Chapitre 11 : Hédoné

Je venais de passer une journée merdique.

Et bien entendu ma soirée n'allait pas être meilleure.

En ouvrant un œil ce matin-là, quelle ne fût pas ma surprise de découvrir un lit vide. Tête de persil s'était fait la malle. J'avais remarqué qu'il ne rentrait jamais avant deux ou trois heures du matin, mais partir avant quatorze heures était une première. Il avait sûrement à faire.

Je me tournai dans le lit voulant me rendormir un peu avant d'entamer la lourde tâche que l'on m'avait confié. Enfin, celle que Min m'avait délégué pendant que lui se baladait tranquillement dans les rues peuplées de la ville.

Je voulais profiter encore un peu de ce calme matinal et de la chaleur de mon corps qui se rependait dans les fibres de cotons. Je fermai les yeux pour repartir dans le monde des rêves, quand brusquement je les rouvris en me mettant en position assise.

Bordel... Pourquoi fallait-il que l'immeuble d'en face se fasse ramoner la façade ?! Le seul jour où le lit était à moi et moi seul...

Le miroir me renvoyait une image peu flatteuse de ma personne : les cheveux en pagailles, les yeux tout collants et une jolie marque d'oreiller sur la joue. Mes lèvres étaient gonflées et ma bouche sèche.

J'étais ronchon. Je rabattis mon dos sur la surface du matelas en tapant ce dernier de mes jambes pour marquer mon mécontentement. A qui le signifiais-je ? Aux Dieux. Ils m'énervaient.

Après m'être tortillé dans tous les sens, je me retrouvai emprisonné par la couette comme la garniture d'un Gimbap dans son riz. C'était le pire réveil de ma vie.

Au bout d'une vingtaine de minutes, j'avais réussi à me sortir de sous les draps dans l'optique de commencer le travail épouvantable de recherches qui m'était confié de faire. C'était donc à ça que ma vie allait être résumé maintenant ?

Non il en était hors de question. J'allais gentiment aider le Min le temps de me trouver un endroit sympa, un peu plus au Nord pour faire ma petite vie. Avec mes compétences, il fallait quand même que je sois proche d'une métropole, la campagne causerait ma mort dans tous les sens du terme.

Je trainais mes pieds nus contre le parquet du couloir dans le but d'atteindre sans encombre la cuisine, on n'était jamais à l'abris qu'un meuble ait bougé durant la nuit.

Je pris machinalement ma tasse à café avant de la positionner sous le bec de la machine. J'attrapai la boite à dosette qui me parue bien vide. L'enfoiré... Il n'y avait plus de café !

Comment j'allais faire moi sans mon breuvage miracle ? Il n'aurait pas pu me laisser le dernier et s'en prendre un une fois dehors ?! Non parce qu'il fallait quand même rappeler que j'étais enfermé dans cet appartement. Il m'était donc impossible de sortir et d'aller en acheter dans l'épicerie du coin.

Journée de merde.

Entre les bruits des bétonnières, le capharnaüm des mecs de chantiers et la pénurie de caféine j'étais à deux doigt de me défenestrer. Qu'avais-je bien pus faire pour mériter cela ? Bon d'accord question idiote, si je tentais d'entrer dans une église pour confesser mes maigres vingt-deux années d'existence, je faisais sauter le quartier à coup sûr. Mais quand même, me priver de café c'était un peu fort comme punition non ?

Je me contentai d'un simple verre d'eau avant de filer sous la douche, froide de préférence, pour éveiller mon esprit. Quelle bonne idée c'était... Pas du tout ! J'étais maintenant un mec ronchon, sans caféine et complètement gelé !

Après ces moult péripéties, je m'installai devant l'objet qui me tiendrait compagnie durant les prochains jours : l'ordinateur de dernière génération que je m'étais acheté. Ça avait fait un sacré trou dans mes économies mais il me serait utile dans le futur, alors autant investir maintenant.

Après avoir installé les différents routeurs et logiciels de piratages dont j'avais besoin, je commençai mes recherches.

