Chapitre 38.

PDV Aria

_Alors comment ça s'est passé ?, me demande Amber au téléphone.

Je me suis éclipsée dans le jardin pour répondre à Amber qui m'appelait. Evan est resté dans la cuisine et se fait de quoi dîner. Évidemment, Stiles ne le lâche pas d'une semelle.

_Ça va.

_Il a récupéré Stiles ?

_Oui.

_Et tu lui as dit ? Pour Matthew et toi ?

_Non... Je préfère attendre encore un peu.

_Pourquoi ?

Je n'ose pas lui dire qu'il s'est remis à la drogue. Corey et elle respirent la joie de vivre maintenant qu'ils se sont fiancés. S'occuper d'Evan et se contrarier pour lui est la dernière chose dont ils ont besoin. Il vaut mieux que j'attende encore un peu, afin de voir comment se déroulent les choses.

_C'est compliqué. Je t'expliquerai une autre fois.

_Tu es sûre qu'il va bien ? Et toi, tu vas bien ?

_Oui, je mens. Ne t'en fais pas.

_Tu es encore là-bas ?

_Oui. Je vais rester encore un peu.

_D'accord. Je vais te laisser alors... Appelle-moi si tu as un problème, d'accord ?

_Oui, merci Amber.

_C'est normal. Bisous de la part de Corey et moi.

_Ouais bisous !, s'écrie Corey à l'autre bout du fil.

Je ris doucement. Il est pas croyable cet enfant.

_Bisous, je répète avant de raccrocher.

Je range mon téléphone dans ma poche et rentre à l'intérieur. Evan s'est fait une omelette qu'il mange sur le plan de travail. Stiles se tient debout, les pattes sur le meuble, en réclamant à manger. Et étonnement, Evan lui donne un bout d'omelette et du jambon. D'habitude il lui aurait râlé dessus pour qu'il aille à son panier, mais pas ce soir. Je suppose que c'est parce qu'il regrette de l'avoir abandonné et qu'il essaie -d'une manière ou d'une autre, de se faire pardonner.

Je vais m'asseoir en face de lui silencieusement.

_Il en reste dans la poêle, si tu as faim, m'annonce-t'il.

_Non merci.

_Comme tu veux. Sinon, tu repars quand ?

_Quand tu ne voudras plus de moi.

Il hausse un sourcil en plantant son regard dans le mien.

_Et ton mec ?

_Disons que je ne lui manquerais pas.

_Vous vous êtes engueulés ?

_En quelque sorte.

_Il t'a fait du mal ?, vocifère-t'il en se redressant subitement.

_Non, Evan. Il ne me ferait jamais de mal.

_Physiquement tu veux dire ? Parce que la fois où tu étais gênée avec moi car il t'avait comparée à une allumeuse, ça t'a bien blessée ce truc-là.

_Tu m'avais fait la même remarque je te rappelle.

_Ouais, sauf que je ne suis pas ton mari.

_Ça ne change rien au fait que tu m'aurais traitée aussi.

_Non. Si j'avais été ton mari, je ne t'aurais jamais comparée à ce genre de filles puisque je n'aurais jamais eu besoin de te faire jouir pour que tu acceptes de passer un weekend avec moi.

J'ignore sa remarque. Je n'ai rien à lui reprocher. Il a tout à fait raison.

Il finit de manger puis se lève pour mettre l'assiette dans le lave-vaisselle. Stiles réclame d'aller dehors alors Evan le fait sortir. Il part ensuite dans son salon puis se fige avant de revenir s'asseoir dans la cuisine.

_Je vais rester ici finalement, déclare-t'il.

_Pourquoi ?

Je me tourne vers le salon -qui est dos à moi, et remarque que l'autre pétasse est partie en laissant la coke sur la table basse.

_Tu es encore dépendant ?, je lui demande.

_Non.

Je lui lance un regard las, sachant que vu ses antécédents, il est forcément dépendant. Je tiens juste à ce qu'il le reconnaisse. Je me rappelle très bien de cette première étape qui nous a fait finir en pleurs il y a quatre ans.

