4- Le doigt a été bougé

– Allez, réessaie Élio, dit son père en voyant les épaules de son fils tomber, il continua, ne perd pas espoir, je suis sûr que tu vas y arriver.

Cela faisait maintenant deux heures qu'il s'entraînait sans relâche, il commençait à fatiguer. Il savait que s'il passait trente minutes de plus à s'exercer, il commencerait à chanceler et à avoir des vertiges. Il voulait cependant y arriver, il le fallait, il pourrait enfin aller voir un combat d'arène. Une douleur dans son torse commençait à apparaître, juste à côté du coeur, signe qu'il avait beaucoup utilisé son don. Il inspira et expira, essayant de reprendre le contrôle sur ses dons qu'il venait de perdre. Son pouvoir était comme des chiens enragés, qu'il devait garder avec des chaînes afin qu'ils ne s'enfuient pas. Élio rattrapa les chaînes et décida de fermer les yeux. Se concentrer sur ses sensations. Il voulait essayer une nouvelle façon de faire.

Il fit attention à son corps dans l'espace, ressentait chaque coup de vent lui balayant légèrement le visage. Il bougea ses doigts, s'imaginant utiliser son don. Il sentit ses muscles se contracter, son doigt se plier. Il fit attention à cette sensation. Il leva l'autre main, sa main gauche et il fit ralentir le temps. Les yeux fermés, en recherchant toutes les sensations qu'il avait, il essaya une nouvelle fois de bouger son doigt, tout en pensant à ses muscles qui se contractaient. Il était calme, sa respiration était douce. Le zéphyr continua sa route sur sa joue. Rien ne changea, le temps ne revint pas à la normale. Lorsqu'il se rendit compte qu'il avait réussi, il s'extasia :

–Papa ! J'ai réussi !

   Il souriait, le temps avait repris son cours. Il leva le bras, poing fermé en signe de victoire. Son père, n'ayant rien vu de ce qu'il se passait, tout allait bien trop vite pour lui. Il écarquilla les yeux, surpris, et demanda, enjoué :

–Tu as réussi à bouger un doigt ?

   Son fils acquiesça. Un sourire apparut sur le visage de son père alors qu'il tentait de ne rien faire paraître. Il se reprit vite.

– Tu as encore des forces pour t'entraîner, Élio ?, demanda-t-il.

   Élio réfléchissait. Il n'était pas très fatigué mais sa douleur au torse s'amplifiait. Il venait d'accomplir  un exploit, il venait de franchir un palier qui pourrait bien le mener très loin en continuant de développer son don. Il souhaitait tout de même réussir à bouger plus que son doigt.

– Je ne pourrai bientôt plus entraîner mon don, répondit-il, je pense qu'il vaut mieux que je médite.

– D'accord, alors je te laisse.

Hélios se leva assez difficilement. Puis il annonça à Élio qu'il allait aider sa femme à entretenir la ferme. Élio écoutait à demi, il s'était déjà installé, prêt à méditer. Il commença. Il médita pendant une heure, interrompu par son ventre gargouillant. Il avait une faim de loup.

Il retourna à la maison et se restaura. Il passa son après-midi à la ferme, donnant le foin aux vaches et en profita pour tirer quelques bottes afin de devenir plus fort.

   Après le diner, il se rendit dans sa chambre. Il sentait que la puissance de son don était au maximum. C'était le moment pour s'entraîner. Malgré sa journée éreintante, manger lui avait redonné tout l'énergie nécessaire. Une fois dans la pièce, il se dirigea tout droit vers sa table de chevet, et ouvrit le tiroir. Il plongea sa main et ressortit avec un objet rond : une montre à gousset argenté. Puis il la plaça sur sa commode et recula. Il parvenait à voir le mouvement des aiguilles et percevait le bruit du tic tac régulier. Il se concentra sur le son incessant de la montre. Il ferma les yeux et leva la main.

    Le temps de figea une nouvelle fois.

Il fit le même exercice en choisissant de ne pas se focaliser sur le vent mais sur le poids de ses pieds, ancrés au sol. Alors, en éloignant son pouvoir de son centre, il pouvait déplacer son doigt. Il essaya de déplacer sa main. Il réussit. Il avait développé une nouvelle technique lui permettant d'user d'un membre. Il fallait maintenant qu'il réussisse à pouvoir bouger son corps, sinon son entraînement ne servirait à rien.

   Cependant, ce qu'il ne savait pas, c'est qu'en le développant, il créait un véritable talon d'Achille.

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