Chapitre 14.
_Alors...?, susurre-t'il contre ma peau en attendant que je prenne la parole.
_Qu'est-ce que tu veux savoir ?
_Comment va ta famille ? Olie a 11 ans c'est bien ça ? Et tes parents se sont bien mariés en été il y a quatre ans comme ils l'avaient prévu ?
_Tu... Tu te rappelles de tout ça ?
Il sourit dans mon cou avant de se reculer pour me regarder.
_Bien sûr.
Le fait qu'il n'ait rien oublié me surprend énormément. Non pas que j'ai oublié des choses à son propos mais je n'avais jamais imaginé qu'il se préoccupait tant de ma famille.
_Hum... Oui. Mes parents se sont mariés. Encore. Et tout va très bien pour eux. Quant à Olie, il est rentré au collège en 6e et il a commencé à jouer au foot.
Evan ricane ce qui lui vaut un haussement de sourcils de ma part.
_Tu te rappelles de la fois où il avait été dire à ta mère que tu faisais du foot avec un autre garçon que...
Sa mâchoire se contracte légèrement puis il se ressaisit en soupirant. Il faut croire qu'il haït Roy toujours autant. Il reprend :
_Cette fois où Olie avait raconté à ta mère que tu avais fait du foot avec moi. Au parc.
_Oui je me rappelle, je souris en repensant à cette allusion au foot alors que nous étions à deux doigts de franchir une limite tous les deux. C'était il y a tellement longtemps.
_Presque cinq ans.
_Oui.
_Alors... Oliver joue au foot. Vous habitez toujours dans la même ville ?
_Oui. Mes parents et Olie. Je les vois rarement depuis que j'ai emménagé ici.
_Ils te manquent. Tu devrais prendre du temps pour les voir.
_Je sais.
_Profite de tes parents pendant que tu le peux encore, Aya. Parce qu'une fois que tu les perds -d'une manière ou d'une autre, tu regrettes de ne pas avoir pu les voir plus souvent. De ne pas avoir pu être à la hauteur de leurs espérances.
Il baisse les yeux et se recule légèrement. Je peux ressentir la douleur de l'abandon de son père à travers ses paroles. Je suis tellement désolée pour lui. J'aurai voulu être présente quand il n'allait pas bien. Mais nous savons tous les deux que cela était impossible. Je glisse mes mains sur sa taille pour le serrer contre moi mais il se défile.
_Non, c'est bon. Ça va.
_Depuis quand est-ce que tu as décidé de me mentir ?, je lui demande doucement. Àmoi ?
_Depuis jamais. Je ne veux pas de ça. De tes câlins. Enfin, je les désire parce que je te veux près de moi mais pas maintenant. Laisse-moi deux minutes, s'il-te-plaît.
Il se redresse pour s'asseoir au bord du lit de sorte qu'il me tourne le dos. Même si nous n'avons plus la même affinité, je n'aime pas qu'il me repousse comme ça. Quoi qu'il arrive, il peut toujours me parler et il devrait s'en souvenir.
_Evan... Je suis là. Profite-s'en. Parle-moi. Tu sais que je ne vais pas te juger ou avoir pitié.
_Deux minutes, Aria !
Je frissonne face à son ton autoritaire. Cela me fait l'effet d'un électrochoc; l'ancien Evan n'est jamais bien loin. Mais j'aimais l'ancien Evan. Alors je ne dis rien, parce que c'est ce que j'ai toujours fait. Quand il constate que je me suis tue, il tourne la tête vers moi puis se rapproche.
_Je n'aurai pas dû t'en parler.
_Si, évidemment, tu as bien fait. Tu...
Il m'empêche de terminer ma phrase en m'embrassant sensuellement. Sa langue s'insinue entre mes lèvres pour rejoindre la mienne tandis que ses mains saisissent ma taille pour m'allonger sur le matelas. Il se place au-dessus de moi en se soutenant d'une main. L'autre caresse mes côtes ce qui me provoque des frissons.
_En tout cas, halète-t'il contre mes lèvres, ce que je retiens, c'est que tu es en petite culotte depuis tout à l'heure et que ça ne te gênait plus.
