Chapitre 3: " Départ imminent "



J'ai bien appris ma leçon et avant d'arriver à la tour de verre, je passe au café préféré de mon patron pour lui acheter son fameux café noir sans sucres et me permet d'en prendre un pour Darcy ainsi que pour moi. La nuit a été assez fatigante pour que je puisse me permettre de boire de la caféine pure afin de tenir cette journée, qui sera sans doute, éprouvante. A mon grand étonnement, Darcy n'est pas encore arrivée, pourtant, elle est déjà au travail alors que je pose à peine mon sac sur le bureau. Je me défais de ma veste, sentant une chaleur étouffante au dernier étage de l'immeuble. Je saisis le café de mon patron et c'est avec appréhension que je toque à la porte. Je me revois encore lire ce message, basique certes, mais intime de mon point de vue. Il a réellement dû se tromper de destinataire et il ne faut surtout pas que je m'arrête à cette éventualité. Je souffle un bon coup avant d'entrer dans le bureau silencieux. Il est derrière son bureau, fixant son écran d'ordinateur portable, posé à sa gauche. Il a déjà laissé tombé sa veste de costume d'un gris anthracite. Tiens, cette couleur lui va également très bien. Il m'ignore, comme si j'étais assez discrète pour ne pas me voir, ce qui je dois l'avouer, m'arrange. Je dépose son café au bord de son bureau, sans dire mots et me faufile aussitôt à l'extérieur, sentant encore son regard de la veille sur moi.


Quand je retourne à mon propre bureau, je me sens totalement idiote de réagir ainsi. J'ai l'impression d'être revenue à mes années lycées, où rien que le regard du garçon le plus populaire sur moi, émoustille chaque hormones de mon corps. Je secoue la tête, me trouvant bien impuissante face à sa présence. Encore dans mes songes, je découvre Darcy, lunettes de soleil sur le nez marchant avec peu d'entrain. Elle pose avec fracas son sac sur le sol et se laisse littéralement tomber sur la chaise de bureau. Je prend son café et lui tend, souriante. Elle le saisit, et le regarde comme si je venais de lui offrir le Graal et qu'elle vivra une éternité de bonheur.


_ Mon Dieu Hanna, tu es un ange tombée du ciel ! Sa voix est fatiguée et en prononçant ses mots, elle retire ses Ray ban, laissant apercevoir des cernes aussi grosses que des valises.


En buvant une seule gorgée de café, elle ouvre d'énormes yeux et se met à gémir de bonheur. Je ne parviens pas à retenir un rire face à cette spontanéité nouvelle. Comme si cette boisson lui redonnait de l'énergie, elle allume l'écran d'ordinateur et boit une nouvelle fois, plus calmement cette fois-ci. Je reste à la détailler, m'amusant de sa réaction, ce qui l'intrigue, me toisant un sourcil relevé au possible.


_ Tu as fais fort hier ? Me moquais d'elle en prenant quelques dossiers en main, la poussant pour atteindre mon ordinateur.

_ M'en parle pas, grimace-t-elle comme si je venais d'hurler ma question, j'ai la tête qui va exploser. Sa voix n'est qu'un grognement fatigué. Mais quand tu vois l'Apollon avec qui je suis rentrée, cela vaut bien toutes les migraines du monde.


Ma collègue se met à rire, regardant le plafond comme si elle retournait à cette nuit qui a dû être une des plus mouvementée pour elle. Je ne peux m'empêcher de rire de sa réaction, me rappelant mon début de relation avec Dean. Il est vrai que c'est toujours les meilleurs moments après tout. Quand nous discutons de cette manière, j'ai l'impression que je pourrais être très complices avec elle et je pense, que cela est réciproque. Il y a bien longtemps que je n'ai pas connu une telle relation avec une personne du même sexe que moi.


Alors que nous rions de toutes ces âneries matinales, oubliant ainsi sa fatigue lancinante, les portes de l'ascenseurs s'ouvrent. Darcy, intriguée, tourne la tête et elle perd rapidement son visage lumineux. Pour ma part, sur l'instant, je reste concentrée sur mon ordinateur, qui a beaucoup de mal à démarrer le logiciel du traitement de dossier. J'entends alors des talons claquer sur le sol, ce qui m'oblige à lever la tête. Le pas est assuré et quand je croise son regard, je comprends très bien pourquoi. Darcy se penche vers moi, tout en la fixant droit dans les yeux.