Le temps filait vite et vu la tonne de travail que j'avais à effectuer, je ne l'avais pas sentis passer. Il était vingt-et-une heures et je n'avais rien avalé depuis hier soir. La faim me tordait l'estomac, si bien que si je ne solutionnais pas ce problème rapidement j'allais vomir de la bile.


Moi

Tu rentres manger ? [21:04]

Yoongi

[21:06] Je serais là dans une heure.


Une heure ?! Désolé mon gars mais ce soir tu dîneras seul, je ne pouvais physiquement pas t'attendre.


Moi

Je ne t'attends pas, je te prépare quand même un truc. [21:07]

Yoongi

[21:09] Ok.


Mon riz blanc cuit et ma côte de porc grillée, je pris place devant la télé. Je zappais de chaîne en chaîne à la recherche d'un programme peu intellectuel et divertissant pour m'abrutir un peu plus que je ne l'étais déjà. Mais même une télé-réalité à la con c'était trop demandé. Je finis par laisser la première chaîne en fond sonore.

J'étais seul, je m'ennuyais et ce n'était pas le pauvre triangle amoureux du drama que diffusait la télévision qui allait me captiver. Je n'aimais pas ça rester à rien faire, cela permettait à mes doutes de s'installer et ce qui en suivait n'était jamais bon. Les retournements de cerveau ce n'était vraiment pas pour moi.

Se poser des questions sur son existence, le but de la vie et autres sujets débiles m'exaspérait. Je ne me voyais pas fonder une famille, vivre dans une maison avec un chien et un travail de bureau. Non ma vie à moi serait trépidante, remplie de dangers. J'aimais les montées d'adrénaline dans mon organisme, la sensation du stress qui englobait mes muscles, les pulsations anormalement rapides de mon cœur contre les parois de ma cage thoracique.

J'aimais mon monde et ce qui allait avec même si la mort m'attendait à chaque coin de rue. Je ne vivais que pour ça, ressentir la peur m'éveiller, faire ressortir le côté animal de l'Homme. La perdition était ma meilleure amie. Je souriais, complètement béat, allongé sur ce foutu sofa.

Je fermai les yeux, me replongeant dans ma vie d'avant. Je revoyais mes premières années, celles dont mon esprit avait gardé de maigres images, puis Hoseok, nos premières conneries, nos premières sorties, nos premiers entraînements, notre première nuit dans ce monde où mon père tenait la place d'un dieu.

Mon père. Ses amis, ses frères qui se sont toujours bien occupés de moi, veillant à ma santé et mon bien être durant ses absences.

Mon esprit remontait les souvenirs, jusqu'à ce fameux soir. Cette soirée où dans un bar de la ville j'avais fait sa rencontre. Lui et ses cheveux bruns, sa bouille d'ange et son sourire charmeur. Savait-il déjà qui j'étais à ce moment-là ?

Je lui avais payé un verre, puis un suivant. On avait flirté une heure ou deux au comptoir, sachant pertinemment, l'un comme l'autre comment la soirée allait se terminer. On s'était partagé la note de l'hôtel, avant de filer au troisième étage. La chambre était simple mais assez propre. Le lit était fait et l'air sentait bon. J'avais été tendre avec lui, ne voulant pas le casser en deux par la violence que j'aimais.

Ça ne devait rester qu'un coup d'un soir, un partage entre deux adultes consentants, mais la symbiose avait été telle que nous avions remis le couvert deux jours après, puis la semaine suivante, trois fois.

Quand j'avais découvert qui il était, j'étais fou de rage. Je m'étais pointé chez lui le soir même pour avoir une bonne explication, mais le script que je m'étais façonné n'avait pas été respecté. On avait fini cette histoire sous la couette. Cette fois-là avait été plus violente que les autres, mais plus jouissive aussi. J'avais carrément pris mon pied et le voir aimer ça m'avait encore plus donné l'envie de me lâcher.

Cette relation s'installa sur le long terme, devant une habitude pour nous deux. Pas de sentiments amoureux, pas de restriction, simplement de l'attirance et l'envie de partager des moments intimes. Les images étaient bien nettes dans mon esprit et tout cela commençait à me travailler.

