Chapitre V : Conseil et Résolution

Le premier acte de sagesse est de donner un bon conseil ; le second de demander ; le troisième de le suivre.

Dans les appartements de son père, Armin était assis. Il était agacé. Agacé par le comportement de la princesse. Elle ne voulait pas faire d'effort, alors très bien, il n'en ferait plus. Armin n'allait pas faire semblant. Il en avait décidé ainsi.

« Vous voulez quelque chose, Mon Seigneur ? » Demanda Jean, s'adressant au roi en s'inclinant.

Torstein secoua légèrement la tête, signe qu'il n'avait besoin de rien dans l'immédiat. L'homme s'approcha de son fils en passant le bras autour des épaules du blond. Celui-ci ne dit rien, fixant simplement l'extérieur, près de la fenêtre.

« Allez, ne fais pas cette tête fils... »

« Elle est ingrate. »

« Elle n'est pas si... »

« Elle l'est. »

Armin entendit le soupire de son père dans son dos. Il s'avait que son père était surement déçu de lui. Il était vrai que ce genre de comportement ne lui correspondait pas. D'un naturel calme et gentil, il n'était pas du genre à insulter quelqu'un de la sorte, surtout une princesse.

« Je suis gentil, j'ai fait le premier pas, et rien en retour. Alors tant pis, mais qu'elle ne vienne pas se plaindre. »

« Armin... » Commença l'homme en se mettant devant son fils. « Tu es prince de Norvège. Elle est princesse du Japon. Vous avez un même fardeau en commun. »

« Lequel ? »

« Celui de devenir souverain. »

« Je ne serais pas roi de Norvège. C'est Sieg qui le sera. »

« Mais sera-t-il empereur de Japon ? Je ne crois pas. »

Le blond dévia le regard pour le poser sur Jean. Celui-ci regardait les deux scandinaves parler. Il n'intervenait pas. Il les écoutait simplement. A vrai dire, Jean ne devait rien comprendre de ce qu'il disait, étant donné qu'ils parlaient en Vieux Norrois.

« Ton attitude est semblable à celle de ton frère Porco. C'est lui que j'aurais dû emmener, finalement. Je savais que tu n'étais pas prêt. Tu n'es pas fait pour ça en fait. »

« Je suis prêt. C'est elle qui n'est pas prête. » Lança le blond, en colère.

« Vous n'êtes pas prêt tous les deux. »

« Que dois-je faire alors ? Qu'est-ce que tu me conseiller ? »

« Toi qui t'intéresses aux croyances qui peuplent notre monde, tu pourrais peut-être lui en parler. »

Armin leva les yeux vers son père. Il savait qu'il avait raison, mais il était persuadé qu'il ne pouvait rien faire pour avoir la confiance de la jeune femme. Elle était têtue, et il l'avait bien compris.

« Tu penses qu'elle s'intéresse aux nôtres ? »

« Sois plus intelligent, Armin. L'intelligence ce n'est pas ce qu'il te manque, normalement. »

Agacé, Armin détourna le regard pour observer la fenêtre qui se trouvait à sa droite. Il pouvait voir un cerisier en fleur. Il était incroyablement beau. Les fines branches semblaient vouloir se détacher et s'envoler dans le ciel. Un peu comme lui dans l'immédiat.

Il sentit la forte main de son père se poser sur sa joue. Armin se laissa faire, et une larme coula lentement sur sa joue libre. Il n'avait pas encore pleuré depuis son arrivé, mais là il craquait. Tant pis.

Il avait été content de pouvoir se rendre au Japon. Il avait été heureux d'aller découvrir de nouvelle terre, d'accompagner son père pour cette aventure. Il avait été triste en apprenant qu'il allait quitter sa famille pour, peut-être, devoir vivre ici pour le restant de ses jours. Mais il savait que son père l'avait choisi pour cette tâche car il savait que son fils était capable de faire de bonne chose ici.

« Armin. Ne pleure pas. Elle sera plus gentille la prochaine fois. » Assura son père, un sourire franc sur le visage.

Le blond soupira avant de se rapprocher de Jean qui le regardait plutôt bizarrement, se demandant ce qu'il se passait. Armin essuya sa joue, s'assit, et fit un geste à Jean de faire de même. Alors, le Franc s'installa en silence à côté du prince.

« Il y a un problème ? » Demanda-t-il dans un chuchotement.

« Rien, ne t'en fais pas. » Rassura le prince, un sourire réconfortant au visage.

Par la suite, le roi fit la même chose. Son regard s'attarda sur l'esclave à côté du blond. A la vue de son attitude, Jean semblait plutôt inquiet, anxieux. Il devait être intimidé par le souverain. Qui n'était pas intimidé par un homme grand et fort avec un énorme barbe de vikings ?

« Père arrête, tu lui fais peur. » Finit par dire Armin, une main sur l'épaule de son ami Franc.

« Je l'aime bien, ce Franc. » Dit le souverain, un petit sourire en regardant son fils. « Dis-moi... hum.. Jean c'est ça ? » Demanda-t-il, se mettant à parler dans la langue des Saxons.

