Chapitre II

Le lendemain matin, je me suis réveillé aux aurores. Yoongi n'était pas dans son lit. J'ai traversé le dortoir endormi pour rejoindre la cabine de pilotage. Il n'y était pas. J'ai dit 'Bonjour' à mon père avant de repartir à sa recherche. Au bout de dix minutes, je l'ai retrouvé sur le pont, les bras posés sur le bastingage, observant l'océan qui s'élançait à perte de vue. Le vent lui fouettait le visage, et le soleil qui se levait derrière nous baignait sa peau d'une couleur chaude. Il était à croquer. J'avais juste envie de l'embrasser en le voyant ainsi. Je me suis approché lentement, anxieux. La dispute d'hier était encore bien présente dans ma tête. En me postant près de lui, j'ai fais mine de regarder comme lui la mer.

- Ça va ? demandais-je d'une petite voix.

Il ne m'a pas répondu. Il ne daigna même pas me regarder.

- Ecoute, je suis désolé d'avoir crié sur toi hier. Tu as raison, Shin a besoin d'être consolée et supportée, et il n'y a que toi qui peut le faire. Tu es son ex après tout, tu l'as aimé. Ton frère l'a aimé. Et leur fils devra être aimé à son tour. Tu fera un parfait oncle, je le sais. Et, je te fais confiance. J'ai confiance en toi.

Il s'est enfin tourné vers moi, pour me faire un petit sourire malicieux.

- Jimin, je veux que tu m'apprennes une danse.

- Laquelle ?

- La valse.

Mes lèvres se sont étirés en un sourire.

- Mais on n'a pas de musique.

Il a prit son portable, a choisi une musique douce, puis la rangé dans la poche de sa chemise sur son cœur.

- Allez apprends-moi.

Je lui ai pris la main et nous avons marché jusqu'au centre du pont. L'un en face de l'autre, je lui ai d'abord montré où positionner les mains.

- Une sur ma taille, sous mes omoplates, et l'autre dans ma main droite. Parfait. Et moi, je pose ma main gauche sur ton épaule.

Il semblait satisfait par ce contact.

- Ensuite, il faut que nos ventres se touchent...

Yoongi a avancé d'un pas, et mon souffle s'est coupé lorsque nous nous sommes touchés.

- Hum... tes bras doivent être un plus relevés, parfaitement à l'horizontal. Regarde les miens.

Mon Âme-soeur m'a imité. Notre position était plutôt bonne.

- Bien, on va pouvoir commencer. Ça te dérange si je conduis ?

- Pas du tout.

- Ok, alors... regarde mes pieds. Un, deux, trois. Un, deux, trois...

Nous avons commencé à nous déplacer sur le pont. Nos gestes devaient être identiques. Si je déplaçais mon pied vers la gauche, Yoongi devait faire de même, et en même temps. Et il se débrouillait plutôt bien. La plupart des pas se faisait sur la pointe des pieds, et il l'avait bien compris. Nous devions être souple, léger, délicat. Notre danse l'était. J'étais impressionné par la rapidité de Yoongi à apprendre la danse.

- Tu apprends vite !

- C'est que j'ai un bon professeur...

Gêné, je baissais la tête pour ne pas qu'il me voit rougir. Bientôt, la musique s'arrêta mais pas nous. Nous continuions de danser sur le bruit des vagues et du vent, et j'avais l'impression d'être seul sur Terre. Rien qu'avec Yoongi. Juste lui et moi. Plus rien ne comptait. J'en oubliais presque toute cette histoire de bébé et de Cérémonie. J'étais bien, serein. Yoongi me fit tourner sur moi-même une dernière fois puis nous nous sommes arrêtés, reprenant notre souffle.

- Tu as appris la valse tout seul dans ta chambre ? Comment as-tu fait sans partenaire ?

- J'ai appris la valse avec mon père, quand je devais avoir dix ans. Je lui écrasais souvent les pieds, mais les miens étaient si petits que je ne lui faisais jamais mal.

La porte s'est soudainement ouverte derrière nous, révélant un Jungkook en panique.

- Jimin, c'est Taehyung.

Avec Yoongi, nous nous sommes échangé un regard, avant de suivre le tatoueur. Arrivés au lit, du blessé, je l'ai vu papillonné des yeux, avant de les ouvrir.

