Chapitre V
La mer était particulièrement calme. Peut-être un peu trop calme. Comme si elle présageait quelque chose, qu'elle voulait nous prévenir. Je ne sentais rien de bon.
- Jimin, concentre-toi. Regarde la lumière verte. Il faut que tu tournes un peu plus à tribord.
- Pardon, Papa.
Je tournais légèrement la barre afin de le bateau soit parfaitement dans l'axe.
- À quoi tu penses ? me demanda-t-il.
- À notre arrivée... Nous arrivons dans quelques heures et j'angoisse à cette idée. Soit ils ne remarqueront pas trop arrivée, soit ils nous tomberons tous dessus.
- Ils remarqueront notre arrivée, crois-moi.
Je quittais la mer des yeux et l'interrogeais du regard.
- Ils sont censés croire que nous faisons partie du gouvernement et que nous ramenons les enfants. Enfin, si on ne les a pas prévenu avant que le Ministre est mort et que nous avons volé le bateau...
Ah oui, j'avais oublié ce détail. J'entendis des petits pas derrière moi. Ma sœur courrait dans ma direction, un grand sourire aux lèvres.
- Jiminou !
Je lui rendis son sourire et la pris dans mes bras sans lâcher la barre.
- Tu veux essayer, Jihyuk ?
- Oh oui !
J'entourais mes bras autour de ses jambes et elle prit la barre dans ses mains. Elle était adorable. Comme moi, elle fixait l'horizon.
- Qu'est-ce qu'il y a là-bas ?
- Où ça ?
- Là où la mer et le ciel se rejoignent. Il y a quoi ?
Je me pinçais les lèvres.
- Je l'ignore, Jihyuk. Cet endroit m'est inconnu.
- Tu crois que je tomberais amoureuse un jour ?
- Oh oui, j'en suis persuadée. Tu trouvera un gentil garçon, qui prendra soin de toi, et qui te fera pleins de bisous partout partout partout.
Je lui embrassais le haut du crâne.
- Comme Yoongi ?
- Oui, comme Yoongi.
Je me mis à froncer les sourcils, réalisant quelque chose.
- Oh mais Jihyuk ! C'est la première fois que tu arrives à dire son prénom !
- Oui, je me suis entraînée avec Moon.
- Oh c'est merveilleux ma chérie !
Elle rigolait dans les bras alors que je lui faisais plein de bisous sur les joues. Mais nos rires se sont éteints en entendant un bruit qui m'était familier. Derrière moi, on rechargeait un flingue.
- Mains en l'air. Tout le monde ! lâcha un voix grave.
Je me retournais en posant Jihyuk sur le sol et me retournais, tout comme mon père. Les ARMYs abandonnaient leur fonction pour se lever de leur chaise, s'exécutant à obéir. Je cachais Jihyuk derrière ma jambe et levais les bras d'un air paniqué. Devant nous se tenaient deux hommes, leurs armes pointées sur moi et mon père.
- Vous nous avez trahi, sortit mon père sans une once de peur.
- Effectivement, répondit l'homme devant moi. Notre mission est de vous éliminer tous avant d'arriver en France. Et nous comptons bien réussir cette mission.
L'homme posa le bout de son arme sur mon front. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Ma respiration s'accélérait anormalement. Je ne voulais pas mourir. Pas aujourd'hui, pas maintenant. Pas devant mon père, pas devant ma sœur. Pas sans avoir revu Taehyung. Pas sans dire au revoir à Yoongi. Je fermais les yeux, une larme coulant sur ma joue. Jihyuk tremblait contre ma jambe. Une détonation résonna dans la pièce. Un corps tomba sur le sol. J'ouvris les yeux. Une seconde détonation se fit entendre. Un deuxième corps s'écroula. Je repris mon souffle. Je n'étais pas mort. Devant moi, Yoongi avait encore le bras tendu devant lui, son flingue dans les mains. J'éclatais en sanglots alors qu'on se rejoignait instinctivement pour se prendre dans nos bras. Le sentir contre moi me réconforta instantanément.
- Je suis là, c'est fini..., me susurra-t-il en me caressant la tête.
- Tu m'as sauvé la vie...
- Je te rends la pareille.
