8- Ainsi fut Cyr Leluc

   Le bruit des spectateurs en furie lui parvenait vaguement. Pourtant Cyr jubilait. La détermination se consumait dans ses yeux. Il espérait rendre ses parents fier de lui. Tous ces sacrifices auront peut-être servis à quelque chose. Cela faisait déjà une demi-heure qu'il attendait dans l'immense tunnel.

– Hey ! Cyr ?

   Une voix masculine s'éveilla derrière lui, il crut la reconnaître. Il se tourna vers celle-ci et découvrit son fidèle ami. Cyr ne l'avait pas revu depuis bien longtemps. Ce fut son compagnon de voyage, son ami qui était devenu comme un frère pour lui. Ils s'enlacèrent vigoureusement, se tapant amicalement le dos.

– Je suis content de te voir, je ne pensais pas que ces gaillards te laisseraient passer, déclara Cyr en montrant les deux hommes qui gardaient l'entrée.

   Son ami, un sourire espiègle collé au visage, leva sa main devant le visage de Cyr. Un léger fil d'électricité se créa entre ses doigts.

– Ce n'était pas si difficile que ça, lui répondit-il avec un clin d'œil.

   Tout à coup, une voix grave et masculine s'éleva et commençait à introduire le combat au public. Un homme entra dans le tunnel et fit signe à Cyr de sortir.

– Vas-y Cyr !

   Cyr le salua une dernière fois et se dirigea vers la lumière au bout du tunnel. Il se retourna lorsque son ami lui demanda :

– M'oublie pas quand tu seras au sommet Cyr !

   Cyr acquiesça, souriant et continua son chemin. Une fois le pied dans l'arène, les exclamations du public s'intensifièrent.

– Voici Cyr Leluc, commença le commentateur d'une voix exaltée, Il a époustouflé tout le pays lors de son dernier combat à l'arène nationale. Il est arrivé numéro 1 national et a gagné le droit d'affronter le roi Louis 1er, le roi enflammé !

   Le combattant leva le point, un sourire greffé à son visage. À ce geste, les spectateurs l'acclamèrent. Ce n'était pas la première fois qu'un champion se mesurait au roi. Mais Cyr savait. Il savait qu'il serait le premier combattant à vaincre un roi.

   Tout à coup, une trompette rompit les cris des visiteurs. Celle-ci fut suivit de tuba et une fanfare commença. Les cuivres emplissaient l'arène. Louis Ier sortit de sa cachette. Son costume rouge collait à son corps. On racontait que son habit avait été ignifugé, l'empêchant de prendre feu. Ses cheveux rouges battaient au vent. Son don avait prit le pas sur sa couleur de cheveux naturelle. Il n'y avait pas à dire, Louis Ier avait bien plus fière allure que Cyr, ne serait-ce que par ses cheveux qui semblaient enflammés.

– Louis Ier, fils d'Henri Ier, cria le commentateur, suivit par une salve d'applaudissements, notre roi bien aimé ! Il nous a prouvé sa puissance mainte fois. Il fut vainqueur de tous les combats demandés par les numéros 1 nationaux.

Il s'avança et la musique continua de plus belle. Il salua son peuple et arriva en face de Cyr.

   Cyr sentait son cœur battre sous son habit blanc. Blanc comme la neige. Blanc comme le froid. Il commençait à douter. S'il gagnait, ferait-il un bon roi ? Il avait peur de ne pas être à la hauteur. Il se ressaisit en se rappelant tout le chemin parcouru. C'était la finalité de son travail. Ils se serrèrent la main. Louis Ier plaça une de ses mains sur l'épaule de Cyr.

– Bonne chance.

   Cyr lui sourit. Il le remercia et ils se séparèrent. Ils furent à l'opposé comme auparavant. Un arbitre se plaça au milieu des gradins. L'arène royale était la plus grande du pays, pleine de technologie, elle pouvait donner les points aussi précisément que possible, sous vérification de l'arbitre.

   Avant de commencer le match, les musiciens reprirent leurs instruments. L'hymne national « Vive Henri Ier ! » se fit entendre. Les cuivres commencèrent leur chant, suivit par des vents. Une chorale débuta.

« Vive Henri premier,
Vive ce roi vaillant,
Ce Soleil libéré,
A le double talent :
De protéger et de battre,
A le double talent :
De protéger et de battre. »

   Des violons et des contrebasses s'ajoutèrent. Cyr sentait le vent dans ses cheveux. L'air pesait autour d'eux. Les cérémonies lui donnaient toujours cette impression. Tout le monde écoutait et murmuraient les paroles, de peur de gâcher la musique.