- Aïe..., marmonna-t-il en tenant sa jambe.

- Attention, Tae, n'y touche pas. Les blessures ne sont pas totalement refermées, lui lança Jungkook.

Mon meilleur ami se redressa dans son lit. J'étais si heureux qu'il ne soit plus entre la vie et la mort ! J'allais le prendre dans mes bras quand il a fait une drôle de tête.

- Pourquoi ça tangue comme ça ? demanda-t-il en posant une main sur son ventre.

- Parce qu'on est sur le bateau.

Il a posé une main sur sa bouche. J'ai tout de suite compris. J'ai pris un seau et lui ai tendu pour qu'il vide ses tripes. La pièce fut plongée dans une odeur de vomi.

- Et c'est comme ça que tu nous remercie de nous avoir sauvé la vie ? lançais-je en riant, tendant le seau à Yoongi pour qu'il s'en débarrasse.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda le malade en reprenant des couleurs.

- Dans les bouches d'aération, tu t'es pris deux balles dans la jambe, expliqua Jungkook. Jimin et Yoongi sont allés tuer le Ministre. On a réussi a ramener les enfants à leurs parents. Puis on est monté sur le bateau.

- Et ce n'est pas tout.

Tous les visages se sont tournés vers moi.

- Yoosung est mort. Et Shin est enceinte.

- Oh... Je suis désolé Yoongi.

Ce dernier adressa un faible sourire à Taehyung.

- Ta sœur va bien ? m'interrogea-t-il avec inquiétude.

- Oui, elle va très bien. Elle est dans le dortoir à côté, avec Moon, Namjoon et Sangmin.

- Qui est Sangmin ?

- Le fils du Ministre.

Taehyung écarquilla les yeux.

- Et vous ne l'avez pas tué ?!

- Non. Il n'a rien à voir là-dedans, il nous a dit qu'il ne voulait même pas passer par la Cérémonie. C'est juste un gamin, il ne ferait pas de mal à une mouche.

Je sentais Yoongi se tendre à mes côtés. Il n'était pas du tout du même avis que moi.

- Quand est-ce que je pourrais remarcher ?

- D'ici quelques jours, d'après le médecin.

Jungkook rangea une mèche de ses cheveux derrière son oreille d'un geste tendre.

- On va vous laisser un peu d'intimité.

Yoongi me prit par le bras, nous éloignant des jeunes mariés. Par le chemin que prenait Yoongi, je devinais que nous nous dirigions vers la cabine de pilotage.

- Pourquoi on va là-bas ?

- Il faut qu'on parle avec mon père, et le tien.

Son ton était si sérieux. De quoi voulait-il qu'on parle ? En entrant, je vis les ARMYs continuer à travailler. Monsieur Min et mon père se tenaient au-dessus d'une carte du monde. Lorsque je m'approchais, je vis le chemin tracé en noir, celui que nous devions emprunter. Nous allions passer sous l'Australie, ensuite sous l'Afrique en passant par l'Océan Austral et enfin, nous allons remonter vers l'Europe en passant par l'Atlantique.

- Combien de temps ça va nous mettre ?

- Au moins un mois, répondit mon père.

- Un mois !

- Ça ne se fait pas comme ça de traverser la moitié de la planète.

Cela allait être le voyage le plus long de ma vie. C'était mon tout premier, et peut-être mon dernier.

- Qu'en est-il des autres pays ? demanda Yoongi. Ont-ils réussi ?

- Pas tous, non. La Russie a échoué. Ils étaient encore moins que nous, et peu ont survécu. Leur Ministre est toujours vivant, comme beaucoup encore. Quelques contacts m'ont prévenu.

- Et en Corée ? Est-ce que la Cérémonie s'est déroulée ? demandais-je à mon tour.

- Évidemment que non. Le Président doit être fou furieux à l'heure qu'il est. J'aimerais beaucoup voir sa tête face à cette rébellion soudaine.

Je fixais le petit pays qu'était la France dessiné sur la carte, ne quittant pas des yeux le mot "Paris".

- Comment vont se déplacer les autres ARMYs dans le monde ?

- Par bateau, comme nous pour la plupart. D'autres par avion j'imagine.

J'hochais doucement la tête.

- Taehyung s'est réveillé.

