Chapitre IX : Découverte et Visite
La découverte d'un mets nouveau fait plus pour le genre humain que la découverte d'une étoile.
Après être retourné au palais, Armin avait accompagné la princesse aux appartements de son père afin de lui demander la permission de se rendre à la colonie viking. L'empereur avait été très étonné que sa fille lui demande ça. Annie était elle-même étonnée d'avoir réussi à accepter l'offre du blond.
Au début, elle avait pensé refuser l'offre. Mais cela semblait être une chose importante pour le norvégien, alors elle avait accepté. Et il faisait tellement d'efforts qu'elle devait se forcer à en faire également. Être bien vue des Viking ne pouvait être qu'une bonne chose, non ?
Évidemment, l'empereur avait été très heureux de cette demande, si bien qu'il accepta directement. Il avait alors décidé qu'Annie serait sa représentante étant donné qu'il ne pouvait pas s'y rendre en personne.
Pour les accompagner, Mikasa, Jean, Takaoka et le roi Torstein seraient présents. Lorsque Annie arriva, elle vit le serviteur du Prince, Jean, lui préparer son cheval. Lorsqu'il la vit, il s'approcha d'elle avec le cheval et lui présenta avant de monter sur le sien.
Le voyage dura environ une heure. Annie avait insisté pour faire une pause afin que les chevaux puissent se reposer quelques minutes. Par la suite, ils reprirent la route afin d'arriver à la colonie.
Une fois arrivée, Annie vit que tout le monde les observait. Un homme viking s'avança vers eux et se chargea de prendre le cheval de la princesse.
« Je vais bien m'occuper de votre cheval, Majesté. » Dit l'homme avec un piteux accent.
Elle le laissa faire avec un signe de tête en remerciement cet homme. Il était tout aussi intimidant que le roi Torstein. C'est à cet instant qu'elle se rendit compte que le prince était vraiment un petit homme.
« Annie-sama, » Commença Mikasa en s'avançant vers son ami. « Tu vas bien ? Tu n'es pas fatigué ? »
« Tout va parfaitement bien, Mikasa. »
Cette dernière fit un sourire à son ami, avant de regarder le prince Armin s'approcher d'elles. Annie le regarda sans dire un mot. Arrivé devant la princesse, il tendit son bras vers elle. C'était lui qui allait s'occuper de la visite, c'était envisageable. Avec une petite réticence, elle posa sa main sur le bras du blond.
« Vous souhaitez voir quelque chose en particulier ? » Demanda-t-il, commençant à avancer.
« Je vous fais confiance, guidez-moi. »
« Vraiment ? J'en suis flatté. C'est bien la première fois que vous me faites confiance. »
« En plus d'être gentil et rempli de sagesse, vous êtes fort drôle mon cher. »
« Vous trouvez ? J'en suis fort reconnaissant, Votre Grâce. »
Annie fit un petit sourire amusé face à cette appellation. La jeune femme se laissa alors guider par le jeune homme.
Tout d'abord, il l'emmena rencontrer les tisseuses. Ces dernières lui firent une démonstration. Annie avait été impressionnée par la facilité avec laquelle les deux femmes tissaient. Elles lui avaient proposé d'essayer, ce à quoi la Princesse avait accepté, se prêtant au jeu. Elle avait eu beaucoup de difficulté au début, mais elle avait réussi à tisser quelques centimètres d'une couverture. Elle avait été fière de réussir une telle chose.
Pour les fermières, c'était probablement un acte anodin, facile à faire. Il devait y avoir des filles plus jeunes qu'elle qui y arrivaient à la perfection, mais c'était une première pour la japonaise.
Par la suite, le prince l'amena dans ce qui semblait être une ferme. Il y avait plusieurs moutons et plusieurs cochons. Annie put remarquer une vache parmi les animaux, ce qui la troubla quelque peu.
« Excusez-moi, Madame. » Commença-t-elle en s'adressant à la fermière qui se tourna vers elle. « Pourquoi n'avez-vous qu'une vache ? »
« Cette vache, c'est celle qu'on va sacrifier ce soir. » Répondit-elle de la voix la plus douce possible.
Le cœur d'Annie loupa un battement. Elle savait qu'ils sacrifiaient des animaux pour les offrir à leurs dieux... Mais était-ce nécessaire de sacrifier cette pauvre bête maintenant ?
« Pourquoi ? »
« Pourquoi ? » Répéta la fermière, les sourcils froncés. « Afin de demander à Frey de nous protéger et de nous féconder, évidemment. Et vous voir ici est un évènement qui mérite de sacrifier un animal. Nous allons faire un sacrifice pour que vos futurs enfants et ceux d'Armin soient en bonne santé.
