Chapitre 2: " Attirant "


J'entre dans l'immeuble de mon nouveau travail, l'appréhension gagnant sur tout les membres de mon corps. Je m'empresse d'entrer dans l'ascenseur, ne prêtant pas attention aux personnes qui m'entourent. Les parois sont en miroir, nous laissant nous voir sous toutes les coutures. Je reste prostrée dans mon coin, me dévisageant discrètement sur la paroi à ma droite. Je suis ravis que le maquillage hors de prix que ma mère aime m'offrir, fonctionne aussi bien. La gifle que Dean m'a généreusement offerte, a laissé une marque sur la pommette droite et je ne pouvais pas venir travailler, sans cacher cette horreur. Quelqu'un, me bouscule légèrement, me sortant de mes pensées. Je m'excuse d'un sourire timide, alors que je n'y suis pour rien. Je tire fortement sur la chemise en dessous de cette fameuse veste en cuire, que j'ai acquise hier. Et je porte mes doigts sur ma joue, sentant la douleur me picoter une fois encore l'épiderme.


Une fois que les portes en acier s'ouvrent, j'ajuste rapidement ma jupe et ma veste, je place mes cheveux sr mon épaule gauche et prend un air détaché, un sourire étirant mes lèvres. Je marche, laissant claquer mes talons sur le carrelage, pour seul bruit, tout en regardant ma montre. Je suis pile à l'heure, fière de moi je pose mon sac sur le grand bureau, qui sera bientôt le mien. La porte du bureau de monsieur Hiddleston attire mon attention, je reste immobile à la fixer, me rappelant vaguement mon entretien d'hier. J'entends que l'on vient vers moi et c'est à ce moment que je décide de détourner les yeux. Je vois Darcy, qui tient un tas de dossiers dans les mains, d'ailleurs, je ne sais pas comment elle fait pour marcher avec des talons aiguilles aussi hauts tout en portant ces dossiers. Je l'aide, ne voulant pas qu'elle se casse quelque chose. Elle me remercie d'un sourire de soulagement quand elle se met à me regarder de la tête au pieds, sans une once de honte dans les pupilles. Je me sens aussitôt jugée et je me regarde moi même, frottant ma jupe entre mes doigts.


_ Qu'est-ce qu'il y a ? Ma tenue n'est pas appropriée ? Je m'inquiète, je frotte mon bras gênée, je ne voudrais pas une nouvelle réflexion de la part de mon patron, alors que je fais un effort considérable pour paraître assez féminine.

_ Non, au contraire, tu es ravissante.


Elle paraît vraiment sincère, et je peux lire dans ses traits de la compassion. Je lui souris timidement, il est bien rare que l'on me qualifie de ravissante. Au même moment, le téléphone du bureau se met à sonner, me faisant sursauter au passage, je ne suis pas forcément habituée. Darcy me montre son doigt, m'intimant de patienter. Il est drôle, la façon dont elle a de devenir rapidement sérieuse et de perdre ce masque une fois avoir raccrochée. Elle prend mon sac à main pour me le tendre, toujours ce rictus agréable dessiné sur les lèvres.


_ Peux tu aller chercher un café noir sans sucre au café d'en face ?

_ Mais.. Je...

_ C'est pour monsieur Hiddleston, il aime avoir son café avant de débuter sa journée, me dit-elle gentiment, allumant l'écran d'ordinateur.

_ Il est déjà là ?! Demandais-je en regardant cette immense porte, un coup d'électricité me parcourant le corps.

_ Evidemment, m'avoue Darcy comme si c'était une évidence. Je devais y aller en arrivant mais il a demandé que ce soit toi qui aille le chercher, certainement pour t'habituer.


Elle me tend deux billets vert et s'avance vers moi pour poser une main rassurante sur mon épaule. Elle va alors s'asseoir derrière le bureau, prenant un dossier pour l'ouvrir en soufflant d'exaspération.


_ Ne t'en fais pas, à ton retour, je te montrerai ton boulot, promis. Dit-elle en me faisant un signe de ses doigts, qui je suppose doit ressembler à un serment de scouts.