Il faisait référence à l'épisode où je l'ai sauvé chez le Ministre. Je le serrais plus fort dans mes bras alors qu'il me berçait. Mon cœur se calma et reprit une allure normale. Je me séparais de lui pour prendre cette fois ma sœur et mon père dans les bras. Ma sœur devait être très choquée d'avoir vu ça. Elle était toute blanche. Derrière nous, on déplaçait les corps. J'imagine qu'ils allaient les jeter à la mer, afin qu'ils disparaissent au fond des abysses.
- Emmène Jihyuk avec toi. Je dois m'occuper du bateau.
- D'accord...
Je posais une main sur l'épaule de mon père. Pour lui aussi, cet épisode avait dû être traumatisant. Je pris Jihyuk dans mes bras et me dirigeais vers Yoongi, les larmes aux yeux. Il préféra la prendre dû à mon état, et il avait raison. Avec mes jambes tremblantes, j'aurais pu tomber n'importe quand.
- Je suis désolé qu'elle ait pu voir ça...
- Oui, moi aussi...
Jihyuk, la tête sur l'épaule de Yoongi, avait le visage blanc et ne disait rien. Nous nous sommes dirigés vers le dortoir, où nous l'avons déposé sur son lit.
- Tu va faire une sieste, d'accord ma chérie ? lui disais-je en la recouvrant de sa couverture.
Elle ne répondit pas. Elle n'hocha même pas la tête. Je m'asseyais près d'elle au bord du lit et Yoongi s'installa sur le lit d'en face.
- Jimin ?
- Oui ? dis-je en caressant la joue de ma petite sœur.
- Le Monsieur là... Il voulait te tuer ?
Je me pinçais les lèvres. Je ne pouvais pas lui mentir sur un sujet aussi grave.
- Oui, il a essayé de me tuer. Mais Yoongi était là, et il m'a sauvé la vie. Tout va bien maintenant.
Elle ne dit rien pendant un instant, puis elle éclata en sanglots. Je la redressais et la pris dans mes bras.
- Chut, c'est fini Jihyuk.
Je vis au loin Taehyung et Jungkook venir vers nous. Tae s'installa à côté de moi tandis que Jungkook s'asseyait près de Yoongi.
- Qu'est-ce qu'elle a ? demanda mon meilleur ami.
- Deux hommes du gouvernement qui se faisaient passer pour des ARMYs ont tenté de nous tuer dans la cabine de pilotage. Jihyuk était là, et elle les a vu mou...
Je n'ai pas pu finir ma phrase. Les larmes menaçaient de couler encore une fois. Taehyung préféra prendre la relève en s'occupant de ma petite sœur.
- Wow... Tu imagines, se faire passer pour des ARMYs tout ce temps ? s'étonna le châtain en caressant le visage de Jihyuk, la tête sur ses cuisses.
- Oui, nous ne pouvons plus faire confiance à personne, réagit Jungkook.
- Surtout pas à lui.
Yoongi nous indiqua quelque chose derrière nous. Je me retournais et vit Sangmin en compagnie de Namjoon. Ils discutaient ensemble, riaient même parfois. Sentant nos yeux posés sur eux, ils se tournèrent vers nous. Nous nous retournions en rougissant.
- Je ne crois pas que Sangmin soit l'un des leurs, dis-je.
- Mais il n'est pas des nôtres non plus, continua le noiraud.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne lui as jamais parlé ?
- Je le sais, c'est tout.
Je croisais les bras, énervé. Yoongi en faisait toujours qu'à sa tête.
- En tout cas, ils ont l'air de bien s'entendre, fit remarquer Taehyung.
Il avait raison. Je ressentais un peu de rancoeur envers Namjoon. Comment pouvait-il remplacer Seokjin aussi vite ? Il est mort il y a deux mois seulement. On ne pouvait pas faire son deuil aussi vite. J'avais toujours aussi mal à cause de la mort de ma mère. Personne ne pourrait la remplacer, et personne ne pourrait remplacer Seokjin, jamais.