_ Attention, voilà Cruella, me chuchote-t-elle afin d'être discrète.


Curieuse, je me penche un peu plus. Cette femme est juste... Magnifique. Elle est grande, un corps fin et élancé, ses jambes doivent mesurer deux fois les miennes. Ses cheveux sont d'un blond/blanc, coupé court, lui donnant un style garçon manqué, qui contraste parfaite avec sa jupe trop courte pour être homologuée. Je me lève, pour l'accueillir, mais d'un signe de main elle me fait taire, comme si je n'étais pas habilitée à lui adresser la parole. Elle continue son chemin et entre dans le bureau de Mr Hiddleston sans prévenir de sa présence, qu'elle manque de respect ! Darcy fixe la porte et quand je porte mon attention sur ma collègue, elle grimace comme une enfant qui viendrait de se faire réprimander. Je reste estomaquée par sa réaction et m'assoit comme si rien ne s'était passé. Je reste tout de même à fixer la porte du bureau, me demandant qui peut-elle bien être pour se permettre, de nous regarder de cette manière et de se comporter comme si elle était, elle même, la grande PDG.


_ C'est qui cette femme ? Demandais je curieuse, toujours en regardant la porte.

_ Cette pimbêche s'appelle Sonya Peskine, une designer de renom à New York.

_ Et que vient-elle faire ici ? Sans rendez vous ? Et sans me demander si monsieur Hiddleston est présent ? Râlais je certainement vexée d'avoir été ignorée de la sorte.

_ Depuis quelques mois, elle travaille avec lui, sur un projet pour les prochains locaux de sa nouvelle entreprise. Elle le connaît depuis quelques temps et à ce qu'il paraît, elle aimerait beaucoup finir ses nuits avec lui, si tu vois ce que je veux dire, m'avoue Darcy en grimaçant de dégoût ou de colère, je ne sais pas.

_ Oui je vois très bien et merci de m'épargner les détails s'il te plaît.


Je ne sais pas pourquoi, quand elle m'avoue cette rumeur, je sens mon estomac se tordre et la nausée m'envahit légèrement. Je déglutis et reporte mon attention sur ma collègue qui râle dans ses dents.


_ Mr Hiddleston n'est pas intéressé, dit-elle cela comme une évidence, ce qui me passionne bizarrement, un peu trop.

_ Comment en es-tu si sûre ? M'étonnais-je.

_ Parce que si c'était le cas, se serait déjà fait et fière comme peut être Me Peskine, elle l'aurait hurlé sur tout les toits de New York ! On ne résiste pas à Mr Hiddleston.


Je reste à réfléchir quelques instants, me tournant vers la porte de l'intéressé. « On ne résiste pas à Mr Hiddleston ». Cette affirmation sonne dans mon esprit, comme si j'étais totalement d'accord avec ça. Son regard si clair, ses traits fins, son charisme à vous faire oublier que vous exister. Je peux comprendre, qu'on puisse ne pas pouvoir résister quand un homme comme lui vous tient dans ses filets.


Au même moment de ma réflexion, le téléphone du bureau se met à sonner, mais gourde comme je suis, je suis rapidement prise par mes pensées. Ma curiosité me pique au vif, cette veut vraiment coucher avec lui ? Mais... Vu sa beauté, elle le pourrait très bien ? Qu'est-ce qui l'en empêche ? Je ne comprend pas qu'avec ses atouts, elle puisse... Je suis secouée par Darcy, rompant ma connexion mentale, afin de répondre à ce foutu combiner. Elle secoue son doigt devant moi, comme à une enfant qu'elle voudrait disputer pour son manque de concentration et cela m'aide à sourire discrètement. Après avoir raccroché, elle cherche un dossier dans la pile de la veille et me le tend.


_ Tiens, monsieur le veut de suite ! Dit-elle sur un ton moqueur.

