Chapitre VIII : Prière et Audace
La prière est le plus grand remède de l'âme.
« Annie, c'est ton devoir en tant que princesse et future Impératrice. » Lança l'empereur, debout devant sa fille.
« Je ne suis pas une putain ! » Cria-t-elle, la voix enrouée par les larmes.
« Annie ! »
« Je ne m'offrirais pas à cet homme avant de l'avoir épousé. J'ai des convictions, père. Je resterais vierge jusqu'à mon mariage, et seulement après je donnerais des héritiers au titre d'empereur. » Explique-t-elle, la voix tremblante.
Elle était énervée, frustrée. Son père ne comprenait décidément rien à son point de vue. Elle n'était qu'une machine à enfanter pour son père. Elle ne servait qu'à donner des héritiers. Héritiers mâles, de préférence. Car c'était bien connu ; les femmes ne pouvaient pas gouverner comme les hommes. C'était le prince de Norvège qui allait gouverner, pas elle.
« J'en ai déjà parlé à ton futur époux et... »
« Vous en discutez avec le prince avant moi ? Ce n'est pas lui qui les portera, à ce que je sache. Je devais être la première informée de cette décision. Je suis la princesse Annie du Japon, j'ai le droit d'être informé, surtout lorsqu'il s'agit de prendre des décisions sur ma personne et sur mon corps. »
« Il veut que ce soit fait selon ta volonté. » Continua l'empereur, ignorant presque ce que sa fille était en train de lui dire.
Annie le regarda, les sourcils froncés. Quoi ? Le prince avait-il vraiment dit ça ? Il voulait qu'elle choisisse si elle voulait se donner à lui avant le mariage ? L'empereur disait-il vrai, ou était-il en train de mentir pour qu'elle fasse confiance au prince ?
« Vous mentez, il n'aurait jamais dit ça. »
« Oh que si, il l'a dit. Tu ne comprends donc vraiment rien, Annie. »
« Comprendre quoi ? Que vous êtes en train de... de m'endoctriner pour que je fasse confiance à cet homme ? Je refuse de m'approcher de lui. Nous ne sommes rien du tout. »
« Tu es destinée à ce prince depuis ta naissance, Annie. »
Le visage d'Annie se figea par l'annonce. Comment ça... Depuis sa naissance ? Leur mariage n'avait rien à voir avec l'accord ? Son cœur se serra ; si cette annonce était vraie, son destin était-il réellement lié à ce païen ?
« Tu connais la prophétie de la réincarnation, il me semble. »
« Bien sûr, père. »
« Récite-la-moi, tu veux bien ? »
« Là où la déesse Amaterasu laissa son héritier à la tête de l'Empire, là où la déesse Amaterasu observera l'Empire, elle se réincarnera. Elle reprendra son monde en main accompagné d'une autre divinité renaissante d'un autre monde. Ensemble, ils conquerront le monde et instaureront la paix des nations du monde avant de mourir, ensemble. » Récita alors la jeune femme, sans réellement comprendre le lien. « Je ne comprends pas où vous voulez en venir, père. »
« Dans cette prophétie, c'est de toi que l'on parle. Et l'autre divinité renaissante d'un autre monde, c'est le prince Armin. Ils ont une prophétie similaire. Lorsque nous avons été mis au courant de cette naissance miraculeuse, j'ai fait en sorte qu'elle se réalise. Vous êtes liés, que tu le veuilles ou non, Annie. »
Comment être véritablement sûr que c'était bien eux qui faisaient l'objet de cette prophétie. Et que disait la prophétie des païens ? La même chose ? Quelle était la divinité païenne en question ? Annie connaissait vaguement leurs divinités, mais elle ne saurait pas dire qu'il pourrait être mis à part Odin.
