Chapitre 37.
PDV Aria
En arrivant chez lui, je constate que le portail est ouvert et qu'une autre voiture est présente. J'aurais pu penser que c'était Hugo mis à part que ce serait surprenant qu'il ait une Fiat 500 rose bonbon. Sa "copine" est sûrement là. Super, je vais avoir une petite discussion avec celle-là aussi; on n'abandonne pas mon chien.
Je me gare sur le trottoir derrière la haie afin qu'il ne me voit pas arriver. Stiles a reconnu sa maison et couine à l'arrière en essayant de gratter la vitre de ses griffes. J'ai tellement mal de le voir dans cet état. Cependant, cela me donne une idée.
_Attend-moi là mon poussin. Maman arrive bientôt, d'accord ?
Je sors de la voiture et il pleure d'autant plus fort. Mais je n'ai pas le choix, je veux qu'Evan comprenne le mal qu'il a fait à Stiles en le voyant.
Une fois devant sa porte d'entrée, je toque bruyamment. Il ne tarde pas à venir m'ouvrir. Mon cœur s'emballe de suite. Mais pas de joie, non loin de là, totalement de choc. Ce que m'a dit Amber est vrai. Je crois même qu'elle a essayé d'atténuer l'état dans lequel il est pour ne pas que je m'inquiète. Or, c'est trop tard. Je suis là et je ne peux plus revenir en arrière à présent. La première chose que je remarque, c'est qu'il est pâle comme un mort -littéralement. Il a des cernes violacées. Et en plus, il a maigri. À en juger par la finesse de ses bras, il faut croire qu'il a arrêté de faire du sport, et qu'ils n'étaient pas fait que de muscle. Je ne savais pas à quoi m'attendre en le voyant à nouveau mais ce n'était clairement pas à ça.
Dès qu'il me voit, son regard s'assombrit immédiatement. J'avais pensé à deux possibilités avant de venir; soit il serait rester calme et je l'aurais sermonné sévèrement ou alors il m'aurait fermée la porte au nez. Vu son comportement distant et impassible, je penche plus pour la seconde option.
_Viens avec moi, tout de suite, j'ordonne froidement.
Sans attendre sa réponse, je tourne les talons afin de retourner à la voiture pour ne pas que Stiles soit seul une seconde de plus. Or, sa réponse me fige.
_Non.
Je lui fais face vivement. Il rigole, j'espère ? Parce que moi non. Je n'ai jamais été aussi sérieuse que maintenant.
_Comment ça "non" ?
_J'ai dit non.
Je ne remarque qu'à l'instant cette lueur dans ses yeux. Ou devrais-je dire cette obscurité. Seigneur... Je la reconnaîtrais entre mille. Qu'est-ce qu'il a osé faire... Il devine tout de suite que j'ai identifié ce regard sur la défensive et absent. Je m'apprête à le pousser pour rentrer à l'intérieur mais il m'en empêche.
_Va-t'en, Aria. Tu m'as quitté, tu es avec ton mec, laisse-moi tranquille putain.
Je me retiens de lui dire la vérité. J'ai le sentiment que ce n'est pas du tout le moment.
_Qu'est-ce que tu me caches ?, je m'impatiente même si je pense avoir la réponse.
_Rien ! Arrête de m'énerver, putain !
Il se met à trembler, comme s'il était hyperactif. Et ce n'est que lorsque je croise son regard pour la seconde fois que je comprends. Ma poitrine se comprime durement et j'ai une vive douleur au crâne. Non, Aria, ce n'est pas le moment de faire une crise d'angoisse. Je ferme les yeux en essayant d'ignorer cette sensation de fissure dans ma poitrine. Ma main me démange extrêmement. Il n'a pas osé.
_C'est pas vrai..., je murmure. Tu n'as pas fait ce que je crois que tu as fait, Evan ?
_Va-t'en, Aria. Je t'avais pourtant dit que tu représentais toute ma vie. Tu aurais dû te douter de ce qui allait se passer.
_Au point de te droguer ?!, je m'écrie subitement les larmes aux yeux. Combien de fois l'as-tu fait ? Depuis combien de temps ?
Il baisse le regard comme s'il n'assumait finalement pas. Je m'apprête à réitérer ma question mais il me devance.
_Je dirais quatre fois ces deux dernières semaines.
