Chapitre 23.

Matt n'est pas encore décidé à me lâcher depuis qu'on a fini de faire l'amour il y a un quart d'heure. Il s'en va cet après-midi avec Corey et on ne se reverra pas avant demain soir. Pour une fois qu'il a un weekend disponible, on ne sera pas ensemble.

_Je ne veux pas te laisser, se plaint-il en resserrant ses bras dans mon dos.

_Moi non plus, Matt. Mais tu m'étouffes là, je ris.

Il enfouit son visage dans mon cou alors que mes mains se posent sur sa taille.

_M'en fous. En plus tu te barres ce matin. On va être éloigné encore plus longtemps.

Il me fait penser à un enfant qui chouine parce qu'il n'est pas content. Je caresse distraitement ses cheveux.

_Je sais...

Ses lèvres commencent à suçoter mon cou alors que ses mains viennent saisir mes seins fermement. Ses baisers se propagent sur ma mâchoire, mon menton puis ma poitrine. Une fine couche de sueur recouvre toujours notre peau. Ma respiration se bloque à maintes reprises quand il se sert de ses doigts pour jouer avec mes tétons. Je gémis involontairement. C'est tellement bon quand il s'occupe de moi comme ça... Je peux voir l'un de ses suçons sur ma poitrine. Le contraste entre le rose violacé de la marque et celui de ma peau est incroyable.

Je jette un œil au réveil. Il est déjà 9 heures.

_Je dois être prête dans deux heures..., je halète.

_Hum... Il nous reste encore du temps alors...

_Il faut que je prenne une douche, que je me prépare et toi aussi.

_Lave-toi avec moi.

_C'était dans mes intentions.

À ma plus grande surprise, Matt se redresse et s'assied au bord du lit pour enfiler son caleçon. Je tire alors sur le drap pour recouvrir mon corps nu.

_Tu peux me passer ton T-shirt, s'il-te-plaît ?

_Pourquoi faire ?

_Me couvrir, je soupire en levant les yeux au ciel face à son manque de jugeote.

_Viens à poil.

_Euh... Nan.

_Pourquoi ?

_Parce que c'est trop loin. Je n'ai pas envie de me déplacer nue jusqu'à là-bas.

_Okay, fais ce que tu veux.

Il me lance son T-shirt que j'attrape et enfile. Je remue un peu mes cheveux car ils sont rabattus sur mon front et m'empêche de voir clairement. Matt se dirige vers la salle de bain et je le suis en silence. Une fois dans la douche, j'opte pour le gel douche à l'amande et l'étale sur mes mains avant de laver le torse de mon mari. Le bruit de l'eau résonne dans la cabine pleine de buée. Ses pupilles sont dilatées alors qu'il fixe avec intensité mes mains sur son corps. Les siennes s'appliquent à répandre du gel douche sur mon ventre puis ma taille avant de descendre sur mes fesses. À chaque fois que nous nous lavons ensemble, l'atmosphère est toujours aussi lourde et excitante. J'ai envie de le toucher plus bas mais je ne peux pas me permettre d'être en retard.

Lorsqu'on sort de la salle de bain, je vais chercher quelques affaires discrètement dans la chambre puis dans la salle de bain alors que Matt prépare à manger. Je ne prends que le nécessaire pour aller chez Evan. Au cas où, je prends des bottines à talons noires si tout le monde est bien habillé là-bas. Parce que les talons rendent plus féminine et assurée que des baskets. D'ailleurs, je ne l'ai pas vu depuis la fois où il est passé dans ma classe. Chose qui ne lui a pas plu vu qu'il m'a fait une remarque dans l'un de ses anciens messages où il me reprochait de ne pas assez essayer de le voir. Mais j'aimerais bien qu'il soit à ma place moi, j'ai une vie et il y a moins de deux mois, il n'en faisait clairement pas parti.