Le café bouillant en main, j'arpente le long couloir et je n'ai pas le temps de m'arrêter, que Darcy m'indique que je peux entrer dans le bureau, pour revenir rapidement sur un dossier. Je souffle bruyamment, essayant de rassembler tout mon courage. Je suis comme une imbécile, devant la porte du bureau, sentant encore ce coup d'électricité me parcourir le corps. Je ferme les paupières, les ouvrant rapidement et dans un élan de courage, j'ouvre la porte en bois, prouvant ma présence en toquant doucement. Monsieur Hiddleston est assit derrière son bureau, en conversation téléphonique. A mon annonce peu bruyante, il lève les yeux vers moi et il paraît avoir été mit sur pause. Je ne sais pas si j'ai bien fais d'entrer d'un seul coup, mais après tout, c'est lui qui a demandé à ce que je lui apporte cette petite collation. Je lui souris timidement en avançant dans le bureau, comme si j'avais fais cela toute ma vie. Je jette un rapide coup d'oeil à cette peinture au dessus de la cheminée et mon angoisse disparaît aussitôt. Il a reprit sa conversation, sans pour autant me lâcher des yeux. Je lui tend son café, lui rappelant qu'il est très chaud, il se lève et le saisit. Nos doigts s'effleurent et j'ai l'impression qu'il vient de me pincer en plein dans le bas ventre. Je viens me perdre dans ses iris bleus verts, alors qu'il m'observe plus en profondeur.


Il baisse les yeux vers ma main qui tient encore son gobelet et je le vois plisser les sourcils. Je m'attarde alors moi même à mon propre membre et découvre avec horreur, les hématomes de mon poignet. Je lâche rapidement son café pour placer avec plus de précaution ma chemise. Et pour mon plus grand bonheur, il se rassoit sur son siège en cuir et je me permet alors de me diriger vers la sortie du bureau, levant la main vers ma joue, espérant qu'on ne voit pas cette marque...


Dean n'est pas revenu de la nuit et je dois dire, que cela m'a soulagé. Je ne me voyais pas lui faire face après un geste aussi virulent. Je n'ai pas énormément dormi, me questionnant sur ce qui a pu dégrader notre relation aussi rapidement, si joyeuse avait-elle pu être. Qu'ais-je fais pour mériter ça ? Il me trompe, sans remords, je pensais avoir touché le fond et voilà que maintenant, il m'humilie comme si j'étais un pauvre jouet et que je ne représentais rien à ses yeux. Quand mon réveille à sonner pour m'extirper violemment de mon lit, ma tête était lourde, je ne savais pas si cela était dû à la fatigue ou bien, à ce coup qui a anéanti toutes espoirs de reconquête de mon petit ami. Je tardais à me préparer, il avait dû entrer dans la nuit et je ne voulais en aucun cas le croiser, ne sachant pas comment réagir face à lui. J'ai tardé dans la salle de bain, et ne suis descendue qu'à l'heure de mon départ pour le travail, heureuse de ne pas l'avoir croisé dans les couloirs de l'immeuble ou de l'appartement.


_ Je peux vous aider ?


La voix de mon patron résonne dans ma tête, me sortant de cette souvenance angoissante. Je sursaute et me rend enfin compte, que je suis immobile en face de la porte, comme une andouille. Je me tourne vers lui et je remarque qu'il m'observe, levant un sourcil, montrant son impatience face à mon manque de réactions. Docile comme je peux l'être dans les moments les plus gênant, je baisse le regard vers le sol, trouvant la moquette spécialement intéressante.


_ Je... Désolée, bafouillais-je comme une adolescente. Trouvant enfin l'énergie pour sortir du bureau.


Durant toute la journée, je suis Darcy dans tout ce qu'elle entreprend. Il y a énormément de choses à faire : Classement de dossiers, répondre au téléphone, prendre les rendez vous, en organiser également, participer au réunion, auxquelles je ne comprend pas forcément quelque chose. Rédaction de dossier afin de les faire signer par monsieur Hiddleston et surtout, la chose la plus importante, faire tout ce qu'il me demande sans poser de questions. Darcy a été très claire sur ce point, et je compte bien ne pas déroger à la règle. Je suis soulagée d'être ainsi occupée, ce qui me permet d'oublier Dean, juste pour une journée.


J'ai remarqué la bienveillance de Darcy, quand je me perdais dans mes pensées, me tapotant juste l'épaule pour que je me concentre, arborant un sourire chaleureux. Elle est loin d'être la femme superficielle que son physique lui appose, au contraire de beaucoup de collègues féminines que j'ai pu rencontrer durant cette première journée éprouvante. Elle est drôle et gentille, compatissante, également. J'ai bien remarqué qu'elle a découvert les marques sur mon poignet, j'ai beaucoup de mal à la cacher, mais elle n'a jamais fait de réflexion, continuant d'étirer ses lèvres, en un sourire agréable et je l'en remercie pour cette prévenance.