« Mais... la bête va souffrir... Je ne veux pas. »
« Elle ne souffrira qu'un instant, car elle mourra sur le coup. Mais elle sera auprès d'Odin, le père de toutes choses. Elle sera bien. »
Annie tourna la tête vers le Prince qui lui vit un sourire qui se voulait rassurant. Elle se rapprocha de lui avant de lui chuchoter.
« Serais-je obligé d'observer ce massacre ? »
« On ne vous oblige à rien. Mais si vous regardez, c'est mieux. Pour le respect de l'animal. »
Pas très enchantée, la princesse détourna le regard avant d'attraper à nouveau le bras du Prince afin qu'il l'amène autre part.
Elle fit alors la rencontre d'un homme qui était en train de danser, de chanter, de jouer et de boire. C'était une bonne ambiance, elle devait se l'avouer. Rapidement, Armin fut embarqué par deux hommes qui lui offrirent une chope remplie d'alcool. Il la saisit et en but une gorgée, grand sourire.
« La petite dame en veut ? » Demanda un homme.
« Laissez-vous tenter par l'hydromel des dieux ! La meilleure boisson de ce monde ! » Lança un second.
Annie secoua la tête, pas franchement rassurée d'être au milieu de tous ses hommes. Le prince avait le regard ailleurs, n'avait-il pas peur qu'un des hommes l'éloigne de lui ? Ou qu'il lui fasse du mal ?
« Qu'est-ce qu'on peut vous servir alors, ma petite dame ? »
« R-rien, merci. »
Malgré tout, les hommes l'invitèrent à s'installer à côté d'Armin. Elle ne perdit pas une seconde avant de se mettre à ses côtés, le plus proche possible du jeune homme. Lorsqu'elle vit un homme s'asseoir à côté d'elle, elle attrapa le bras du prince qui se laissa faire.
Les hommes, dont Armin, commencèrent à parler dans une langue totalement inconnue. Elle supposa que c'était leur langue scandinave. Elle trouvait cette langue très étrange au niveau de la prononciation. Mais certaines choses pouvaient être légèrement semblables à la langue des Saxons. C'était sûrement pour ça que le prince Armin avait une si bonne maîtrise de la langue. Annie savait qu'elle avait une légère faiblesse dans la voix lorsqu'elle parlait cette langue.
« Vous allez bien, Madame ? » Questionna le jeune homme.
« Tout... Tout va bien. De quoi parliez-vous ? »
« Nous parlions de la colonie. Ils sont très heureux d'être ici. Hier, quelques japonais sont venus partager un festin avec eux. Beaucoup d'hommes sont en train d'apprendre le japonais afin de pouvoir communiquer avec eux. »
« C'est fantastique... » Chuchota-t-elle, presque émerveillé par cette révélation.
« Vous voyez ? Nous ne sommes que des personnes qui voulons être acceptées et cultiver de nouvelles terres. »
« Je dois vous avouer que ces hommes me font un peu peur. » Chuchota-t-elle à l'oreille du prince. « Ils sont très grands, très forts physiquement et ils empestent l'alcool. »
« Ne leur en voulez pas, ils sont très heureux de vous avoir à leur côté. Ils sont plus qu'honorés. Laissez-moi vous emmener voir les forgerons. » Dit le Prince en se levant, attirant la Princesse avec lui.
La jeune femme se laissa faire, presque rassurer de s'éloigner de ces vikings. Peut-être qu'ils ne lui veulent pas de mal, mais ils sont tellement impressionnants à voir qu'Annie ne pouvait s'imaginer que du mal d'eux.
Alors, les deux jeunes adultes se retrouvèrent avec les forgerons. Ces derniers étaient en train de forger des haches et des épées. Elle n'osa pas s'approcher trop d'eux, ne voulant pas les déranger durant le travail. On lui proposa d'essayer, mais elle refusa. Elle n'était pas à l'aise avec cela. Elle avait peur de faire quelque chose de déplacé, ou alors de se blesser ou même de se salir.
Ensuite, ils se rendirent vers le petit marché qui était relié à celui du village japonais. Annie vit alors que les Scandinaves achetaient des produits des japonais et inversement. Chacun vivait avec les autres. Des hommes buvaient ensemble, des femmes discutaient ensemble et des enfants jouaient ensemble. C'était beau de voir que deux communautés avec des croyances différentes soient capable de s'entendre et de vivre ensemble.
« Dites-moi ce que vous voulez et je vous l'offre. »
Annie se tourna vers le prince et secoua la tête.
