Chapitre 20.

Depuis que nous avons couché ensemble, Matt et moi avons retrouvé notre éternelle routine. J'ai l'impression que tout est redevenu comme avant. Mon blocage vis-à-vis d'Evan est vite disparu. Matthew est mon mari, pas Evan. J'ai le droit de mener ma vie avec l'homme de ma vie. Je ne sais même pas pourquoi j'étais si contrariée par rapport à cela. Maintenant, tout va bien pour nous. Avant-hier, on a même failli adopter un chat ! C'était celui d'un de ses collègues qui le donnait car il n'était jamais chez lui pour s'en occuper. On y a réfléchi une journée puis on s'est raisonné. C'est vrai que nous aussi nous nous sommes pas souvent présents. Du moins, Matthew surtout. Et le chat avait un terrain chez son maître alors qu'ici il n'y en a pas excepté le balcon mais ce n'est certainement pas un endroit où je laisserai aller mon chat. Donc nous avons refusé sa proposition, nous préférons attendre d'avoir une vraie maison avec un terrain. Matthew m'a même avouée qu'il aimerait avoir des chèvres. Je n'ai pas vraiment compris son délire mais soit-disant "c'est trop mignon quand c'est bébé !". Donc il y a de très fortes chances pour qu'on ait des chèvres plus tard. Super...

Aujourd'hui, j'ai du temps libre alors j'avais pour but de regarder des séries sauf qu'il me manquait des cookies Granola pour accompagner mon bol de lait. Donc j'ai pris l'initiative d'aller au supermarché pour me chercher ceux-là. Une fois là-bas, je m'engage dans le rayon des biscuits et passe en revue toutes les différentes boîtes. Lorsque je repère enfin mes cookies Granola, je soupire face à l'étagère où ils se situent, évidemment, il faut que ce soit la plus haute. D'ailleurs, ce n'est pas stratégique du tout pour le magasin puisqu'il devrait mettre les biscuits de marques en bas et les moins chers en haut pour inciter les acheteurs à payer plus cher. M'enfin, je ne suis pas venue ici pour déblatérer sur le fait que ce magasin n'est pas stratégique du tout. 

Je ne suis pas sûre de pouvoir attraper l'objet de mes désires. Mais il est hors de question que je sorte d'ici sans eux. J'en veux et j'en aurai. Hésitante, je me dresse sur la pointe des pieds et tends le bras au maximum. Je grogne en comprenant que j'avais bien raison; je suis trop petite. Comme toujours. J'essaie une dernière fois de les avoir mais une main surgit dans mon champs de vision pour le faire à ma place. Je me tourne vers cette personne et la remercie. C'est un homme d'environ mon âge. Il porte une veste en cuir ainsi qu'un Jean noir. Des cheveux noirs semblables à la coupe de Patrick Dempsey dans Grey's Anatomy lui allant parfaitement bien. Enfin... S'il est un voyou. Ceci dit, il est plutôt mignon mais trop sûr de lui à priori vu le sourire aguicheur qu'il me lance.

_C'est quoi ton petit nom, mademoiselle ?

Ah ouais. Ok. Je vois le genre. Finalement, je n'ai rien dit. C'est un gros bouffon.

Je fais mine de me tourner pour chercher ne serait-ce que l'ombre d'une demoiselle dans ce rayon. Puis j'apporte ma main sur ma poitrine en faisant une mine choquée alors que dans le fond, je le méprise totalement.

_C'est à moi que tu parles ?

_Ouep. Tu vois d'autres demoiselles dans le coin ?, ironise t'il.

Je lui souris niaisement en levant ma main gauche au niveau de mon visage et en remuant les doigts.

_Madame tu veux dire ?

Son visage change d'expression. Il a l'air... Choqué puis amusé. Personnellement, il commence sérieusement à me les briser.

_Ouais... On ne me l'a fait pas à moi, chérie.

_Pardon ?

_Ta bague, explique-t'il en la désignant du doigt. C'est une connerie. Pour faire genre que t'es mariée, donc déjà prise.