Comme habits, j'enfile un pantalon noir avec un haut blanc. Comme bijoux, je cherche désespérément quelque chose de discret dans ma boîte. Je remarque une chaînette que je n'avais pas vu depuis longtemps. Mon regard se fige sur ce bracelet. Celui qu'Evan m'avait offert lors de notre dernier Noël tous les deux. Je ne l'avais pas vu depuis mon mariage. Depuis que je porte la bague du mariage avec Matthew en fait. Ce cadeau me rappelle de vieux souvenirs. Je me souviens parfaitement de ce weekend où Evan était venu chez moi alors que ce n'était pas prévu. J'étais tellement heureuse... Je joue nerveusement avec la chaîne entre mes doigts. Hésitante, je finis par céder à mon envie de la porter. Je l'attache à mon poignet et la fixe longuement.

En jetant un regard à mon cellulaire, je constate qu'il m'a envoyée un message. Je ne peux m'empêcher de rire en lisant son message où il me vouvoie et me prévient qu'il passera vers 11 heures. Il est vraiment à fond dans son rôle de patron. Je lui réponds qu'il n'y a pas de soucis et que je l'attendrai devant l'immeuble.

Une fois que mon sac est prêt, je vais le poser dans l'entrée puis je rejoins Matt dans la cuisine. Il a fait des pancakes et pour une fois, on décide de prendre le petit-déjeuner dans le canapé devant les dessins animés. Je tire le plaid sur nous et me love contre son torse tandis que le plateau de pancakes, de lait et de jus de fruits reposent sur nos jambes.

_Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui alors ?, me demande curieusement mon mari.

_Ce matin je retrouve Patrick et Barbara avec des collègues pour changer quelques petites choses à l'école et de l'après-midi je reste avec Babara et Louis.

_Je n'aime pas Louis.

Je soupire. Tout ça parce qu'il s'est intéressé à moi quand je suis arrivée en début d'année. Enfin, on croyait que c'était de la drague mais il s'est avéré que Lou' était gay. Mais Matt n'y croit toujours pas. Il reste sur son idée qu'il me veut blablabla. J'ai arrêté de m'entêter à lui assurer le contraire.

_Tu vas manger quoi ce midi alors ?, je le questionne pour changer de sujet.

_Je ne sais pas. Sandwich sûrement.

_Tu ne veux pas que je te prépare quelque chose rapidement ?

Mon époux m'adresse un sourire à faire tomber toutes les filles de cette planète en passant son bras au-dessus de mes épaules avant de déposer un baiser sur mon front.

_Ça ira. Ne te dérange pas.

_Tu es sûr ?

_Oui, Aria, affirme-t'il amusé en levant les yeux au ciel.

_Ok ok. Je demandais juste, je me défends.

_C'est bon, babe. Je vais survivre.

_Ah mais j'espère bien ! Veuve à 22 ans... Ça le fait pas vraiment.

_De toute manière, t'abandonner n'est pas dans mes intentions.

Je souris et pose le regard sur son visage si parfait.

_T'es mignon.

Il me tire la langue accompagné ensuite d'une petite grimace. Ah ce que je l'aime !

À 11 heures, Matt m'aide à m'être ma veste puis il se stoppe.

_Tu ne vas même pas mettre le manteau que je t'ai offert ?, me demande-t'il.

_Bah... Il ne suit pas avec mes vêtements.

_Des chaussures noires, un jean bleu clair et un manteau rouge..., il fait mine de visualiser la tenue, ouais nan t'as raison... Le bleu marine est mieux.

Je manque de m'étouffer avec ma salive. Sérieux ? Il me le prête vraiment ! Mon mari -que je vénère à partir de cet instant, attrape son blouson. Je lève les mains et il me le met. Délicatement, il remet la capuche correctement.

_C'est mieux comme ça.

_Merci.

_De rien. Profite-bien de ta journée.

S'il savait... Mon sourire diminue quelque peu à l'idée que je vais passer mon weekend avec l'homme qui se rapproche le plus d'un aimant. Sans que mon mari ne s'en doute.