_ Pourquoi moi ? Boudais je, ne voulant pas me retrouver dans la même pièce que cette femme, qui ne me dit rien qui vaille...

_ Parce qu'officiellement, tu es l'assistante du boss ma chérie. Bientôt je ne serai plus là et tu devrais tout gérer, en solitaire !

_ Ne parle pas de malheur, dis je en grimaçant, je n'aurai jamais ton potentiel !

_ Tu feras une superbe assistance, me complimente-elle tendrement, ne t'en fais pas !


Elle me sourit de toutes ses dents, appuyant sur les derniers mots qu'elle prononce, ce qui, inconsciemment, me donne la force de saisir le dossier et de m'aventurer vers le bureau. Quand je me tourne pour lui prêter attention une dernière fois, elle est déjà sur l'ordinateur à pianoter je ne sais quoi. Je souffle de dépit, toque et entre sans attendre la moindre invitation à entrer.


Quand la porte s'ouvre sur moi, je vois Me Peskine me regarder comme si j'étais une femme amenant la peste. Elle est assise sur le bureau, les jambes croisées en évidence, penchée sur Tom qui lève les yeux, me souriant. Je suis certaine qu'en me penchant pour ramasser quelque chose, je pourrais voir sa culotte, enfin déjà, porte-t-elle des sous vêtements ? Je me gifle mentalement, je dois garder mon sérieux. Le dossier serré contre ma poitrine, je m'avance vers monsieur Hiddleston, qui suit le moindre de mes faits et gestes, attendant certainement un mot de ma part. Après tout, je ne l'ai pas salué à la pose de son café hebdomadaire. Je sens le regard lourd de sa cliente, qui me brûle la peau, me toisant de la tête aux pieds. Je me concentre alors, sur le regard bleu/vert et bienveillant de mon employeur.

_ Bonjour Monsieur, souriais-je ignorant totalement Sonya, qui claque sa langue sur son palet.

_ Bonjour Hanna. Sa voix est douce à mon tympan et fait battre d'un seul coup mon cœur, à le sentir à travers ma cage thoracique.

_ Madame Peskine, dis-je solennellement, l'ignorant presque du regard.


Elle ne répond rien, se contentant de m'observer avec dédain. Je dépose le dossier en face de mon patron, lui indiquant quelques petits détails que j'ai parcouru hier. Il m'écoute attentivement et quand je fais pour les laisser tranquille, je daigne poser les yeux sur ce mannequin blond. Sa beauté me coupe le souffle et je ne comprends pas, que Tom ne craque face à ses avances douteuses. Je lui souris timidement, me sentant aussitôt minable face à elle. Elle grimace avant de sourire chaleureusement à monsieur Hiddleston, qui nous toise, l'une après l'autre, comme si nous jouions un match de tennis et que nos regards renvoyaient les balles. Mes joues s'empourprent et je préfère quitter la pièce pour me sauver de cette tension, qui en devient envahissante pour mon mentale de lycéenne. Je tourne le dos, essayant de garder un minimum de dignité.


_ Tu as baissé les critères de beauté de tes employés Tom. Sa voix est moqueuse et désagréable, de plus le prénom de Tom ne convient pas à sa langue de vipère. Je me crispe à ses paroles, comment dois-je le prendre ? Celle là est beaucoup moins agréable que la dernière en date, et son...

_ Sonya ça suffit ! Dit mon patron sur ton qui ce veut sévère.


Sonya se met à rire, comme si cela n'était qu'une petite blague de mauvais goût. Je la regarde au dessus de mon épaule et je remarque monsieur Hiddleston me faire un signe discret vers la porte, comme pour me protéger de son venin. Je souffle de colère, me sentant pousser des ailes, elle m'incommode cette femme. Elle est peut être munis d'une beauté sans pareille, mais le fond de son âme doit être aussi noir que l'enfer.


Sortant presque en furie de la pièce, Darcy lève les yeux de son dossier et m'interroge d'un signe de tête. Sans pouvoir contenir ma colère et certainement, le fait d'avoir été presque humiliée devant mon employeur, je lui raconte tout ce qu'elle m'a lancé en plein visage, devant une Darcy outrée. Je me calme en buvant mon café, devenue froid.