« Est-il au courant de cette prophétie ? »
« Non, il ne sait rien. »
« Pourquoi nous cacher cela ? »
« Une prophétie t'aurait fait changer d'avis sur lui ? Je ne pense pas. Et lui n'a visiblement pas besoin de savoir une telle chose puisqu'il est déjà dévoué corps et âme à toi. »
Annie ne répondit pas, légèrement blessée de ne pas avoir été mise dans la confidence plus tôt. Peut-être qu'être au courant qu'elle était peut-être le fruit de cette prophétie aurait aidé à être plus agréable avec le prince. Elle n'était pas tendre avec lui, malgré qu'elle reconnaissait qu'il était gentil avec elle.
« Va donc prier, ma fille. Prie pour que cette prophétie se réalise. Prie pour que cet homme soit un homme bon. Prie pour ton destin. Prie pour Sa Grandeur. »
Annie vit son père partir de la pièce en silence, la laissant sur ses dernières paroles.
Prier... Cela faisait des jours et des jours qu'elle ne l'avait pas fait. Elle devrait écouter les conseils de son père, pour une fois. Et prier l'avait toujours aidé à réfléchir sur des situations critiques. Peut-être que la déesse pourrait l'aider.
Alors, elle se rendit dans le temple non loin du palais impérial afin d'aller prier. Elle se rappelait qu'elle venait prier tous les jours ici avec sa mère lorsque cette dernière était toujours à ses côtés. Sa mère s'était convertie aux croyances du pays et elle semblait y croire dur comme fer. Après sa mort, Annie ne venait que quelque fois par semaine, jusqu'à ne venir qu'une fois par semaine, par mois, puis plus du tout.
Elle avait légèrement honte, en se rappelant de cela. Si elle était véritablement la réincarnation de la déesse Amaterasu, elle ne méritait pas de l'être.
Le temple était plutôt petit, mais cela faisait son charme. Il était réservé à la famille impériale. Seuls eux avaient le droit de rentrer dedans. Mais il lui était arrivé de venir avec Mikasa pour prier. Cette petite entorse à la tradition ne pouvait pas être quelque chose de si grave.
Mais lorsque Annie s'approcha, elle vit une silhouette près de la statue de la Déesse. Elle reconnue immédiatement à qui appartenait cette silhouette.
« Que faites-vous ici ? Vous n'avez pas le droit de mettre un seul pied dans ce temps. Seul moi et mon père y sommes autorisés. De plus, vous êtes en train de salir le temple. N'avez-vous pas honte ? » Menaça-t-elle en s'approchant rapidement du garçon.
« Je... Ce n'est pas ce que vous croyiez madame ! Je peux vous expliquer. » Cria le prince Armin, paniqué.
« J'espère bien que vous allez m'expliquer. Et ne criez pas ici, c'est un lieu de recueillement. »
« Pardon. Je suis confus... »
« Que faites-vous ici ? » Demanda la princesse, agacée.
« Je... Votre père m'a parlé de ce temple. Je l'avais repéré il y a quelque jour mais je n'osais pas m'en approcher. J'ai demandé à l'empereur quel était ce bâtiment et il m'a expliqué que c'était un temple où les membres de la famille impériale venaient prier. Il m'a dit que je pouvais m'y rendre pour observer et en apprendre plus sur vos croyances. » Expliqua-t-il. « Cette statue... Elle représente la déesse Amaterasu ? »
Encore son père dans l'histoire... Décidément, il faisait tout pour qu'elle soit en contact avec le prince.
« C'est elle, en effet. Maintenant, je souhaiterais que vous sortiez de ce temple. Je suis venu prier. »
« Je... Je peux rester ? » Demanda subitement le païen.
« Pardon ? » Fit Annie, observant le jeune homme.
« Je... Je souhaite en apprendre plus sur vos croyances. J'aimerais rester à vos côtés pour prier. »
« Vous ne croyez pas en mes dieux, vous n'avez rien à faire là. »
« Je vous ai déjà expliqué mon point de vue sur les croyances. Et vous ne seriez pas heureuse de voir un païen adhérer à vos croyances ? »
Annie le regarda un instant, il semblait véritablement sincère, mais elle était toujours bloquée. Mais elle devait faire un effort et accepté que son futur époux reste ici.
