6- L'atelier
Élio pédalait. Son père lui avait offert son vieux vélo le jour de son treizième anniversaire. Il se sentait très chanceux, il pouvait se déplacer bien plus rapidement qu'à pied. Ce trajet lui aurait pris trois heures sans celui-ci.
Le paysage monotone défilait derrière lui : des champs, encore des champs et toujours des champs. En voyant cela, Élio reçut une vague de motivation. Il voulait vraiment partir d'ici et le plus vite serait le mieux.
Une heure après, il arriva dans le centre-ville. Il posa son vélo contre un lampadaire. Il attrapa la chaîne en fer posée sur son épaule et attacha son vélo.
Élio marcha. La boulangère le salua, installée derrière son comptoir. Élio secoua sa main en réponse et continua son chemin. Elle était toujours à sa boutique, qu'il pleuve ou qu'il neige, on pouvait compter sur elle. La place était vide, la chaleur de l'été avait eu raison des habitants. Les grandes bâtisses traditionnels en bordures avaient les volets ouverts. La plupart des marchands importants avaient fermé ce jour là. Par marchands importants, on entendait le boucher et le fromager. Les autres commerçants : la couturière, la boulangère et le cordonnier travaillaient.
Afin d'arriver chez le cordonnier, il fallait passer par une route escarpée, en bas de la place. En face du cordonnier se situait la grande maison de la couturière paraissait plus accueillante. Il termina devant une modeste petite maison en bois. Une annexe était greffée à son côté. Il approcha son poing de la porte.
Avant que sa main ne puisse s'écraser sur l'entrée, un homme ventripotent apparu. Malgré sa bonne taille, le cordonnier lui semblait être un géant. Il possédait une barbe brune et ses cheveux semblaient se dégarnir. Élio le trouvait intimidant, il lui faisait presque peur.
– Ah c'est toi Élio. Entre, proposa-t-il en ouvrant la porte grinçante.
Trois pas après, Élio admirait l'atelier dressé en face de lui. Une large table était disposée au centre, une légère mallette placée à droite et un marteau gisait à gauche. Accrochés au murs, des étagères soutenaient des chaussures nouvellement formées.
– Nous sommes dans ma boutique, expliqua-t-il, puis il pointa du doigt une porte, à gauche, il y a ma réserve. Ça ne sert à rien de te la montrer, ça ne te servirait à rien d'y entrer. Aussi, je vis à l'étage donc, par respect pour moi, n'y vas pas si je ne te l'ai pas demandé. Compris ?
Élio acquiesça.
– Bon, alors assieds-toi.
Élio s'installa timidement. Il était assez tendu. Le cordonnier passa derrière lui et s'exclama :
– Allons, ne sois pas si réservé ! Veux-tu un peu de vin ?
Élio fut surpris, le vin était cher et réservé en priorité aux citadins. Le cordonnier se reprit :
– Pardon, c'est vrai que tu es toujours mineur. Je n'ai pas d'eau courante alors je ne bois que du vin.
Élio se demanda pourquoi il n'allait pas au puit communal et comment il pouvait avoir autant d'argent. Alors qu'il ouvrait sa bouche afin de faire sortir ses interrogations, le coucou de la pendule cria.
– Bon, passons aux choses sérieuses, proposa-t-il.
Il s'affala sur une chaise et posa ses coudes sur la table.
– J'ai quelques questions à te poser. Tout d'abord, te sens-tu prêts à devenir mon poulain ?
Élio acquiesça une nouvelle fois.
– Allez Élio, j'ai besoin que tu dises oui à voix haute. C'est important pour que tu sois sûr de ce que tu veux.
Élio se sentait de plus en plus à l'aise, malgré le fait que sa taille l'intimide.
– Oui, je le veux.
Le cordonnier sembla amusé et à la fois exaspéré. Un sourire se dessina tout de même derrière sa barbe brune. Il semblait tout à coup bien plus chaleureux aux yeux d'Élio.
– Je ne te demande pas en mariage Élio. Oublions et continuons. Quel est ton don ?
– Promettez moi de ne le raconter à personne.
Le cordonnier jura.
– Je peux manipuler le temps et le ralentir.
Règle n°2 : ne jamais divulguer la nature de son don.
[RÈGLE BRISÉ]
La règle est brisée mais le cordonnier ne dira rien. N'est-ce pas ?
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