_Oui... Bon weekend à toi. Pêche bien. Et attention, tu ne ramènes pas de poissons, de grenouilles ou de têtards ici, compris ?

Il m'a déjà fait le coup une fois, pas deux.

_Promis, sourit-il en m'embrassant tendrement. Je t'appelle ce soir pour te confirmer qu'on est arrivé.

_Oui d'accord.

_À tout à l'heure. Je t'aime.

_Je t'aime aussi.

Je prends mon sac et sors de l'appartement en me dirigeant vers l'ascenseur. Quand j'arrive en bas, j'aperçois la voiture d'Evan. Je me dépêche de monter dans sa voiture puisqu'elle est garée en double file. En refermant la porte, je ne sais pas si je dois l'embrasser sur les lèvres ou non alors je m'avance simplement en espérant qu'il choisisse pour nous deux. Puisqu'il ne daigne même pas à me regarder, je me rétracte et mets ma ceinture avant qu'il ne démarre.

_Bonjour.

_Ça te coûtait quoi de m'appeler cette semaine ?

Okay... Ça commence bien.

_J'ai été occupée.

_Avec ton mec ?

_Mon mari, oui.

_Je pensais que tu aurais tenu un minimum pour prendre de mes nouvelles ou essayer de me voir.

_Tu tiens vraiment à me faire une scène, maintenant ? Si oui, tu peux te garer, je rentre chez moi.

Il expire longuement.

_Je suis juste vexé. Je suis toujours celui qui essaie de te voir, j'ai l'impression que cette relation ne va que dans un sens.

Cela fait à peine dix minutes qu'on est ensemble qu'il commence déjà à râler. Je comprends sa remarque mais j'ai aussi une vie totalement opposée à ce que nous vivons lui et moi. Afin d'éviter une dispute, je capitule.

_Si c'est ce que tu veux, très bien, je t'appellerais une fois par semaine quand on ne pourra pas se voir.

Il soupire en serrant le volant entre ses doigts.

_Non. Tu ne comprends pas. Tu ne dois pas le faire parce que je te le demande. C'est censé être naturel.

_Pas pour moi.

_Je me sens comme un boulet avec toi, une sorte de fardeau que tu es obligée de te traîner. On dirait que tu ne me vois que car tu as pitié.

_Mais qu'est-ce que tu racontes ?, je m'empresse de répondre en posant ma main sur sa cuisse -choquée qu'il puisse penser une chose pareille. Tu es fou ? En aucun cas je ne te vois comme ça.

_On dirait, pourtant.

_Essaie de te mettre à ma place, Evan. J'ai aussi une vie et je ne veux pas que ce qu'il y a entre nous affecte celle-ci. J'ai déjà peu de temps pour moi alors imagine pour nous.

_Ce n'est pas une raison pour me laisser de côté. Est-ce que la simple idée que, moi, je veuille faire partie de ta vie, ne t'a pas traversée l'esprit ?

Il a raison, je n'avais jamais pensé à me mettre à sa place. Il est clair que ce que je fais n'est pas juste. Je ne devrais pas le laisser de côté alors qu'il prend lui-même le temps de me voir. Mais quand il avoue qu'il veut faire partie de ma vie, cela m'effraie car je ne vois pas comment. Je tiens à mon mode de vie actuel et si Evan rentre dans ma vie, plus rien ne sera pareil. Je n'ai aucune idée de là où ça va nous mener, une partie de moi espère que j'arriverais à trouver un équilibre entre Matt et Evan mais une autre partie, la plus réaliste, sait que ça ne se passera pas comme ça. Je suis incapable de mentir à Matt toute ma vie. Alors il n'y aura que deux solutions; soit ça finira mal pour l'un d'entre eux, ou alors je finirai mal sans eux.

_D'accord. Je vais essayer de faire des efforts.

