Chapitre 15 : Sotéria
J'étais pétrifié par l'arme blanche qu'il avait dans la main, plaçant sa pointe juste entre mes reins pour me faire avancer sans redouter une quelconque rébellion de ma part. J'avais peur de découvrir une scène que je ne supporterais pas. Ils ne pouvaient pas faire de mal à Hanae, cette femme était la sagesse personnifiée, une âme pure qui méritait la grâce de chacun et dont la vie devait être encore longue pour répandre son message à travers les générations.
Je n'étais pas croyant mais en cet instant j'implorais toutes les formes de divinités pour qu'elles daignent lui apporter protection. C'était moi qu'ils cherchaient, alors si une personne devait se voir trancher la gorge cette nuit, nul autre que Park Jimin finirait décapité.
Il fallait toujours que je tombe sur les timbrés du village, autant ici qu'en Corée. Quand on y pensait, c'était vrai. Quel genre de flic s'enverrait régulièrement en l'air avec le mec que son unité essayait d'écrouer depuis deux ans ? Non mais sérieusement, j'ai toujours attiré les personnes qui me voulaient du tort. À croire que ma destinée c'était de m'auto-détruire.
Sans aucunes surprises Namjoon et Seokjin se tenaient débout au milieu du petit commerce de la vieille femme, qui en un seul morceau, était assise derrière son comptoir de caisse. Elle n'avait pas peur d'eux ou de leurs armes pourtant bien mises en avant dans leur main, elle s'inquiétait juste pour moi. Elle ne devrait pas, pas avec la vie que je menais sinon elle passerait son temps à se ronger les ongles jusqu'au sang.
Je n'étais jamais en sécurité, je n'étais jamais avec les bonnes personnes. Je créais l'insécurité, j'étais une mauvaise personne. Selon la loi et les bien-pensants de cette société.
« Bonsoir Jimin, lâcha cyniquement le brun. La partie de cache-cache est finie on rentre à la maison maintenant. »
Bien sûr son fidèle homologue blond ne s'empêcha pas de rire contrairement à Yoongi qui, lui, semblait moins enthousiaste par cette réplique. J'inclinai la tête, montrant à la foule mon abandon. Ça fait mal de se faire diriger lorsque dans votre vie vous n'avez connu qu'une seule place : celle de leader. Je n'acceptais pas ma destitution, je ne voulais pas abdiquer. Cette place me revenait de droit. Personne n'avait d'ordres à me donner, de remarques cinglantes à m'envoyer à la gueule. Je n'étais pas fait pour être réprimandé, j'étais celui qui ordonné.
J'allais jouer le jeu pour leurs faire plaisir, j'allais me rendre et m'incliner devant leurs yeux mais je n'en penserais pas moins. J'allais devenir le pantin qu'ils imaginaient tout en m'assurant que je sois le seul à tenir les cordes. J'allais m'auto-articuler, jouer un double rôle : celui du gentil petit matelot tout en préparant la mutinerie de l'embarcation.
J'avais fui la Corée pour échapper à la mafia, et me voilà replongé dans cet univers en à peine quelques semaines. Si j'avais eu des doutes jusqu'à maintenant, j'étais à présent sûr du monde dans lequel vagabondait mon bourreau. Yoongi, à sa manière, était plongé dans les bas-fonds de cette société.
« Bon on ne va pas se relooker toute la soirée, balança Namjoon. Yoongi tu t'occupes de le faire grimper dans la bagnole. Et qu'il ne s'échappe pas encore une fois, on a à lui causer au Jimin.
Quel connard celui-là, il ne pouvait pas directement s'adresser à moi ? J'étais quoi ? Une merde étalée à ses pieds ?! Les coréens vivant au Japon étaient vraiment les pires expatriés que le monde connaissait. Parce qu'ils arrivaient à se faire une place entre les Yakusas et les cartels latinos ils se permettaient de prendre leurs congénères de haut.
« Merci pour votre coopération, Madame. Nous allons vous laisser tranquille maintenant. »
Hanae n'avait que faire de leurs tirades imbuvables empestant l'hypocrisie et la malhonnêteté à des kilomètres. Même un enfant ne se ferait pas avoir. Elle me fixait, enfin je croyais jusqu'à qu'elle ne se lève se dirigeant vers lui. Elle me contourna pour se placer devant le blond, qui n'avait toujours pas abandonné sa tête de staff enragé.