~
Ça y est, nous approchions des côtes françaises. Le port était petit, mais assez grand pour accoster un bateau de la taille d'un paquebot. Mon cœur s'accélérait à chaque minute qui passait. J'avais peur. Nous avions tous peur. Nous avions tous enfilés les uniformes des officiers du gouvernement, afin de ne pas être démasqué. J'en voyais qui nous attendaient, au bord de l'eau. Une fois que mon père réussit à accoster, ils installèrent un ponton pour que nous puissions descendre. L'objectif était de tous les tuer sans exception. Car si nous les laissions monter dans le bateau, ils se rendraient compte que nous n'avons aucun enfant.
- Quand je presserais ta main, tu fermera les yeux, d'accord ?
Jihyuk hocha la tête. Le but était de faire croire qu'elle était une enfant destinée à faire le test prévu sur le territoire français. Je sais que ce n'était pas une bonne idée de l'utiliser pour faire diversion, mais nous n'avions pas le choix. J'ouvris la porte et le soleil m'aveugla. Après avoir lâcher un soupir, je descendis le ponton, Jihyuk à mes côtés. Derrière moi, les ARMYs se tenaient caché derrière des hublots pour pouvoir tirer sur les officiers. Une fois sur la terre ferme, un homme vint me voir. Ma respiration s'accéléra légèrement. Je paniquais intérieurement. La sensation d'être sur la terre ferme me faisait un peu perdre l'équilibre.
- Bonjour, m'adressais l'homme une fois à ma hauteur.
- Bonjour, ai-je répondu d'une voix plus assurée que je ne l'aurais pensé.
- Votre voyage s'est bien passé ?
- Un peu mouvementé...
- Vous avez fait du bon boulot. Où sont les autres enfants ?
- À l'intérieur.
- Les bus sont là-bas. On va tous les mettre à l'intérieur.
- D'accord.
L'homme prit ma place sur le ponton. Je fis mine de me diriger vers les bus garés en file indienne. Une trentaine d'hommes se tenaient là, attendant de pouvoir partir. Je pressais la main de Jihyuk. Derrière moi, l'homme allait entrer dans le bateau, quand il reçut une balle en pleine en tête. Les autres hommes furent tous tués un par un. Je n'ai même pas été surpris par les balles. Il n'y eut aucun survivant. Je pris Jihyuk dans mes bras pour qu'elle ne regarde pas ce massacre. Je fronçais les sourcils. Les balles n'avaient pas été tirées depuis le bateau, mais depuis des endroits différents du port. Des gens sortirent de leur cachette, et je compris immédiatement qui ils étaient : le ARMYs français. Une femme de l'âge de ma mère se dirigea d'un pas décidé vers moi, un petit sourire aux lèvres. Elle avait raison d'être contente, elle venait de réussir sa mission. Elle me tendit sa main, que je serais de ma main blessée.
- Je suis Suzanne. Min nous a prévenu de votre arrivée par radio.
- Enchanté. Je suis Park Jimin.
- Je sais. On nous a parlé de toi.
J'haussais les sourcils, étonné. Mais c'est vrai que c'est moi qui avait tué le Ministre de notre pays. Ce détail ne devait pas leur paraître indifférent. Chaque ARMYs de notre bateau descendit pour rencontrer ce tout nouveau groupe. Je n'en revenais pas. Il y avait bien d'autres gens comme nous, partout dans le monde. Qui luttaient pour la même cause que nous. Moi qui pensait que tout n'était que bêtise, au début...
- Suzanne, enfin nous rencontrons, sortit le père de Yoongi en serrant la main du chef des ARMYs français.
- Oui. Il nous faut partir à présent. Je parie que d'autres officiers sont en chemin.
Nous nous dirigions vers les bus et montions à l'intérieur. Je n'avais aucune idée d'où nous allions, mais je savais que j'étais en sécurité maintenant. Nous étions vraiment nombreux. Si d'autres pays sont déjà arrivés avant, je n'imaginais même pas le nombre d'ARMYs qui existaient. Je m'assis sur un des sièges et posa Jihyuk sur mes genoux. Yoongi se joignit à moi, mon sac avec mes photos et mon ordi dans ses mains.
- On va à leur QG ?
- Ouais.
- Où est-ce qu'il est ?
- À Paris. On a encore quatre heures de route devant nous.