« Commencez d'abord par vous incliner devant Amaterasu. Ensuite, vous vous assiérez sur les genoux, vous fermerez les yeux et vous collerez vos mains devant vous en signe de respect. » Annonça-t-elle.
*
L'audace cache de grandes craintes.
Armin observa la princesse Annie faire afin de reproduire ses mouvements. Il ne savait pas si elle était devenue encore plus réticente qu'avant ou non, mais il espérait que le fait de s'intéresser à ses croyances l'aiderait à mieux accepter la situation.
« Je participe à la prière ou je ne suis que spectateur ? » Demanda le blond, devant la statue.
« Vous souhaitez participer ? »
« Si vous m'y autorisez, je serais ravi. »
« Répétez alors après moi. »
Armin se concentra alors, ne voulant faire aucun faux pas devant sa future femme et ses croyances. Pour lui, c'était un moment important, car il décidait de s'écarter de ses croyances le temps d'un instant, le temps d'une prière. Tout cela pour accroître ses connaissances, ses croyances et essayer de courtiser la princesse.
« Amaterasu O mi kami. Amaterasu O mi kami. » Débuta alors Annie d'une voix distincte. « Toi qui es dans les hautes plaines des cieux. Toi qui observes le monde après ta lumière. Toi qui as hérité du ciel par Izanagi ton père. »
« A-Amaterasu O mi kama. Amaterasu O mi kami. Toi qui es dans les hautes plaines des cieux. Toi qui observes le monde après ta lumière. Toi qui as hérité du ciel par Izanagi ton père. » Répéta alors Armin, essayant de ne faire aucune faute.
« Amaterasu. Je te demande de veiller sur nous, loin du malheur et du péché. Éloigne les ténèbres et protège-nous. »
« Amaterasu. Je te demande de veiller sur nous, loin du malheur et du péché. Éloigne les ténèbres et protège-nous.
« O mi kami, purifie-nous, purifie nos âmes. Apporte nous bonté et bienveillance à travers notre monde humain. Que nous établissons nos plans à travers l'image du ciel. »
« O mi kami, purifie-nous, purifie nos âmes. Apporte nous bonté et bienveillance à travers notre monde humain. Que nous établissons nos plans à travers l'image du ciel. »
« Amaterasu mi kami, nous te remercions des bienfaits, de ta bonté, de ton savoir, de ta compréhension. »
« Amaterasu mi kami, nous te remercions des bienfaits, de ta bonté, de ton savoir, de ta compréhension. »
« Déesse du Soleil, protège-nous. Nous t'écoutons à travers le vent, l'observation lumineuse des rayons du soleil. »
« Déesse du Soleil, protège-nous. Nous t'écoutons à travers le vent, l'observation lumineuse des rayons du soleil. »
Il y eut un long silence dans lequel Armin crut qu'elle avait terminé. Mais il ne bougea pas, car il ne savait justement pas si la prière était terminée ou non. Si elle n'était pas terminée et qu'il se levait, elle allait le détester.
« Amaterasu, protège-nous, éloigne ceux qui nous veulent du mal. Éloigne ceux qui ne présentent que défaillances et corruptions autour d'eux. Apporte leurs juste de la lumière, de la compréhension et de l'amour. »
« Amaterasu, protège-nous, éloigne ceux qui nous veulent du mal. Éloigne ceux qui ne présentent que défaillances et corruptions autour d'eux. Apporte leurs juste de la lumière, de la compréhension et de l'amour. »
« O Déesse du Soleil, toi qui règnes à travers le ciel et sur le monde, toi qui observes à la fois nous et les autres Dieux. Toi qui accordes ta bonté, qui purifie les âmes. Toi qui nous protèges. Toi qui es illuminé, et qui peut-être aussi capricieuse, nous respectons ta volonté et nous serons toujours là pour toi et nous te prierons toujours. » Termina-t-elle d'une voix douce.
