7- Le premier entrainement

   Élio enleva ses chaussures pleines de terres. En étant dans l'entrée, il entendit son père et sa mère dans le salon en train de discuter. Il ne percevait rien qu'un bourdonnement à la place de paroles. Il alla dans le salon et salua ses deux parents.

– Tu es rentré Élio ! Ton père m'a dit que tu étais allé chez le cordonnier, affirma sa mère, tu as trouvé de nouvelles chaussures ?

Hélios vit le regard interrogatif de son fils. Il étira sa bouche afin de former un non. Élio se retourna vers sa mère.

– Non, rien du tout. Il m'a dit de retourner le voir...

Élio réfléchissait à un alibi qu'il trouva plus rapidement que prévu.

– Il m'a bien aimé et veut me faire essayer la cordonnerie.

– Pour quoi faire ? demanda sa mère, désappointée, Nous avons déjà assez de travail ici.

   Son père se leva et attrapa l'excuse inventée par son fils. Il empêcha Élio de répondre et déclara :

– Un cordonnier gagne bien plus d'argent qu'un agriculteur, Sabrina. Il pourrait nous ramener l'équivalent de deux jours de dur labeur.

Sa mère jeta un regard vers son fils avant de se retourner vers son mari.

– Comment peux-tu être sûr de ça ? Il pourrait ne pas être payé dès le début. C'est le cordonnier qui décide !

   Ses parents avaient déjà oublié la présence d'Élio qui se sentait déjà exclu de la conversation. On ne lui demandait plus rien. Ils discutèrent longuement et le ton montait de plus en plus. Élio savait ce que cela signifiait. Ils allaient se disputer toute la soirée.

Alors, Élio grimpa dans sa chambre. Il se sentait faible, plus faible que jamais et ce n'était pas qu'à cause de la fatigue. Ses parents allaient s'énerver à cause de lui. Les voix de ses parents n'étaient devenus que des bourdons et pourtant, il n'allait pas mieux. Il voulut redescendre, les empêcher de continuer. Mais il savait que ça ne servirait à rien. Il avait fini par s'assoir sur le sol, le froid lui glaçant les mollets.

Sa tête lui tournait. Il était si épuisé qu'il voulut que le temps se fige. Il s'en voulait de ne rien pouvoir faire, s'il maîtrisait mieux son don il aurait pu les séparer. Puis, sa tête se posa sur son épaule et il s'endormit.

******

   Ce matin était un nouveau jour. Les oiseaux criaient déjà, le soleil venait seulement de se réveiller et c'était la première fois qu'il allait s'entraîner avec le cordonnier. Il s'étira. Son père venait de toquer, il était attendu au petit-déjeuner. Une fois dans la salle à manger, Élio vit ses parents attablés.

– Bonjour, vous allez bien ? demanda Élio.

Son père se contenta de lever le pouce, un morceau de pain coincé dans sa bouche, prêt à tomber. Des cernes se dessinaient sur le visage de sa mère. Il devina qu'elle n'avait sûrement pas passé une bonne nuit. D'ailleurs, elle ne prit pas la peine de répondre. Élio comprit qu'elle était toujours énervée suite à sa décision. Il comprenait très bien sa réaction. Ils n'avaient pas discuté avec sa mère de son apprentissage chez le cordonnier.

   Après son repas, Élio se leva et déclara :

– Je vais voir le cordonnier ce matin. Ne m'attendez pas pour déjeuner si jamais j'arrive trop tard.

Sa mère garda sa tête baissée. Son père lui souhaita tout de même une bonne matinée. Ils savaient tous les deux que Sabrina pouvait se trouver rancunière. Mais ils savaient également que dans quelques temps, la dispute sera oubliée.

Élio décrocha son vélo et empruntait le même chemin que la veille. Le vent fouettait son visage, Élio souriait. Il avait hâte de commencer cette première leçon. Une faible étincelle avait rallumé sa motivation qu'il avait perdu. Il se souvint de cette journée lors de laquelle il avait raconté à des inconnus qu'il voulait devenir roi. Ce souvenir fit vaciller la flamme, une boule se créa dans sa poitrine. Il commença à se mettre la pression. Il essaya d'oublier et le feu revint comme si rien ne s'était passé. Il pédalait. Sa flamme pouvait bien vaciller, Élio le savait : il vaincra Henri II et remportera la couronne.

   Le cordonnier l'accueillit, ses vêtements marrons serrés à la taille marquait son ventre. Il fit entrer Élio. Celui-ci se sentait toujours un peu intimidé face à lui. Le cordonnier se tourna vers Élio et planta ses yeux marrons dans les siens.

– On va commencer ton entraînement Élio. Suis-moi.