_J'ai connu pire. Dis-toi qu'auparavant, j'aurais été incapable de m'éloigner d'elle sans y avoir goûté.

C'est vrai qu'il a l'air de se maîtriser un peu plus. Pourtant son regard n'est toujours pas le sien. Celui-là est ailleurs. J'y lis dans la rancune et de l'énervement. Il est agacé c'est certain. Et le fait qu'il tape du pied contre le carrelage nerveusement sous le plan de travail le prouve bien.

N'ayant pas confiance en ce Evan-ci, et en Stiles qui mange tout ce qu'il trouve, je me lève pour jeter cette saloperie étendue sur la table du salon.

_Je vais aller me débarrasser de ça.

Alors que je lui tourne le dos pour y aller, il m'attrape fermement le bras.

_Non.

_Comment ça "non" ?

_N'y va pas.

_Tu as l'intention d'en consommer encore ? Tu n'es pas sérieux ?, je soupire.

_Non, ce n'est pas ça. J'ai besoin de lutter contre elle. Et je peux la voir d'où je suis. Je veux la fixer, tous les jours, jusqu'à ce que je n'ai plus cette pulsion dans les veines qui m'attire à elle. Mais si tu la retires, si j'en revois un jour, je ne résisterais pas. Comment est-ce que tu crois que j'ai replongé ? Tu comprends ?

Je le fixe un instant. Je me rappelle très bien de la fois où il en avait retrouvé dans son jean. Il m'avait traitée de salope pour avoir jeté ce paquet dans les toilettes. Il avait carrément pété un câble. Et le pire, c'est qu'il en avait repris. Je comprends son raisonnement, mais je sais aussi qu'il va craquer tôt ou tard. Et quand ça arrivera, peu importe ce que je dirais, je serai impuissante.

_Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, finis-je par déclarer.

_C'est la seule solution. Tu veux que j'arrête de me droguer ? Alors écoute-moi, je sais ce que je dis.

_Je veux que tu arrêtes pour vivre. Tu ne dois pas le faire pour moi, compris ? Fais-le pour ta mère, ton frère ou ta vie en générale. Tu as un métier génial, des amis qui t'ont soutenu durant ta cure, une mère qui est prête à tout pour se rattraper. Et un chien unique. Ton chien. Bat-toi pour ça, pas pour moi.

_Va falloir que tu me le répètes beaucoup de fois ces prochains jours avant que je ne te crois. Parce que je te le dis encore une fois, je vis pour toi et pour personne d'autre.

J'aimerais savoir pourquoi moi. Dès notre rencontre, il m'a manipulée. Il ne m'aimait pas. Il a su me quitter au moment où j'ai eu le plus besoin de lui... Quand j'étais enceinte. Il m'a faite passer après la drogue et son ex petite amie. Et aujourd'hui, il m'avoue qu'il a sacrifié sa vie pour moi. Comment est-ce qu'il a pu en arriver là ?

Soudainement, la réalité me tombe dessus sans que je ne l'ai vue arriver. Il m'a dit qu'il regrettait ce qu'il m'avait fait. En cure, d'après sa mère, il s'en est voulu plus que tout. Et si, inconsciemment, il vivait en dépendamment de moi, afin de se rattraper de mal qu'il m'a fait ? Et s'il ne m'aimait pas réellement, qu'il le croyait seulement ? Peut-être qu'il voit son dévouement pour moi comme un signe d'amour. Mais ça ne l'est pas. Il pense m'aimer mais il veut simplement se racheter auprès de moi pour le restant de ses jours. Et je ne le réalise que maintenant. Le problème c'est que moi, je l'aime réellement. D'un amour pur et fort. Autant que celui que j'ai pour Matthew.

Matthew...