_Merci. Et... Hum... Tu m'as manqué cette semaine.

Il a dit ça d'une voix tellement faible et rapide que j'hésite un instant, n'étant pas sûre qu'il l'ait vraiment dit. Il évite mon regard et tapote le volant de ses doigts nerveusement. Il est adorable.

_Tu m'as aussi manquée cette semaine, je souris.

Un petit rictus prend forme au coin de ses lèvres faisant ressortir sa fossette.

_Et j'ai... Quelque chose pour toi.

_Pour moi ?

_Ouais. Je me suis dis que... Ça te plairait.

_Je ne sais pas ce que c'est mais je peux t'affirmer que tu n'aurais pas dû.

_J'en avais envie. C'est dans le sac à l'arrière.

Je me penche pour récupérer le sac en papier. Je devine que c'est un vêtement ou un accessoire de mode puisque c'est un sac typique des magasins de vêtements. Décidément, je suis gâtée niveau habits ces derniers temps. Avec délicatesse, je sors le tissus du sac. La première chose que je remarque c'est que le textile est extrêmement doux et qu'il est de couleur rouge. Sans froisser le tissus, je déplie le vêtement et constate que c'est une robe magnifique. Elle me fait penser à l'une de mes anciennes robes qui était blanche. Je l'avais déjà portée devant lui, sûrement qu'il s'en est rappelé. Mais j'ai dû la donner car mes nouvelles formes m'ont empêchées de la porter à nouveau. Elle est plus serrée au niveau du buste mais moins sous la taille. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu une robe de ce genre-là. Je ne sais pas quoi lui dire... Je l'aime tellement.

_Alors ? Tu aimes ?

Je peux percevoir de l'inquiétude dans ses questions. Comme si j'allais détester quelque chose d'aussi adorable. Même si je n'avais pas aimé, j'aurais été incapable de le lui dire. Je tiens trop à lui pour lui faire de la peine. Mais comme j'en suis folle, je suis vraiment sincère avec lui.

_J'adore.

Il tourne la tête pour me scruter un instant. Comme si le fait d'aimer son cadeau pouvait être quelque chose d'impensable.

_C'est vrai ?

_Bien sûr. Mais je te l'ai dit, il ne fallait pas.

Il rit doucement en s'engageant sur le parking de l'endroit où se déroule la course. Pour une fois, celle-ci se fait à l'endroit où je l'ai revu. Et cela n'arrive qu'une fois par an puisque les autres fois, elle se produit à d'autres endroits. Encore une coïncidence... Je suppose qu'Evan a saisi l'occasion de pouvoir m'emmener avec lui sur son lieu de travail- en quelque sorte.

_Tu veux la porter aujourd'hui ?

Ce serait génial. Mais je porte déjà d'autres vêtements...

_Et je me change comment ?

_Dans la voiture. Je surveillerais si tu as peur que quelqu'un te voit.

Je me félicite mentalement d'avoir pris les bottines à talons tout à l'heure.

_Avec plaisir.

Il se gare là où il n'y a -encore, personne. Le monde arrivera sûrement cet après-midi quand la course commencera. Je passe au-dessus du levier de vitesse pour aller sur la banquette arrière. Je galère à retirer le manteau de Matt. Dans un sens, ça me fait de la peine de ne pas porter le manteau de Matt car il a eu la gentillesse de me le prêter -chose très rare car il m'avait défendue de la porter, mais j'ai aussi envie de mettre la robe qu'Evan m'a offerte. Au pire, je porterais le manteau de Matt une autre fois.

Je ne manque pas de remarquer le regard d'Evan sur ma poitrine grâce au rétroviseur lorsque je retire mon haut.

_La vue est belle ?, je le provoque.

_Elle pourrait être mieux, me charrie-t'il.

Je souris en ajustant la robe correctement puis en retirant mon pantalon. Je mets mes autres chaussures puis ouvre la porte pour descendre de la voiture. Evan fait de même. Ses yeux baladent sans indiscrétion sur mon corps.