Je rêve... Il a définitivement replongé. Tous les souvenirs de ce que nous avons traversé il y a quatre ans reviennent à la surface, me faisant l'effet d'une claque. J'ai des envies de meurtres le concernant. Lui et sa "copine". Je suis sûre que c'est elle qui l'a poussé à en prendre. Je me fiche de cette pétasse, je ferais tout pour qu'il aille mieux. Je souhaite qu'il s'en remette. Mais Evan n'y croit plus. Il ne va pas arrêter, il n'a aucune volonté de se libérer de cette addiction puisque je ne suis plus là. Il ne s'en sortira pas cette fois-ci... À moins que j'arrive à l'atteindre, d'une manière ou d'une autre.
_Evan ?, l'appelle une voix féminine depuis le séjour.
Il tourne la tête vers la voix de cette, et je profite qu'il soit distrait pour m'engouffrer à l'intérieur. Je tombe nez-à-nez avec l'autre fille de la course. Celle qui lui touchait le torse la première fois que je l'ai revu et qui lui a demandé "où il était l'autre soir" la seconde fois que j'y suis allée. Alors c'est elle sa nouvelle copine ? De fines lignes blanches que je connais très bien m'interpellent sur la table basse. Ce sont des rails de coke et ils ne mentent pas sur la raison pour laquelle elle est ici.
Je vais la tuer.
Je fonce droit sur elle dans le but de lui sauter dessus et de la massacrer mais Evan m'attrape par la taille pour m'en empêcher. Je ne me laisse pas faire pour autant. Je me débats de toutes mes forces en repoussant les bras d'Evan. Malheureusement pour moi, il a toujours assez de force pour ne pas flancher. C'est d'ailleurs surprenant vu comment il est affaibli. Il m'attire contre son torse en assemblant ses bras sur mon ventre.
_Salope !, je hurle. Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu viens de faire ?!
Elle croise les bras sur sa poitrine -qu'elle ne doit qu'à de la chirurgie esthétique, en pinçant les lèvres d'une manière aguicheuse. Je meurs d'envie de la jeter d'un pont, là maintenant. Ou de la noyer dans une baignoire. Il me semble qu'il y en a une à l'étage...
_C'est lui qui m'a appelée, déclare-t'elle de sa voix de crécelle.
Je me tends de suite. Oh le con. Oh le putain de con.
Je me retourne vivement et le gifle d'une vitesse phénoménale. Il est clair qu'avec la quantité de drogue dans ses veines, il ne l'a pas vue venir celle-là. À vrai dire, moi non plus.
_Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?
Je ne voulais pas lui montrer à quel point sa santé mentale et physique comptent pour moi, or je sanglote désormais. C'est trop là. Il cherche à mettre fin à ses jours ? À foirer sa vie ?
_Toi. C'est toi qui dérègle tout chez moi, murmure-t'il.
Je me tourne vers cette fille qui admire la scène silencieusement. Si seulement elle pouvait mourir là tout de suite... Je ne serais même pas désolée. Quoi qu'ils puissent me dire, c'est elle qui a apporté la drogue. Elle est responsable de l'état d'Evan -en partie.
En réalité, non, j'essaie de remettre la faute sur elle mais je suis la cause de tout ça. Je ne veux juste pas faire face à ce que ça impliquerait.
_Dis-lui de partir, j'ordonne d'une voix trop calme à Evan.
_Non.
_Pardon ?
_Partez toutes les deux.
_Quoi ?, s'offusque l'autre fille.
_Tu m'as très bien entendu. Partez !
_Très bien, tranche-t'elle en prenant son sac, ne m'appelle plus pour ta "dose" car je ne te répondrai plus.
Elle sort d'un pas rapide sous l'œil inquiet d'Evan. Quant à moi, je reste plantée face à lui. Je ne partirai pas. Du moins, je ne partirai plus.
_Toi aussi, casse-toi.
Je me rappelle ce pourquoi je suis venue ici et cela me donne finalement une meilleure idée. Et peut-être que celle-ci le fera se reprendre en main.
_Tu sais pourquoi je suis là, Evan ? Non, bien sûr que non. Tu as décidé de m'oublier moi et tout ce qui se référait à moi, pas vrai ? Est-ce que tu te rappelles de Stiles ? Ton chien, ouais. Je l'ai emmené avec moi. Je venais te le rendre mais après ce que je viens de voir, il est hors de question que tu le récupères.
Je lui tourne le dos et sors dans le jardin. J'entends ses pas pressés derrière moi. Evidemment qu'il veut voir son chien.
_Laisse-moi le voir.
_Non. Tu ne le mérites pas.
Il passe devant moi afin de me barrer la route.
_S'il-te-plaît, Aria.