Comment... Je... Non. Et si c'était moi ? Non. Ce n'est pas possible. Je ne me suis pas comportée comme ça avec lui. Je ne suis pas mariée avec lui parce que je lui étais redevable. Je l'aimais. Comment cela pourrait être autrement ? Je n'ai pas bâti un avenir avec Matthew pour la seule raison qu'il m'a soutenue dans l'un des pires moments de ma vie. Je n'y crois pas. Ou plutôt, je ne veux pas y croire. Cela voudrait dire que j'ai perdu tout ce temps avec un autre homme que celui que j'aimais réellement et qui avait besoin de moi. Pourtant, ce sentiment douloureux à l'intérieur ma poitrine ne peut pas me mentir.

C'est exactement ce que j'ai fait.

Et Evan était là, à vivre un enfer et à tenter de mettre fin à ses jours car il regrettait ses erreurs avec moi.

C'est trop.

Qu'est-ce que je suis censée faire pour qu'il se remette à vivre sans moi ? Parce qu'il est évident qu'il ne m'aime pas. Il vit pour moi dans le sens où il cherche sa rédemption. Si c'est ce dont il a besoin, je vais la lui donner.

_Je te pardonne, Evan, je lui avoue en ancrant mon regard au sien.

_Quoi ?

Il est surpris. Probablement désarçonné aussi par le regard que je lui lance. Il reflète une entière sincérité qui provient du plus profond de mon cœur. Étrangement, le lui avouer me fait l'effet d'une délivrance. À travers le pardon que je lui offre, je suis libérée de tous les fardeaux que je portais sur mes épaules. Il va enfin être heureux. Peut-être que je ne ferai pas partie de son bonheur future, mais je l'aurais sauvé d'une vie dépourvu de sens. Et à mes yeux, son bonheur est la plus belle chose que je puisse faire pour lui. Il ne peut pas échapper à cette vérité pure à travers ma voix et mon regard. Et à en juger par son expression, il l'a tout à fait compris.

_Je te pardonne. Pour tout. Tout ce que tu regrettes, je te pardonne.

_Non. Tu ne le penses pas.

_Bien sûr que si, je le pense. Et tu le sais. J'ai vu l'homme que tu es devenu depuis ces quatre dernières années, tu n'es plus le même. Tu as accompli des choses magnifiques. Je suis tellement fière de toi. Aucun homme ne pourra jamais rivaliser avec ta détermination et tout ce que tu as réussi à surmonter. Tu mérites enfin d'être heureux. Sans moi. Tu as ta délivrance. Ne vis plus dans le passé, je t'en prie. Va de l'avant et ne retourne pas en arrière. Jamais.

_Non, non, non, s'énerve-t'il subitement en se relevant. Je te veux dans ma vie. Je veux être heureux AVEC toi. J'ai besoin de retourner en arrière, sinon tu ne serais pas là à mes côtés. Tu fais ma joie de vivre. D'accord, je me suis presque tué parce que je regrettais certaines choses mais si tu es là... Je n'ai pas de raison de le faire. Tu sais que je suis incapable d'être heureux sans toi. Je t'aime Aria... C'est... Évident. C'est le vrai Evan qui parle là, je te le promets. Quitte ton mari. Tu n'as toujours pas compris que tu ne l'aimais pas ? Tu m'aimes moi. Marie-moi. Et je serais le plus heureux de tous les hommes, je te l'assure. Mais je ne peux pas faire ça sans toi.

J'assimile toutes ces paroles difficilement. Il veut qu'on se marie... Mais je ne peux pas. C'est trop. Et puis, nous ne sommes même pas ensemble. Je suis encore mariée à Matthew. Je ne suis pas prête à fonder quoi que ce soit à nouveau. Encore moins avec Evan qui n'arrive pas à comprendre que son amour pour moi n'est qu'une illusion. Je sais qu'il sera fidèle, il m'aimera de la meilleure façon, mais il se soumettra à moi pour que je sois heureuse. Et c'est mon bonheur qui fera le sien. Or je ne veux pas de ça. Je lui ai dit des dizaines de fois qu'il devait être lui-même. Mais il ne comprend pas. Et il n'est pas dans son état normal. Il vaut mieux en reparler demain quand la drogue aura quitté son corps.

Je m'apprête à le lui dire mais il me devance.