« Non, je ne veux rien, ne vous en faites pas. »
« J'insiste. Je veux vous offrir quelque chose. Pour vous remercier d'avoir fait l'effort d'accepter de venir ici. »
Alors, Annie commença à marcher dans le marché, toujours accompagnée du prince. Elle vit toutes sortes de produits qu'elle put goûter à sa guise. Elle devait avouer que les vendeurs scandinaves étaient vraiment très gentils. Et elle comprit aussi très vite qu'ils étaient très forts en affaires.
Soudain, la princesse passa devant un stand avec des bijoux et toutes sortes d'accessoires. Elle regarda quelques instants les produits, avant de remarquer un peigne d'un bleu incroyablement beau. Elle avait rarement vu un tel bleu qu'elle tomba immédiatement amoureuse du produit.
« Vous le voulez ? »
« Il... Il me plait beaucoup... » Répondit-elle, avec un petit sourire. « Combien cela coûte ? » Demanda-t-elle à la femme qui tenait le stand.
« Huit pièces d'or et 7 pièces d'argent, ma chérie. » Répondit-elle avec tendresse.
« Je te le prends. » Dit Armin en tendant une bourse. « Garde la monnaie. »
La femme tendit alors le peigne à Annie qui la remercie avec un grand sourire. La scandinave dit également quelque chose au prince dans leur langue natale. Surement devait-elle le remercier pour l'argent et pour l'achat. Alors, les deux futurs mariés partirent, s'aventurant dans le marché.
« Je vous remercie, monsieur. Vous n'étiez pas obligé de me faire un tel cadeau. La somme demandée représente combien de semaines de travail pour un homme lambda ? »
« Je dirais environ quatre ou cinq semaines, tout au plus. Celui que vous avez pris doit être d'excellente qualité et réalisé avec d'excellent matériaux. »
« Je suis désolé d'avoir choisi celui-là... Je... Je suis confuse de vous faire utiliser tant d'argent pour moi... » Dit-elle, mal à l'aise.
Il était vrai qu'il utilisait pas mal d'énergie et d'argent pour elle. Entre les fleurs et ce cadeau... Elle était embarrassée. Elle ne lui offrait absolument rien. Elle avait l'impression de profiter de lui, alors que pas du tout. Cela la mettait dans une position inconfortable.
*
Il n'existe pas de plus grand bonheur que de rendre visite à l'improviste à un bon ami.
Ils avaient fini par se poser quelque part afin de manger un petit quelque chose. C'était elle qui avait payé, cette fois-ci. Elle avait longuement insisté, et il avait fini par céder. Ce n'était pas très bien de laisser une femme payer, il le savait, mais cela semblait lui tenir à cœur. Alors, il avait accepté.
Ils étaient donc installés dans l'herbe, non loin du village. Elle lui avait demandé s'il était possible de se reculer un peu dans le village. Elle voulait avoir une vue d'ensemble sur le village, ils avaient finalement trouvé un endroit.
« Madame ? Vous pouvez me raconter l'histoire de la déesse Amaterasu ? Je serais content d'en apprendre plus sur elle. »
La princesse sourit, hochant la tête.
« Il y a de ça des centaines et des centaines d'années, apparurent Izanagi et Izanami. Ce sont les deux kamis créateurs de l'univers. Ils sont apparus alors que le monde n'existait pas encore. Izanagi décida de prendre un bain pour se purifier du Royaume des morts et en se lavant l'œil gauche, il donna naissance à la déesse du Soleil, la magnifique Amaterasu. De l'œil droit et du nez du dieu créateur naquirent Tsukuyomi et Susanoo. On dit que la déesse est quelqu'un de calme et lumineux. Amaterasu a été envoyé par son père afin de régner sur la haute plaine du paradis, le Royaume des dieux en d'autres termes nommé Takama-ga-hara. Elle est à l'origine de la culture du riz, du blé et des vers de soie. C'est grâce à elle que notre pays est baigné de lumière et que les récoltes poussent à foison. » Expliqua Annie. « Vous voulez entendre la légende de la caverne céleste ? »
« Bien sûr ! Je veux tout entendre ! » Dit-il avec enthousiasme, ce qui sembla amuser la jeune femme.