Ma main effleurait le haut de mon pantalon depuis quelques secondes déjà, hésitant à chaque remonté de défaire ce foutu bouton. L'envie était bien présente mais je n'aimais pas forcément me branler. Je préférais le contact d'un autre, me sentir désiré, chouchouté. Mais il fallait bien que je me rende à l'évidence, je n'étais pas près de mettre un pied dehors et le jour où je pourrais enfin prendre l'air, le Min ne me lâcherait pas d'une semelle.

Si je ne voulais pas imploser de l'intérieur, je n'avais pas d'autre choix que de m'adonner à un plaisir solitaire. La frustration allait me tuer. Je défis de ma main droite l'attache mon jean puis cette dernière se glissa entre les tissus. C'était quand même excitant dans un sens, le fait de ne pas être chez soi.

Mes dernières pensées avaient à moitié réveillé mon érection, en quelques palpations supplémentaires par-dessus mon boxer, mon pénis atteignit l'apogée de sa rigidité. Je n'entendais plus les voix qui s'échappaient de la télévision ni même celles des voisins qui rentraient chez eux après une bonne journée de travail.

Il n'y avait plus que moi, mon excitation et ma main droite s'activant à effectuer des allers-retours réguliers le long de mon membre. Mes yeux étaient fermés pour laisser libre cours à mon imagination. J'entendais au loin les gémissements de Jungkook, et mon cerveau mettait toute son énergie à reconstruire fidèlement les images de son visage au bord de l'extase. Mes coups de poignets s'accéléraient, ma lèvre inférieure se faisait mal traitée par mes dents avant que ma bouche ne s'entrouvre dans un demi sourire pour me permettre de respirer le plus convenablement possible.

J'avais chaud, je n'en pouvais plus, il m'était impossible de réprimer certains sons et mes cordes vocales commençaient doucement à vibrer. La pièce ondulait autour de moi, ma dextre toujours dans sa lancée folle, se serrait de plus en plus autour de mon sexe. De douces plaintes s'échappaient de ma bouche alors que j'allais venir. J'allais bientôt jouir.

Yoongi rentra à ce moment-là.

Il y eu un moment de flottement où je stoppai tout mouvement avant de me dépêcher à me rhabiller. Putain de merde ! Même éjaculer en paix ne m'était pas permis aujourd'hui. Encore heureux que le canapé n'était pas visible depuis la porte d'entrée. Je priai pour qu'il ait des écouteurs avec de la musique à fond. Il n'avait pas encore retiré ses chaussures que je lui tombai dessus.

« T'as acheté du café j'espère ?! »

Je n'avais pas oublié et surtout je voulais détourner son attention ce que mon pantalon pouvait montrer.

« Non parce que deux matinées de suite sans caféine dans mon organisme et je te coupe la tête, Yoongi !

- Bonjour à toi aussi, grogna-t-il.

- Bonjour ? Bonjour ?! Nan mais tu te fou de ma gueule ?! J'allais lui trancher la gorge. Ce n'est pas un bon jour, non ! Déjà je me fais réveiller par les travaux d'en face, ensuite je n'ai pas bu de café depuis plus de trente-six heures, j'ai pris une douche glacée, j'ai passé la journée sur un putain d'ordinateur à espionner la vie d'une trentaine de femme et pour finir je n'ai même pas pu... Non rien laisse tomber. »

J'étais à bout de souffle, complètement aveuglé par ma colère j'avais failli lui balancer que deux minutes auparavant je m'astiquais sur son fauteuil préféré.

Il était appuyé contre la porte, les bras croisés sur la poitrine, les yeux grands ouverts et ils se mordait l'intérieur de la joue. J'avais remarqué ce petit détail lorsque l'on était avec Jin, c'était signe qu'il essayait de contenir ses émotions.

Moi je me fis tout petit, j'avais peut-être crié un peu trop fort.