Je soupirais. J'en avais marre de faire de la route. Nous étions en France, c'était déjà ça. Dans les sièges voisins, je croisais le regard d'un brun. Il me regardait intensément, sans un sourire. Qu'est-ce qu'il avait à me regarder comme ça ? Je déviais mon regard, trouvant son regard à lui trop imposant. Les bus démarrèrent et nous avons pris la route. Je posais ma tête contre la vitre. Le paysage n'était pas très beau. Tout semblait mort ici. Le gouvernement français devait être le plus stricte de tous.
~
- Jimin...
Je papillonnais des yeux, un peu barbouillé.
- On est arrivé.
Je levais la tête. Devant nous se tenait une immense salle de concert qui semblait à l'abandon. Il y avait une grande place autour de celle-ci. Des marches permettaient de rejoindre la structure. Elle ne ressemblait pas du tout à une salle de concert. Il y avait de la pelouse sur les murs.
- Comment s'appelle cet endroit ? demandais-je à Yoongi en me levant de mon siège, Jihyuk dans les bras.
- Accord Hôtel je sais plus quoi...
- C'est ici le QG ?
- Oui.
Je me tournais vers la voix qui venait de mon répondre. C'était le gars qui m'avait fixé.
- La salle est à l'abandon depuis qu'on y fait plus les Cérémonies de l'Âme-soeur. Ils ont fait le Stade de France, qui peut contenir beaucoup plus de monde.
J'hochais la tête, ne sachant pas quoi lui répondre. Il semblait hautain, je n'aimais pas sa tête. Nous descendions des bus puis entrions dans la salle. Tout était noir, mais l'atmosphère était chaud. Je me sentis plutôt bien, sans savoir pourquoi. Une fois l'entrée passée, nous entrions dans l'enceinte. La salle était immense. Des lits avaient été installées dans la fosse et les sièges étaient remplacées par des vieux canapés. Il y avait un brouhaha pas possible. Il y avait beaucoup plus de monde que ce que je pensais.
- Viens avec moi.
Yoongi me prit par la main et m'emmena vers les gradins. Nous montions les marches jusqu'à atteindre le sommet. Nous avions une bien meilleure vue d'ici.
- Tu aurais aimé faire un concert ici ? demandais-je en me tournant vers lui.
- Oh ça oui alors. L'ambiance et l'énergie que dégage cet endroit, c'est incroyable. J'ai l'impression de les ressentir.
Il avait totalement raison.
- Ça ne te manque pas ?
- Un peu, je l'avoue. Mais je compte bien en refaire dans le futur.
Je me pinçais les lèvres. Si on ne meurt pas avant...
Je vis du mouvement sur la scène. Je reconnus la silhouette de Suzanne et de nos pères. Elle claqua bruyamment des mains pour que toute l'attention se porte sur elle. Une fois cela fait, elle prit la parole.
- Mes amis, nos confrères coréens sont arrivés sains et saufs grâce à nous !
Presque toute la salle se mit à applaudir.
- Bientôt, nous serons assez nombreux pour combattre nos ennemis. Une fois au complet, il faudra s'entraîner dur.
- Ça, je n'y manquerai pas.
Moi et Yoongi avons tourné la tête vers la droite. Le brun était adossé au mur, tournant un couteau dans sa main. Il pensait faire peur à quelqu'un en faisant ça ?
- T'es qui toi, au juste ? demanda Yoongi.
- Samuel. Je suis le fils de Suzanne.
Comme par hasard. Il se décolla du mur et se posta devant nous, le regard sévère.
- Vous avez peut-être réussi à tuer le Ministre de votre pays, mais vous n'êtes plus en Corée ici. On est en France, c'est donc nos règles qu'il va falloir suivre, c'est clair ?
Face à notre silence, il s'en alla. Il était tout le contraire de sa mère : détestable.
- Quel connard, pesta le rappeur à mes côtés.
Je ne répondis pas. J'avais vu dans la lueur de ses yeux une étincelle que je connaissais bien, que nous avons tous déjà eut : la douleur. Je me demandais bien ce qu'avait vécu ce Samuel jusque-là...
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Je compte faire un rantbook pour raconter ma vie pourrie, mais surtout pour faire les tags qu'on me demande souvent et pour vous donner la progression des chapitres de chacune de mes fics. Ça vous plairait ?
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