Ce passage assez désagréable me passe rapidement, m'affairant à mon travail sans une parole. Je ne m'attarde pas sur ses réflexions, qui malgré tout, mon touché en plein cœur. Suis-je si insignifiante que cela ? Dean me le fait souvent remarqué et voilà que cette femme, ne se prive pas pour me le rappeler. J'ai dû me concentrer plus d'une fois pour penser réellement à mon travail, à faire ce pour quoi je suis payée. Sonya est encore dans le bureau du PDG, et c'est pourquoi, le peu qu'il nous faut un renseignement ou une quelque autre question, Darcy se dévoue pour entrer dans la cage aux lions. Elle répond à toutes ses exigences, même si pour la plupart des tâches, je m'active à les effectuer, sans broncher. Darcy me touche de temps en temps l'épaule, me rapportant également un café dans la matinée ainsi qu'un bout de chocolat noire, juste parce que cela la réconforte et de cette manière, elle parvient à m'aider à sourire et à oublier.


Viens enfin l'heure du déjeuner, même si je suis totalement absorbée par mon travail, mon estomac me rappelle la faim qui le tiraille. A peine midi sonne, que Tom sort de son bureau, Sonya accrochée à son bras, comme une sangsue s'accrocherait à sa victime. Il s'avance vers nous, nous octroyant une pause d'une heure afin de pouvoir nous sustenter. Darcy le remercie, alors que je reste à le fixer sans répondre, ni même lui accorder un sourire. Pourtant, quand son regard croise le mien, j'ai l'impression de ressentir une vague de chaleur monter en moi et un sourire de coin se dessine au bord de ses lèvres. Je baisse aussitôt les yeux, me concentrant sur mon dossier en cours. A peine ont-ils disparu dans l'ascenseur, que Darcy prend son téléphone est nous commande des sandwich à la boulangerie qui fait le coin de la rue. Je la remercie quand elle disparaît à son tour, me laissant seule face au travail monstre qui nous attend. Je souffle un bon coup, essayant de puiser dans mes forces restantes, afin de terminer avant son retour. Au même moment, mon téléphone se met à vibrer à ma gauche.


De : Dean.

« Ce soir, je t'emmène dans notre restaurant. »


Et voilà que mon propre compagnon s'y met. Je reste interdite face à ce message. Il essaye de se faire pardonner, j'en suis parfaitement consciente, mais y arriverais-je ? Je me gratte le crâne, réfléchir ainsi, me poser autant de question, fait monter une migraine à m'en faire taper la tête contre le bureau. Je lui répond juste par un « OK » entendu, ne lui montrant aucunes onces de bonheur de le voir faire des efforts. J'aimerai juste qu'il comprenne que je ne veux plus de cette vie, que je ne suis pas près de lui pour me faire rabaisser ou encore frapper. J'ai l'impression, que je vaux bien mieux que cette vie qu'il me promet.


Darcy revient rapidement, le sac de nourriture en main. Elle m'attrape rapidement par la main, et me tire à sa suite. J'ai à peine le temps de récupérer mon sac à main sur le sol et je trottine derrière elle. Comment arrive-t-elle à marcher si vite avec des talons aiguilles ? Cette femme, reste pour moi un mystère, impossible à élucider. Elle ouvre une porte se trouvant à la gauche de l'ascenseur, je reste interloquée, je n'avais jamais fais attention à ce passage, très bien caché. Il nous amène à des escaliers de secours et après une vingtaines de marches, elle pousse une autre porte en métal et nous nous trouvons sur le toit.


 Le vent souffle beaucoup plus à une hauteur pareille, mais le soleil y est également plus chaud. Darcy s'avance vers l'énorme rambarde en pierre, s'appuyant de ses mains pour se grandir et se met à hurler en riant. Je la rejoins, juste pour admirer la vue impressionnante. On peut y apercevoir la ville, aussi petite soit elle à notre hauteur. La nuit, l'ambiance doit être différente et apaisante. De là où on se trouve, les bruits des rues est amoindrie bien que l'on entend toujours les klaxons des chauffeurs trop pressés. Les personnes déambulant dans les rues, me paraissent être des fourmis avec les mètres qui nous séparent du sol des communs des mortels. A cette place, j'ai l'impression d'être loin de la vie active et éloignée de tout les tracas de la vie. Je soupire d'aise, sentant l'air tiède m'effleurer le visage.


