Chapitre 2



Je passa l'après-midi avec Jim et Mélissa qui m'expliquèrent le fonctionnement de l'institut et le règlement . L'hôpital possédait une quarantaine de patients pour un peu moins de vingt gardiens et médecins . Bien que ce soit un centre très sécurisé , les résidents sont assez libres de leurs mouvements dans l'enceinte du bâtiment , leurs permettant ainsi de s'épanouir du mieux qu'ils le pouvaient . Je fus surprise d'apprendre que les patients étaient aussi diverses par leur âge que par la raison de leur internement , passant des simples personnes ayant des troubles mentaux légers à des fous furieux ayant commis des meurtres , de la torture et d'autres atrocités du même genre .

Après le repas du soir , je fus conduite dans mon dortoir où une dizaine de lits étaient disposés les uns à côtés des autres . Je ne me sentais pas rassurer à l'idée de dormir dans la même pièce que de possibles violeurs mais malheureusement c'était inévitable , il semblerait que les fous ne bénéficient pas de chambres individuels .J'essayais de me rassurer en me rappelant que des caméras étaient disposées un peu partout dans le dortoir , elles devraient dissuader les potentiels dégénérés de tenter quoi que ce soit . Bien qu'en y pensant , les fous ne doivent pas vraiment faire attention à ce genre de détail . Les "médocs" du soir m'assommèrent plus vite que je ne le penserais , je m'endormie presque immédiatement sans prêter attention aux autres détenus de mon dortoir .



J'aperçois Sam , il porte son blouson préféré , celui du groupe de rugby du lycée . Il me sourit tendrement et me prend dans ses bras , je ressent sa chaleur sur ma peau glacé . Je ferme les yeux , savourant cette étreinte .Je sens alors un liquide poisseux se coller à ma peau , m'obligeant à quitter les bras de Sam . Je rouvre les yeux et la scène qui s'impose à moi m'arrache un haut le coeur . Le visage de Sam se tord en une grimace de douleur . Son corps est recouvert de sang , tâchant toujours un peu plus ses vêtements au fur et à mesure que le liquide sombre découlent des plaies béantes présentes sur sa peau. Je tente de crier mais aucun son ne sort de ma bouche , je lève les mains devant mes yeux et reste horrifié devant le sang présent sur celles-ci , qui tiennent un couteau ensanglanté. Sam me dévisage en silence tandis qu'un long filet de sang s'échappe de sa bouche lorsqu'il l'ouvra .

- Pourquoi ? Sa voix est emplit de haine et de tristesse alors que ses yeux ne trahissent aucune émotion . J'essaye de reculer mais sens le sol se dérobé sous mes pieds , puis le noir complet .



Je me redresse dans mon lit en sueur , attrapant mon visage dans mes mains .

- Ce n'est qu'un rêve, ce n'est qu'un rêve , ce n'est qu'un rêve ....

Je chuchote ces paroles en tentant de reprendre mon calme , je sens mon coeur battre à tout rompre dans ma poitrine et tout mon corps tremble encore . Voilà ce que je supporte depuis des mois , je ne dormais que très peu et lorsque j'y arrivais , des terreurs nocturnes plus horribles les unes que les autres venaient me hanter . Au bout de quelques secondes je réussie à calmer ma respiration et ose enfin lâcher mon visage .Je parcours la pièce des yeux , tentant de voir à travers la pénombre , au bout d'un moment mes yeux s'habituent et les reflets de la lune me permettent de percevoir de manière suffisamment distincte . Je tourne la tête et remarque une ombre quelques lits plus loin du miens , au bout d'un instant je l'aperçois . Il est là, à me fixer silencieusement avec cet air toujours aussi sérieux ,assis au bord de son lit , face à moi . Un frisson me parcourut lorsque je reconnus le rouquin et je me demanda depuis combien de temps il m'observait de cette façon . Je n'attend pas plus longtemps, me lève et quitte la pièce hâtivement . Heureusement que nous sommes autorisés à quitter nos dortoirs , je n'aurais pas supportée de rester une minute de plus dans cet endroit .

Je me dirige vers la salle commune , rencontrant un des gardiens dans le couloir , il me demande si tout va bien et je lui explique rapidement mes problèmes d'insomnies . Il me laisse passer , me rappelant que plusieurs autres gardiens font des rondes dans l'institut et qu'ils veilleront à ce que je ne tente pas de m'enfuir . Je me contente d'acquiescer et continue ma route . Je m'assis au bord de la fenêtre et observe à travers les barreaux la forêt qui entoure l'hôpital , me perdant dans mes pensées. J'attrape distraitement l'élastique autour de mon poignet et le fait claquer plusieurs fois contre ma peau , espérant que cela calme ma crise . C'est mon psychologue qui m'avait donné cette technique qui consiste à tirer dessus puis le relâcher lorsque je ressens de la colère , de la tristesse ou tout autre émotion forte , c'est censée m'aider à me focaliser et me calmer ,en théorie .

Je sens peu à peu ma peau me brûler , au fil que je fais claquer l'élastique mais cela ne m'empêche pas de continuer , la douleur me permettant de rappele rque je ne suis plus dans mon rêve .