_Tu es parfaite. Je savais que cette robe t'irait à merveille.

_Merci.

Mes joues se chauffent alors je tourne la tête -gênée. Précautionneusement, il retire sa veste pour la mettre sur mes épaules. Je le remercie avec un sourire gênée. Sa main vient saisir la mienne doucement puis il enlace nos doigts avant de se diriger vers l'entrée du grand bâtiment. Il m'explique qu'on va déjeuner à une restauration semblable au Subway où Hugo nous rejoindra. À l'intérieur, Evan me fait une scène parce que je refuse qu'il paie pour moi et ça ne lui plaît pas. Et évidemment, je suis obligée de céder. On s'installe dans un coin où il y a des fauteuils. Evan se place en face de moi et sourit comme un débile parce que la vendeuse lui a offert un deuxième cookie. Cette pauvre fille voulait juste l'impressionner mais Evan avait plus d'yeux pour le cookie que pour elle. C'est même moi qui aie dû la remercier... J'ai eu pitié. Elle pensait le draguer mais le problème c'est que l'appel du cookie était plus fort que tout. Chose qui m'a bien faite rire.

D'habitude, j'aurais fait une crise de jalousie à Matthew, même à Evan si nous étions quatre ans plus tôt. Mais... à présent, avec lui, je ne sais pas, c'est différent. À aucun moment je n'ai eu peur qu'il la drague ou qu'elle lui plaise. Je crois que c'est parce que je ne doute plus de lui. Il m'a bien fait comprendre qu'il n'y avait plus que moi et qu'il ne s'intéressait à personne d'autre. Même si je sais que Matt m'est fidèle, j'ai toujours cette peur qu'il se rende compte que je suis loin d'être parfaite et qu'il s'en aille avec une autre. L'une des infirmières par exemple. Or, je sais qu'Evan ne partira pas. Il a cherché à passer à autre chose et il n'y a pas réussi car je suis celle dont il a besoin.

Je suis actuellement en train d'expliquer à Evan à quel point c'est difficile d'apprendre à un enfant de lire. Je casse mon cookie en morceaux de temps à autre et amène ceux-là à mes lèvres. Evan se contente de me fixer en affichant ce petit sourire satisfait sur son visage pensif. C'est très déstabilisant.

_Quoi ?, je demande amusée.

_J'avais oublié à quel point tu étais si belle. Autant de l'extérieur que de l'intérieur.

Je m'empourpre violemment. Je reçois trop de compliments en une journée. Il a quelque chose à me demander ou quoi...?

_Tu es trop gentil, Evan, c'est perturbant.

_Tu n'aimes pas ?

_Ce n'est pas ça. Tu es juste... Plus gentil qu'avant.

_Et c'est mal ?

_Non mais ça change du Evan qui passait son temps à me crier dessus et à faire des crises pour pas grand chose. Tu prenais moins de temps pour moi, je trouve.

_Et tu ne t'es pas dis que c'était peut-être pour cette raison que je faisais tout pour me rattraper ?

_Non. Je ne veux pas que tu changes, Evan. Je t'aime comme tu es. Quoi que tu fasses. Tu es vraiment trop doux, je ne dis pas que c'est mal mais je ne veux pas que tu te forces pour moi.

_Tu m'aimes, répète-t'il d'un air rêvasseur.

_Oui.

Il esquisse un petit sourire.

_Je crois qu'il va falloir que tu me le dises une bonne vingtaine de fois avant que je ne le réalise vraiment. Et si ça te dérange tant que ça, il y a une situation où je peux être tout sauf doux, si ça te tente.

Face au rictus coquin collé sur son visage et la manière dont il me regarde, je vois très bien à quoi il fait référence. Des petits papillons se déchaînent dans mon bas-ventre et sa proposition réveille tout de suite ma libido.

_Pourquoi pas, je souris.