« C'est bon t'as fini ? Me cingla-t-il. »

Je ne répondis pas, me dirigeant devant la télé d'un pas lourd et boudeur. Il partit manger dans la cuisine, sans un bruit. Le drama avait laissé place à un film d'action américain, ce qui me plaisait déjà un peu plus.

Alors que l'acteur, dont je ne connaissais pas le nom, était en train de faire la course poursuite de sa vie pour retrouver son ami, tête de persil vint s'installer à mes côtés. On n'échangea ni regards ni paroles jusqu'à la fin du film.

« J'irais acheter du café dès mon réveil demain, tu en aura au saut du lit promis. »

J'en avais clairement plus rien à foutre de son café, je voulais pouvoir me sentir un peu plus libre, un peu moins seul.

« Je te prendrais aussi des viennoiseries à la boulangerie française du coin de la rue. »

Il pensait vraiment s'en sortir avec un croissant au beurre et une baguette pain ?

« Jimin, tu pourrais me répondre s'il te plaît ? Me faire un signe de vie au moins ? s'agaça-t-il.

- Tu comprends vraiment rien Yoongi... »

Il semblait étonné. Comme s'il n'avait pas remarqué qu'il était à côté de la plaque depuis le début. Je me tournai vers lui, encrant mon regard dans le siens.

« Je ne suis pas un chien que tu peux attacher, ni même un chat d'appartement à qui tu donnes la pâté le matin avant de partir toute la journée... J'ai besoin de sortir, de respirer, de parler. Mon ton était doux, limite suppliant. J'ai... j'ai besoin de me balader, de me sentir libre de faire ce que je veux, de pouvoir faire-

- Tu es libre de faire ce que tu veux dans l'appart.

- T'es sérieux là ?

- Plus que sérieux. J'ai l'air de rigoler ?

- Non mais Yoongi je suis en train de te dire que je veux aller dehors et toi tu persistes à vouloir me contenir dans cette cage !

- On en a déjà parlé Jimin, tu ne sortiras pas pour l'instant. C'était clair dès le départ. »

Il se leva en direction de la cuisine. Je me mis à sa poursuite, il était hors de question que j'abaisses les armes si facilement.

« Il était question de sorties sans ta présence, mais avec toi on n'en a pas parlé, me défendis-je.

- C'est pareil, avec ou sans moi, c'est le fait que toi tu sois dehors le problème.

- En quoi c'est un problème ? »

Il détourna les yeux, souffla un bon coup, avant de replonger ses iris injectées de sang dans les miens.

« Ta sécurité, la mienne et celle des autres personnes liées à ce dossier. Si Ayame ou n'importe qui d'autre se rend compte qu'on enquête sur elle ou eux, on sera dans la merde !

- Ouais, m'enfin que je sache tu passes bien ton temps dehors, alors c'est pas si risqué que ça. »

Il venait de me tuer dans ses pensées. J'avais le même regard quand je le découpais en petits morceaux.

« La question est close Jimin, tu restes ici tant que l'on ne sait pas qui elle est et qui elle fréquente, point. Et je n'ai pas à me justifier, lâcha-t-il sèchement.

- Tu me casse vraiment les couilles Min, dis-je avant de partir vers la chambre. »

J'étais épuisé, énervé et frustré. Je voulais sombrer dans un coma à durée indéterminée, laissant les choses avancer sans moi. Me réveiller et ne plus devoir me cacher, fuir ou même disparaître des radars.

J'allais me coucher quand je fus projeté contre la commode.

« Je te casse les couilles ?! C'est ça ?! m'hurla-t-il à la figure.

Son visage était consumé par la colère. Sur le moment je fus si terrifié qu'aucun mot ne put sortir.

« Oh tu réponds ! Je te casse les couilles ?! Me secoua-t-il.

- J-tu... »

J'étais figé, son aura était si agressive que même un chien t'attaque rebrousserait chemin s'il était devant lui.