Un silence reposant inonde la pièce , seul le bruit du caoutchouc se heurtant à mon poignet se fait entendre , je laisse mon regard se perdre sur chaque arbre au loin .

Je fais claquer pour la énième fois l'élastique mais ne ressent pas sa morsure cette fois-ci , une douce chaleur prenant sa place . Je me retourne pour comprendre d'où vient cette sensation , je baisse les yeux sur mon poignet , une main y étant posé . Je lève le regard et rencontre ses grand yeux verts m'observant intensément . Je comprend alors qu'il a mis ses doigts entre l'élastique et ma peau , l'empêchant ainsi de me blesser plus . Je ne dis rien , me demandant si je suis encore en train de rêver alors qu'il est toujours debout , me surplombant de toute sa hauteur . Le rouquin ne dit rien et caresse un instant mon poignet rougie avant de s'asseoir sur la table basse en face de moi . A ma plus grande surprise , je trouve ce contact agréable . Je comprend enfin que je suis bien éveillée et détourne rapidement mon regard , l'ignorant et reportant mon attention sur la forêt .

- Jerome . Sa voix est enfantine mais ne trahie aucune émotion . J'aperçois du coin de l'oeil qu'il me tend sa main , je décide de ne pas lui serrer et continue à admirer dehors .

- Marguerite . Je me fais froide et distante , espérant que ça le dissuade de parler avec moi .

- Pourquoi es-tu ici Marguerite ?

Il prononce chaque syllabe de mon prénom comme le ferait un enfant qui apprend à parler , ça me donne envie de rire mais je me mord la lèvre pour m'en empêcher, ne voulant pas paraître faible devant lui .

- Parce que je suis folle .

Je me rend compte que ma réponse est stupide sachant qu'évidement que je suis folle pour avoir finie ici mais je refuse de raconter les événements qui m'ont menés à cette internement à un parfait inconnu . Je l'entend ricaner et décide enfin à le regarder , je reste bouche bée devant la scène . Jerome arbore un immense sourire qui , au premier abord , me donne froid dans le dos . Je ressens un immense malaise qui laisse rapidement place à de l'admiration , son sourire est magnifique et rassurant . Je me rend alors compte que son visage me dit quelque chose , il me parait même familier , l'aurais-je déjà croisé en dehors de l'hôpital ?

- Les meilleures personnes le sont !

Je ne peux m'empêcher de rire à sa réponse , décidément il est aussi fou que son sourire le laisse présager . Ses yeux s'illuminent en me voyant éclater de rire et son sourire s'élargit un peu plus tandis qu'il me suit à son tour . Son rire est comme son sourire , fou et terriblement agréable .

Je met quelques secondes pour reprendre mon sérieux , laissant à nouveau le silence régner entre nous .

- Très jolie coupe de cheveux .

Je ne sais pas si il se moque de moi ou si il pense sérieusement ce qu'il dit . Après tout, il n'y a qu'un fou pour trouver qu'un crâne presque rasé est"joli" sur une fille .

Je décide de miser sur l'ironie , de toute évidence , c'est le genre de personne à aimer faire des blagues .

- oui , l'idée était qu'on puisse me reconnaître de loin . Je voulais faire quelque chose de différent !

Je lui répond d'une voix sérieuse et je lui offre un demi-sourire se voulant hautain . Il ricane et s'approche un peu plus près de moi .

- J'aime ce qui est différent ...

Il m'offre un clin d'oeil qui me fait rougir malgré moi , décontenancé , je détourne le regard .

- tu es vraiment un gars étrange ! Je lui dit à demi voix , baissant les yeux sur mes mains .

- merci . Il me sourit de toutes ses dents , ce n'était pourtant pas un compliment . Je le regarde un instant et comprend enfin pourquoi son visage me parait si familier .

- Alors , pourquoi n'es-tu plus au cirque ?

Il semble surpris par ma question mais ne cesse de sourire pour autant .

- Comment sais-tu que je fais parti du cirque ?

J'hausse les épaules en laissant mes yeux se balader sur ses jolies tâches de rousseur .

- J'ai vu votre spectacle le mois dernier .

Il se passe si peu de choses intéressantes à Solitary Town que dès que j'ai sût qu'une troupe de forain passait dans la ville d'à côté , j'avais réservée ma place  .

- Oh , comment as-tu trouvé ma prestation ?

Jerome se lève et me fait une révérence théâtrale en agitant les bras .

- Tu n'as pas répondu à ma question .

Il fronça les sourcils et se décida à se rasseoir docilement et me souriant toujours . Je voulais savoir ce qui lui avait valu d'être interné ici avec d'autres tarés comme moi et je ne le laisserais pas éluder ma question aussi facilement .

- aaah pour des broutilles stupides !

Il lève les yeux au ciel en prenant un air ennuyé . Je m'assois correctement face à lui et me rapproche de son visage .

- quel genre de broutilles ?

- Bha j'ai tué ma mère , il y a vraiment pas de quoi en faire toute une histoire !

Mon sang se glace dans mes veines devant son air enfantin . Devant mon regard choquée , Jerome sourie de plus belle et ce met à rire de nouveau , d'un rire démoniaque et emplit de joie .

Je suis face à un monstre au visage d'ange .





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