 Darcy s'assoit sur le sol, n'ayant aucunes craintes de saloper sa tenue parfaite. Elle me tend mon sandwich et une bouteille d'eau que je refuse d'un signe de tête, me contentant d'ouvrir mon sac pour sortir un paquet de cigarettes et un briquet. Elle reste immobile à me fixer, quand je l'allume sans vergogne. Je trouve que c'est le bon moment, pour fumer dans cet endroit improbable. Je l'ignore alors que je me penche un tantinet plus, pour pouvoir regarder en détails les voiture rouler en bas. Elle réitère son invitation à manger et en remarquant ma tête, elle comprend rapidement.


_ Tu dois manger !

_ Je... Je n'ai pas faim, dis je peu sûre de moi, sentant la faim gronder.

_ Bien sûr que si ! S'énerve-t-elle. Je sais que c'est à cause de ce qu'elle a pu te dire, mais crois moi, elle a tord ! Râle-t-elle en croquant sauvagement dans son pauvre sandwich dégoulinant de sauce.

_ Mais...

_ Tu n'es plus une enfant ! Pourtant la façon dont elle a de lever le ton, j'ai bien l'impression d'en être une. Son timbre de voix est autoritaire et il ne me faut pas grand chose pour que je l'écoute attentivement. Tu es très belle comme tu es ! Je damnerais pour avoir tes formes !


Elle m'est tellement de conviction dans son compliment, qu'il me va droit au cœur. Je m'installe alors à ses côtés et finis cigarette avant de lui tapoter l'épaule en lui présentant ma main. La faim a eu raison de mes peurs et de mes complexes. Elle se met à rire, heureuse de m'avoir vaincue une fois encore et nous reprenons une discussion banale, pour un déjeuner qui me semble insolite.


Notre retour au bureau se fait plus rapidement que je ne l'aurai cru, pourtant, cela ne nous empêche en rien de rire l'une avec l'autre. Arrivées presque à notre bureau, j'aperçois monsieur Hiddleston, dossier en main. Il me paraît contrarié, ses traits se tirant en lisant mon travail et fronçant des sourcils. Darcy le salut poliment et à ma vue, il me montre du doigt, finis le côté bon patron. Il me toise avec colère et claque le dossier à ma place, comme si je venais de lui présenter une rédaction mauvaise.


_ Ce contrat, tout de suite ! Je me rembrunis, qu'ais-je donc fais pour mériter une telle parole ? Mais je reste, une fois encore docile face à son autorité.

_ Bien monsieur, dis je timidement, baissant les yeux.


Il s'éloigne, me permettant de m'installer à la hâte derrière mon bureau. Il se retourne comme s'il avait oublié de me dire quelque chose, les traits bien plus détendus. Est-il bipolaire ?


_ Appelez l'aéroport et réservez deux billets pour cet après midi, pour Chicago.

_ A quels noms ? Demandais je en tapant déjà le site sur l'ordinateur.

_ Le mien et le votre, dit-il comme si cela était une évidence. Je reste interdite, quittant l'écran pour poser les yeux exorbités sur sa personne.


Cela l'amuse, avançant vers moi, un air conquérant dans le regard. Il s'appuie sur le bureau, me dominant de sa hauteur. Il avance le haut de son corps un peu trop près du mien, me forçant à me faire plus petite que je ne le suis déjà en m'enfonçant dans le dossier de ma chaise.


_ Mais...

_ Nous devons participer à une réunion importante. Il se tourne vers Darcy et lui sourit. Réservez à l'hôtel habituel s'il vous plaît.

_ Bien monsieur Hiddleston, dit-elle en souriant.

_ Mais je ne peux pas !


Le message de Dean me revient en mémoire, si j'annule à la dernière minute, finis les petites attentions que j'attends depuis longtemps. Tom me fait face une nouvelle fois, le visage sévère.


_ Nous rentrons demain, en allant à l'aéroport, nous passerons à votre domicile pour que vous puissiez prendre quelques affaires.