« Pendant qu'Amaterasu gouvernait tranquillement sur Takama-ga-hara, son frère Susanoo a été banni par leur père. Jaloux des privilèges de sa sœur, le kami de la tempête lui rendit visite dans l'intention de la défier. Ce fut un combat féroce qui commença entre les deux. Sous l'emprise de la colère, Susanoo ravagea le royaume de la déesse, détruisant les rizières, répandant ses excréments et écorchant un cheval divin. C'en était trop pour Amaterasu qui décida de s'enfermer dans une caverne. Pendant tout ce temps durant lequel la Déesse était enfermée dans la grotte céleste, le Japon tout entier était plongé dans l'obscurité et le chaos. Il était évident qu'il fallait trouver une solution afin de faire revenir la lumière. Le conseil des kamis a ainsi concocté un plan pour faire sortir la belle Déesse de sa grotte. Il fallait provoquer sa curiosité par des rires et une danse. Ils organisèrent alors une fête avec comme invité d'honneur la Déesse de la gaieté Ama no Uzume. Attirée par le bruit et l'animation, Amaterasu se laissa emporter par sa curiosité malgré sa méfiance. Elle poussa alors la lourde pierre qui fermait sa caverne afin d'aller dehors. Seulement, un miroir avait été placé juste devant la grotte. La Déesse se retrouva alors aussitôt éblouie par son reflet. C'est ainsi qu'elle fut extirpée de sa cachette par les dieux et que la lumière illumina à nouveau le Japon. »
« Susanoo me fait penser au dieu de la Miséricorde de mes croyances. Vous connaissez Loki ? »
« De nom. J'ai entendu quelques rumeurs, par-ci par-là. Il faut avouer que Susanoo est quelqu'un d'instable, de fougueux et d'impulsif. C'est pour cela que nous avons parfois des tempêtes, ici. Souvent, c'est parce qu'il se dispute avec sa sœur. En guise de punition, Susanoo fut exilée sur la terre. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a vaincu le dragon Yamata-no-Orochi qui le rendit célèbre. Il réussit tout de même à se faire pardonner de sa sœur qui lui offrit une épée sacrée. »
Après avoir terminé leur petite pause, le prince de Norvège et la princesse du Japon retournèrent au village pour continuer leur visite. La nuit n'allait pas tarder à tomber, et le sacrifice allait bientôt avoir lieu.
Si Armin attendait une chose en particulier, c'était de revoir ses amis. Ils lui manquaient tellement qu'il n'attendait qu'une seule chose ; les serrer dans ses bras et leur dire à quel point ils lui manquaient.
« Où m'emmenez-vous ensuite ? »
« J'ai gardé le meilleur pour la fin. Je vais vous faire rencontrer mes amis. Ils sont forts sympathique, ne vous en faites pas. »
La princesse hocha simplement la tête en le suivant.
Ils marchèrent quelques secondes avant d'apercevoir quelques silhouettes dans le champ. Il n'eut pas de mal à reconnaître Ymir et Eren, ses deux amis d'enfance. Mais en se rapprochant, il remarqua qu'il y avait également Mikasa et Jean avec eux.
« Eh regardez ! C'est notre petit Prince ! » Lança Eren, un grand sourire. « Armin ! Viens ! »
Alors, avec un grand sourire, il invita la Princesse du Japon à le suivre. Armin et Eren se prirent dans les bras, contents de se revoir après ces semaines d'absences. Ymir vint ensuite prendre son ami dans les bras avant de lui ébouriffer les cheveux.
« Alors, tu ne nous présente pas ? » Lança Ymir, un sourire taquin.
« Oh... Annie-sama, je vous présente mes deux amis. Voici Ymir et voici Eren. Ils sont tous les deux des fils de fermiers. Je vous présente la princesse Annie du Japon. »
Alors, Ymir et Eren s'inclinèrent devant elle par respect. Annie les salua en retour, avec un léger sourire.
« Nous devrions nous rendre sur la place, le sacrifice ne va pas tarder à commencer ! » Lança Eren, faisant signe à Jean et Mikasa de le suivre.
Les deux jeunes adultes s'approchèrent alors, l'air sceptique. Mikasa s'approcha de son ami. Jean, quant à lui, s'approcha du blond.
« Monsieur, comment s'est passé cette journée ? » demanda Jean, avec un léger sourire.
« Elle a été super ! La princesse a été tellement gentille avec moi que j'ai toujours un peu de mal à y croire. » Dit-il avec un sourire. « Et la tienne ? »
« On m'a offert des tonnes de choses à manger, j'ai l'impression que mon ventre est sur le point d'exploser. »
Armin ria, accompagné de son ami. Ils s'engagèrent tous ensemble sur la place principale. Cette dernière était déjà bien remplie, puisque tout était déjà préparé pour le sacrifice. Le prince se tourna immédiatement vers la princesse qui regardait. Elle ne sembla pas réaliser directement, mais lorsqu'elle comprit, elle leva le regard vers le norvégien. Il s'avança alors vers elle et lui fit un sourire rassurant.
« Tout va bien se passer. » Dit-il simplement.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top