L'heure de terminer la journée est arrivée, et Darcy est déjà prête à retourner chez elle. Pour ma part, je continue le travail, angoissant bien trop pour retourner chez moi. Je m'affaire à rédiger les notes de la réunion de cette après midi, me concentrant un maximum pour oublier la chaleur qui émane de ma joue meurtrie, me rappelant vivement que l'homme en qui j'avais le plus confiance, doit sans doute tripoter sa secrétaire et en tirer un plaisir animal. En appuyant sur « imprimer », le téléphone du bureau se met à sonner, me faisant crier de surprise. Mon cœur bat la chamade et en tenant ma poitrine, je saisis le combiné. J'entend la voix rauque de mon patron, qui me demande de le rejoindre dans le bureau. Je raccroche sans répondre, sachant très bien, que je ferai ce qu'il me demande. J'attrape le dossier en passant, le cale dans une chemise en carton et me rend donc dans son QG. Je ne toque pas, ne trouvant pas l'action utile et il est toujours en conversation téléphonique. Un jour, il attrapera quelque chose au cerveau. Je ris discrètement à ma propre réflexion et me permet de le détailler.


Cette fois-ci, il est dos à moi, regardant par la seule baie vitrée derrière son bureau. Il a laissé tombé sa veste, la laissant avec négligence sur sa chaise de bureau. Une main dans la poche, les jambes légèrement écartées. Je suis estomaquée par la largeur de ses épaules, que la position lui donne. Aussi stoïque, il me paraît immense et impressionnant.


Je reste ainsi, à l'observer au beau milieu de la pièce, serrant le dossier contre ma poitrine. Quand il raccroche, il tourne les talons et me dévisage. Ses traits qui sont tirés, se détendent en un sourire que je ne parviens pas réellement à déterminer. Son regard si clair et aussi très sombre par moment, il faut dire, il n'y a pas que son physique qui est imposant, son charisme, l'est tout autant. Il s'installe derrière son bureau, et me fixe, comme si je lui devais quelque chose. Le dossier Hanna, donne lui ce fichu dossier. Je m'empresse de rejoindre le bureau et lui tend donc ce que j'ai fini de faire pour aujourd'hui. Il le saisit et le pose loin de lui, non, apparemment ce n'est pas ce qu'il veut. Dans un murmure, je lui souhaite une bonne soirée et fais pour disparaître mais il m'interpelle sévèrement. Je suis littéralement en train de me liquéfier sur place, sentant mes genoux fléchir, cette voix...


Quand je me décide à lui faire face, il est beaucoup trop près de moi, si proche, que j'ai un moment de recule ce qui l'amuse, certainement. Je plonge mon regard brun dans ses yeux si contraire au miens, me sentant soudainement, peu sûre de moi. Fais quelque chose cocotte ! Je détourne les yeux, accrochant mon regard au seul objet qui me calme. La peinture, au dessus de cette cheminée. Il s'éloigne de plusieurs pas, me permettant ainsi de recouvrir la sensation de respirer et je peux également, m'approcher de cette œuvre, si magnifique. Je doute qu'il soit vrai, mais si c'était une copie, elle est magnifiquement identique à la vraie. J'entends des claquements de verre et j'ose un regard de coin. Il est au bar, sortant deux verres, sûrement en cristal, versant un liquide ambré à l'intérieur. Quand il revient vers moi, mon corps me le fait savoir, laissant un frisson dans le creux de mes reins. Il me tend un verre et d'un sourire, je le remercie silencieusement. Je n'aime pas vraiment le whisky, surtout pur, mais ne pas oublier : « Fais tout ce qu'il te demande, sans poser de questions ». Cette règle signera un jour mon arrêt de mort, j'en suis certaine. Lui, a déjà bu plusieurs gorgées de cette boisson alcoolisée, s'appuyant sur le bandeau de la cheminée, croisant ses bras sur son torse, que sa chemise laisse entrevoir, qu'il est fait de muscles saillants. Ses yeux ne me lâchent pas d'une semelle et le rouge aux joues me chauffe rapidement l'épiderme. Je me concentre sur le tableau, je ne dois pas flancher, c'est un homme comme les autres.