Le cordonnier se dirigea vers la table centrale. Élio resta sur le coté à regarder son futur maître. Le meuble devait peser bien plus lourd qu'Élio pourtant le cordonnier l'empoigna et réussissait à la soulever et à la décaler. Élio était stupéfait. Il n'avait jamais vu quelqu'un réaliser une chose pareille. Le cordonnier, voyant la réaction d'Élio, souriait d'un air amusé. Il lui fit signe de s'approcher et tendit son doigt en direction du sol.

– Vois-tu quelque chose Élio ?

Élio scruta, cherchant ce qu'il essayait de montrer mais ne trouva rien. Il secoua sa tête.

– C'est parfait alors, commença le cordonnier, il se tourna vers Élio et continua, interdiction de parler à qui que ce soit de ce que je m'apprête à te montrer.

Élio ne répondit rien, bien trop intrigué parce ce que le cordonnier voulait lui dévoiler. Cependant, il acquiesça. Ce n'était pas dans sa nature de révéler des choses comme celles-ci, même sous la torture. Mais Élio ne savait pas qu'il était comme ça. Alors, il espérait que ce qu'il allait voir n'était pas trop confidentiel, de peur de devoir garder un trop gros secret toute sa vie.

Le cordonnier se baissa et tapa le parquet. Il sonnait creux. Il souriait et souleva une trappe dissimulée. En dessous, un escalier s'enfonçait dans la terre. Celui-ci était très sombre mais paraissait bien entretenu. Le cordonnier laissa Élio devant ce passage et revint avec une lampe torche. Élio écarquilla les yeux. Il n'avait jamais vu un tel  objet, produisant de la lumière par la seule action d'une pression. Le cordonnier s'engouffrait déjà dans le sous-sol. Élio le suivit.

   La lumière blanche étonnait Élio. Il ne comprenait pas comment cet objet pouvait fonctionner. Il s'attendait à une flamme et donc à une lumière rouge éclatante. Le fait que la lumière soit blanche rassurait Élio. L'escalier paraissait moins angoissant ainsi. Le cordonnier éclairait les murs en pierres où se développait une légère mousse.

   Ils arrivèrent dans une pièce sombre, dévoilée par la seule lampe du cordonnier. Aucun rayon du soleil ne parvenait jusqu'ici. Élio se sentait perdu. Le cordonnier arriva devant le panneau d'éclairage et leva les interrupteurs. La lumière fit irruption. Une longue bande violette lumineuse faisait le tour du haut des murs, le sol était beige et semblait parfait pour le sport de combat. Les murs semblaient gris souris, éclipsé par la couleur de la bande murale. Le cordonnier regarda Élio afin de voir sa réaction. Il ne fut pas déçu, Élio semblait époustouflé par toute la lumière violette, par cette salle et par toute la technologie qui semblait cachée.

– Alors ça te plaît ? demanda le cordonnier qui essayait de cacher sa fierté.

– Qui n'aimerait pas ! s'exclama Élio.

Le cordonnier ôta ses chaussures et se rendit sur ce sol beige. Élio fit de même et fut surpris lorsque ses pieds touchèrent la matière assez douce du revêtement. Il releva la tête vers le cordonnier qui ouvrait une pièce annexe. Élio essaya de zieuter afin de voir ce qu'elle contenait mais rien ne vint jusqu'à ses yeux. Le cordonnier revint avec un chronomètre et un objet rectangulaire dans sa main.

– Qu'est-ce que c'est ? demanda Élio en montrant sa main.

– Une télécommande, répondit-il avant appuyer sur un de ses boutons.

Élio ne connaissait une nouvelle fois pas l'outil. La technologie n'existait pas dans la campagne. Le cordonnier vit l'interrogation sur le visage de son poussin.

– C'est vrai que tu n'as pas dû voir beaucoup de technologie, commença celui-ci, je vais essayer de t'expliquer rapidement. Une télécommande sert à utiliser des objets à distance.

C'était incompréhensible pour Élio. Le cordonnier lui fit signe de laisser tomber. Il lui demanda de s'assoir. Le cordonnier était heureux.

– Ton entraînement commence aujourd'hui. Bienvenu Élio.

Il appuya sur sa télécommande et un rectangle dans le mur s'alluma.

– C'est une télévision. Regarde.

Il actionna un autre bouton et une photo s'animât. Élio ne connaissait pas cette technologie. Les images dans les journaux ne bougeaient pas. Il ne comprenait pas comment tout cela pouvait fonctionner.

– Tu t'apprêtes à regarder le combat historique entre Louis Ier et Henri II, expliqua-t-il, fais bien attention à tous leurs gestes et à la maîtrise de leur don. Je ne me lasserai jamais de le visionner.

   Il se tourna vers Élio.

– Profite bien du spectacle.

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