« O Déesse du Soleil, toi qui règnes à travers le ciel et sur le monde, toi qui observes à la fois nous et les autres Dieux. Toi qui accordes ta bonté, qui purifie les âmes. Toi qui nous protèges. Toi qui es illuminé, et qui peut-être aussi capricieuse, nous respectons ta volonté et nous serons toujours là pour toi et nous te prierons toujours. »
Armin sentit la princesse se lever à côté de lui. Alors, il ouvrit les yeux et fit de même. Ils s'inclinèrent ensemble devant la statue de la déesse en signe de respect. Le prince se tourna vers la jeune femme qui observait la statue avec un sourire.
« Cela faisait une éternité que je n'avais pas prié. Cela m'a fait un bien fou. »
« Merci d'avoir accepté ma demande, Majesté. » Dit-il en s'inclinant légèrement devant elle.
« Ici, nous sommes dans la demeure d'Amaterasu. Vous ne devez vous incliner que devant la déesse. » Signala-t-elle en l'observant se relever.
« Je... Je suis désolé, je ne le ferais plus. »
« Je suis persuadé que la déesse ne vous en voudra pas, et qu'elle est très touchée par votre prière si vous pensiez à elle au fond de vous. » Rassura-t-elle en commençant à sortir du temple.
« J'essayais de l'imaginer dans ma tête. Dans ma tête, elle vous ressemble. » Dit-il en suivant la princesse.
« Ah oui ? » Demanda Annie, surprise par cette révélation.
« Eh bien... Vous êtes ravissante, il est difficile de croire que vous n'êtes pas une déesse mais simplement une femme. »
« Je vous remercie, Monsieur. » Remercia-t-elle.
Armin sourit lorsqu'il crut voir les joues de la future impératrice devenir rouge.
« Madame, pourrais-je vous demander quelque chose qui me tient à cœur ? »
« Faites donc. »
Elle s'arrêta alors et se tourna vers le jeune homme à ses côtés. Après un soupir, il se lança.
« J'aimerais que vous m'accompagniez à la colonie établie par les gens de mon pays. J'aimerais que... que vous voyez de vous-même comment nous sommes vraiment. Je veux que vous voyiez que nous ne sommes pas des monstres comme vous le prétendez. Que nous sommes juste des gens qui souhaitons accroître nos cultivations. Nous serions tous honoré de vous accueillir le temps d'une journée ou deux dans notre monde. » Dit-il, un sourire enthousiaste. « Bien sûr, si vous souhaitez attendre notre mariage pour faire de telle chose, je le comprendrais. Je vais dans la colonie demain, si vous le souhaitez vous pouvez m'accompagner. Je compte rester dormir le soir et je partirais le lendemain. »
La jeune femme semblait perplexe, et il pouvait parfaitement comprendre.
« C'est pour cela que vous avez prié avec moi ? Pourquoi m'amadouer et me forcer à accepter votre offre ? »
« Quoi ? Non ! Pas du tout ! » Se précipita Armin, secouant les mains devant comme pour signaler que ce n'était pas du son intention.
« Je vous taquine. » Finit par répondre la princesse avec un sourire aux lèvres.
Armin la regarda sourire. Son sourire était tellement beau qu' il ne se lassait pas de le voir. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il la forcerait à sourire à chacune de leurs entrevues.
Mais depuis leur première entrevue, elle semblait être bien moins méfiante. Le prince de Norvège en vint à la conclusion que la princesse du Japon s'était légèrement adoucie à son sujet. C'était une bonne chose, car ses efforts étaient en train de payer. Elle devait toujours être réticente au fond d'elle, mais moins que la première fois. Et Armin allait tout faire pour la rassurer comme il le pouvait.
« Je vais demander à mon père si cela est possible. J'aimerais que Mikasa nous accompagne. Vous pouvez demander à votre serviteur de vous accompagner, je pense. »
« Il m'accompagne. Il est ravi de m'accompagner malgré qu'il soit assez effrayé par nous, les païens. »
« Qui ne le serait pas ? »
Les deux futurs souverains se sourirent avant de marcher ensemble vers le palais impérial.
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