« Chantons l'antienne
Qu'on chantera dans mille ans ;
Que Dieu maintienne
En paix ses descendants
Jusqu'à ce qu'on prenne,
La Lune avec les dents.
Jusqu'à ce qu'on prenne,
La Lune avec les dents. »

   Les instruments jouèrent de plus en plus fort. Petit à petit, chaque famille arrêtait de jouer. Jusqu'à ce que le silence apparut, vite remplacée par les applaudissements du public.

– Bravo à l'orchestre royal pour cette magnifique interprétation, débuta le commentateur, puis continua en marquant une pause de suspense, le combat va pouvoir débuter.

L'arbitre – qui ne servait à rien jusque là – s'emparât d'un micro. Il s'adressa aux deux combattants.

– Regardez vous, commença t-il, En vertu de la loi n°13 de l'an 64, je déclare les jeux ouverts.

   Et le match commença. Cyr ne voulait pas attaquer le premier. Heureusement, Louis Ier fonçait déjà vers lui, des flammes commencèrent à se former dans sa main. Cyr ne bougea pas. Alors que Louis Ier arrivait au niveau de son visage, Cyr évita l'attaque.

– Oh ! Oh ! Oh ! On dirait bien que Cyr est en forme aujourd'hui, cria le commentateur derrière son Plexiglas.

   Les deux hommes n'entendaient pas ce qu'il disait. Les téléspectateurs, si.

   Cyr commençait à refroidir ses mains. Il devait prioritairement baisser petit à petit la température de son corps. Sinon sa magie ne sera pas très maniable et pourrait le blesser. Son concurrent, lui, avait opté pour une combinaison qui se réchauffait avec la chaleur de son corps. Son combat n'était pas gagné d'avance.

   La chaleur du corps de Cyr avait réussit à s'en aller très vite. Louis Ier le fixa. Il tendit sa paume. On pouvait apercevoir le signe s'allumer sur son poignet. Une flamme. Tout le monde savait que son don était relié à celui de son père, surnommé le « roi soleil ». Son père maîtrisait le Soleil, grâce à lui beaucoup de récoltes avaient pu être sauvés. Le fils, lui, était doté du feu, un éléments qui n'était plus si utile au peuple.

   Tout à coup, un rai de feu sortit de sa main, se dirigeant tout droit sur Cyr. Celui-ci ne pouvait se permettre de riposter. Alors il esquiva.

– Louis Ier est sûr de remporter ce match, commença le commentateur, Le feu remporte toujours sur la glace.

   Pourtant, comme on le sait tous : tout peut arriver.  Une fois son corps froid, le flocon sur le poignet de Cyr s'éclaira. Il était fin près. Il prit son élan et fondit sur Louis Ier, surprit. Celui-ci esquiva. Malheureusement pour lui, Cyr se retourna. Le temps semblait s'écouler plus lentement. La caméra filmait la main de Cyr. Il jeta sa paume en avant. En un instant une corde de glace se forma et fut projetée sur le roi. La corde atterrit dans l'arrière de son cou. Il bascula en avant, poussé par la force de la création de glace. Cyr avait les yeux brûlant d'adrénaline. Il y avait quelque chose de bestial dans son regard. Un lion qui attrapait son antilope.

   Le public retenait son souffle. Cyr commença à refermer sa main. La corde se tordit et bloqua Louis Ier sur le sol. Celle-ci s'enfonça dans la terre. Le roi porta sa main à son cou.

– Louis Ier a encore toutes ses chances de réussir, il suffirait qu'il fasse fondre la glace.

   Le commentateur sentait que sa voix tremblait. Il fit tout pour le cacher. Il adorait Louis Ier et ne voulait pas le voir abdiquer. Cependant, Cyr avait l'air bien plus fort que lui. Il s'essuya son front avec une petite serviette. Il était dans le match, même plus, chacun de leur pas lui semblait être le sien. Et lorsqu'il vit l'impensable, son souffle se coupa. Il ne parla pas. Le public ne bougea plus. La nation ne discutait plus.

   Louis Ier n'arriva pas à faire fondre la glace. Enfin, une volute de vapeur s'échappait difficilement de ses doigts. Cyr, ayant visionné tous les précédents combats du roi, avait remarqué qu'il était bien meilleur en combat rapproché que dans un combat dans lequel la magie était omniprésente. Malheureusement pour lui, Cyr était son inverse. Il savait bien esquiver mais de là à pouvoir se servir de son poing, il y avait encore du chemin. Cependant il connaissait son don, avait escaladé les montagnes les plus froides, parcourut les pôles à pied. Il s'était durement préparé avec son maître. Heureusement qu'il venait d'une famille aisé lui permettant autant de voyage, pensait-il parfois.

   Tout à coup, Cyr envoya une autre corde au niveau de son torse. Il fallait qu'il tourne le roi, qu'il le mette sur le dos. Il gagnerait ainsi. Il fit disparaître la première corde et resserra la deuxième. Il s'approcha de lui.

   Il savait parfaitement ce qu'il devait maintenant réaliser pour gagner.

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