Il est con ou quoi ? C'est quoi de sa fausse déduction ?

_Euh... Nan. Je suis vraiment mariée.

_Vraiment ?, demande-t'il en haussant les sourcils et en s'adossant à une poutre. Mais tu as quel âge ? 24 ans ?

_22 ans. Et...?

_Tu es encore jeune pour te marier si vite.

_Je fais ce que je veux, non ?

_Y'a un problème, chérie ?

Je tourne la tête vers cette fameuse voix. Mon pouls s'accélère quand je reconnais Evan qui glisse son bras derrière mon dos puis m'attire contre lui.

_Que... Qu''est ce que tu fais là ?, je bafouille en essayant de me dégager de son étreinte mais il résiste -évidemment.

_À ton avis ? Je surveille ma femme.

Il nous a entendu ? Merde...

_Voilà le fameux copain je suppose...

_C'est qui lui ?, vocifère mon soi-disant mari.

_Personne.

_Son futur mec.

Evan serre sa poigne sur ma taille. Je me crispe aussi.

_Ah ouais ?

_Ouais. Pourquoi t'as pas de bague, toi ? T'es juste son mec, pas vrai ?

_C'est qu'il est curieux le gamin..., le provoque Evan.

_Oui c'est mon mec, je m'empresse de répondre avant que ça ne dégénère.

Le pseudo-voyou affiche un rictus méprisant en toisant Evan du regard. Il ne sait visiblement pas à qui il a affaire lui.

_Parfait. Profite bien. Parce que je vais bientôt sortir avec elle et elle te larguera pour moi.

Vivement, Evan me lâche pour lui foncer dessus mais -par habitude, je suis plus réactive que lui et pose mes mains sur son torse. Je lève les yeux vers lui, il a la mâchoire tendue et des poings sont serrés le long de son corps. De nombreux souvenirs similaires à ce moment refont surface dans ma mémoire. Je hais ça.

_Evan... S'il-te-plait...

Le mec choisit de se taire et d'admirer le spectacle qui se joue devant lui. Mon faux petit-ami le fusille du regard. J'avais oublié qu'il était aussi susceptible. Il s'énerve pour rien. Je sens son cœur battre rapidement sous ma paume, signe qu'il prend sur lui et qu'il va sûrement craquer dans les prochaines secondes à venir. Je sais que je suis censée lui en vouloir pour avoir brisé sa promesse, ne pas lui adresser la parole et encore moins l'empêcher de se battre contre ce con... Mais j'ai l'impression d'être comme dépassée par tout ça. Il reste Evan, celui que j'ai aimé, pour qui j'étais prête à tout. Et c'est au-delà de ma raison. J'agis avec le cœur car il est le seul capable de comprendre comment fonctionne cet homme qui a tant souffert.

_Hé..., je murmure en prenant ses poings dans mes mains. Calme-toi.

J'amène ceux-ci à mes lèvres et les embrasse doucement. Il semble lutter contre lui-même. Comme s'il hésitait vraiment à dégommer ce voyou. Il ne faut vraiment pas qu'il fasse ça. Tous ses muscles sont tendus, c'est vraiment impressionnant.

_Arrête de résister. Respire.

Son souffle s'écrase sur mon visage lorsqu'il soupire longuement. Sans prononcer un mot, il dégage ses poings de mon emprise et me tourne le dos avant de s'éloigner vers là où il est arrivé tout à l'heure. Je grogne en constatant qu'il est sérieusement en train de fuir. Je ne prends pas la peine de récupérer mon paquet de cookies et me mets à sa poursuite.

_Alors ma belle, on se voit quand ?

Ah ouais, il est encore là lui.

_Roh, ta gueule, je lance par-dessus mon épaule.

J'accélère l'allure puis réussis à rattraper Evan sur le parking. C'est qu'il marche vite, ce con. J'attrape fermement son bras, il se dégage violemment.

_Lâche-moi. 

_Pourquoi ? 

_Je suis énervé.

_Contre qui ?

Je connais très bien la réponse à cette question.

_Ce mec.