_ Vous avez l'air d'aimer l'art, dit-il simplement.

_ Oui énormément, je souris comme une idiote, sentant la nostalgie de mes années universitaires me trahir. Je suis une admiratrice de Rembrandt, il était le sujet de mon mémoire.

_ Vous êtes allée à l'université ? Sa voix prouve son étonnement.

_ Oui. Et je me tais, il n'y a pas grand chose à dire la dessus.

_ Ce n'est pas noté sur vos références pourtant. J'ai l'impression qu'il m'accuse d'une chose bien plus horrible que ça, le jugement se tintant dans son timbre de voix.

_ Je n'ai pas finis mes études, avouais-je sèchement.


Je n'arrive pas à cacher les regrets qui m'envahissent subitement. Pour cacher mon trouble et garder un minimum de prestance, je pose le verre entre mes lèvres avec maladresse et bois une gorgée de ce liquide, à l'odeur forte. Je grimace quand je sens la boisson couler le long de ma gorge, qu'est-ce que cela peut être fort. Sa présence se rapproche de moi, et je ne fais que l'observer, bien trop curieuse de sa démarche si masculine. Il dépose son verre sur la tablette de la cheminée et rapidement, il saisit mon verre pour le poser sur la table basse qui sépare nos deux corps. D'une seule enjambée, il se trouve le corps presque collé au mien et je retiens ma respiration, surprise de cette proximité soudaine. D'un geste délicat, il passe ses doigts autour de mon poignet droit, quand je fais pour me reculer, ne sachant pas la réaction logique que je devrai avoir. Il serre sa poigne sans qu'elle soit douloureuse pour autant. 

Je reste donc immobile à l'observer, levant légèrement la tête, tant il peut être grand. Il soulève la manche de ma chemise, découvrant mes hématomes. Quand j'aperçois les marques, mon cœur s'accélère sous l'angoisse qu'elles me procurent. Durant un court instant, j'ai totalement oublié cette partie de ma vie, me laissant emporter par la sensation de bien être de cet endroit. Du bout de ses doigts, il vient effleurer ma peau abîmée et son toucher laisse une empreinte chaude et délicieuse. Il me toise, souriant discrètement, étirant ses lèvres de coin, continuant son geste. Je ferme les paupières, gênée, mais également troublée par cette caresse. Je mordille ma lèvre inférieure quand je sens que sa main longe mon bras, et de ses longs doigts, il touche ma joue. J'ouvre instantanément les yeux et le vois froncer les sourcils. D'un geste brusque, il entoure mon menton de son pouce et son index pour tourner ma tête vers la droite, mon souffle s'accélère, mon corps se met à bouillir. Mais cette sensation ne ressemble en rien à l'angoisse, qu'il découvre ce qu'il s'est passé, non.. C'est une émotion que j'ai oublié depuis bien longtemps. Il relâche la pression sous mon menton, pour me laisser le contempler, détaillant de plus près son visage, qui est tendu certainement autant que le mien. Il cale la paume de sa main sur ma joue, et la fraîcheur de sa main me soulage, la chaleur toujours présente après le coup. Je souffle de soulagement et il me force à le fixer, droit dans ses pupilles où, à l'instant même, je voudrais me noyer.


_ Dis moi ce qu'il s'est passé.


Je reste interdite face à ce ton doux et ce tutoiement inattendu. Je dois me libérer de cette attraction peu commune. Je recule juste la tête pour que sa main n'est plus d'emprise sur moi, mais ses yeux me percent littéralement. Mon cœur ratant un battement quand je ressens sa frustration de mon silence. Je ne veux pas parler de mes problèmes avec qui que ce soit et encore moins, avec l'homme qui me paye tout les mois. Il lâche enfin mon poignet, et s'éloigne, reprenant son verre sur la cheminée, s'appuyant d'un bras sur celle-ci. Son dos se voûte alors que je l'observe se renfermer sur lui même. Est-ce moi qui le met dans cet état ? Cela ne se peut.. Il me fait face une nouvelle fois, buvant son verre cul sec et après une grande inspiration, il ouvre enfin ses fines lèvres.


_ Je connais que trop bien ces silences douloureux.