Je le contourne alors qu'il me prend par les épaules pour m'arrêter.
_Tu ne peux pas me priver de voir mon chien.
_Ton chien ? Je croyais que tu t'en étais séparé ?, je rétorque sur un ton faussement choqué.
_Il reste mon chien.
_Je ne suis pas sûre que tu sois encore son maître à ses yeux, je soupire en détournant le regard.
_Bien sûr que si. Laisse-moi le voir, Aria...
_Dis-moi pour quelles raisons tu t'en es séparé. C'est cette fille ?, je vocifère. Elle ne te mérite pas, Evan. Tu viens de...
Ma voix se brise alors que je passe nerveusement ma main dans mes cheveux.
_Tu t'es drogué. À cause d'elle. As-tu la moindre idée de la galère dans laquelle tu viens de te mettre ? Tu comptes replonger c'est ça ?
_Je t'ai dit que tu étais tout pour moi. Que j'avais besoin de toi dans ma vie.
_On ne parle pas de moi, Evan !, je m'énerve.
_Bien sûr que si ! C'est toi cette fille, Aria ! Tu crois que j'ai fait le choix de me droguer à nouveau à cause d'une petite pétasse qui ne pensait qu'à ma bite ? Tu crois que c'est à cause d'elle que je me fous en l'air ? Quand est-ce que tu vas comprendre que je me laisse mourir quand tu n'es pas avec moi ? J'ai fait des tas de conneries à cause de notre rupture, et ouais j'en ai faite avant aussi, je le sais; elles m'ont amené à ta perte. Tu m'as hanté ces quatre dernières années. Qu'est-ce que tu crois que ça me fait de t'avoir fait tout ce mal ? De t'avoir quittée ? Tu crois que je le voulais vraiment ? Putain, Aria, j'ai tenté de me suicider à cause de toi ! Et j'ai foiré. Parce que je foire toujours tout dans ma vie.
Je pensais avoir eu le cœur brisé des dizaines de fois pour mon amour envers Evan. En réalité, rien n'a jamais été aussi atroce que ce qu'il vient de m'avouer. Il a tenté de mettre fin à ses jours. À cause de moi. C'est le détail de trop...
_Laisse-moi voir mon chien maintenant.
Il me prend les clés des mains puis passe à côté de moi pour rejoindre ma voiture. Je le suis, pantelante, étant incapable de prononcer un seul mot.
À peine a-t'il ouvert la portière arrière que Stiles lui saute dessus, le faisant tomber par la même occasion, et lui lèche vivement le visage. Il aboie et saute dans tous les sens tandis qu'Evan rit aux éclats face à ses retrouvailles avec son chien. Il le prend dans ses bras et l'embrasse sans retenue. Quant à moi, je ne me sens pas à ma place. J'ai l'impression d'être la tâche sur le tableau.
Il vient de m'annoncer explicitement que j'étais la cause de son malheur, mais aussi sa raison de vivre. C'est même plus que ça. C'est démesuré. Je le maintiens à la vie. Je ne peux pas supporter une telle responsabilité. Notre relation en est la preuve même. Je suis incapable d'endosser ce rôle, car s'il venait à se tuer par ma faute, je ne m'en remettrais tout simplement pas. J'ai aussi besoin de lui dans ma vie, j'ai besoin de savoir qu'il va bien. Et là, il vient de me faire comprendre que ça n'ira jamais quand il sera loin de moi. Je n'oserais jamais lui dire de peur de le briser encore plus, mais il vient de ruiner ma vie. Littéralement. J'étais prête à aller de l'avant, j'allais passer à autre chose. Ce qu'il vient de me dire m'en empêche. Parce que je saurais qu'Evan n'y parviendra pas.
Le pire dans tout ça, c'est que je ne peux même pas sortir avec lui par pitié, pour l'empêcher de faire une erreur. Parce que je l'aime. Et que si je reste, c'est dans le seul but de l'aider à aller mieux.
Il vient de se droguer, il va devoir recommencer un putain de traitement. Je crois qu'il n'a pas conscience du bordel dans lequel il vient de se mettre. Je sais qu'il est accro, je sais aussi qu'il ne supportera pas la cure. Mais je ne veux pas le faire moi-même. Je ne me rappelle que trop bien de ce qui s'est passé la dernière fois.
Peut-être que ce n'est pas aussi "grave", mais il vient de faire une rechute. En deux semaines, il en a pris quatre fois. Ce qui veut dire qu'il tient plus ou moins 3 à 4 jours sans en consommer. Au moins, c'est déjà mieux qu'il y a trois ans où il en prenait tous les jours.