- Vraiment ? Quel bonne nouvelle ! Il faudra fêter ça ce soir. Et fêter également le fait que Shin soit enceinte.

Pour ma part, je fêterais plutôt le retour de Taehyung que l'arrivée du bébé.

~

- Jimin, je m'ennuie ici...

- Mais non, t'inquiète pas. Tu as dit que tu voulais voir la mer, alors on y va.

- Oui, mais après, on fera quoi ? Y'a rien à faire.

- Une partie de cache-cache ?

Nous traversions, moi et Jihyuk, les couloirs interminables du paquebot. Mes yeux se sont posés sur une porte rouge, que je ne crois pas avoir vu auparavant. Curieux, j'ai voulu l'ouvrir, mais elle était fermée. Je l'ai donc forcée et elle a finit par s'ouvrir. La pièce était plongée dans le noir. J'avais un peu peur de ce que j'allais découvrir. Ma main tâta le mur et mes doigts ont fini par trouver l'interrupteur. La lumière s'alluma au plafond, et je souris en voyant ce qu'il y avait face à moi.

- Jihyuk, je crois qu'on vient de régler ton problème.

La petite fille à mes côtés cria de joie. Dans la pièce se tenaient plusieurs structures gonflables, comme dans un parc de loisirs. Il y avait même quelques tables pour faire des coloriages. Jihyuk courut et sauta sur la première structure qu'elle vit. 

- Viens Jimin !

Je retirais mes chaussures et la rejoignis, redevenant un gamin le temps d'un instant. Je pris ses mains et nous sautions en rigolant. Après quelques minutes, elle décida d'essayer une autre structure. Moi je restais là, m'asseyant en tailleur pour reprendre mon souffle. Puis j'ai senti des mains se poser sur mes épaules, me faisant sursauter. Ma tête se tourna et je vis Yoongi me faire un sourire.

- Tu m'as fait peur !

- C'était le but.

Je lui tapais l'épaule.

- Tu savais qu'il y avait tout ça, ici ? lui demandais-je en lui indiquant tous les jouets d'enfant.

- Non. Mais, j'imagine que le gouvernement avait tout prévu pour ne pas que les enfants s'ennuient. Tu sais, les gamins peuvent devenir insupportable s'ils n'ont rien à faire.

- Oui, j'en sais quelque chose, dis-je en pensant à ma sœur. Taehyung sera si heureux de voir ça. Il pourrait passer des heures ici.

- Tu es heureux qu'il soit réveillé ?

- Bien sûr que je le suis. J'ai eu vraiment peur pour lui, tu sais.

Je vis dans ses yeux une pointe de regret.

- Je suis désolé de vous avoir laissé, lors de l'attaque. Je pensais que je pouvais y arriver seul, mais j'avais tort.

- Oui, tu avais tort. Lorsque je suis revenu du Ministère pour sauver Jihyuk, tu m'as dit que quoiqu'on fasse, on le faisait toujours ensemble. Et je t'en ai voulu lorsque tu es parti sans nous. Sans moi...

- Est-ce que... je peux me faire pardonner ?

Il me poussa de façon à ce que je sois allongé, se postant au-dessus de moi.

- Ça dépend comment.

- En revenant ici ce soir, et en t'emmenant ensuite au septième ciel.

Je me mis à rire.

- On a baiser dans l'herbe, dans un confessionnal et ensuite dans une baignoire, et maintenant tu veux qu'on fasse ça sur un jeu gonflable ? Ça allongerait notre liste des endroits les improbables où faire l'amour.

- C'est vrai. Ou alors on fait ça dans la chambre de Shin. Je lui ai demandé qu'elle nous la passe juste pour ce soir.

- Dans sa chambre ? Mais-

- À moins que tu veuilles faire ça dans les douches communes ?

- Non, bien sûr que non. Tu as raison, on a besoin d'intimité.

Il sourit, avant de poser ses lèvres sur les miennes. Mes mains plongèrent instinctivement dans ses cheveux noirs. Il m'embrassait ensuite la mâchoire en caressant mon torse.

- Oh, pourquoi devons-nous attendre ce soir...

- Parce que ta sœur est dans le coin.

Je le repoussais gentiment et pris sa place au-dessus de lui.

- Et si c'était moi qui te faisait l'amour pour une fois ?

