Chapitre 33 : Réaction.

Avant dernier chapitre de ce Tome 1. Bonne lecture! ^^

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             Tout s'est passé très vite. Evan s'est mis à arpenter son salon, puis il tremblait et a balancé son poing dans le mur. Il était hors de lui. Je me souviens avoir entendu la porte claquée et il n'était plus là. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Pourquoi réagissait-il de cette manière ? Je ne pensais pas que ça l'atteindrait autant. 

Il ne faut surtout pas qu'il aille voir Roy. Je me lève et arrive difficilement à la porte. Je pousse un soupire de soulagement en le voyant dans le jardin. Il arpente la pelouse de tout son long en se passant la main dans les cheveux. Il n'a même pas remarqué que j'étais dehors. Je m'avance doucement vers lui. Le soleil se couche et d'après ce que j'y connais là-dedans, il doit être 20 heures. Comment cette après-midi a pu passer aussi vite ?

_Evan ?

Lorsqu'il lève la tête, ses yeux sont voilés de rage. Je le rejoins et me poste devant lui. Il tremble d'une manière affolante. Pire que moi tout à l'heure.

_Comment est-ce que tu peux l'aimer ?, finit-il par me demander.

Je baisse les yeux et fixe le sol un moment réfléchissant à sa question.

_Je ne sais pas. Il n'est pas toujours méchant.

_C'est horrible ce qu'il te fait, Aya. Tu ne peux pas rester avec un connard pareil.

_Ne le traites pas.

_Et tu le défends encore, crache t-il.

_Oui. Ce n'est pas de sa faute s'il s'est énervé. C'est de la notre. Si on n'avait jamais couché ensemble, il ne m'aurait jamais fait ça.

_Arrête, m'ordonne t-il en se prenant la tête dans ses mains. Ne dis pas ça.

_C'est la vérité.

_Non! Un homme ne viole pas sa copine, putain !

Je sursaute devant le ton qu'a pris sa voix. Il recommence à faire les cents pas sur sa pelouse.

_On peut rentrer ? J'ai froid.

Il ne me répond pas.

_S'il te plait ?

Il se retourne enfin vers moi.

_Ne me supplie pas pour rentrer. Tu te rends compte de ce qu'il a fait de toi ? Une soumise innocente. Ce n'est pas toi. Tu n'as pas à être comme ça avec moi. Je ne te ferais jamais de mal parce que moi, je ne suis pas un monstre.

Ces paroles viennent s'ancrer profondément dans mon cœur. Mais qu'il compare Roy a un monstre n'est pas juste. Il est comme il est et si ça ne plait pas aux autres c'est leur problème. Je ne réponds rien à ce qu'il m'a dit parce que je n'en ai pas la force. Evan avance vers moi et je me raidis de peur qu'il me touche. Il le remarque et se stoppe devant moi.

_N'aie pas peur. Je veux juste t'aider à rentrer.

_Je peux me débrouiller toute seule.

_J'insiste.

Il passe son bras autour de ma taille et je me fige. Non, je ne peux pas. Je sens encore ses mains à lui contre mon...

_Non ! Lache-moi, je crie en le repoussant.

Je réalise comment je me comporte avec lui et je m'en veux. Il n'a rien demandé.

_Je... Excuse-moi. Je...

_Hé, Aya. Calme-toi. C'est bon, je ne te toucherai plus.

_Merci.

Je me tourne et marche lentement, à cause de ma cheville, vers la maison suivie d'Evan. 

Une fois à l'intérieure, je retourne m'asseoir sur le canapé. Ma lèvre a arrêté de saigner mais elle est gonflée. Comment je vais expliquer ça à ma mère ? Ma mère. Il est tard, il faut que je la prévienne. Je sors mon portable pour l'appeler mais Evan me le prend des mains. Je tends les bras vers lui et la douleur à ma côte me rappelle ma chute dans l'escalier.

_Rends le moi. Il faut que j'appelle ma mère.

_Et tu vas lui dire, quoi ? Que tu t'es fait violé ? Je ne crois pas non.

Je baisse les yeux.

_Que je suis tombée.

_Et elle va te croire ?, renchérit-il.

_Elle a l'habitude, je marmonne sans m'en rendre compte.

Quand je lève la tête, il a reculé comme s'il s'était pris un coup. Il lève la main comme s'il voulait arrêter quelque chose.

_Attends... Ça veut dire quoi ça ? Qu'elle est au courant et qu'elle ne dit rien ou que ce n'est pas la première fois qu'il te viole ? Je ne sais même pas quelle pourrait être la meilleure réponse à ça.

_Elle ne sait rien !, me justifiai-je. À part toi, personne ne sait pour...