Dès demain, il va avoir des changements d'humeur incessants, et ça ne va aller que de mal en pire.
Corey et Amber viennent de se fiancer, je ne tiens pas à les déranger avec ça.
Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire, merde ?
_Il rentre avec moi.
Je secoue vivement la tête, la voix d'Evan m'ayant ramenée à la réalité.
_Alors que tu as de la drogue dans ton salon ? Je ne pense pas non.
_Si.
En dépit de la douleur que je ressens, je ne peux pas le laisser tomber. Il serait capable d'en reprendre dès que j'ai le dos tourné.
J'en ai marre de tout ça. Je n'aurais jamais dû venir ce soir. Non, en réalité, ce n'est pas ça que je regrette, c'est de l'avoir laissé l'autre jour alors qu'il avait besoin de moi. Et il m'avait prévenue. Je ne l'ai simplement pas cru. Je m'en veux tellement pour ça désormais.
_Tu crois que tu peux récupérer Stiles quand tu as jugé que ta crise avait cessé ?
_Je m'en branle. C'est mon chien, il rentre avec moi.
_Tu vas arrêter la drogue ?
Il me contourne, Stiles trottinant derrière lui.
_Qu'est-ce que ça peut te foutre ?, crache-t'il par dessus son épaule. Il est où ton mari au fait ? T'es pas avec lui là ?
Non, puisque je suis avec toi, gros malin.
_Il travaille.
Je lui dirais la vérité une fois qu'il ira mieux.
_Ah, je vois. C'est pour ça que tu passes me voir ? Tu veux qu'on baise ? T'es frustrée ? Rentre alors, je t'en prie. Ma porte est grande ouverte. Comme tes cuisses qui l'ont toujours été en fait.
J'ignore ses paroles de drogué. J'en ai tellement reçu des remarques comme celle-là que ça ne m'atteint presque plus. Ce qui me fait mal en revanche, c'est de le revoir dans cet état-là. C'est au-dessus de moi, je ne peux pas rester impuissante face à son état.
_J'arrive.
Vu son expression, il ne s'attendait visiblement pas à ce que je capitule. Auparavant, je ne me serais jamais tue. En même temps, je ne suis absolument pas en train de baisser les bras. Je fais juste diversion pour pouvoir rentrer à l'intérieur sans problème.
Une fois dans le séjour, je retire mon manteau et envoie un message à ma mère pour la prévenir que je ne dormirai pas à la maison. Il est déjà plus de 21 heures, je n'ai pas la force de conduire une heure de plus. Et puis, surtout, Evan a besoin de moi.
Il semble déstabilisé par mon semblant de calme. En réalité, je suis au bord des larmes. Mais ma volonté dépasse tout entendement. Je veux qu'il comprenne son erreur. Je veux qu'il regrette de s'être drogué. Et par dessus tout, je souhaite qu'il regrette de m'aimer. Il croise les bras sur sa poitrine tandis que je jette un coup dans son séjour.
_Alors ? On le fait où ? Sur le canapé ?
Face à son silence, je sais d'hors-et-déjà qu'il est confus. Voire paumé.
_Je prends ça pour un oui.
Sans ménagement, je retire mon haut puis je déboutonne mon jean. Je marche jusqu'à lui, qui déglutit difficilement.
_Aria...
_Quoi ? Tu as perdu ta langue ? C'est étrange, tu savais t'en servir pour m'insulter il y a moins de deux minutes.
_Je...
Il n'arrive même pas à formuler de phrases complètes. Je pose ma main sur son torse et rapproche lentement mes lèvres des siennes. Je sens son cœur battre la chamade sous ma paume. J'ai conscience de franchir une limite à cet instant, mais peu m'importe. Je ferais n'importe quoi pour retrouver mon Evan. Celui qui a toujours été sobre.
_Quoi, Evan ?, je susurre contre ses lèvres. Aller... Avoue-le. Tu en meurs d'envie. De toute manière, tu ne m'as laissée entrer que pour me baiser, pas vrai ? Regarde-moi, je fais l'allumeuse rien que pour toi. Tu aimes ça, hein ? Que je me comporte ainsi.
Je sais très bien que ce n'est pas le cas. Quand Matthew et lui avait sous-entendu que j'étais une allumeuse, je me rappelle parfaitement de sa réaction. Il s'en voulait de m'avoir laissée croire une chose pareille. Sous l'effet de la drogue, il pense et dit des choses mais dans le fond, il n'en pense pas un mot. J'ai compris maintenant.