« Oui, Mon Seigneur. »

Jean avait la voix qui tremblait.

« Comment un homme fait la cour à une femme, en Franci ? »

« Par tous les dieux père... » Soupira Armin d'exaspération.

Les joues du Franc prirent une teinte légèrement rose, certainement gêné et surpris par cette question. Armin n'avait pas pensé qu'il aurait eu le culot de lui demander. Mais après tout, il était tellement imprévisible qu'il était prêt à tout venant de sa part.

« Hum... Eh bien... Souvent, pour montrer son affection envers une femme, un homme lui offre des fleurs. Et les femmes adorent ça. Du moins, en Franci. » Expliqua le jeune homme.

« Alors offre lui des fleurs, Armin. »

« Elle n'a pas l'air du genre à aimer les fleurs... » Dit le jeune homme, septique.

« Essaie, tu n'as rien à perdre. » Encouragea l'homme.

Alors, Armin se promit d'aller une nouvelle fois à sa rencontre. Peut-être pas aujourd'hui, il était trop énervé contre elle. Demain probablement si l'agacement était retombé. Et surtout, s'il avait la motivation et le courage de le faire. Ce qu'Armin doutait fortement. Il était pratiquement sûr de savoir comment elle allait réagir. Elle allait l'envoyer balader, ou lui montrer qu'elle s'en fiche de ses attentions.

Il soupira.

S'il avait su comment ça allait se passer, il aurait volontiers donné la place à son cher frère adoré...

*

Il faut tenir à une résolution parce qu'elle est bonne, et non parce qu'on l'a prise.

Assise dans son futon, la jeune femme tenant son bol de thé entre ses mains. La chaleur du récipient lui brûlait la peau. Cependant, ça lui faisait tout de même un certain bien. Ça lui faisait se sentir bien en plus d'être réchauffé.

Elle n'arrêtait pas de penser à sa rencontre avec le prince. Elle s'était conduite comme une petite princesse égoïste qui s'en fiche de tout, alors qu'elle savait au fond d'elle qu'il fournissait beaucoup d'effort. Contrairement à elle. Elle n'avait fait aucun effort.

Son cœur et son esprit se disputaient. Que devait-elle faire ? Suivre son cœur qui lui disait d'aller vers cet homme, ou suivre son esprit qui lui disait de se méfier de lui ? Elle ne savait que faire.

Mikasa lui avait dit qu'elle devait écouter son cœur, du moins, c'est ce qu'elle avait sous-entendu. Annie savait qu'elle pouvait toujours se fier à son ami. Mais elle hésitait toujours, elle était méfiante et réticente des intentions du Norrois.

Et s'il était quelqu'un de violent sous son apparence de bel ange tombé du ciel ? S'il était un Viking sanguinaire qui n'attendait qu'une chose : de faire d'elle son objet, sa propriété ? Et quand serait-il des potentiels héritiers qu'ils auront ? Sera-t-il violent avec leurs enfants ? Allait-il leur faire du mal ?

C'était des dizaines et des dizaines de questions qui se bousculaient dans sa tête.

S'il était comme ça, elle ne pourrait jamais se défendre. Elle ne pourrait jamais le frapper en retour. Comment allait-elle pouvoir se défendre elle-même et leurs futurs enfants ? Comment allait-elle faire pour se protéger ?

Apprendre à se battre était une option que la princesse qui l'intéressait fortement. Elle pourrait devenir forte, et pourrait ainsi se défendre et être capable de se battre. C'était quelque chose qu'elle voulait depuis un certain temps déjà, se battre. Elle voulait être forte. Forte pour se protéger elle, ses futurs enfants et pour protéger l'empire.

Cependant, son père n'était pas réellement favorable à cela. C'est en parti pour cela qu'il voulait qu'elle épouse un mari guerrier, qui sait se battre. Pour la protéger elle et l'Empire. Décidément, ils avaient des idées opposées des choses.

« Annie-sama ? » Fit Mikasa en s'approchant d'elle. « Tu sembles être dans tes pensées. Ça va ? As-tu besoin de quelque chose ? »

« Ça fait quoi d'être forte ? » Demanda alors la jeune femme, fixant ses mains.

L'autre japonaise sembla prise au dépourvu. Mais elle répondit tout de même à son ami.

« Je ne suis pas si forte que ça, tu sais. Je veux dire... J'ai juste les bases pour me défendre un minimum. » Explique-t-elle calmement.

« Tu pourrais me les enseigner, ces bases ? »

« Tu n'as pas le droit, ton père... »

« Je m'en contre fiche de mon paternel, d'accord ? » Dit précipitamment Annie, profondément agacé par son père.

Mikasa la regarda un instant avec un sourcil levé. Annie avait du caractère, et elle le montrait. Elle en était fière. Elle avait raison ; il fallait être fier de son caractère.

« Pourquoi veux-tu être forte ? » Demanda alors Mikasa, curieuse par la soudaine demande de son ami.

Alors, après un soupir, Annie répondit.