_ Je... je reste silencieuse, je ne sais pas comment avouer ça à mon patron.

_ Vous avez le choix, mais si vous refusez, ce n'est pas la peine de revenir demain.


Il appelle cela avoir le choix ? Après ses belles paroles, il tourne les talons et retourne dans son antre. Donc si je résume bien, si je veux garder mon travail que j'ai commencé il y a deux jours, je dois partir en voyage d'affaire dans l'après midi ? Mais bien sûr, ce n'est pas comme si j'avais une vie privée. Je souffle bruyamment me rappelant rapidement les paroles de ma collègue : « Fais tout ce qu'il te demande sans poser de questions. ». Quand je me tourne vers Darcy, elle hausse les épaules, en signe de compassion.


_ Tu faisais des déplacements également ? La questionnais-je en saisissant le combiner du téléphone du bureau.

_ Non, il se débrouille comme un grand d'habitude.

_ Apparemment, je n'ai pas le choix. Ma voix n'est qu'une souffle dans le combiner.


Darcy pose une main amicale sur mon épaule alors qu'elle est maintenant en ligne avec l'hôtel en question. Je réserve rapidement les billets d'avion, mais mon esprit est ailleurs je dois bien l'avouer. Comment dire cela à Dean ? Il va être furieux, surtout sachant que je pars en voyage, d'affaire certes, mais avec mon patron. Après un bref coup de téléphone, je saisis mon téléphone et lui envoie un message des plus sincères à mon compagnon. J'attends sa réponse avec impatience, m'attendant à des insultes ou des suppositions vulgaires, mais quand je la reçois, elle ne contient rien de tout ça. Je reste songeuse face à ce message remplit de mots chaleureux et d'encouragement. Cela ne lui ressemble pas du tout et j'ai bien peur que cela me retombe sur le coin du visage à mon retour, demain. Mais rapidement, je comprend.. Il sera une nuit sans moi, donc il pourra la passer avec passion en compagnie de sa maîtresse. Une douleur me pique le thorax, quelle humiliation...


Le vol est aux environs de dix sept heures, donc vers quinze heures, monsieur Hiddleston me demande de le suivre, le nez plongé dans son téléphone. Je lui obéis, attrapant mon sac et mon téléphone et salue ma nouvelle connaissance en lui courant presque après. Les portes de l'ascenseur se referment sur un signe joviale de Darcy. Enfermée dans cette cage en métal avec mon patron, je me recroqueville sur moi même, serrant la hanse de mon sac vers moi, comme si cela pouvait me protéger de la tension que je sens monter en moi. Je m'appuie sur la paroi au fond de l'ascenseur, essayant de me faire aussi petite que je ne le suis déjà, tout en observant les étages défiler à vive allure. Par curiosité, je parviens à tourner la tête vers lui, il a rangé son téléphone et il est en train de me regarder. Mon regard reste accroché au siens, qui est encore plus doux qu'à son habitude. Ce que je pense y lire, me donne un frisson chaud sur toute la colonne vertébrale et cela est vraiment agréable. Il avance d'un pas, réduisant notre proximité, alors que je me pousse encore plus contre le miroir derrière moi. Sa présence englobe la mienne, comme si je n'étais qu'une pauvre âme perdue, laissant son parfum m'enivrer totalement. Je n'arrive pas à le quitter des yeux, comme si une fois encore, il m'intimait silencieusement de garder le contact et comme une pauvre petite fille obéissante, je lui donne ce qu'il veut. Il entrouvre ses lèvres fines, pensant sa langue que la lèvre inférieure et mon cœur rate un battement, m'obligeant à retenir ma respiration. Quand il commence sa phrase, le « ding » des portes se fait entendre, cassant totalement la bulle dans laquelle je m'étais glissée. Il s'éloigne aussi rapidement qu'il s'était avancé, me laissant aussi rouge qu'une pivoine.