Il a écarquillé les yeux et son visage est devenu plus blanc qu'à l'habitude.

- Tu veux dire... me dépuceler ?

- Il faut un début à tout. Aurais-tu peur ?

- Un petit peu, avoua-t-il.

- Si moi j'ai pu le faire, toi aussi tu pourras.

- Mais je supporte moins la douleur que toi.

- Tout ira bien, j'en suis sûr. Ça ne fait pas si mal que ça.

- Jimin ?

Je relevais la tête vers ma sœur.

- John a dit que vous devriez arrêter de vous embrasser. C'est dégoûtant.

Yoongi et moi sommes partis dans un fou rire.

- Sauf que moi et Yoongi sommes mariés. On est obligé de s'embrasser.

- Il a dit aussi qu'il aimerait bien savoir ce que ça voulait dire, faire l'amour.

Moi et Yoongi n'avons plus du tout rigolé.

- Ça veut dire, faire du bien à l'autre, répondit Yoongi en se redressant.

- Moi aussi je peux faire l'amour ? demanda-t-elle avec excitation.

- Hum, non, c'est réservé aux grandes personnes.

- Roh, c'est pas juste.

L'ancien rappeur me lança un regard gêné.

- Si elle répète ça devant mon père, je suis un homme mort.

~

Tous les ARMYs s'étaient réunis sur le pont. On avait installé des tables avec des petits fours et du champagne. Je voyais des visages heureux. Nous avions réussi l'assaut, je comprenais leur joie. Nous aurions dû fêter ça depuis longtemps. Je me tournais en entendant le père de Yoongi doucement frapper son verre d'une fourchette, afin que tout le monde ait son attention. Une fois cela fait, il leva son verre de champagne.

- J'aimerais porter un toast à mon courageux fils, qui a bravement tuer l'ignoble Ministre de notre pays.

Yoongi me prit par la taille en souriant.

- En vérité, Papa, c'est Jimin qui a tué le Ministre. Il m'a sauvé alors qu'on me battait à mort. C'est lui, le véritable héros.

Tous les visages se sont tournés vers moi. Ils semblaient tous choqués. Surtout mon père. Je me sentais gêné de sentir tous ces yeux sur moi. Un homme s'est soudainement posté devant moi, pour me serrer la main. D'autres l'ont imité. La rougeur ne quittait pas mes joues.

- À Jimin, lança mon père en levant son verre avec un sourire.

- À Jimin !

Je me penchais vers Yoongi.

- Je ne mérite pas tout ça.

Il me lança un regard profond et sincère.

- Oh si, Jimin. Tu le mérites totalement. Tu as marqué l'histoire.

Sa main vint caresser ma joue. Son toucher réveilla en moi une petite étincelle. J'ai soudain entendu des applaudissements. Taehyung venait d'apparaître sur le pont, assis sur une chaise roulante qu'on avait trouvé dans une vieille remise, que Jungkook faisait rouler. Les gens semblaient heureux qu'il se soit réveillé.

- Taehyung !

Jihyuk se jeta sur lui, et Tae la fit s'asseoir sur sa cuisse valable.

- Comment ça va, crevette ? Tu aimes le bateau ?

- Oh oui alors ! J'ai l'impression d'être un pirate, comme Namjoon l'a raconté !

Yoongi me quitta pour les rejoindre, tandis que mon père prit sa place.

- Alors comme ça, mon fils est un meurtrier...

- Oui... Mais je n'aime pas qu'on me définisse comme tel.

- Bien sûr, bien sûr...

Jihyuk venait de faire un bisou sur la joue de Jungkook.

- Jimin, je ne t'ai pas vu grandir ces quatre dernières années, mais ce que je sais, c'est que tu es devenu un homme. Tu as fait tes preuves, et je suis très fier de toi. Et c'est pour ça que je veux que tu deviennes mon second.

Sa demande me fit un choc. Être second, c'était le poste juste en-dessous du capitaine. C'était beaucoup de responsabilités, et de devoirs.

- Je ne sais pas si je serais à la hauteur...

- Mais si, ait confiance en toi. Si je juge que tu peux être mon second, alors tu peux l'être.

- Merci beaucoup Papa. Je me sens honoré.

Il me prit dans ses bras musclés, posant son menton sur ma tête.

- Ta mère aurait été fière de toi.

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