« Un Empire a besoin d'une impératrice forte qui sois capable de le protéger, non ? »

« Certainement. » Dit Mikasa, avec un sourire. « Mais tu vas avoir un empereur pour faire cela. »

« Donc tu penses comme mon père ? Je ne suis là que pour... pour faire des enfants à cet homme ? » S'emporta Annie, mécontente.

« Je n'ai pas dit ça... »

Dans l'immédiat, Annie était vexée. Dans son sous-entendu, Mikasa donnait raison à son père, et elle détestait cela. Étant une femme également, l'autre japonaise devrait parfaitement comprendre son point de vue. Du coin de l'œil, elle aperçut Mikasa s'installer à côté d'elle.

« Tu sais mieux que quiconque que le rôle d'une femme chez nous est de procréer. Et en plus, tu es une figure importante. Tu seras l'une des premières Impératrices de sang à gouverner, et tu es différente de nous tous. Pour les gens, tu es une déesse. »

« Une déesse sait se battre et est courageuse. »

« C'est ce que tu fais à ta façon. Ne doute pas de toi, Annie-sama. »

Cette dernière pivota la tête vers son ami qui lui faisait un petit sourire. La Ackerman avait toujours su avoir les mots juste pour elle. Mikasa savait la rassurer et la mettre en confiance.

« Merci, Mikasa. » Dit Annie, le regard tourné vers son ami.

« Je serais toujours là pour toi, tu le sais. » Dit-elle à son tour, un sourire aux lèvres.

Annie sourit à son tour, sachant pertinemment qu'en effet, Mikasa serait toujours là pour elle, dans n'importe quel moment de sa vie. Car elle n'était pas seulement sa servante, la japonaise était également sa meilleure amie.

« Évidemment que je le sais. » Sourit Annie avant d'approcher sa tasse de thé à sa bouche.

La pièce fut ensuite bercée par le calme des deux respirations des japonaises. Comme la tasse avait quelque peu refroidi, le liquide qu'elle contenait ne brulait plus les lèvres de la jeune femme. Le thé était tiède, dorénavant. Dans un soupir, elle déposa le récipient sur la petite table près de son lit. Mikasa fixait intentionnellement chacun de ses mouvements, toujours dans le plus grand des silences.

« Alors comme ça... » Débuta Mikasa, d'une voix douce. « Tu voudrais que je t'apprenne à te défendre ? »

« Oui. » répondit la future Impératrice, observant de coin sa meilleure amie, craignant une réponse négative.

« Eh bien... je crois que je peux demander à mon cousin pour que tu puisses te joindre à nous pour l'entrainement de demain. » Finit-elle par dire, s'approchant de la porte.

« Vraiment ? » Demanda l'autre japonaise, un sourire aux lèvres.

La brune sourit également, hocha lentement la tête pour approuver. Elle lui donnait son accord pour s'entrainer. Cette nouvelle était la meilleure qu'elle avait pu avoir depuis ces derniers jours. Fini les journées à attendre que le temps passe, que des précepteurs viennent lui enseigner des choses futiles, finit les heures interminables à apprendre à soigner, ou encore à coudre. Elle allait pouvoir se défouler, s'endurcir, et surtout apprendre à se battre.

Elle ne savait pas si les autres princesses du passé avaient eu le droit à ce privilège normalement réservé aux hommes. Surement pas ; les empereurs du passé avaient toujours fait en sortes que leurs filles soient des princesses modèles, faites pour épouser un homme fort qui prendrait soin d'elle.

Décidément, en plus d'être une japonaise blonde aux yeux bleus et de devoir épouser une brute, elle allait apprendre à se battre. Elle était l'exception à la règle.

« Il faudra que ton père soit d'accord... » Ajouta Mikasa.

« Je désobéirais, et je lui tiendrais tête. » Assura la jeune femme.

« J'ai une autre solution pour ce problème. Tu ne l'apprécieras surement pas, mais tu veux bien que je te la soumette tout de même ? »

« Tu me fais peur, Mikasa. »

La brune se rapprocha alors de son ami, prenant la tasse désormais froide entre ses mains.

« Et bien... Tu es fiancé, tu es donc sous l'autorité de deux hommes, et non un seul. Le prince Armin peut prendre parti dans cela, et décidé de t'autoriser à t'entrainer. Mais le problème est qu'il est complètement braqué, si tu veux mon avis. Il va penser que tu te joues de lui. C'est pour cela que tu dois être gentille avec lui lors de votre prochain entretien. Je suis sûr que tu peux y arriver. » Expliqua alors Mikasa.

Annie avait dévié le regard lorsqu'elle avait compris qu'elle devait parler avec son futur époux. Elle était consciente qu'elle reposerait sous sa tutelle très bientôt.

« Penses-tu qu'il acceptera que sa femme sache se défendre ? » Demanda Annie, pas très certaine de cette proposition.

« Les femmes des vikings sont de guerrières redoutables et... » Dit la brune, avant de s'arrêter.

« Je sais mais... » Fit Annie à son tour avant de regarder Mikasa avec un sourire confiant.

« Tu l'as, ta solution. »

Les deux japonaises se regardèrent un moment, avant de rire. Finalement, peut-être qu'elle allait faire des efforts avec le jeune prince de Norvège... 

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