_Reste avec moi ou je me tue.

_Quoi ?, je bafouille alors qu'il va ouvrir un tiroir.

Il en sort un couteau et tout mon monde se met sur pause. En totale contradiction, mon cœur n'a jamais battu aussi vite. Je vais faire un arrêt cardiaque s'il ne pose pas ce couteau. Il le pose sur son avant-bras et j'y discerne une fine cicatrice. Ma poitrine se sert tout comme mon estomac. Tout mon corps entier me fait souffrir.

_Quitte ton mari ou je me coupe les veines.

_Tu n'es pas sérieux ?, je halète.

_Bien sûr que si.

Il est sous l'effet de la drogue, il ne se rend pas compte de ce qu'il dit. Mais il me fait peur. Ma tête me fait souffrir. J'ai de légers vertiges. Ce n'est pas bon du tout ça. J'essaie de garder mon calme, et de respirer régulièrement. J'en suis incapable. Je n'arrive plus à inspirer.

_Pose... Ça, Evan.

_Dis oui.

Mes yeux se ferment puis s'ouvrent à maintes reprises rapidement. Je vois des centaines de points noirs. Evan ne devient qu'une forme étrange parmi d'autres. Il ouvre la bouche en fronçant les sourcils mais je n'entends pas ce qu'il dit. Il me faut mon sac. Ma ventoline est à l'intérieur. Je tends le bras sur le plan de travail où j'attrape mon sac de justesse avant de me laisser tomber au sol lentement.

J'entends le bruit strident du couteau qui tombe au sol puis Evan s'agenouille à mes côtés. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit. Cela sonne comme en arrière-fond.

J'essaie d'ouvrir mon sac mais il le fait à ma place. Je me sens tomber sur le côté or il me retient de justesse. Il me place entre ses jambes afin que je sois maintenue correctement. Je ferme les yeux à cause la douleur. J'ai envie de m'endormir, mais je sais que ce n'est pas ce qu'il faut que je fasse. J'expire et inspire difficilement. Je n'arrive pas à bien respirer. Il fallait vraiment qu'il me fasse une scène pareille ? C'est vrai qu'il ne sait pas pour mes crises d'angoisse.

Subitement, je le sens mettre le tube de ventoline entre mes lèvres. Je respire lentement grâce à lui. L'autre main d'Evan est posée sur ma cuisse où il exerce de lents mouvements de son pouce. Mes oreilles bourdonnent, c'est affreux. Je ferme les yeux et laisse retomber ma tête en arrière vainement.

_Aria reste éveillée !, me hurle Evan dans les oreilles.

Je crois l'entendre marmonner qu'il va appeler les pompiers. Ce n'est pas nécessaire, ça passe toujours d'habitude.

_Ça va..., je murmure. Ça va.

_Non, tu fais un malaise là, s'agace-t'il. Et tu trembles.

_Une crise d'angoisse, je le corrige.

Il souffle bruyamment puis se lève en me laissant adossée contre l'une des meubles de cuisine. J'ouvre les yeux et le vois revenir avec un verre d'eau. Il s'agenouille devant moi afin de m'aider à boire.

Je bois et il me donne un sachet de sucre en poudre. Je n'ai pas besoin de manger mais je le fais tout de même pour ne pas l'énerver encore plus.

Ma respiration est de plus en plus contrôlée. Quant à ma vue, c'est de mieux en mieux.

_Ça va maintenant ?

Je hoche lentement la tête.

_Je vais te monter dans la chambre.

_Je dois rentrer, je conteste quand il passe ses bras sous mes genoux et dans mon dos.

_Dans cet état ? Je ne crois pas non.

Je le laisse me soulever puis il se dirige à l'étage. Une fois là-haut, je vais mieux. Il m'allonge dans son lit et je me redresse contre la tête de lit.

_Qu'est-ce qu'il s'est passé en bas ?, me questionne-t'il comme si ce n'était pas déjà évident.

_Tu as essayé de te suicider. J'ai fait une crise d'angoisse.

_Depuis quand est-ce que tu en fais ?