« J'y crois pas... rigola-t-il sarcastiquement avant de reprendre son agression. Je t'héberge, te nourris, tu dors au chaud, tu gardes une hygiène saine, je t'évite la rue, le fait de vendre ton cul et le sida et toi tu me sors que je te casse les couilles ?! Non mais Jimin, redescends un peu ! »

Il disait ça comme si j'étais un bambin qu'on lui avait refourgué. Une tare. C'est ça que j'étais ? Un bâton dans sa roue de vélo, un arbre tombé sur sa route ?

Il était épris d'une telle animosité qu'il ne se rendait même pas compte de l'impact de sa phrase. Il me rabaissait, comme si je n'étais pas déjà au plus bas.

Une larme.

Une seule et unique larme coula le long de ma joue. À sa vue, il partit dans le salon, lançant le cendrier du comptoir à travers la pièce, qui se brisa en mille morceaux sur le sol, avant de partir en claquant la porte.

J'étais seul.

C'était ça qu'il ne comprenait pas.

La solitude me faisait mourir de l'intérieur.

Et ce fût comme cela pendant les neufs jours suivants.


« Et tu as besoin de sortir pour ça ? murmura-t-il. »

Merde.

La frustration me faisait vraiment délirer. Jamais auparavant je n'aurais osé balancer à quelqu'un que j'étais en manque. Bon je ne l'avais jamais vraiment été du coup. J'ai toujours eu un ou deux numéros sous le coude histoire de déverser ma rage quand elle devenait trop imposante.

Depuis le soir où Yoongi avait failli me voir me masturber sur son canapé, je n'avais plus osé me toucher. Il sortait toujours autant mais il repassait de temps en temps, sans prévenir, pour déposer quelques achats.

On avait exactement six paquets de cinquante-quatre dosettes de café corsé. C'était de la provocation, je n'y répondais pas. Cela ne servait à rien, nos rapports se détérioraient déjà suffisamment sans avoir besoin de ça.

Je ne voulais pas retenter l'expérience de la branlette sauvage, et l'idée d'assouvir mes pulsions sous la douche était tombée à l'eau car monsieur avait repoussé son heure de départ journalière. Il restait plus tard en début d'après-midi, et rentrait souvent alors que je dormais déjà.

Sa prise sur mon cou se dissipa mais celle sur mon poignet était toujours bien présente. Il me força à le suivre à travers le couloir, alors que je reprenais peu à peu une respiration normale. Il me jeta dans la chambre plongée dans le noir.

« Tapes-toi ta queue et reviens quand tu seras calmé ! »

Niveau phrase excitante j'avais entendu mieux. Au contraire j'étais complètement mou et refroidit. Je n'avais plus du tout envie de me satisfaire, mais ne voulant pas non plus retourner de suite dans le salon je m'allongeai sur le lit.

Je faisais le vide. Le bon côté des choses, c'est que je l'avais trouvé cette foutue Ayame et je pouvais maintenant espérer que bientôt je mettrais le nez dehors.

Une demi-heure plus tard, j'avais regagné assez de courage pour sortir de la pièce et lui faire face. Il était devant la télé à regarder un film que je connaissais que trop bien : Saw III.

« Alors ça y est ? Tu t'es enfin vidé les bourses ? se moqua-t-il.

- Non. »

Je me servis un grand verre d'eau avant de le rejoindre. J'adorais ces films. Outre le côté gore, les épisodes se suivaient et le côté psychologique et nécrosé de Jigsaw ne pouvaient être compris que si l'on regardait la série dans son entièreté.

J'avais regardé la fin du film sans même lui décrocher un mot, alors que lui avait passé les cinquante minutes à me fixer, moi. Je m'en balançais, il pouvait bien se foutre de ma personne.

Quand le générique de fin apparu, je déposai mon verre dans l'évier avant de me rendre dans la salle de bain. Je voulais du calme et surtout ne pas entendre sa voix. J'avais allumé la petite lumière au-dessus du lavabo instaurant une petite ambiance de salon de massage, sans la musique et la masseuse.

En soi, il n'avait pas tort, se masturber n'était pas réprimandable par la loi, ni même un acte de cruauté ou de barbarie. C'était même humain et bénéfique. Peut-être que cela me détendrait pour les prochains jours, et m'aiderait à me concentrer.

