Chapitre X : Sacrifice et Veille de mariage
Annie était rassurée d'avoir le prince Armin à ses côtés pour un tel moment. Elle se sentait terriblement mal d'être mêlée à ce sacrifice. Elle avait été contente que ce ne soit pas le prince qui tuait cette bête. C'était le roi Torstein qui s'en chargeait.
Tout le monde attendait patiemment le moment du sacrifice. Tous sauf Annie, Mikasa et Jean.
« En quoi cela consiste, exactement ? » Demanda Mikasa à Eren.
« Le Roi va prononcer des paroles pour les dieux et il va ensuite égorger la vache. Elle va alors se vider de son sang et on va récupérer son sang. Certains le bois, d'autres en mettent sur leur visage. Il faut que nous touchions tous le sang pour que les dieux entendent notre prière et acceptent notre sacrifice. Ensuite, on mange la vache et on festoie tous ensemble. » Expliqua alors le brun aux yeux verts.
Plus le jeune homme parlait, plus le visage de la princesse se décomposait. Pourquoi était-elle venue jusqu'ici... Elle avait eu raison de se méfier...
« On la mange crue ? » Demanda Jean, la voix tremblante.
« Mais non ! On la découpe, on prend les meilleurs morceaux, on les cuisine et on les mange ! Et si vous n'avez jamais mangé de vache, ne vous en faites pas ; c'est très bon. C'est comme du bœuf. »
« Tu as oublié de leur dire que parfois, le sang giclait sur tout le monde lorsqu'on l'égorge. » Ajouta Ymir avec un sourire sournois au visage.
La princesse fixa le sol, pratiquement sûr qu'elle allait rentrer chez elle traumatisée. Elle sentit le Prince se tourner vers elle.
« Vous vous mettrez derrière moi lorsqu'elle mourra, vous ne recevrez pas de sang sur vous. »
« Je dois quand même mettre du sang sur moi après ? » Chuchota-t-elle à l'oreille du blond.
« Je vous le ferai. J'en mettrai un peu sur votre front et vous pourrez aller vous laver après. C'est un signe de respect pour l'animal, et un signe de respect pour tout le monde si vous vous prêtez au jeu. »
Elle soupira d'angoisse. Cette pauvre bête... Elle devait terriblement souffrir. Elle devait sentir qu'on allait lui faire du mal, elle devait avoir peur. Elle n'avait jamais vu d'horreur comme celle qu'elle s'apprêtait à voir. Comment les enfants des vikings faisaient-ils ? N'étaient-ils pas traumatisés ?
« Je vous demande juste de regarder la cérémonie, si vous ne vous sentez pas capable de regarder l'acte. Vous n'avez pas dû vivre beaucoup de drame dans votre vie, sauf le décès de votre mère. »
« Vous avez raison. » Avoua-t-elle.
« A cinq ans, je voyais ma mère accoucher de mon petit frère. A huit ans, j'ai été contraint de me défendre et j'ai tué un homme. J'ai moi-même fait plusieurs sacrifices et j'ai tué plusieurs animaux. Vous allez peut-être vomir juste après, mais je serai là pour vous rassurer. Mais peut-être que c'est une bonne chose de voir cette vache mourir. »
« Pourquoi cela ? »
« On ne sait pas de quoi est fait l'avenir. Vous qui voulez devenir si forte, vous pouvez choisir de vous battre en cas de guerre. Lorsque vous verrez la folie de la guerre, vous serez bien contente d'avoir vu cette vache mourir. Parce que vous aurez rencontré la mort en face déjà une fois. »
La princesse le regarda sans franchement savoir quoi répondre. Toujours à lui donner des leçons de morale, celui-là...
Annie détourna le regard et remarqua le roi arriver. Il était vêtu d'une sorte de longue robe blanche, probablement un vêtement traditionnel pour les sacrifices. Il avait plusieurs peintures sur le visage.
Il y avait plusieurs torches de feu qui encerclaient l'animal. A côté de cette dernière, se trouvait un grand récipient. Elle comprit que c'était dedans que le sang de la vache allait être. Elle devient nauséeuse rien qu'à cette pensée.
Le roi vint se tenir debout sur une estrade, afin que tout le monde puisse le voir.
Le rituel du sacrifice commença alors.
« Frey, dieu de l'abondance, Frey le resplendissant, nous t'appelons. » Commença-t-il d'une voix forte. « Nous t'offrons ce sacrifice. Frey, fils de Njord, toi qui décides quand le soleil se lève ou la pluie tombe, fait naître la fécondité de la terre. Avec le sang de ce sacrifice, nourrit et féconde la Terre Mère. Remplis ses entrailles pour l'accroissement de la terre. Le moment est venu. »
Elle sentit que c'était déjà la fin du rituel lorsqu'elle vit un homme avec une hache s'approcher de la bête. Elle entendit le roi dire une chose dans sa langue natale. Tous les vikings répétèrent, dont le prince.