_Notre rupture il y a quatre ans.

_Je vois, marmonne-t'il.

Il s'assied au bord du lit à côté de moi puis se prend la tête entre les mains en soupirant.

_Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je n'ai pas envie de me répéter. Tu es tout pour moi et j'ai... disjoncté.

J'ai l'impression d'être encore dans une sorte de transe. Je suis avec lui, je sens son corps proche du mien, mais mon esprit est ailleurs. C'est une sensation étrange et désagréable.

_J'ai cru voir ça, oui.

_Je suis désolé.

Je peux percevoir qu'il s'en veut réellement. C'est compréhensible, si j'avais été à sa place, j'aurais réagi de la même manière. Mais je ne veux pas qu'il s'excuse tout le temps. Il va encore se le reprocher un long moment et ça ne l'aidera pas à aller mieux.

Lentement, je pose ma main dans ses cheveux et les caresse doucement.

_Arrête de t'excuser. Je vais bien maintenant. J'ai juste eu peur et mon corps n'a pas supporté cette montée d'effroi. En revanche, ne refais plus jamais la crise que tu as faite en bas.

Je ne le lui dis pas, mais sa crise n'a fait que me prouver qu'il était prêt à tout pour me garder dans sa vie. Et encore une fois, je me dis que je serai incapable de le supporter s'il prend l'habitude de me faire des scènes comme celle-ci.

_J'étais hors de moi.

_Oui hé bien ça a failli te coûter la vie.

Il hausse négligemment les épaules sans répondre.

_Ne réagis pas comme ça.

_Je m'en fiche de mourir.

_Je suis encore là, non ? Alors pourquoi tu veux encore te tuer ?

_Parce que tu vas partir.

Il faut croire qu'il n'a toujours pas compris ce que j'ai tenté de lui expliquer dans la cuisine. Je préfère laisser tomber pour ce soir.

_On en reparlera demain.

Il relève la tête vers moi et son regard innocent me fait défaillir.

_Tu dors ici ?, me demande-t'il surpris.

Je souris doucement face à son air enfantin quand il me pose cette question. Je ne peux m'empêcher de faire glisser ma main jusqu'à sa joue que je caresse de mon pouce.

_Seulement si tu me le permets.

_Bien sûr.

Il me rends son sourire puis s'allonge à côté de moi. Je crois que ma crise a fait réussir à faire estomper les effets de la coke dans son organisme. Il ressemble un peu plus au nouveau Evan à présent. Calme et doux. Je pose le regard sur mes jambes et ne réalise qu'à l'instant qu'il manque Stiles. Avec tous ces événements, nous n'avons pas pensé à le rentrer.

_Il faudrait peut-être rentrer Stiles ?, je propose.

_Ah ouais..., marmonne-t'il. C'est vrai. J'ai perdu l'habitude de l'appeler le soir maintenant.

Cela me rappelle qu'il devait sûrement passer ses soirées avec sa "copine" ces derniers temps.

_Tu as couché avec cette fille ?, je demande n'étant pas certaine de vouloir connaître la réponse.

_Je crois.

Je me tourne vers lui. Il a les mains derrière la tête et fixe le plafond.

_Tu crois ?, je répète perplexe.

_Une fois sûre. J'étais sobre donc je m'en rappelle plutôt bien. Mais les quatre fois où nous avons consommé... Je l'ai retrouvée trois fois dans mon lit donc je suppose qu'on avait baisé.

_Je vois.

_Tu es jalouse ?

Il n'y a aucun amusement dans le ton de sa voix, c'est juste de la curiosité. J'y réponds franchement.

_Pas vraiment. Je suis déçue que tu es trouvée une fille aussi mauvaise pour passer ton temps et baiser. Tu mérites mieux que ça.

_Peut-être.

_J'en suis sûre.

Un silence s'installe dans la pièce. Je regarde l'heure sur le réveil à ma gauche, il est presque minuit. La fatigue commence à émerger lentement dans mon corps. Je ne vais pas tarder à m'endormir.