Après une énième hésitation, à me défigurer dans le miroir je défis mon pantalon, le laissant tomber au sol. Je me pinçais les lèvres avant de les lécher. Il fallait que je fasse le vide une nouvelle fois, que j'oublie où j'étais. Je fermai les yeux alors que ma main passa l'élastique de mon caleçon.

Je commençai par éveiller mon érection en malaxant mes testicules. C'était déconcertant, j'avais plus l'impression de faire ça par obligation que par envie mais je chassai bien vite cette impression de ma tête. Je m'imaginais en Corée avec ma petite paire de fesses favorites. Il était vrai que cette partie de son anatomie était plutôt un bon moyen pour attiser mon désir.

Quand mon pénis fut entièrement tendu, mon sous-vêtement rejoint mon pantalon dans un coin de la pièce, suivit de près par mon t-shirt. Que faire des vêtements, on n'est jamais mieux que dans le simple appareil. La nudité n'était pas un pêché.

Les premiers allers-retours n'étaient pas très concrets, j'avais toujours cette sensation qu'au fond de moi je n'arriverais pas à atteindre l'orgasme quand bien même les images de Jungkook défilaient sous mes yeux à nouveaux clos.

J'accélérai mes coups, me tendant un peu plus. Ma respiration devenait saccadée, presque hachée. Je me retenais de mon bras gauche au rebord du lavabo, ne voulant pas perdre l'équilibre et la pression de ma poigne sur le métal froid m'aidait à contenir mes plaintes dans mon organisme.

J'étais dans un état second, Jungkook avait déserté mes pensées. Je commençais à imaginer le blond platine me toucher, me regarder ou même carrément me prendre. J'imaginais son touché sur moi, la pulpe de ses doigts effleurer mes courbes, ses lèvres embrasser mon cou, moi lui griffant la peau des bras, sa main sur ma bouche...

Sa main sur ma bouche...

Je rouvris les yeux sous le choc et ne fus même pas surpris de découvrir le reflet de Yoongi derrière le mien. Sa main gauche emprisonnant mes lèvres alors que la droite montait et descendait à vive allure le long de ma verge. Mes yeux étaient mis clos et j'avais du mal à soutenir son regard perçant qui ne ratait rien de la scène grâce à la glace.

Il accéléra son mouvement quand il remarqua ma soudaine prise de conscience, souriant avant de venir mordre ma clavicule. Cette image me rendit fou, je m'abandonnai à lui et mes bras vinrent se tenir aux siens. Je basculai la tête en arrière jusqu'à ce qu'elle se dépose sur son épaule. Mes gémissements commençaient à franchir la barrière de ses doigts. Il pouvait faire ce qu'il voulait de moi, j'étais sous l'emprise du désir, du plaisir qu'il m'offrait.

J'avais chaud, beaucoup trop chaud. Je bouillonnais littéralement de l'intérieur et mes jambes ne pourraient bientôt plus soutenir mon poids. Je rouvris une nouvelle fois les yeux et aperçus une fois de plus cette image qui ne sortirait plus de ma tête. Yoongi arrêta de marquer mon épaule et remonta sa langue le long de cou. Il eut ma fin avec ce geste.

Un long râle s'échappa d'entre mes lèvres alors que mon corps, prit de tremblement, se pencha vers l'avant et que mon sperme se déversait sur mon ventre. Je me rattrapai au bord du meuble froid, tentant du mieux que je pouvais de tenir debout. Il fit quelques gestes supplémentaires pour accompagner mon orgasme jusqu'à sa finalité.

Il s'arrêta doucement et se plaqua derrière moi, une fois de plus on se regardait à travers ce miroir, témoin de toute la scène.

« Je vais me coucher, me chuchota-t-il alors que j'avais encore du mal à reprendre une respiration normale. Rejoins-moi quand tu seras prêt. »

Bordel, qu'est-ce qui venait de se passer.


Hédoné : Esprit du plaisir.

⊱♛⊰


Apophiis

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top