Nous nous fixons intensément durant quelques secondes -qui semblent durer des heures. Son regard m'hypnotise d'une façon surnaturelle. Et toutes les pensées que je vois à travers celui-ci font monter la température d'un cran entre nous. Je me surprends même à avoir hâte d'être ce soir. Ma peau s'hérisse alors que mon bas-ventre a l'air de faire des looping. Pour l'exciter autant qu'il me rend dingue, j'apporte un morceau de cookie à mes lèvres puis passe mon doigt sur celles-ci lentement. J'ai peur qu'il me prenne pour une allumeuse, même si en soit je suis réellement et totalement consciente de jouer avec le feu, mais sa réaction est délectable. Ses pupilles se dilatent alors qu'il humecte ses lèvres. Son visage traduit de l'amusement mais aussi de l'excitation. Je meurs... Malheureusement, ce moment brûlant et prometteur disparaît quand Hugo vient s'asseoir à côté d'Evan.

_Hey, mec. Salut, Aria. Pas trop stressé ?

Evan tourne la tête à contrecœur vers son "client". Je pense qu'ils sont plutôt des amis et non pas des agents dans un monde dédié à l'argent et aux professions. Celui où chacun est classé dans une catégorie bien spécifique de personne; les cadres, les inactifs, les retraités, les ouvriers... Il est clair qu'Evan et Hugo sont des amis et qu'ils ne se prennent pas la tête avec leur métier. Je crois qu'il n'y a rien de mieux que de travailler avec des personnes qu'on apprécie.

_C'est à toi que je devrais demander ça, constate Evan. Tu concours dans moins de 3 heures.

_Moi ça va tranquille, sourit-il. Je suis confiant. Bref, assez parlé de moi, ça va Aria ?

_Euh... Oui ?

Il pouffe en tournant la tête vers Evan.

_Je ne me rappelais pas qu'elle était aussi timide.

_Je ne suis pas timide.

_Elle l'est, me contredit Evan. Au début.

_Pourquoi est-ce qu'on parle de moi au juste ?

_Tu es l'amoureuse d'Evan Smith. L'unique ! J'ai tout essayé pour qu'il se trouve une copine et toi, tu débarques comme ça et tu me prouves qu'Evan Smith est capable d'aimer. J'y croyais plus. Depuis qu'il t'a vue, il ne fait que me parler de toi. C'est limite si tu es sa raison de vivre. C'est dingue. À croire que tu l'as ensorcelé. Franchement, Aria... Tu es un mythe. Une légende. Je te vénère.

Je ne sais pas comment réagir... Il y a deux solutions; soit je fais la fille choquée et touchée par cette déclaration, soit je ris aux éclats. C'est plus fort que moi, j'étouffe un rire avant de pouffer sans cesse. Moi ? Une légende ? Ahah oui, une légende du genre le monstre du Lockness ! Ou le croque-mitaine. Il ne faut pas abuser, peut-être qu'Evan m'aime mais ça ne me rend pas si spécial.

_Ta mère t'as pas appris à te taire, toi ?, marmonne Evan qui se renfrogne dans son siège.

_Non mais laisse-le. Je suis une légende apparemment, je m'esclaffe. Laisse-moi profiter de ce moment.

_Vas-y on se barre, grogne Evan en se levant.

_Mais... J'ai pas fini de manger !, rétorque Hugo.

_Je m'en branle.

Evan s'éloigne vers la sortie d'un pas rapide. D'accord...

_Hola... Je crois que je l'ai énervé, remarque Hugo.

_Je crois aussi.

_Va le rejoindre avant qu'il ne tire la tronche toute l'aprem.

_Ouais ok. À toute. Et bon appétit.

_Merci à toute.

Je me dépêche de me lever. Au moment où je passe à côté de l'ami d'Evan, il m'interpelle. Je me retourne vers lui -confuse.