_Je vais faire rentrer Stiles, j'annonce en me levant.

Il se redresse en même temps que moi.

_Non, reste ici. Je vais y aller. Tu as besoin de repos.

_Toi aussi tu en as besoin. Et puis...

Comment lui dire ça sans le vexer ? Je ne peux pas. Mais je n'ai pas d'autres choix. Je veux être franche avec lui.

_Je ne préfère pas dormir avec toi.

Les traits de son visage se referment en fronçant les sourcils. Je suppose qu'il est vexé mais je trouve aussi qu'il est plus sage que je ne dorme pas avec lui. Nous ne sommes pas ensemble. Et puis, je sais comment il est au réveil. Câlin. Voire même très joueur.

_Tu as raison, concède-t'il. Il vaut mieux qu'on dorme séparément. Ce sera plus facile pour nous. Tu sais où se trouve la chambre d'amis.

Je hoche lentement la tête avant de me diriger vers le couloir. Au moment de franchir la porte, je me demande s'il faisait allusion au fait que nous aurions été incapable de dormir sans se toucher cette nuit. Il pense que je ne veux pas dormir avec lui à cause de Matthew, or ce n'est pas du tout pour cette raison. Il s'est drogué, nous ne sommes rien de concret, il refoule la vraie raison de son attachement à moi et je ne suis pas prête à me réengager dans tout cela. Voilà les raisons pour lesquelles je ne veux pas.

_Evan ?, je l'appelle faiblement.

_Hum.

_Tu sais, je ne voulais pas t'en parler plus tôt mais tu mérites de le savoir.

_Savoir quoi ?

_Matthew et moi sommes séparés.

Il relève la tête vivement vers moi. Je suis tout bonnement surprise que son visage ne reflète pas la moindre trace de joie. Il reste impassible voire même... Désolé.

_C'est vrai ? Mais comment...

Il n'arrive pas à trouver ses mots, à vrai dire, ce n'est pas surprenant. Il était persuadé que j'étais encore avec lui il y a moins d'une heure.

_Oui, c'est vrai, je le coupe doucement. Mais on en reparlera demain matin. Et merci de me laisser dormir ici, Evan. Bonne nuit.

Il me sourit faiblement, tel un accord silencieux.

_Bonne nuit, Aria.

Je sors de la chambre en laissant la porte entrouverte pour Stiles quand il rentrera et montera rejoindre son maître.

Cette soirée était irréaliste. Je ne m'attendais pas à ce que cela se passe ainsi. Moi qui étais libre avant de rencontrer la mère d'Evan, je me retrouve avec des tas de problèmes à surmonter. Enfin... Non, cela ne me concerne pas que moi. Ce sont les problèmes d'Evan et il a besoin de moi pour s'en sortir. Ses problèmes deviennent désormais les nôtres, et je ne baisserai pas les bras tant qu'il n'ira pas mieux. Cette situation est assez ironique. Elle est une seconde chance pour moi tandis qu'Evan en souffre pour le moment. Je me promets que je ne referais pas les mêmes erreurs, et je vais lui prouver que je peux être la personne qui le soutiendra durant cette mauvaise période. Je ne l'abandonnerai plus.

*************

Hey ! Au début, je trouvais que la crise d'Evan dans la cuisine serait disproportionnée etc... Mais en fait, venant de lui, et tel qu'on le connaît, ce n'est même pas surprenant ^^ J'espère que vous avez aimé ce chapitre :) Certaines doivent être aux anges qu'Aria a enfin réalisé la vraie raison pour laquelle elle s'est mariée à Matthew xD

Sinon, questions habituelles; quelles sont vos attentes pour le chapitre prochain et quels sont vos ressentis vis-à-vis de ce chapitre ?

Par contre... Je commence à travailler demain. Et je n'aurais pas le temps de publier la semaine... Donc je vais essayer de me débrouiller, mais je ne suis pas certaine de publier un autre jour que dimanche... Je vous tiens au courant

Sinon, passez un bon weekend et une bonne semaine, je vous embrasse fort :) Bisous tout le monde ! 

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