_Vraiment ?

Il soupire en se passant la main dans ses cheveux. Le bout de sa langue humecte ses lèvres d'une façon très sexy, c'est dommage qu'il ne s'en rende pas compte.

_Toi. Nous. Moi.

J'acquiesce faiblement. Je savais qu'on allait évoquer ce sujet si on devait se revoir un jour. Et il a fallu que cela arrive aujourd'hui, sur le parking d'un supermarché après qu'il se soit fait passer pour mon mari puis mon petit-ami.

_Pourquoi ?

Mon ton détaché me surprend moi-même. Comme si je n'avais pas peur de sa réponse, de ce qu'il s'apprête à me dire. Nous n'avons pas encore eu le temps de s'exprimer là-dessus. Et je crains que justement, à cause de cette discussion que j'aurais aimé ne jamais connaître, tout change dans ma vie. À commencer par ma relation avec lui.

_Parce que tu es mariée alors que je t'aime plus-que-tout, Aria. Je veux passer le reste de ma vie avec toi mais tu es avec un autre. Tu as construis un avenir avec un autre que moi. Et je ne peux pas t'en blâmer parce que c'est moi qui t'y ai poussée -en quelque sorte. J'aurai voulu ne pas te quitter si je savais su ce qui allait se passer aujourd'hui. Je regrette vraiment. En allant à ton appartement, je ne m'attendais pas à te revoir ensuite. Je voulais juste passer du temps avec toi une dernière fois. Puis j'ai réalisé que la simple pensée de te laisser me rendait malade. Tu n'as pas ressenti ça ? Parce que moi oui. En plus, tu continues de voir Roy. Ça me rend dingue. Et là, je te retrouve en train de te faire draguer par un inconnu. Je perds carrément la tête quand il s'agit de toi. Pourquoi est-ce que je ne peux pas être insensible à toi ? Tout chez toi m'énerve. Je veux dire... Chez ton nouveau toi. Le fait que tu sois mariée à Matthew, que tu vives avec lui, que tu te fasses draguer par un autre homme, mais surtout que je n'arrive pas à rester loin de toi. Alors oui, je suis en colère. Mais pas totalement contre toi, mais aussi contre moi. Et contre cette foutue destinée qui fait qu'on se retrouve ici. Moi te déballant tout ce que j'ai sur le cœur, et toi m'écoutant attentivement jusqu'à ce que tu finisses par t'enfuir.

Lorsqu'il se tait, il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il a terminé et qu'il ne s'exprimera plus. C'est à moi de parler. Les sensations que j'ai ressenti lors de ses aveux sont indescriptibles... En tout cas, ce qui est sûr, c'est que j'ai adoré. Je me suis détectée de chaque mot. Même s'il m'a clairement dit qu'il était jaloux et qu'il m'en voulait pour des tonnes de raisons. Ses mots ont réussi à panser quelques blessures encore ouvertes. Je sais son avis sur tout ça maintenant. Je ne sais pas quoi lui répondre. Enfin... si, je sais. Mais je sais aussi que ce n'est pas ce que je devrais dire. Par respect envers Matthew. Cependant, ces mots sortent de mes lèvres avant que je n'ai le temps de songer à un mensonge assez sérieux et qui arriverait à l'éloigner de moi une bonne fois pour toute.

_Pourquoi penses-tu que je vais m'enfuir ?

_Parce que c'est ce que tu fais toujours..., murmure-t'il faiblement mais d'une manière convaincue.

_C'est faux, Evan. Tu fuis, et je te suis. Excepté il y a quatre ans. Car c'était terminé entre nous, tu me l'avais bien fait comprendre.

_Je sais...

Il baisse la tête pour fixer ses chaussures. Enfin, je pense qu'il le fait surtout pour éviter mon regard.

_Je suis aussi énervée contre toi, Evan. Tu n'aurais jamais dû venir chez moi et faire une promesse que tu ne tiens évidemment pas.

_Alors tu regrettes ce qu'il s'est passé.

Il garde les yeux rivés au sol et cette réaction m'irrite. S'il veut qu'on s'explique, ce sera son regard contre le mien.