C'est vrai... J'avais totalement oublié ce détail. Non pas que ça me mette mal à l'aise, à présent, je me rends compte qu'il n'avait pas regardé ma poitrine ou le reste de mon corps depuis qu'il s'est confié à moi. Il avait peut-être raison, peut-être qu'il apprécie toujours mon corps.
_Je savais que tu ne serais pas timide très longtemps.
_Pourquoi ?
_Parce que tu as toujours été comme ça, m'explique-t'il calmement. Depuis notre première fois tu cachais ton corps. Avec le temps, ça t'est passé.
_Je ne me rappelle même plus la dernière fois où on a...
_Coucher ensemble ?
_Oui.
_C'était... Le jour où on a décidé que j'allais me soigner dans votre appartement à Amber et toi. Ce jour-là, je t'ai tout racontée par rapport à Gwen, à mes addictions... Après ça, tu m'as avoué avoir perdu notre bébé. Je n'oublierai jamais cette journée. Je t'ai assurée que ce n'était pas ta faute, puis en rigolant, je t'ai dit qu'on n'avait qu'à essayer d'en ravoir un dès maintenant. Je t'ai fait l'amour le reste de l'après-midi. C'était notre dernière fois.
Je me souviens très bien de cette journée. C'était la dernière avant que tout ne vire au cauchemar. Tout aurait pu être si différent. Si je n'avais pas laissé tomber si rapidement, on serait peut-être encore ensemble. Ou peut-être que j'aurais été enceinte de lui et que nous aurions traversé tout ça. Nous aurions une grande maison avec plein de petits garçons et de petites filles. Nous nous serions mariés et nous aurions vécu heureux avec notre grande famille et Stiles et Snoopy. Mais tout ça n'arrivera jamais parce que je suis déjà mariée avec un homme que j'aime énormément, nous avons un appartement et des projets à accomplir. Evan ne fera plus jamais partie de ma vie. Quelque part, j'aurai rêvé qu'il soit l'homme de ma vie mais cela n'arrivera jamais. Comment en sommes-nous arrivés là ? Il m'est impossible de retenir une larme unique de couler le long de ma joue. Evan le remarque et la recueille de son pouce avant de reposer son front contre le mien.
_Ne pleure pas, murmure-t'il.
_Je suis désolée..., je sanglote.
_Pour quoi, Aya ?
_De t'avoir laissé.
_Tu ne m'as pas laissée. Je t'ai quittée. C'est arrivé, il faut aller de l'avant.
_Comment est-ce que tu veux que j'aille de l'avant alors que tu es à moitié nu dans mon lit ?
_Tu veux que je parte ?
_Noooonnn..., je gémis tout en reniflant.
_Alors qu'est-ce que tu veux ?
Pour seule réponse, je presse mes lèvres contre les siennes. Je n'aurais pas la force de le lui dire à haute voix. Je plaque mes mains sur sa nuque pour le garder contre moi. Mes jambes s'enroulent autour de sa taille et le presse contre mon bassin. Je le fais tomber sur le dos de sorte à me retrouver à califourchon sur lui. Mes hanches ondulent contre son début d'érection tandis que je sème des baisers sur son torse. Je suis certaine qu'il a fait de la boxe pour se défouler contre ses démons car il est bien plus musclé qu'avant et ses phalanges sont encore marquées -sûrement à cause des coups qu'il a mis dans le sac. Il m'avait parlée de faire de la boxe il y a longtemps, c'est comme ça que j'ai deviné quel sport il avait bien pu faire pour être aussi bien en forme physiquement. J'embrasse ses abdominaux ainsi que sa fine ligne de poils juste au-dessus de son caleçon. Ses mains empoignent mes hanches fermement alors qu'il me retourne pour être au-dessus, de nouveau.
_Tu es sûre ?, halète-t'il en ancrant son regard empli de désirs et d'appréhension au mien.
_Oui. Et... Toi ?
_Oui.
Délicatement, Evan m'embrasse comme on ne me l'avait pas fait depuis longtemps. L'une de ses mains passe sous ma culotte puis me la retire alors qu'il continue de se frotter à moi. Je gémis sans pouvoir m'en empêcher. Je n'y crois toujours pas. Je suis vraiment en train de le faire. Je vais coucher avec Evan. Et le pire, c'est que je n'ai pas peur de l'avenir. Les étoiles peuvent s'aligner dans le ciel, le temps s'est figé dans cette chambre. Il n'y a plus que lui et moi. Nous sommes dans notre chrysalide jusqu'à ce qu'on décide qu'il est temps d'en sortir. Pour l'instant, je suis loin d'être prête.
