Chapitre 5.
Aucun mot ne sort de ma bouche. Je suis abasourdie par ce qu'il vient de me dire. Il n'est pas sérieux.
_Tu ne peux pas t'engager dans quelques choses d'aussi gros.
_Oh que si, je le peux. Je t'ai écouté maintenant c'est à ton tour de le faire. Après tout ce que je t'ai fait subir, je dois me rattraper. Je t'aime toujours, Aya, et je vais tout faire pour que tu le comprennes. En commençant par te soutenir dans ce bordel. Dès demain, on va aller à la pharmacie chercher un autre test pour être sûr. Qui est au courant mis à part moi?
_Evan.
_C'est tout ? Et tes parents ?
_Je ne veux pas le garder. Ils ne le sauront jamais.
_Ça ne te fait rien de faire partir ce petit être en toi ? Je te connais et je sais que ça te tue d'avoir à faire ça.
_Je n'ai pas le choix.
_Si tu l'as. Quoi que tu décides, je serais là.
_Pourquoi tu tiens à faire tout ça ?
_Je te l'ai dit. Je vais me rattraper.
_Mais je ne t'aime plus. C'est lui que j'aime.
_Pour l'instant. Ce qu'on a vécu n'est pas rien. Tu es mon premier amour et je suis le tien. On ne peut pas l'oublier. Je suis devenu quelqu'un de bien. Depuis toi, je n'ai couché qu'avec une fille et j'étais défoncée alors ça ne compte pas. Tu hantes mes pensées. Tu es toujours quelque part au fond de moi et je sais que tu ressens la même chose pour moi.
_Et Evan ?, je demande en esquivant les sentiments qu'il a envers moi et qu'il vient d'avouer.
Il hausse les épaules comme si ce n'était qu'un détail.
_Il a fait son choix. Pour moi, ce qu'il a fait est le plus cadeau qu'il ne pourra jamais me faire.
_Et qu'est-ce qu'il a fait ?
_Il a choisit la mauvaise fille.
En disant ça, ses yeux descendent lentement sur mes lèvres. Je fais la même chose que lui. J'aimerais tellement savoir si elles ont toujours ce même goût mentholé. Pourtant, malgré sa déclaration, je n'ai rien ressenti. Mais cette envie est trop forte. Il avance sa tête vers moi tandis que je ferme les yeux.
Lorsque nos lèvres se rencontrent, quelque chose se produit en moi. Toute notre histoire défile dans ma tête et je me rappelle les moments, rares mais merveilleux, où nous étions heureux. J'aimerai me dire qu'une suite à notre histoire est possible. Sauf que ça n'arrivera pas parce que j'en aime un autre. Et même si le concerné ne s'en rend pas compte tout de suite, on finira ensemble au final. C'est ainsi qu'est notre destiné.
C'est un simple baiser. Nos lèvres se séparent lentement. J'ouvre les yeux pour faire face à ses pupilles dilatées. Je sais très bien que ça signifie son désir pour moi.
_On ne peut pas faire ça, je murmure.
_Pas tout de suite. Avec le temps.
_Jamais. On ne pourra pas. Et puis, toi aussi tu es à l'université. Tu dois faire tes études et en plus tu es en internat.
_J'arrêterai mes études.
_Arrête. C'est stupide comme idée. Ne gâche pas ta vie pour moi. Je ne pourrais jamais oublié ce qui s'est passé entre nous mais il n'y en aura pas plus. Je suis désolée.
_Ouais, je comprends.
J'hausse les sourcils.
_C'est vrai?
_Non mais si c'est ce que tu veux, je l'accepte. Je ne te forcerai plus à rien.
_Tu mérites quelqu'un qui te rendra heureux. Une bonne fille. Et je ne peux pas te donner ça. J'en aime un autre et ça te briserait de vivre avec une fille qui ne t'aime qu'à moitié. Je ne veux pas de ça pour toi.
_On peut rester ami ?
_Bien sur.
Il sourit et je le prends dans mes bras. Qui aurait cru que je serais ami avec Roy Allen ? Personne.
Quand je vais raconté ça à Amber... Merde. Amber. Je dois rentrer demain midi avec Evan normalement. Ce n'est pas grave, je rentrerai au soir. Comment ? On verra bien.
_On se voit à quelle heure demain matin ?, je demande.
_Neuf heures et demi ?
_D'accord.
_Je passe te prendre devant chez toi ?
_Si tu veux.
_On fait ça alors.