_Evan, regarde-moi quand tu me parles.

Il obtempère lentement. Son regard est perdu et triste. J'ai l'impression de gronder un enfant de 4 ans. C'est assez déstabilisant. Je fais un pas vers lui, nous ne sommes plus qu'à un mètre l'un de l'autre. Je reprends :

_Je n'ai pas dit que je regrettais. J'ai dit que tu n'aurais pas dû.

_Pourquoi ?

_Parce que c'est mal.

C'est à lui de briser la distance qui nous séparait pour se poster juste devant moi. Je suis obligée de lever la tête pour ancrer mon regard au sien.

_Pour qui ?, me questionne-t'il.

_Pour nous.

_À qui crois-tu mentir en disant cela ?

_À personne.

_Donc tu es en train de dire que quand je fais ça...

Ses doigts viennent frôler ma joue puis ma mâchoire très lentement. Des frissons me parcourent l'échine. J'incline faiblement la tête pour sentir encore ce contact délicieux.

_C'est mal ? Ou ça...

Sa main vient se loger dans ma nuque tandis qu'il approche son visage du mien. Je peux sentir son souffle contre ma peau. Je ferme les yeux. Son parfum chatouille mes narines. Avec délicatesse et douceur, il dépose ses lèvres sur les miennes. Je ne réagis pas et le laisse faire. C'est tellement... Bon. Et agréable.

_C'était mal, ça ?, susurre-t'il contre ma bouche.

Je me mords nerveusement la lèvre face à son regard attendrissant. Je fondrais presque contre lui.

_Non.

_Tu vois.

_Ce n'est pas mal pour nous... Ça l'est pour Matthew.

_Donc, tu fais passer le bien de ton mari avant le tien ?

_S'il est heureux, je le suis aussi, mentis-je.

_Tu en es sûre ?

_Oui.

Il repose tendrement ses lèvres sur les miennes. Son main libre se loge sur ma taille. Sa langue caresse ma lèvre inférieure avec une douceur incroyable. C'est impossible de décrire toutes les émotions que je ressens. À chacun de ses baisers, mon esprit se brouille entre le bien-être physique et psychique. Mon corps en demande plus et je crois que... mon cœur aussi. Il est évident que les baisers que j'échange avec Matt sont différents, parce que notre relation n'est pas destructrice. Elle est passionnelle. Je suis pleine d'amour pour lui. Parce qu'il est mon mari et qu'il est parfait avec moi. Je pose mes mains sur ses épaules pour rompre le baiser et le faire reculer un tant soit peu. Je ne peux pas me laisser submerger par tous ces sentiments. Du moins, tous ceux qui m'incitent à continuer ce qu'il est en train de créer.

_Ne me dis pas que tu ne ressens rien, Aria. Je peux sentir quand ton corps se détend dans mes bras. Je sais comment tu réagis avec moi, l'effet que je te fais. Je te connais par cœur. Et puis, il esquisse un sourire, il ne faut pas oublier je suis un séducteur, tu te rappelles ?

Encore une fois, je constate que sa bipolarité est toujours d'actualité. Que serait Evan Smith sans son côté "bipolaire" qui lui permet de passer d'un sujet à un autre sans gêne tout en changeant aussi le ton de sa voix ? Ce ne serait pas lui. Bien sûr que je me rappelle. Il m'avait dit cela quand nous étions dans sa voiture lorsque j'étais encore avec Roy. Il voulait qu'on soit quelque chose l'un et l'autre puis il a voulu être mon ami. Je m'en souviens très bien. À l'époque, j'étais encore un objectif pour lui. Celui de blesser Roy autant qu'il l'a fait lui en couchant avec sa petite-amie -de l'époque.

_Je ne veux pas lui faire de mal, j'avoue. Pas après tout ce qu'il a fait pour moi.

_Tu serais prête à me repousser contre ton grès pour lui ? C'est bien ce que tu es en train de me dire ?

_Oui, je le ferais, je réponds totalement sincère.