Sa voix trahit son inquiétude et cette information me semble vraiment personnelle. Ses iris si clairs, s'assombrissent et pourtant, je reste là, à l'observer silencieusement. Je lui souris tristement, récupérant mon verre plein. Je le tend vers lui comme pour le saluer et le bois à mon tour, d'un seul coup, ne lâchant pas mon regard du sien. La sécheresse de cette boisson, me fait légèrement tousser et pourtant, un sentiment de courage m'envahit. Je dispose le verre sur la cheminée, à quelques centimètres de lui. Son odeur me parvient aux narines. Il est un mélange de menthe, de musk, de whisky et de... Tabac ? Un mélange détonnant et si agréable à mes sens. Il me détaille comme si j'allais tout lui révéler, mais je lui souris tristement, comme une promesse que je garderai le silence. Je recule d'un seul pas, remarquant sa cage thoracique monter et descendre sous une respiration rapide.


_ Avez vous encore besoin de moi ? Ma question le surprend. Il détourne les yeux sur l'oeuvre.

_ Vous pouvez disposer. Souffle-t-il, battu par mon propre silence.

_ Bonne soirée monsieur Hiddleston et merci pour le verre.


Fière de m'être montré un peu plus sûre de moi, je m'aventure vers la porte, quand la poignet entre les doigts, il me parle. Je reste immobile, va-t-il lâcher l'affaire ? La sûreté disparaissant d'un seul coup, les larmes menacent de couler sur mes joues, s'il se permet d'insister encore. Je ravale mes larmes et lui fait face, un sourire des plus faux.


_ Mettez de l'hélichryse italienne sur vos bleus après avoir mis de le glace. Dit-il en se tournant vers moi. Il me montre du doigt alors qu'il tient son verre vide. Et un bracelet assez large devrait suffire pour cacher votre poignet.


Je suis effarée par ce conseil, me donnant l'impression d'avoir gagné à cette échange étrange. Je le remercie d'un signe de tête. J'ouvre la porte, mais sa voix résonne encore derrière moi.


_ Fais attention à toi Hanna.


Sa voix est étouffée, je me permet juste un coup d'oeil au dessus de mon épaule, il est tourné vers la toile, l'observant comme j'ai pu le faire trop de fois en si peu de temps. Mon prénom entre ses lèvres, sonne comme une promesse que j'aimerai qu'il tienne. Je souris discrètement et referme la porte sur la silhouette de Tom Hiddleston.

C'est avec une appréhension prononcée que je ferme la porte de l'appartement derrière moi. Une odeur délicieuse me vient et je reconnais l'odeur de mon plat préféré. Je dépose mes affaires sur la commode de l'entrée, faisant bien attention de ne pas laisser mes clefs de voiture traîner, par peur de recevoir une énième réflexion sur mon côté bordélique. Je retire mes talons, soulagée de pouvoir me mouvoir sans avoir peur de tomber du haut de mes dix centimètres en plus. La chaleur du logement est étouffante, je remonte mes manches, les pliant en quatre chacune et attache mes cheveux en un chignon rapide en haut de mon crâne. J'entre dans le studio et je sursaute, mes sens sur le qui vif, quand je découvre Dean m'observant, assit sur un fauteuil, cigarette à la bouche et un verre de whisky bien entamé dans l'autre. Je l'ignore avec toutes les convictions du monde, mais je sais très bien que je ne suis pas du tout convaincante. Il me sourit, comme si de rien était, comme s'il était heureux de me voir. Je grimace en m'avançant vers la cuisine sur ma gauche. La table est mise, pour un dîner aux chandelles. Je secoue la tête de gauche à droite, croit-il m'avoir aussi facilement ? Ma gorge est encore sèche du whisky que j'ai pu boire d'une seule traite. Un verre d'eau me fera le plus grand bien. L'angoisse m'étouffe et les bouffées de chaleur ne tardent pas à venir. L'eau du robinet me rafraîchit rapidement. Je me tourne et percute Dean, qui je ne l'avais pas entendu, se trouve derrière moi. Je sursaute et laisse tomber mon verre dans la surprise accompagné dans cri strident. Il est très vite suivit par un bruit sourd, du verre se brisant sur le carrelage immaculé de la cuisine.


_ Excuses moi, je ne voulais pas t'effrayer.