Annie eut le réflexe d'attraper la main du blond. Ce dernier la serra, continuant de fixer l'animal. Plus l'homme à la hache s'approchait de la bête, plus elle serrait la main du scandinave. Lorsque la hache se leva, elle eut un haut de cœur, et le prince serra sa main. Elle allait être témoin de la mort d'un être vivant, et tout le monde trouvait cela normal. Mikasa ne semblait pas plus perturbé que ça, et Jean semblait être peu sûr de l'attitude à avoir, mais il regardait tout de même la scène. Elle l'avait vue faire le signe de croix des chrétiens sur son torse, comme s'il cherchait le réconfort de son dieu.
Soudain, il y eut un bruit sourd, puis plusieurs acclamations. Le regard d'Annie était porté sur la tête de l'animal, désormais au sol. La terre commença à s'imbiber du sang de la vache. Elle avait regardé cette pauvre bête mourir sans bouger le petit doigt.
« Ça va ? » Chuchota alors le prince à l'oreille de la princesse.
« Oui... Je crois... »
Annie vit l'ami d'Armin, Ymir, aller vers l'animal mort. Sûrement allait-elle chercher du sang pour se le mettre sur le visage comme le voulait la tradition. Elle la vit revenir vers eux, un bol de sang entre les mains.
Eren plongea ses doigts dedans et se mit du sang sur le visage, un sourire aux lèvres. Ymir l'imita avec joie. Le brun aux yeux verts s'avança vers Mikasa, l'encourageant à faire de même. Et elle le fit, sous le regard abasourdi d'Annie. Son ami ne sembla pas être particulièrement bouleversé par la mort de cet animal. Était-elle la seule à être si sensible ?
Le prince Armin prit le bol à son tour et mit du sang sur le front de Jean. Ce dernier avait été clairement encouragé par Mikasa. La japonaise n'était pas dupe, elle avait rapidement compris les sentiments du serviteur pour la jeune femme. Peut-être devrait-elle en parler à son ami...
Le scandinave s'orienta ensuite vers la princesse. Elle l'observa, méfiante.
« Je peux ? »
Elle hocha simplement la tête. Ils se regardèrent dans les yeux. Ils ne se quittèrent pas du regard durant tout l'acte. Annie sentit le bol être mit entre ses mains. Elle fut contrainte de le tenir, afin qu'il puisse tremper ses doigts dans le liquide rougeâtre. Le moment sembla durer de longues minutes, alors que cela ne dura que quelques secondes. Le cœur de la future impératrice battait violemment dans sa poitrine. L'angoisse montait, terrifiée à l'idée d'avoir du sang sur le visage.
En ayant observé ce sacrifice, elle était témoin de l'horreur des païens. Elle avait du sang sur les mains.
Le prince posa son index et son majeur sur le front de la princesse, avant de les faire légèrement coulisser vers la gauche. Il les retira, et reprit rapidement le bol de sang de ses mains. La princesse le laissa faire, ne se rendant pas totalement compte de ce qu'il se passait.
Elle venait de participer indirectement à un sacrifice païen envers un dieu d'une autre croyance que la sienne, elle était complice du meurtre de cette bête et elle avait son sang sur le visage. C'était cruel.
Annie observa le prince mettre du sang sur son visage. Il en mit sur son front et sur ses joues sous les acclamations des vikings autour d'eux.
Par la suite, nourriture, alcool et rire envahirent l'environnement. La colonie viking n'était que joie et bonheur. Tout le monde avait l'air si heureux, à croire que la mort de cette pauvre bête n'était pas si grave, que c'était une chose futile.
« Vous ne buvez et ne mangez rien ? » S'exclama le prince, s'installa près d'Annie.
« Comment voulez-vous que je mange quelque chose après avoir vu cette horreur ? » Pesta-t-elle.
« Vous devriez manger un bout. Cela vous fera du bien, croyez-moi. »
« J'ai surtout besoin de me laver. »
Le prince lui fit un petit sourire avant de lui attraper la main. Elle se laissa faire, espérant qu'il l'emmène là où elle pourrait se sentir plus propre.
Alors, ils s'éclipsèrent loin des festivités. Ils se retrouvèrent ainsi dans à l'écart de tout, près d'une petite source d'eau reliée à la mer du Japon. Annie fronça les sourcils, septique.