Il est déjà 20 heures et demi et la mère de Roy nous appelle pour manger. Nous passons une bonne soirée. Laurie et Christian me posent beaucoup de questions sur ma vie à l'université.
Vers 23 heures, je leur dis au revoir. Roy a insisté pour que je dorme chez eux mais j'ai refusé. Ce serait trop dur pour moi. Je le prends tout de même dans mes bras pour lui dire au revoir et à demain.
En rentrant, je m'écroule dans mon lit. Je suis crevée de cette journée. Ça a été tellement long. Et cette nuit je vais devoir dormir sans Evan. Je ne sais même pas si j'y arriverai. Rien qu'à penser à lui, j'en ai la nausée. En fait, c'est toute notre histoire qui me rend malade. Tout était faux depuis le début. Il m'aime aujourd'hui, d'accord, mais pas autant qu'elle et ça me tue de vivre en sachant que je ne suis pas la seule.
Je suis réveillée par la voix forte de ma mère. Elle semble en colère. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit ce qui fait que le réveil est dur.
En descendant les escaliers, il y a une deuxième voix avec celle de ma mère. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que c'est Evan que ma mère engueule. Celui-ci tourne la tête vers le haut des escaliers et me voit. Je ne sais pas comment réagir. Ma mère se retourne vers moi et je hoche la tête pour lui faire comprendre que ça va. Elle s'éloigne alors et je devine qu'elle va dans la cuisine.
_Qu'est-ce que tu fous là?, je crache.
_On rentre ce matin je te rappelle.
_Ah parce que tu crois que je vais venir avec toi ?
_Bien sur que tu vas venir avec moi.
Je descends jusqu'en bas des escaliers et sors dehors pour ne pas que ma mère entende la dispute qui risque d'éclater. Je ferme la porte une fois qu'Evan m'a suivi. J'évite au maximum son regard.
_Non. Je t'ai dit que je ne voulais plus rien avoir à faire avec toi et je ne rigolais pas.
_Arrête tes conneries, Aya. Tu rentres avec moi.
_J'ai pris ma décision et je ne changerai pas d'avis. Et je t'interdis de m'appeler comme ça. Je ne te connais plus.
Subitement, il saisit mon bras pour me faire réagir, ce qui marche. Je plante mon regard noir dans le sien qui est encore plus sombre.
_Tu es sûre? Tu ne me connais plus ? Fais attention à ce que tu dis.
_Tu me saoules, Evan.
_T'es une gamine. Tu t'énerves pour un rien, tu...
_Pardon ?!, le coupai-je en tirant mon bras de son emprise. Un rien ? Mon Dieu, je rêve. Tu te paies ma gueule, c'est ça ? Ta sale garce de copine se pointe comme une fleur et tu me jettes pour elle, juste après que je t'annonce que je sois enceinte. Ah mais c'est clair que ça, ce n'est rien. Rien du tout. Alors je me demande bien ce qu'on était tous les deux... Le néant ?
Il se fourre nerveusement la main dans ses cheveux tandis que je bouge dans tous les sens.
_Ce n'est pas ce que je voulais dire.
_Il va falloir que tu te décides. C'est elle ou moi.
_Tu ne peux pas me demander ça.
_Je vais me gêner. Elle ou moi, Evan.
Il ne répond pas et commence vraiment à se contrarier. Ça crève les yeux. Il ne tient même plus en place. Voyant qu'il ne sait pas quoi faire, je tranche pour lui.
_Tu sais quoi ? Va t'en. C'est elle que tu aimes, pas moi, alors va la rejoindre. Et ne me parle plus.
J'ouvre la porte, rentre mais ne la referme pas tout de suite.
_Ah, et fais ce que tu veux de mes affaires je n'en ai plus rien à foutre.
Je claque la porte au moment au moment où il murmure mon nom. Il me rend folle -de rage. Je ne sais même pas si je vais réussir à retourner à l'université si c'est pour voir sa sale tête tous les jours. Ma mère est derrière la porte et je crains qu'elle ait entendu le moment où je parle de ma grossesse.
_Depuis combien de temps es-tu là ?
_Là maintenant. J'ai pensé que tu aurais besoin de moi.
_Non ça va. Merci. Il faut que j'aille me préparer.
_Où tu vas ?
Mens, Aria. Mens.
_Je vais retourner à l'université en prenant le bus.
_Et tes affaires ?
J'hausse les épaules.
_Evan les ramènera à notre appart'.
Je monte les escaliers et cours jusqu'à la salle de bain me préparer. Il fallait que je lui mentes, je ne me voyais pas lui annoncer que je voyais Roy pour faire un test de grossesse...
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