Je ne finis pas ma phrase, il a compris.

_Pourquoi est-ce que tu me l'as dit alors ?, demande t-il d'une voix plus faible que voulue.

_Je ne sais pas. Je l'ai fait, c'est tout.

_Ce n'est pas la première fois alors ?

_Peut-être.

_Aria..., grogne t-il.

_Non. Mais là c'est pire... Parce que d'habitude je ne fuis pas.

Il jure quelque chose et se prend la tête dans les mains comme tout à l'heure. Ça se voit qu'il est exaspéré.

_En fait, je ne veux plus rien savoir parce que ça me donne des envies de meurtres.

_Je suis désolée.

_Arrête de t'excuser !, hurle t-il.

Il a crié tellement fort que des frissons m'ont parcouru l'échine. J'en ai marre de parler de ça, même avec lui. Je veux juste oublier tout ça.

_Evan je peux récupérer mon téléphone ?

Il me regarde et ne réagit pas tout de suite à ce que je viens de dire. Je peux voir dans son regard qu'il est perdu ou... je ne sais pas.

_Euh ouais. Mais dis à ta mère que tu dors ici.

_Q-Quoi ?

_Tu dors ici.

_Pourquoi ?

_Parce que tu es en sécurité avec moi.

_Tu insinues que je ne le suis pas chez ma mère ?

_Si Roy s'y pointe, ta mère le laissera rentrer. Pas moi. Dis lui que tu dors chez ta pote, trouve quelque chose mais je ne te laisserai pas rentrer chez toi.

_Tu dormiras avec moi?

J'ai besoin d'être avec quelqu'un ce soir. S'il me laisse seule, je ne me sentirais pas en sécurité. Parce que je crois que -maintenant, j'ai peur de Roy. Roy, mon copain, l'homme que j'aime; j'ai peur de lui. Comment avons nous pu en arriver là ? Evan réfléchit un instant à ce que je viens de lui demander. Je sais qu'il ne dort avec personne cependant ce soir, il considère ma demande.

_Ouais.

_Merci.

Je prends mon téléphone et envoie un message à ma mère pour lui dire que je dors chez Amber. Je trouve une excuse vraiment merdique pour lui expliquer comment d'un après-midi chez Roy, je finis par dormir chez ma meilleure amie.

Mais comme elle a confiance en moi, elle me croit facilement. Je préviens aussi Amber au cas où ma mère lui enverrai un message. Sauf que je lui dis que je dors chez Roy. Ce n'est pas la première fois qu'on fait ça. Elles me croient toutes les deux et je range mon téléphone. Roy n'a pas cherché à m'appeler. J'espère qu'il ne viendra pas chez moi cette nuit. Il doit croire que je suis chez moi et vu dans l'état que je suis, il ne viendra pas. Ma mère comprendrait tout de suite.

_Tu devrais manger.

_Je n'ai pas faim.

_Alors tu devrais aller te reposer. Tu es crevée.

_Quelle heure il est?

_20 heures 30.

_D'accord.

Il a raison, cette journée m'a épuisée. Je me lève et attrape instinctivement son bras pour ne pas tomber. Quand je m'en rends compte, je le lâche de suite.

_C'est bon, Aya. Tiens toi à moi.

Je le fixe un instant et hoche la tête en posant ma main sur son bras. On marche jusqu'à son escalier et je me demande comment je vais monter. Je crois qu'à présent, je suis traumatisée par les escaliers.

_Tu me laisses te porter jusqu'en haut ? Ça sera plus facile comme ça.

Le fait qu'il me demande me fait plaisir. Au moins, je suis prévenue s'il me touche. Je réfléchis un instant en analysant les marches.

_Oui. Mais vas y doucement j'ai encore mal à ma côte.

Il s'abaisse et passe un bras sous mes genoux alors que l'autre est posé dans mon dos. Il me soulève et j'entoure son cou de mes bras. Ma tête repose sur son torse et son parfum m'enivre. Je réalise seulement maintenant qu'il a enfilé un T-shirt. Il me porte jusqu'à sa chambre et me dépose sur le matelas. Il s'assied à côté de moi et son regard scrute mon corps.

_Tu ne vas pas dormir comme ça. Je vais te passer des vêtements à moi. Tu as besoin d'autre chose ? À boire ? À manger ? De la glace pour tes coups ?

Je souris faiblement.

_Non ça va aller, merci. Tu n'es pas obligé d'être aussi gentil.

Il se lève et va chercher des affaires dans son armoire. Il en sort un T-shirt et un caleçon.

_Je te laisse te changer je serai dans le couloir.

Il part vers la porte et marmonne quelque chose que j'ai du mal à comprendre : Tout ça, c'est de ma faute.

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