« Pourquoi vous m'emmenez ici ? Je n'ai pas demandé d'aller me baigner dans la mer... »
« Vous serez tranquille pour vous laver, ici. Personne pour vous déranger. »
« Si, vous. Vous m'avez amené ici afin de pouvoir m'observer nue pendant que je me lave... »
« Je me mettrai dos à vous. A moins que vous vouliez que je vous rejoigne. J'ai cru comprendre que votre père souhaitait que nous ayons des héritiers le plus tôt possible. »
Un sourcil levé, Annie soupira, excédé par le comportement de son futur époux qui lui rappelait sa dernière dispute avec son père. Alors ce dernier en avait vraiment parlé au prince. Sûrement pour qu'il essayé de lui mettre l'idée dans la tête.
« Je plaisante. Je suppose que vous voulez attendre nos noces pour que nous tentions d'avoir des enfants. Et je suis de votre avis. »
« Merci de me soutenir, Monsieur. »
Le prince lui fit un sourire. Ce sourire qui lui montrait qu'il était là pour elle, qu'il la rassurait. Qu'il était gentil...
Ainsi, Annie se déshabilla et alla se baigner pendant quelques minutes durant lesquelles elle se vida la tête de tout ce qu'elle avait vu ce soir. Elle pouvait sentir la présence du prince. Elle se retourna et vit qu'il était de dos, assis. Il ne s'était pas retourné.
Il était peut-être un homme bon, au fond.
*
Les deux futurs époux avaient fini par rejoindre la colonie pour aller se reposer. Lorsque Armin lui avait annoncé qu'ils allaient dormir dans le même lit pour la nuit, la princesse avait été légèrement réticente. Il lui avait dit qu'il dormirait sur le sol, ou qu'il resterait éveillé afin de veiller à ce que personne ne l'approche. Finalement, ils s'étaient endormis dos à dos dans le même lit.
Lorsqu'il s'était réveillé, Annie dormait toujours. Il était allé chercher de la nourriture afin de proposer un petit déjeuner à la princesse. Elle l'avait remercié de sa gentillesse dès son réveil.
Désormais, ils venaient de rentrer au Palais impérial. Pour sa plus grande surprise, ses amis étaient venus avec eux. Cela lui avait paru étrange, tout comme pour la princesse, d'ailleurs. Ce n'est que lorsqu'ils étaient apparus dans la cour du Palais qu'ils comprirent ; leur mariage était pour très bientôt.
Il était prévu pour le surlendemain, selon l'empereur. Il avait précipité les choses car Annie lui avait dit qu'elle ne donnerait pas d'héritier temps qu'ils ne s'étaient pas épousés. A l'origine, le mariage était prévu pour dans un mois. Mais l'empereur du Japon en avait décidé autrement.
La princesse avait tenté de le dissuader, de lui faire comprendre que ce n'était pas le bon moment pour cela. Elle avait prétexté être indisposé à avoir des relations intimes pour les prochains jours. L'empereur lui avait répondu que les noces auraient lieu lorsqu'elle serait en mesure de pouvoir porter un enfant.
Elle avait jeté un regard apeuré vers Armin qui n'avait su quoi répondre. Il avait alors tenté à son tour de dire qu'il ne souhaitait pas épouser Annie maintenant, qu'il avait besoin de plus la connaître. Il avait dit qu'il voulait apprendre parfaitement la langue et toutes les croyances de ce pays avant de prendre la main de la future impératrice. Mais l'empereur lui avait dit qu'Annie serait en mesure de lui transmettre les croyances de leur monde pendant leur lune de miel, et qu'ils apprendraient à mieux se connaître durant leur voyage. Et la langue, Armin la maîtrisait de mieux en mieux.
Mais malgré tout, il continuait de prendre des cours afin de maîtriser parfaitement cette langue avec Jean.
« Si je vous demandez de me dire que vous souhaitez vous rendre à un endroit précis, comment le diriez-vous ? » Demanda alors Jean avant d'apporter son verre à ses lèvres.
« Ano basho ni... ikitaidesu ? » Répondit-il après plusieurs instants de réflexion.
Il fallait dire qu'il lui fallait plusieurs instants afin de trouver les bons mots à utiliser pour se faire comprendre. Elle était tellement compliquée, cette langue...
« Oui, c'est ça. Vous voyez, vous vous en sortez bien. » Encouragea le franc.
« Si seulement tout pouvait être plus facile que la langue des Saxons... Je suis sûr que même la langue des Francs est plus facile. »
« Vous voulez que je vous raconte un extrait de la chanson de Roland ? Dans ma langue natale ? »
Armin hocha évidemment la tête, impatient de lui découvrir la langue. Il avait déjà entendu un peu cette langue, mais ce n'était que quelques mots. Là, il allait entendre plusieurs phrases.
Alors, Jean commença :
« Charles li reis, nostre emperere magnes, Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne : Tresqu'en la mer cunquist la tere altaigne. N'i ad castel ki devant lui remaigne ; Mur ne citet n'i est remés a fraindre, Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne. Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet. Mahumet sert e Apollin reclaimet : Nes poet guarder qui mals ne l'i ateignet. » Récita alors Jean.