Sa mâchoire se crispe et ses yeux se plissent légèrement.

_Contre ton grès.

_Oui, contre mon grès. Mais je le ferais.

_C'est complètement ridicule, commente-t'il d'un ton dur.

_Non. Je ne peux pas quitter mon mari parce que tu débarques dans ma vie et que tu réclames de me récupérer. Nous sommes différent toi et moi aujourd'hui. En dépit de tout ce qu'il s'est passé entre nous. Matt reste mon mari, mon tout. Je l'aime aussi, Evan. Je ne serai jamais capable de tout arrêter avec lui. Notre histoire est du passé. Tu n'as aucune idée de ce qu'on a vécu lui et moi. C'est impossible de tirer un trait sur tout ça. Juste pour coucher avec toi.

_Tu l'aimes...aussi ?

Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

_Q-Quoi ?, je bafouille.

Mon visage blêmit... Ainsi que le sien. Je n'ai pas vraiment dit ça. Si...?

_Tu as dit que tu l'aimais aussi.

_Non, je mens. Je n'ai pas dit ça.

_Tu l'as dit. Et tu n'assumes pas, vocifère-t'il.

_Mais il n'y a rien à assumer, putain ! Je ne le pensais pas, Evan ! Je ne t'aime pas !

_Mais tu crois mentir à qui comme ça ?! Tu vas nier jusqu'à quand ? Après qu'on est passé la nuit ensemble, je peux t'assurer que j'étais toujours amoureux de toi. Et j'ai compris qu'une part de toi m'aimait encore. Tu peux affirmer que c'est faux, je continuerais de le dire; je croirais pour nous deux.

_J'aime Matt.

_Cela ne t'empêche pas de m'aimer aussi.

Complètement.

_Si.

_Pourquoi est-ce que tu nies l'évidence ?

_Parce que s'il n'est plus le seul que j'aime, que je tiens à toi aussi, ça changera tout pour moi.

_C'est faux, Aria. Ça n'a rien changé. Tu sais au fond de toi que tu m'aimes. Tu ne veux pas te l'avouer c'est tout.

Je ne sais pas comment réagir face à cette discussion. J'aimerais m'enfuir mais ce n'est pas loyal, j'aimerais lui dire des choses que je ne pense pas pour qu'il quitte ma vie, mais au final, nous savons tous les deux que j'en serais incapable. Je veux être avec lui et ça m'effraie. Il a fallu qu'il réapparaisse dans ma vie pour que je sois de nouveau dépendante de lui. Pourtant, je suis consciente que depuis qu'on a couché ensemble, quelque chose d'inexplicable me fait me sentir mieux. Comme si j'avais retrouvé une partie de moi-même. Rien que le fait d'y penser me rend pathétique. Il y a moins d'un mois, je pensais avoir trouvé celui avec qui j'allais finir ma vie, et à présent, je n'ai pas changé d'avis mais construire un avenir avec Matthew ressemble à une banalité. Une routine dont Evan ne fait pas partie.

Je ferme les yeux quand sa main se pose au commencement de mon cou, juste sous ma mâchoire. Je lève légèrement la tête vers lui.

_Supposons que tu as raison, je conçois. Alors quoi ? On continue de se voir et je mens à mon mari parce que je ressens une once de sentiments pour toi ?

Il esquisse un demi-sourire.

_Tu ne vas pas assumer ce que tu ressens vraiment, c'est ça ?

Son pouce caresse doucement ma joue et c'est très déstabilisant malgré les papillons qui grésillent dans mon bas-ventre.

_Non.

_J'en étais sûr.

_Tu n'as pas répondu à ma question.

_Je n'y réponds pas tout simplement car je ne sais pas quoi te dire. Je sais à quel point tu es mal pour Matthew mais, pour une fois, pense un peu à toi. Si je le pouvais, je ne te lâcherais plus jamais. Je te garderais si près de moi que ton cœur finirait par se mouver au mien. Je rattraperais le temps perdu et je me rachèterais pour toutes les fautes que j'ai commises, du moins j'essaierais.

_Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça maintenant ?

_Je veux que tu saches que je suis sérieux à présent. Je ne te ferais plus de mal intentionnellement.

_Tu sais qu'on ne s'engage à rien, là ?

_On s'engage à continuer de se voir et surtout, tu t'engages à ne jamais regretter.

_Je ne regretterai jamais. Je m'en veux juste de ne pas pouvoir te résister.

_Ouais..., murmure-t'il. Moi aussi. Tu n'as pas idée à quel point.

Son regard se pose sur mes lèvres avec insistance. Mes yeux contemplent les siens puis déclinent vers sa bouche ultra-sexy. Nous avançons lentement nos visages l'un de l'autre, nous sommes comme des aimants attirés par une force magnétique inévitable. Même mon esprit est envoûté par lui. Si je le voulais, je ne pourrais pas me reculer, mais comme je n'en ai pas envie, je le laisse prendre possession de ma bouche dans un soupire de soulagement. Je crois que je ne me ferai jamais à sa nouvelle personnalité douce et adorable. Mais je n'oublie pas que son côté impulsif n'est jamais bien loin.

Ses mains se logent sur ma taille au moment où la sonnerie de son téléphone brise cet instant. Je m'écarte de lui alors qu'il soupire. Il m'adresse un rapide regard avant d'apporter le téléphone à son oreille.

_Ouais, Hugo, qu'est-ce qu'il y a ?

Il s'éloigne de quelques pas. Hugo... C'est son client, il me semble. Evan parle d'une voix assurée et hoche la tête malgré le fait qu'il ne peut pas le voir. Ses réponses sont vraiment peu structurées... du genre "Hum", "Ouais", "Laquelle ?", "On verra après" et enfin, "J'arrive". Lorsqu'il raccroche, je lui adresse un regard confus. Il range son cellulaire dans la poche de son jean puis vient vers moi.

_Je dois voir Hugo. Comme es-tu venue ?

_À pied, j'avais envie de marcher.

_Tu veux que je te ramène ?

_Comme tu veux... Je ne voudrais pas te déranger.

Il soupire longuement avant de glisser son bras dans mon dos et de m'emmener jusqu'à une belle Jeep Wrangler blanche. J'adore les Jeep. Il m'ouvre la porte passagère et me laisse monter à l'intérieur. Je lui souris et le remercie timidement. C'est confirmé, je ne me ferais jamais à son côté gentleman. Lorsqu'il s'installe lui aussi à l'intérieur, il se tourne légèrement et tend sa main vers moi.

_Passe-moi ton portable.

_Pourquoi ?

_Passe-le moi, s'impatiente-t'il même si je perçois une pointe d'amusement dans sa voix.

J'obtempère prudemment. Il le saisit et ouvre l'application de mes messages. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre qu'il est en train de débloquer son numéro. Il crée un contact puisque je ne l'avais pas fait et se nomme "Patrick". Je hausse les sourcils -confuse, qu'il se nomme comme le directeur de l'école où je travaille, malgré que mes lèvres forment un petit sourire que je ne peux réprimer.

_Comme ça, quand je t'appellerai, tu pourras dire que c'est ton patron, m'explique-t'il fier de son petit manège.

_Mon patron ? Vraiment ?

_Oui, affirme-t'il en allumant le moteur. Comme ça personne ne se posera de questions.

Par personne, il sous-entend mes proches, et plus particulièrement Matthew.

Je ne rétorque rien et il démarre en direction de mon immeuble. C'est seulement sur le trajet que je réalise qu'au final, je n'aurai pas eu mes cookies. Mais j'ai parlé avec Evan, alors ça en valait la peine. La radio détend l'atmosphère dans l'habitacle de la voiture. Quand il reçoit un message d'Hugo, il me demande de le lire pour lui.

_"La voiture est au garage, il faut que tu sois là dans une demie heure pour la réunion avec les autres agents pour la prochaine course." Il y a eu un problème avec sa voiture ?, je demande curieusement.