Quand nous entrons dans le hall, moi à sa suite, tout le brouhaha cesse quelques secondes. Il traverse l'immense entrée sous les regards de ses employés et je me rend compte, à cet instant, l'importance qu'il a. Beaucoup le salue et il répond juste d'un signe de tête, comme s'il se devait de garder une certaine distance de sécurité. Une berline noire est stationnée juste à l'entrée de l'immeuble. Un homme en costume noir, lunettes de soleil sur le nez, ouvre la porte. Je reste en retrait quand mon patron lui parle gentiment. Tom me regarde et m'invite à entrer d'un signe de tête alors que le chauffeur m'ouvre avec galanterie la porte. Je le remercie, lui souriant pour sa prévenance et il répond avec rictus automatique.


La voiture est spacieuse, bien plus que celle de Dean. Je me faufile vers le côté gauche du véhicule, laissant mon sac sur mes genoux. Les sièges sont en cuir aussi noir que l'extérieur et quelques dorures en bois ornent les sièges avant et le contour intérieur des portes. Les vitres sont teintées ce qui nous laisse difficilement la possibilité de regarder avec précaution les rues. Je souris, comme quelqu'un qui n'a jamais vu quelque chose d'aussi spacieux quand mon regard, tombe une fois de plus, sur monsieur Hiddleston. Il est également en train de m'observer. La voiture démarre rapidement, coupant la route à une voiture qui avançait vers nous.

Je regarde la route, observant les rues défilées devant moi, à une vitesse soutenue. L'odeur du cuir neuf me parvient aux narines et j'adore ça. J'ai toujours aimé les belles voitures et cette berline, est bien une que j'adorerai posséder. Je ne me rend pas compte que ma main est très proche de celle de mon patron, seulement quand il la saisit. Je suis réticente à se rapprochement soudain, qui me rappelle bien trop celui de la veille. Mais Tom ne le voit pas de cet œil. De son autre main, il retire le bracelet qui est censé cacher mes ecchymoses. Il inspecte doucement mon poignet et de ses longs doigts, il vient effleurer ma peau, qui aussitôt se souvient de ce toucher, chauffant sur quelques parcelles. Je reste immobile, intéressée par son faciès. Sa mâchoire se contracte, il semble furieux et son froncement de sourcil n'apaise pas ses traits si fins. Ses doigts continuent d'arpenter mon poignet, venant mélanger un peu de pression avec une douceur incroyable. Je ne peux retenir cette chaleur qui tiraille mon bas ventre, pour me concentrer, je me mords la lèvre inférieure, ne ratant rien à cette caresse si subtile. Cela fait bien longtemps que Dean ne m'a pas touché de cette manière, aucunes touches de douceur, même pour assouvir ses besoins masculins. Il vient à saisir ma main avec délicatesse et joue avec mes doigts, comme si cela était la chose la plus banale au monde.


_ Tu n'as pas répondu à mon message hier. Dit-il sèchement, se concentrant sur ce qu'il fait subir à mes phalanges.

_ Je... Désolée, je ne pensais pas qu'il m'était destiné. Je baisse aussitôt le regard sur mes genoux.


Tout en gardant ma main emprisonnée dans la sienne, il m'oblige à le regarder, attrapant mon menton.


_ Ce n'est pas beau de mentir, sourit-il avec espièglerie. Alors que je reste silencieuse profitant de cette petite complicité spontanée. Mais d'un seul coup, ses traits se durcissent de nouveau. Il t'a encore fait du mal ?


Cette question me tambourine l'estomac, me donnant aussitôt la nausée. Comment ose-t-il ? Je retire ma main avec rapidité et me remet à observer la ville pour ne pas à être jugée par ses pupilles magnifiques.


_ Hanna...


Je ferme les paupières, mon corps réagissant à son appel. Mon prénom soufflé par sa bouche comme une supplication avec laquelle je dois combattre pour ne pas pleurer.


_ Il n'a...

_ Monsieur Hiddleston ! L'appelais je sévèrement, le fait qu'il insiste, me rogne et j'aspire à qu'il oublie cet incident comme je voudrais le faire. Je ne vous permet de juger ma vie.

_ Je ne la juge pas Hanna, je constate. Dit-il sûr de lui, comme s'il avait lu en moi.

_ Dans ce cas, vous constatez très mal. Je me remet à le fixer, déterminée à le faire changer d'avis sur le sujet. Je n'en parlerai pas et surtout pas avec lui, même si dans des moments comme celui-ci, j'en meurs d'envie.