_Arrête ça.
_Pourquoi ? C'est toi qui m'a comparée à une fille facile, pourtant. C'est toi qui a qualifié mes cuisses comme étant...
Brusquement, ses mains agrippent ma taille et il me plaque contre le mur où il était adossé à l'instant. Son regard est incroyablement sombre. Et à en juger par les traits de son visage, ce n'est clairement pas d'excitation. Il a enfin compris qu'il est allé trop loin dans ses paroles.
_Ça suffit.
_Tu es enfin revenu ?, je le questionne calmement.
_Je n'étais jamais parti.
Je sais qu'il n'est toujours pas lui-même. Il est dans une transe. Son comportement lunatique qui passe de haineux avec moi, pour être joyeux avec Stiles la seconde suivante le montre bien. Avec un peu de chance, je retrouverai Evan demain matin, avec un énorme trou de mémoire, mais ce sera mon Evan.
_Tu reviendras, concluais-je en me dégageant lentement de son emprise.
Je récupère mon haut que je remets puis je reboutonne mon pantalon sous le regard d'Evan.
_Tu as mangé quelque chose ce soir ?, je lui demande sur un ton détaché.
_Non.
_Il faut que tu manges.
_Je n'ai pas besoin de toi.
_Tu veux que je parte ? Pas de soucis puisque c'est proposé si gentiment.
Je me dirige vers la porte d'entrée mais il me saisit fermement le bras. Je me surprends à penser que j'avais oublié -du moins presque, cette partie de sa personnalité. Celle autoritaire.
_Arrête ton cinéma, Aria. Si tu recommences une de tes scènes, je vais finir par t'attacher au radiateur et te bâillonner.
_Tu kifferais ça, hein ?
Il expire longuement, faisant virevolter mes cheveux contre mon épaule, puis me lâche.
_Ne me demande pas de m'excuser, je ne le ferais pas, tranche-t'il en se dirigeant dans la cuisine. C'est toi qui m'a quitté, je te rappelle.
_Je ne te demande aucune excuse. Je veux que tu regrettes d'avoir consommé de la drogue à nouveau. Parce que moi, je t'en veux énormément d'avoir fait ça. Je pensais pouvoir te faire confiance. J'avais tort.
Il émet un rire sarcastique.
_Je pensais aussi pouvoir te faire confiance quand tu m'as dit que tu étais là pour moi. Il faut croire que nous avions tous les deux tort l'un sur l'autre.
_Tu savais comment ça allait se finir nous deux. C'est toi qui a voulu continuer coûte que coûte. Bref. Nous n'allons pas ressassé le passé. Dis-moi simplement que tu regrettes de t'être drogué et je te laisserais tranquille pour la soirée.
_Tu veux que je te mente ? Parce que je ne le regrette pas, Aria. Tu étais partie, je n'avais plus aucune raison de vivre. Rien ne me retient à la vie, tu le comprends ça ? Donne-moi une bonne raison de me battre pour la vie misérable que j'ai, vas-y je t'écoute.
_Stiles.
_Il mourra tôt ou tard. Avec ou sans moi.
_Corey.
Il hausse négligemment les épaules.
_Il a Amber, il s'en remettra vite.
_Ta maman.
_Qu'est-ce qui te permet de parler de ma mère ?, s'énerve-t'il subitement.
_Je l'ai rencontrée. Pour quelles raisons crois-tu que je sois venue ici ? Elle s'inquiète pour son fils qui n'est même pas foutu de lui renvoyer un simple message.
_Fais attention à ce que tu dis.
_J'ai raison, non ?
_Je ne lui ai pas envoyé de messages car je ne veux pas qu'elle me voit dans cet état là. J'en ai marre de la décevoir. Est-ce que tu peux comprendre ça ?
Je peux percevoir de la tristesse dans sa voix. Je sais à quel point l'abandon de son père lui a fait du mal, il doit craindre que sa mère le quitte à nouveau. Pourtant elle est prête à tout pour lui. Nous le sommes tous.
_Tu ne la déçois pas, Evan...
_Tu n'en sais rien.
_Je le sais, j'insiste en avançant doucement vers lui. Quand je lui ai parlé, elle avait cette lueur dans ses yeux... C'était de la fierté. Elle est fière de toi, de l'homme que tu es devenu. Et elle a raison de l'être. Tu as dépassé plus de choses que n'importe qui ici, et tu es toujours là. Tu ne crois pas que c'est pour une bonne raison ?