_Tout ce que j'ai dit, même si ça l'a vexé, je le pensais vraiment. Tu le changes, c'est incroyable, j'espère que vous garderez contact car tu le rends meilleur. Il est tellement plus joyeux maintenant que vous vous reparlez, je n'avais jamais connu cette facette de sa personnalité et il est clair qu'il est beaucoup mieux comme ça.

Je suis surprise de la façon dont laquelle il change si facilement de comportements. Je le pensais fou mais en fait, c'est quelqu'un de vraiment bien et je suis soulagée qu'Evan ait cette personne dans sa vie qui se soucie autant de lui. Ses paroles me pansent le cœur. J'ai rendu Evan heureux alors qu'il ne l'était plus...

Pour seule réponse, je hoche la tête avant de m'engager sur le parking, déterminée plus-que-jamais à retrouver celui que j'aime. Enfin, l'un des deux hommes de ma vie.

_Evan ! Arrête-toi, s'il-te-plaît.

_Va te faire foutre !

Je me suis trompée, il n'est pas parti sur le parking, il s'est dirigé dans le bâtiment vers la salle d'observation, là où il va surveiller la course d'Hugo.

J'attrape son bras fermement pour qu'il me fasse face mais il se dégage brusquement.

_Lâche-moi, putain.

_Quand je disais que je te trouvais trop doux, je n'entendais pas par là que tu doives faire tout le contraire !

_Tu n'aurais jamais dû venir. J'aurai dû te laisser chez toi, avec ou sans ton mec je m'en cale putain.

Dans un élan de courage, je passe devant lui et pose mes mains sur son torse. Il se fige. Son regard haineux croise le mien. Je l'ai blessé, mais je ne sais pas comment. En tout cas, il est clair qu'il m'en veut. Au lieu de créer un nouveau conflit, j'opte pour la sagesse et les explications. Je veux qu'on discute calmement pour qu'il me dise ce qui ne va pas.

_Qu'est-ce qu'il a, bébé ? Parle-moi.

Il se recule vivement, comme si je l'avais giflé. Je commence vraiment à perdre pied avec lui. J'ai du mal à le suivre.

_Ne m'appelle pas comme ça. Je ne suis PAS bébé. Je ne suis rien ! Qu'est-ce que tu fais Aria putain ? Tu crois que c'est un jeu, toi et moi ? Comment est-ce que tu peux rire quand quelqu'un me descend plus bas que terre ?! Tu trouves ça drôle, peut-être ? Pas moi. Je ne rigole pas avec mes sentiments pour toi. Et pourtant dès la première occasion, tu ne perds pas une seconde pour te foutre de moi. Tu te fous de ma faiblesse ! Parce que ouais, Aria, tu me rends faible ! Je suis vulnérable quand ça te concerne ! Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, je dépends de toi. Et tu ne le comprends pas. Ça va me coûter mes couilles de te dire ça mais, Aria, tu m'as blessé. Comme si la simple idée que tu me permettes de devenir quelqu'un de bien soit inimaginable. Alors que c'est vrai. Je ne veux pas te forcer à m'aimer mais moi, c'est déjà trop tard, je t'ai déjà dit des centaines de fois l'effet que tu me fais. À quel point je t'aime. Je te l'ai déjà dit tellement de fois que ces mots n'ont plus de sens. En fait... Je viens d'en prendre un coup sur ma fierté. Je te souhaite qu'on te rit au nez le jour où quelqu'un parle des sentiments que tu éprouves à l'égare de la personne que tu aimes. Avant, ça ne m'aurait rien fait qu'on se moque de moi, j'aurais nié quand Hugo se serait moqué de nous, mais là je ne peux pas parce qu'en réalité, il dit la vérité. Et ça t'a fait éclater de rire. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Non, en fait, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Je suis sans mot face à ses explications. J'aurais préféré qu'il me crie dessus plutôt qu'il me dise ça. Corey avait raison... Je suis réellement en train de le faire souffrir. Je ne devrais pas. Mais c'est au-delà de tout, je suis contrainte de le voir. Je ne me vois plus loin de lui. J'aimerais que tout soit si simple, que je quitte Matthew et qu'on reprenne là où nous nous étions arrêtés sauf que c'est impossible car j'aime aussi Matthew et que je ne vois pas non plus ma vie sans lui. Je les aime tous les deux. Et je crois qu'en fait, c'est moi qui souffre le plus dans tout ça.