_Tu as un préservatif ?, me demande Evan essoufflé.
_Dans le tiroir.
Je tends le bras vers la table de chevet mais il prend les devants et se penche pour l'ouvrir et en sortir un sachet. Je n'ai jamais eu le courage de jeter la boîte de préservatifs non plus. Et je sais qu'il correspond à la taille d'Evan. Je m'en rappelle. Celui que je considère à présent comme mon amant d'une nuit abaisse son caleçon pour faire glisser la protection sur son érection. Avec précaution, il se replace au-dessus de moi et écarte mes cuisses de son genou. J'ai l'impression que tout se passe au ralenti, que tout est parfait et délectable. Evan rive son regard au mien et m'interroge silencieusement pour être sûr que je suis prête à le faire. On dirait que nous faisons tous les deux notre première fois, c'est tellement étrange, jamais nous n'avons été aussi attentif à l'autre. Auparavant, on en avait toujours envie alors la question ne se posait pas. Tandis qu'aujourd'hui, cela semble différent. Je hoche faiblement la tête pour lui confirmer que je suis tout à fait prête pour ça. Il fait remonter l'une de mes jambes le long de sa taille avant de s'insinuer lentement en moi. Il émet un son rauque qui résonne dans la pièce. Je me concentre sur ce que je lis dans ses yeux. Cela pourrait me tuer, je ne saurais traduire les émotions précises qu'il ressent mais ce que je peux affirmer, c'est que deux dominent toutes les autres, du plaisir et de l'amour. J'essaie d'ignorer la seconde mais c'est impossible. Je romps alors nos regards pour fixer un point invisible sur ma droite. Il le remarque et murmure mon prénom mais je détourne le regard. Je pensais que ce serait simple, coucher avec lui -juste une dernière fois, et ce serait terminé, je reprendrais mon ancienne vie, mais je ne peux pas. Pas dans cette situation. Je suis en train de tromper mon mari, mais ce n'est pas ça qui me dérange, c'est que cela ne me provoque aucun remord. Je ne regrette pas d'être avec Evan alors que je devrais être en train de dormir -seule dans mon lit. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?
_Regarde-moi, Aria.
_Je ne peux pas.
_Tu veux qu'on arrête ? Je peux...
_Non, je le coupe. Ne t'arrête pas, s'il-te-plaît.
_Mais...
_Continue, Evan. Je t'en prie.
Avec une agréable lenteur, son bassin commence de doux va et vient. L'une de mes mains caresse ses cheveux tandis que l'autre se tient à l'un de ses triceps. Il repose son visage dans mon cou en m'embrassant parfois sous l'oreille -sur cette zone où je suis si sensible. J'entoure à présent sa taille de mes deux jambes pour le rapprocher encore plus. J'accompagne ses mouvements dès que je trouve le rythme idéal. Nos gémissements sont quasi-simultanés. Comme si nous ressentions exactement la même chose, les mêmes sensations. J'embrasse sa clavicule et suçote la peau à cet endroit-ci. Il n'essaie pas de m'arrêter alors j'y laisse une marque qui y restera quelques jours. Quand ses coups de reins deviennent irréguliers, ses lèvres retrouvent les miennes pour m'embrasser ardemment. Nos bouches se mouvent l'une à l'autre. Sa langue caresse la mienne tendrement, contrairement à nos mouvements qui sont à présent saccadés et incontrôlés. Nous sommes affamés l'un de l'autre mais pourtant nous prenons le temps de nous savourer. Je rirais presque de cette comparaison mais je ne le fais pas parce que c'est exactement ce qu'il se passe entre nous ce soir. Nous avons un besoin à satisfaire au plus vite cependant nous prenons notre temps pour nous délecter de chaque instant.
_Parle-moi, Evan, je halète.
_Tu vas me tuer si je dis à haute-voix ce que je pense tout-bas.
_Dis-le.