_Oui hé bien appelle-moi quand tu l'auras trouvée cette foutue raison car personnellement je l'ai cherchée et elle doit être bien cachée.
_Ceux qui t'aiment. Vis pour ceux qui t'aiment.
_Comme qui ? Qui tient à moi ici ? Qui ne m'a jamais abandonné ?
Je ne sais pas quoi lui répondre. Il est tellement torturé. Tout le monde l'a laissé tomber, il a raison. À commencer par son ex, Corey quand il a appris qu'il se droguait, puis moi, et sa famille. Chacune de ses personnes est revenue pourtant, mais ce n'est pas assez pour lui. Il aurait dû avoir quelqu'un qui l'aurait soutenu toute sa vie. Je n'avais jamais vu les choses de cette façon. Et ça me fend le cœur. Il ne mérite pas cette vie. Il mérite beaucoup mieux.
_Tu vois, conclut-il.
_Je vais rester.
Il me tourne le dos pour sortir une poêle du placard.
_Je n'ai pas besoin de ta pitié, Aria. Mais merci quand même. C'est sympa de vouloir réparer mon pauvre petit cœur émietté.
_Je t'aime, Evan. Comment pourrais-je avoir pitié de toi alors que je t'aime ? C'est mon rôle d'être là pour toi, alors oui, je n'ai pas été d'un bon soutien ces derniers temps, mais je suis là maintenant.
_Et qu'est-ce que ça changera ? Je ne veux plus n'être que ton amant. Je veux être l'homme de ta vie. Mais cette place est déjà prise par un autre. Alors je n'attends plus rien de toi.
_Est-ce qu'on pourrait en reparler demain ?, je le questionne.
_Qu'est-ce que ça changera ?
_Tu seras sobre.
_Et ?
_Et tu seras toi. J'ai beaucoup de choses à te dire, mais je veux m'adresser au Evan qui m'écoute attentivement et qui essaie de comprendre quand je lui parle. Pas à celui qui se brusque et qui me tient tête pour tout.
_Je crois que tu ne retrouveras plus le Evan que tu souhaites tant.
_Bien sûr que si. Je n'en doute pas une seconde. Je suis prête à attendre des mois et des mois pour que tu me fasses confiance à nouveau, okay ?
_Qu'est-ce que ça va t'apporter de faire ça pour moi ?
_Tu seras en vie. Et c'est ce qui compte le plus à mes yeux. Je donnerai tout pour ton bonheur, Evan.
Ce qui me rend le plus malade, c'est qu'il aura oublié notre conversation demain. Et que toutes les choses que j'aurais dites, malgré qu'elles viennent du plus profond de mon cœur, il ne s'en rappellera tout simplement pas. Pourtant je suis prête à rester si ça l'empêche de replonger. Je l'aime assez pour le retenir de ruiner sa vie. Et nous verrons ensuite où ça nous mène. Là maintenant, mon seul objectif est de prendre soin d'Evan comme je n'ai jamais été capable de le faire auparavant.
*************
Hey ! Je suis fière de mes lectrices qui avaient presque toutes deviné qu'Evan n'allait pas si bien que ça ! Bravo !
Bon... C'est le moment où je dois faire mon testament avant que vous ne me tuiez ? J'ai le droit à l'appel à un ami ? xD Au moins il n'est pas mort, faut relativiser !
Alors, que pensez-vous de ce chapitre ? Ce n'est que le début de la fin... :3 Il va encore se passer quelques petites choses ^^ Vous êtes au cœur de l'action ! Qu'attendez-vous de la suite ? Vous avez l'impression que ça part un peu en cacahuètes ? Non, parce que moi, j'ai cette impression depuis le tome 1 en fait xD
Je dois vous avouer qu'en écrivant le moment où il annonce qu'il a tenté de se suicider, j'ai versé une petite larme quand même... ^^
Sinon, voici une pub qui mérite d'être faite, car c'est l'une de mes lectrices les plus fidèles qui me l'a demandé, et que j'aime le concept, mais si ça vous tente, @@La_rageuse_du_31 écrit une non-fiction, qui se nomme "Soyez parfaite, soyez vous-même, soyez heureuse". Cela vous donne des conseils de filles pour le sport ou des conseils beauté par exemple :) Personnellement, je vais la lire car on n'en trouve pas beaucoup sur Wattpad et que c'est intéressant :)
Je publie demain normalement, en attendant, passez une bonne journée, je vous embrasse fort ! Gros bisous et bon weekend ! :)
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