta donc allongé, son œil droit ouvert. Il était incapable d'ouvrir l'œil gauche. Il pouvait sentir que pratiquement tout son corps était entouré de bandages, signe qu'il était blessé. Après une bataille comme celle-là, c'était inévitable.
Les souvenirs de la guerre commencèrent à apparaître dans son esprit. Le princesse Annie qui s'échappe, lui, l'empereur et le roi allant sur le champ de bataille. Lui qui se bat aussi vaillamment qu'il le pu, qui se fait presque torturer par un Mongol, son père qui le supplie de fuir et l'empereur qui meurt alors qu'il part.
Il se souvenait qu'il avait rassemblé ses dernières forces pour courir assez longtemps afin de s'assurer d'être assez loin du champ de bataille pour essayer de soigner quelques-unes de ses blessures. Au lieu de ça, il s'était écroulé dans un champ, épuisé et affaibli par ses nombreuses blessures.
Soudain, il entendit des pas venir vers lui. Il vit ensuite une lumière arriver vers lui. Il remarqua alors une femme qu'il avait déjà vue ; c'était une femme de la colonie vikings. Armin fut soulagé de voir que certains de ses compères avaient réussi à s'enfuir loin de ce massacre.
« Ça va ? » Demanda la femme en s'agenouillant à côté de lui.
« Oui. Tu m'as soigné ? »
« Oui, prince de Norvège. Mon époux t'a trouvé dans un champ en train de mourir. Il t'a amené à moi, en sachant que j'avais des dons pour soigner les gens. Lorsque l'on a reconnu qui tu étais, je me suis consacré à te guérir. Cela fait trois jours que tu dors. »
« Je vois... Merci beaucoup... »
« Gundrill. C'est mon nom. » Informa alors Gundrill. « As-tu mal quelque part ? As-tu faim ? »
« J'ai un appétit de loup. » Dit-il avec le sourire. « Et j'ai mal un peu partout. Mais je suppose que c'est normal. »
« Oui. Tu es fortement blessé, et tu as eu une infection sur les plaies au niveau de ton ventre. Je me suis permise de te laver intégralement, en plus de l'odeur, il y avait de la terre partout. C'était plus facile pour moi de te soigner ainsi. Est-ce que ton œil te fait mal ? »
« Oui, assez. »
« Je t'ai confectionné un remède. On dit qu'Odin prenait le même pour soigner son œil lorsqu'il l'a perdu. » Dit-elle en prenant ledit remède. « Tiens, prends une gorgée toutes les trois heures environ. »
Armin prit alors une gorgée du remède lorsque Gundrill lui apporta. Cela avait un goût étrange, comme de la viande qui n'était plus comestible. Mais Armin n'était pas méfiant, car nombreux de leur remède n'avait pas le goût d'hydromel.
« Je te changerais tes bandages ce soir, après t'avoir lavé. Je vais t'apporter à manger. Repose-toi le plus possible. »
« Quand pourrais-je me lever et marcher normalement ? »
« Une semaine, je dirais. »
« N'as-tu pas un remède qui me permet de reprendre plus vite ? »
« Pourquoi ? »
« Je dois retrouver ma femme, la princesse Annie. »
« Nous partons demain. Tu resteras allongé. Nous n'avons qu'une journée de marche pour aller où elle se trouve, mon mari et notre fils te porteront. »
« Merci. Merci pour tout Gundrill. Qu'Odin te bénisse pour ta gentillesse. »
Armin la regarda partir de la chambre, le laissant alors seul. La fatigue était toujours présente. Sans même attendre l'arrivée de la nourriture, il s'endormit.
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