Le sourcil levé, Armin vit Jean exploser de rire. C'était complètement incompréhensible pour lui, il n'avait pas besoin de se moquer autant de lui... D'autant plus que maintenant, il voulait la traduction.
« Ne te moque pas de moi... » Lâcha finalement le blond avant de rire à son tour. « Je veux savoir ce que ça veut dire, maintenant. »
« Dans la langue des Saxons, ça donnerait quelque chose comme : Le roi Charles, notre empereur, le Grand sept ans tous pleins est resté dans l'Espagne : jusqu'à la mer il a conquis la terre hautaine. Plus un château qui devant lui résiste, plus une muraille à forcer, plus une cité, hormis Saragosse, qui est sur une montagne. Le roi Marsile la tient, qui n'aime pas Dieu. C'est Mahomet qu'il sert, Apollin qu'il prie. Il ne peut pas s'en garder : le malheur l'atteindra. » Traduit-il alors.
Le prince trouva cela intéressant. Il aurait aimé entendre la suite de cette histoire mais il était temps d'aller voir la princesse pour une dernière rencontre avec elle avant leur mariage. Cela semblait surréaliste, pour Armin. Ils allaient vraiment se marier, alors ? Il avait toujours cru que le mariage finirait par être annulé, que la princesse finirait par convaincre son père que leur mariage n'était pas nécessaire. Mais finalement, il semblait que leur mariage allait bel et bien être célébré.
Arrivé devant la porte des appartements de la princesse, il laissa un garde frapper à la porte avant de l'ouvrir.
« Noruu é no ōji, anī ōjo." Dit-il, ouvrant ainsi la porte.
« Kare o irete kudasai. »
Le garde se tourna vers le prince et lui fit signe d'entrer. Alors, il entra dans la chambre de la princesse, en silence. Elle était en train de se faire coiffer par une servante.
« Ōji to issho ni watashi o nokoshite kudasai." Dit Annie à la servante qui se leva en partant de la pièce.
Ainsi, ils se retrouvèrent à nouveau seuls mais cette fois dans les appartements de la Princesse. Dès demain, il vivrait ensemble, dans la même pièce tous les jours. Ils partageraient le lit ensemble et devraient avoir des enfants. Ils allaient devoir avoir une vie de famille, et cela lui faisait peur.
« Il est tard, vous devriez aller vous reposer, monsieur. » Continua Annie en se levant.
« Oui, c'est vrai. Mais je voulais vous voir une dernière fois avant... Avant que nous soyons mari et femme. » Argumenta le prince, s'approchant d'elle.
Elle lui fit un petit sourire. La jeune femme s'approcha alors de lui, toujours un sourire aux lèvres.
« Vous semblez anxieux, mon cher. »
« Moi ? Non, pas du tout. »
« A qui voulez-vous faire croire cela ? »
Elle s'amusait de lui. Mais au moins, elle souriait. C'était tout ce qui comptait pour lui.
« Êtes-vous anxieux pour le mariage de demain ? »
« Ne l'êtes-vous pas ? »
« Pas spécialement, non. Mais je le serais sûrement demain au réveil ou durant ma préparation. Vous n'avez pas à vous inquiéter pour le mariage, tout ira bien. » Rassura-t-elle.
« Vous avez probablement raison, mais je ne peux me résoudre à rester calme face à la situation. J'espère que... que vous serez moins réticente à mon égard. » Se confia Armin, une main dans sa nuque.
« Eh bien, si cela peut vous consoler, vous me faites bien moins peur que le jour de notre première rencontre. Cela remonte à plusieurs semaines déjà. Que le temps passe vite... Maîtrisez-vous mieux la langue, désormais ? »
« Un peu mieux, oui. Mais c'est toujours compliqué. »
La main de la princesse vint se mettre sur son torse. Il fut surpris, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'elle était en train de lui remettre son kimono correctement. Elle les passa dans sa nuque pour que son col soit impeccablement mis.
« Faites bien attention à votre apparence, pour demain. Votre tenue doit être parfaite, tout comme votre apparence. Et vos cheveux... n'est-il pas possible de les attacher ? Tournez-vous. »
Il s'exécuta alors et sentit les doigts fins de la jeune femme se glisser dans ses cheveux blonds. Elle les tira un maximum pour essayer de les attacher, mais plusieurs mèches étaient trop courtes pour rester tiré.
« Vous les laisserez lâcher, alors. Mais lorsqu'ils seront plus longs, il serait mieux que vous les attachiez en chignon haut à la manière des Samouraïs. Ça montrera que vous êtes dans le décor, désormais. »
Le prince sourit une dernière fois, avant de partir rejoindre ses appartements.
Demain, il allait épouser la future impératrice du Japon. Dès demain, il allait avoir une femme. Une femme qui lui plaisait.
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