Mes yeux se brouillent de larmes et la gorge se serre alors qu'il évite mon regard.

_Evan... Je...

_Nan, laisse. Tu sais quoi, je n'aurais jamais dû te dire ça. Tu vas encore rire que je sois si faible, c'est bon, j'ai compris. Il est clair que tu ne penses pas comme moi.

_Je suis désolée... C'est juste que...

_Tais-toi. Faut que j'y aille.

Il me tourne le dos pour s'en aller mais je m'empresse de lui dire la vérité :

_Je ne suis pas une légende !, je m'écrie et il se fige. J'ai ri car ce qu'il a dit était irrationnel. Tu crois qu'une légende ou même ne serait-ce que le fait d'être une fille bien est ce qui me décrit moi ? Alors que je te fais souffrir et galérer même si on ne sait pas où cela nous mène ? Je ne suis pas une fille bien, Evan. Si c'était le cas, je t'aurais gardé loin de moi pour te protéger de tout ça. Mais je suis égoïste ! Je t'aime trop pour te demander de partir...

Il me fait face lentement. Son regard calme et posé croise le mien brouillé de larmes.

_Je ne veux pas partir.

_Tu devrais.

Evan place délicatement ses mains sur mon visage et me force à lever la tête vers lui. J'obtempère alors qu'il ressuie mes larmes.

_Tu es une fille bien. Et je t'aime parce que tu veux faire le bien autour de toi. Même si ce n'est pas forcément le cas, je ne demande rien de plus que d'être à tes côtés. Je veux faire partie de ta vie, je te le répète. Ok, tu n'es peut-être pas une légende, mais tu es... hum... putain... C'est quoi qu'il dit déjà ce mec dans ta série Supergirl là...

_Ta kryptonite, je ris en reniflant d'une manière pas sexy du tout.

_Ma kryptonite. Tu es ma kryptonite. Tu es ma faiblesse mais je t'aime trop pour partir, okay ?Et je me fiche d'avoir l'air d'un mec sorti tout droit d'un compte de fée avec ses phrases parfaites parce qu'on sait tous les deux que c'est faux. Je viens carrément d'une autre planète, pouffe-t'il. Mais s'il-te-plaît, ne te moque plus jamais de moi comme tu l'as fait, promis ?

_Promis, je jure en hochant vivement la tête. Je t'aime.

Ses lèvres s'étirent en un large sourire satisfait. Je soupire de soulagement quand il m'embrasse fiévreusement. J'ai tellement eu peur qu'il me laisse. Je ne l'aurais jamais supporté. Il est devenu trop important. Même s'il ne prend pas entièrement place dans ma vie, s'il m'annonçait qu'on ne se reverrait plus, je le vivrais comme un deuil. Il n'est peut-être pas parfait ni l'homme idéal, il n'est peut-être pas mon mari, mais il est ma personne. Celle qui me soutiendra toujours et sera là pour moi quoi qu'il arrive. Et je préfère croire que je suis la sienne aussi plutôt que de m'avouer à moi-même qu'un jour, je finirai par le quitter.

_Je t'aime aussi. Plus-que-tout.

*************

Hey ! Ce chapitre est trop long... À la base, je devais le couper quand Aria rattrape Evan dehors mais la deuxième partie aurait été trop courte... Donc j'en ai fait un grand en espérant que ça vous va :)

Que pensez-vous de ce chapitre ? Du weekend qui va s'ensuivre ?

Je publie dimanche, en attendant je vous embrasse fort ! Gros bisous!

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