– Donc tu veux devenir roi ?

Les visages se tournèrent vers lui. Le bar était devenu soudainement silencieux. Les verres étaient reposés sur la table. La lumière des torches chauffait la taverne tout en laissant une ambiance tamisée à l'établissement. Ici, les hommes étaient tous les mêmes, à quelques détails près. Ils possédaient tous une barbe, plus ou moins longue. Leur rondeurs débordaient des tabourets. Tout était comme dans un ancien temps, comme si la modernité des villes n'avait pas touché la campagne. Le jeune homme les fixa, il semblait minuscule à côté de ces hommes.

– Oui, répondit-il, sûr de lui.

Les hommes explosèrent de rire. Certains levant leur chope de bière, les entrechoquants et les buvant. Un homme à côté de lui, sourire aux lèvres, prit la parole et lui demanda :

– Pourquoi veux-tu devenir roi ?

Le jeune homme ne savait que répondre. Il souhaitait seulement vivre dans un château, ne plus avoir de problème d'argent et surtout, le pouvoir. Malheureusement, il ne pouvait être honnête.

– Pour aider les autres, j'aimerais que la campagne se modernise.

Les hommes hochèrent la tête. Chacun souffrait de la situation de leur campagne. Chaque année, les pertes agricoles se multipliaient, les sécheresses s'intensifiaient et étaient de plus en plus longues; alors qu'en ville, tout se passait pour le mieux, chacun était bien loti, nourri et possédait un emploi stable. Seulement dans ce pays, personne n'arrivait à entrer dans les villes sans pouvoir. Seuls ceux possédant un don avaient le droit de rejoindre la modernité.

Les hommes se regardèrent. Une silhouette, à gauche cria :

– As-tu au moins un don mon petit ?

L'enfant avait appris à mentir. Il avait reçu une bonne éducation, une éducation qui pourrait le sauver.

– Non, pas encore, mais ça viendra !

Alors, ils explosèrent une nouvelle fois de rire et discutèrent entre eux, le laissant seul au milieu des exclamations.

Comme il ne lui restait rien à dire, l'enfant se rendit au comptoir et commanda une boisson pour son père. Il la récupéra et partit aussi vite qu'il était venu.