_ Mlle Davis, nous sommes arrivés.


Le chauffeur met un terme à notre confrontation verbale, qui je le sais, aurait été gagné par cet homme si charismatique. Je reste pourtant, à le fixer droit dans les yeux, me perdant un temps soit peu dans le bleu de ses pupilles. Complètement abasourdi par mon manque de respect et mon envie de prendre le dessus, un rictus faux vient étendre ses traits tirés et d'un signe de tête, me montre l'entrée de mon immeuble.


_ Va te changer et prépare ton sac, nous partons dans vingt minutes. Son ton est autoritaire, comme toutes les fois où je le contredis. Il retourne à son téléphone, oubliant totalement ma présence.

_ Me changer ? Demandais-je avec étonnement, monsieur veut toujours avoir un œil sur l'image de son entreprise.

_ Tu peux enfiler une tenue de tout les jours, pour le vol c'est préférable.


C'est sur ses paroles que le chauffeur m'ouvre la portière et me tend la main pour que je la saisisse, ce que je fais, sans réfléchir. Il me sourit gentiment et j'ai l'impression de lire de la bienveillance à travers ses lunette fumée. Avant de claquer la porte, monsieur le grand patron m'interpelle une fois encore. Je me tourne, agacée, ce qui le fait sourire.


_ Prend un maillot de bain, l'hôtel possède une piscine.


Je n'ai pas le temps de rétorquer que le chauffeur claque la portière et se poste devant celle ci, les mains croisées devant lui. Un maillot de bain ? N'importe quoi ! Je ne pars pas en camp de vacances !


Je ne réfléchis pas à ce que je prend dans mon armoire, je n'ai que peu de temps pour boucler une petite valise et me changer. Quand je vois un maillot de bain dans mon tiroir à sous vêtements, je souris et le prend, après tout... Je m'empresse de me changer. J'abandonne ma jupe taille haute pour un slim noir, ma chemise cintrée pour un tee shirt gris basique et mes talons par des dr Martens. Il m'a dit d'être à l'aise alors je fais en sorte, de m'y sentir à l'aise. J'attache mes cheveux en un chignon rapide sur le haut du crâne et enfile de nouveau ma veste en cuire. Avant de sortir de l'appartement, je cours vers un carton se trouvant dans la chambre, attrapant à la hâte, un calepin à dessin de voyage et des crayons, juste au cas où, pour mon temps libre, en espérant en avoir.


Je descends presque essoufflée d'avoir fait aussi vite, c'est une chance de n'avoir mis qu'un quart d'heure pour faire tout cela, je suis bien plus lente à mon habitude. Le chauffeur me prend ma valise pour la disposer dans le coffre, me demandant d'attendre quelques secondes. Il m'ouvre la portière, j'aurai bien pu le faire moi même, je ne suis pas une de ses femmes qui aiment ce genre de choses. Mais je joue le jeu, en souriant. Quand je m'installe de nouveau dans la voiture, je pose mon sac à mes pieds cette fois-ci et remonte les manches de ma veste en cuir, sentant la chaleur de ma précipitation monter en moi comme une bouffée de chaleur. Je sens le regard lourd de Tom sur moi. Je lui fais face timidement, oubliant ma colère de sa curiosité disparaître instantanément. Il sourit timidement et me regarde en détails. Je fronce les sourcils, je me suis peut être un peu trop laissé aller...


_ Vous avez dis de mettre quelque chose de confortable, avouais-je presque paniquée, vous voulez que....

_ Non, non, sourit-il, tu es très bien comme ça.


Je souris timidement, prenant cela comme un très beau compliment. Il donne l'ordre au chauffeur de démarrer et replonge son nez dans l'écran de son téléphone. Le mien, je le tiens fermement entre mes mains, regardant l'écran. Dois-je envoyer un nouveau message à Dean ? Le prévenir que je me dirige vers l'aéroport ? Mais, je me ravise, qu'il s'amuse avec sa secrétaire, alors que je pars travailler avec cet homme qui me fait tourner la tête à la moindre paroles, au moindre regards... 

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