En dépit du mal que ça me fait, j'ai besoin qu'il me le dise. Car ce sont les seuls mots qui me prouvent que j'ai fait le bon choix en couchant avec lui ce soir.
_Je t'aime.
Il l'a avoué faiblement, comme si c'était une honte. Comme si personne ne pouvait le comprendre. On dirait qu'il se sent humilier. Mais qu'est-ce qui a pu le rendre si peu sûr de lui ? J'aimerais traverser la Terre entière s'il faut pour faire payer la personne qui l'a transformé en cet homme honteux d'aimer. Il ne doit pas ressentir ça, il doit être fier d'être capable d'éprouver de tels sentiments. Et je pense que si c'est moi qui le lui dis, il le réalisera.
_Je sais, Evan, je susurre en prenant son visage dans mes mains.
Son regard passe de furtif à confus. Il ne s'attendait pas à ma réponse. Pourtant, c'est la stricte vérité. Pourquoi est-ce que je ne saurais pas concevoir qu'il m'aime toujours ? Je l'ai refoulé tout à l'heure car j'étais choquée, mais désormais, je sais que ces mots sont les plus vrais que je n'ai jamais entendu. Ils définissent tant de choses à la fois; des mots, des souvenirs...
_Tu comprends ?
Il a l'air surpris que je ne m'énerve pas. Mais après cette nuit, je ne peux plus m'énerver. Je n'en ai plus le droit. Il m'aime toujours alors que je l'ai aimé; et je dois vivre avec ça. Il n'a pas eu la chance d'avoir son propre Matt, tandis que moi oui.
_Oui, j'affirme en me mordant la lèvre inférieure.
_Merci, murmure-t'il quelques secondes avant que nous franchissions le point de non retour.
Il nous faut de longues minutes pour récupérer. Je pense que toute la fatigue et les événements de cette soirée m'ont achevés. Quant à Evan, il essaie de reprendre son souffle à mes côtés. Mes yeux deviennent de plus en plus difficiles à garder ouverts. Je jette un coup d'œil au réveil, il est presque trois heures du matin. Cela fait cinq heures qu'Evan est avec moi pourtant on dirait qu'il a toujours été là.
Je me tourne finalement sur le côté pour le scruter un instant. Ses cheveux légèrement ébouriffés me hurlent de les caresser, ce que je fais. Evan sourit doucement en se tournant lui aussi vers moi.
_Je suppose que tu veux dormir à présent ?
_Oui. Je suis épuisée.
_Je comprends. À une condition alors.
Je hausse les sourcils en m'attendant au pire.
_Laquelle ?, je déglutis.
Il ouvre ses bras vers moi.
_Viens-là.
J'hésite un instant. Dormir avec lui... C'est une limite de plus que je m'étais fixée à ne pas franchir... Mais au point où j'en suis... Je m'empresse de le serrer contre moi. Il referme ses bras dans mon dos alors que je repose mon front contre son épaule. Délicatement, il m'embrasse la tempe.
_Bonne nuit, Aya.
_Bonne nuit, Evan.
Pendant un long moment, la pièce est plongé dans le silence. Les rayons de la lune transpercent les volets pour éclairer la chambre faiblement. Je ferme les yeux et profite de sa présence pour me rappeler une époque qui me semble très lointaine. Et c'est dans les bras de la personne que j'ai aimé d'une intensité ardente et passionnelle que je m'endors pour la retrouver dans mes rêves.
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Voilà voilà ! ^^
Okay, je l'avoue, par respect pour Matt, je n'allais pas les faire coucher ensemble mais c'était trop tentant xD Ça s'est fait dans le fil de l'action !
Alors... Attention j'ai peur... Des avis ? Sur le comportement d'Evan ? Je tiens à préciser que mon but n'est pas que vous ayez pitié, ah non carrément pas, je veux que vous compreniez le personnage et les raisons pour lesquelles il est comme ça aujourd'hui. De toute manière il y aura quelques points de vue Evan ^^ Pensez-vous qu'ils n'auraient pas dû coucher ensemble ? Et surtout, qu'attendez-vous du prochain chapitre ? :)
Sur ce, je publie le prochain chapitre dimanche en espérant que j'ai avancé d'ici là :) Bisous à tous !
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