_Ouais, un truc par rapport au moteur, le mécanicien va régler ça. Répond-lui que je dépose une amie avant de venir, mais que je serai là à temps. S'il-te-plaît.

_Une amie, hein ?, je répète tout en tapotant l'écran de mes doigts pour rédiger le message.

_Ouais. Il sait qui tu es, je verrais si j'ai le temps de lui expliquer avant la réunion.

_Lui expliquer quoi ? Et je viens d'envoyer le message.

_Merci. Lui expliquer que je t'ai croisée au supermarché, c'est tout.

_Oh. Je vois.

_Pourquoi ? Tu voulais que je lui dise pour nous ?

Il tourne dans ma rue alors je me redresse sur le siège pour mieux apercevoir mon immeuble.

_Non, il n'y a rien à dire, je tranche. On est arrivé. C'est ici.

Je sais très bien qu'il connaît l'immeuble mais j'avais besoin de clore cette discussion. Il se gare sur le trottoir juste devant la porte du hall d'entrée. Je détache ma ceinture et pivote vers lui.

_Merci de m'avoir reconduite. Tu n'étais pas obligé.

_De rien. C'était avec plaisir. On se revoit bientôt, je t'appellerai.

Il s'avance pour m'embrasser mais je détourne la tête pour que sa bouche embrasse ma joue. Je peux sentir ses lèvres se pincer légèrement.

_J'ai envie de t'embrasser, Evan... Mais si quelqu'un nous voit...

Il se recule et tourne la tête vers sa vitre. Évidemment, il est vexé.

_Hum. Ouais. Bah vérifie qu'il n'y a personne alors, souffle-t'il.

J'hésite un instant avant de le faire. Je ne sais pas si c'était du sarcasme ou alors s'il était vraiment sérieux. Mais comme j'ai terriblement envie de l'embrasser, je jette un coup d'œil dehors puis me tourne vers lui après m'être assurée qu'il n'y avait aucun être vivant sur le trottoir. Excepté le petit chien à la fenêtre de l'appartement à côté de la voiture mais ce n'est pas lui qui risque d'aller raconter aux autres que j'ai embrassé un autre homme que mon mari.

_C'est bon, RAS.

Je peux le voir sourire grâce à son reflet dans la vitre. Il fait semblant de râler mais en fait, ça l'amuse bien ce petit jeu. Je pose ma main sur sa cuisse tout en me penchant en avant. Mes lèvres viennent se poser dans son cou puis à l'aide de ma main libre, je saisis son menton et le fais me regarder. Avec lenteur, je presse mes lèvres sur les siennes. C'est un baiser simple mais qui éveille des milliers de sensations en moi. Sans réfléchir, je saisis sa lèvre inférieure de mes dents puis caresse celle de ma langue. Ses pupilles sont fortement dilatées. Je peux lire son excitation à travers son regard. Mes propos sont confirmés quand je plaque la paume de ma main sur son entrejambe dure. Un son s'échappe d'entre ses lèvres. Puis, je me rappelle que je suis exactement en train de me comporter comme une allumeuse. Je ne veux pas que lui aussi pense ça de moi.

Je l'embrasse alors chastement une dernière fois avant de m'écarter et d'ouvrir la porte passagère.

_À bientôt, Aria. Je t'aime.

_Oui, à bientôt, Evan.

En sortant, le vent frais et l'air de la ville traversent mon corps. Sa voiture s'engage vers la voie rapide. Je le regarde s'éloigner peu à peu. Je me sens tellement différente une fois loin d'Evan. Comme si je n'étais plus la même personne. Je prends une grande inspiration avant de me diriger vers l'immeuble où je vis et où je risque de retrouver Matthew dans moins d'une heure.

*************

Hey ! Alors, que pensez-vous de ces "retrouvailles" ? Qu'attendez-vous de la suite ? ^^ Vous aimez toujours Evan ? Et Aria ?  :)

Normalement, je publie demain aussi :) 

En attendant, passez un bon dimanche, je vous embrasse fort ! Gros bisous ! Et bonnes fêtes à toutes les momans ! Surtout la mienne ! *-* <3

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