Hanae n'était pas très grande, ne dépassant sûrement pas le mètre cinquante-cinq, et semblait minuscule aux côtés de Yoongi. Elle caressa sa joue d'un de ses doigts fripés par le temps, analysant chaque parcelle de peau qui le constituait. Elle descendit le long de son cou avant de se stopper sur le haut de sa poitrine.
« Tu ne lui a pas encore donné. »
Ce n'était pas une question.
« Tu la mériteras un jour jeune homme, j'en suis sûr. »
Yoongi fronça les sourcils. Il ne savait pas de quoi elle parlait et devait se questionner sur la chose qu'il serait méritant de recevoir. S'il savait, il me rirait au nez sans aucun doute. L'énergie de cette femme était incomprise par beaucoup de personne et le Min ne me paraissait pas très réceptif aux histoires de flux entre les êtres.
« Bon vous êtes bien mignons tous les deux mais on a déjà perdu assez de temps avec la fuite du coréen, alors on se bouge !
- Je vous laisse deux minutes pour vous dire au revoir, nous informa Jin. On vous attend dans la voiture. »
Les deux Kim quittèrent l'échoppe, me laissant reprendre contenance. Autant Yoongi m'agaçait et pouvait même par moment m'effrayait, autant les deux autres j'étais constamment en alerte en leur présence. Ce n'était pas de la peur, j'avais juste un besoin de les garder dans mon champ de vision.
Hanae m'embrassa dans l'étreinte la plus réconfortante que l'on ne m'ait jamais offerte puis on s'éloigna l'un de l'autre un grand sourire aux lèvres. On ne savait pas si l'on se reverrait un jour alors autant ne pas pleurer et garder une belle image. J'attrapai mon sac pour quitter la pièce quand la japonaise interpella mon tortionnaire.
« Jeune homme, l'intéressé se retourna, prend soin de Jimin. Je sais que tu ne lui veux aucun mal, alors s'il te plaît ne le lâche pas. »
Il l'écouta attentivement mais une fois la demande présentée, il se contenta de m'agripper fermement le poignet et nous traîna dans la ruelle sans un mot. Au bout de l'allée une grande berline noire attendait patiemment que l'on s'engouffre à l'intérieur. Namjoon était au volant et Jin pianotait sur son téléphone à la place du mort. On s'installa sur la banquette arrière et le véhicule se mit en route.
Je ne connaissais pas assez Tokyo et ses environs pour savoir exactement où nous allions, seuls les panneaux routiers m'informaient sur notre possible destination. Ce qui était sûr c'est que nous n'étions plus dans la capitale même.
On roula encore une dizaine de minute avant que Namjoon ne gare la voiture derrière un hangar en ferraille. Nous étions à Saitama, grande ville bordant la périphérie de Tokyo. Au moins je n'étais pas dans une vieille forêt abandonnée au milieu de l'archipel. Yoongi ne m'avait pas adressé la parole depuis que nous avions quitté le commerce, et c'était limite s'il m'avait regardé.
Je n'en pouvais plus de son attitude. Il agissait comme s'il n'en avait clairement rien à battre de ma personne mais si par malheur je m'écartais à plus d'un mètre de sa personne, il s'accrochait à moi comme si j'étais son bien le plus cher. Il n'y avait donc aucune logique chez lui.
On pénétra dans l'immeuble en taule et je me fis sagement menotter à une vieille chaise bois. Sympathique comme accueil. Je sentais que j'allais aimer le reste de la soirée.
Namjoon s'assit sur une table métallique à ma droite quant à Jin il s'installa sur une chaise devant moi. Yoongi lui resta debout au fond de la pièce. Je pouvais discerner la forme de son corps mais, caché dans la pénombre il m'était impossible d'analyser son visage.
« Bon Jimin, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu vas nous aider dans l'affaire Ayame sans contestation. »
Sotéria : Esprit féminin de la sécurité.
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Apophiis
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