Tu t'attendais à quoi ?! Je ne parviens pas à lui cracher ça au visage, ayant peur de me reprendre une gifle que je ne pourrais pas oublier et qui me rabaissera encore plus qu'il ne le fait déjà. Je m'accroupis, les mains tremblantes pour ramasser les bouts de verre qui se sont éparpillés sur le sol. Dean fait de même, sans me lâcher du regard, attendant certainement un mot de ma part. Soudain, il attrape mes poignets et me toise de ses yeux clairs. Ils n'ont rien de comparable avec ceux de Tom, ils sont peut être clair mais ils débordent de haine et de colère.


_ Laisse, je vais le faire, va prendre un bain, ça t'aidera à te détendre.


Ce qui pourrait être un acte de bienveillance, se transforme rapidement en un ordre auquel je compte bien obéir. Il ne faut pas qu'il se répète pour que je cours jusqu'à la salle de bain, soulagée que cette situation n'a pas été si catastrophique.


Assise au milieu de la baignoire, les genoux recroquevillés contre ma poitrine, je ne parviens pas à me détendre malgré l'eau bien chaude qui me caresse le corps. Je pose le menton sur mes jambes, les entourant de mes bras fixant la porte que j'ai précautionneusement verrouillé. Je touche mon poignet, me remémorant la caresse si douce de mon patron. Pourquoi fait-il ça ? Et puis cette sensation quand il ose me toucher ou même juste me regarder ? Un bruit claquant contre la porte me sort de mes songes, et regrette cette pensée, comme si on pouvait lire dans mon esprit.


_ Hanna, le dîner est prêt.


Je reste silencieuse, incapable de quoi que ce soit. Je vais devoir sortir de la pièce et je suis tétanisée rien qu'à y penser. Je fixe alors la porte, espérant qu'il disparaisse, tout de suite. Mais les coups se font plus fort et plus impatients. Je sors alors de l'eau et m'entoure d'une serviette, me détaillant dans l'énorme miroir qui orne au dessus de deux lavabo d'un gris foncé. La poignée bouge dans tout les sens cette fois-ci, je me concentre pour prendre sur moi. « Fais attention a toi, Hanna ». Cette phrase me revient en tête et comme si mon instinct de survie reprend le dessus, je me tourne vers la porte.


_ J'arrive.


Je m'étonne du timbre de ma voix, qui s'est voulu doux et qui pourtant, était sévère. J'attends une réflexion, mais je ne perçois que ses pas s'étouffer dans le couloir. J'expire bruyamment, soulagée et m'empresse de me sécher et d'enfiler une tenue de détente. Juste de quoi dîner et de m'empresser à me coucher. Je prend une grande bouffée d'air avant de retourner dans la cuisine, laissant un courage inconnu me dicter mes gestes.


Dean est déjà assis en bout de table, un verre de vin rouge entre les doigts. Depuis quelques temps, j'ai bien remarqué son goût prononcé pour l'alcool, mais je ne dis rien et m'installe en face de lui. Il prend la bouteille et me serre un verre sans me demander mon avis, comme si je n'avais pas le choix, alors qu'il sait très bien que je n'aime pas ça. Il se lève silencieusement, laissant sa chaise grincer sur le sol et revient avec un plat sortant directement du four. Un hachis parmentier, je me disais bien, que je connaissais l'odeur. Il me tend le plat de salade verte en souriant et me demande si je veux bien mélanger pour que l'assaisonnement soit délicieux. Je ne peux m'empêcher de sourire à cette réflexion, qui me renvoie une année en arrière, quand notre couple ressemblait encore à quelque chose. Je me laisse alors entraîné dans cette nostalgie, de cette relation perdue. Il me pose des questions sur mon nouveau travail et il paraît vraiment intéressée. Pour une fois, il semble vouloir si cela me plaît et je dois dire que j'ai encore espoir qu'un jour tout redeviendra comme avant.


A la fin du dîner, je commence à débarrasser, m'activant ensuite à la vaisselle pour pouvoir me coucher. Je suis exténuée de ma journée et le bain n'a rien arrangé à mon état. Je suis étonnée, de voir Dean prendre un torchon et commencer à essuyer ce que je lave. Je reste quelques secondes à l'observer, et quand il remarque ma réaction, il rit sincèrement en haussant les épaules, comme si toute cette soirée était normale. Je range la dernière assiette quand brutalement, il saisit mon poignet. Je me recule apeurée par cette réaction soudaine mais il vient caresser l'hématome, qu'il a lui même créé, il y a à peine vingt quatre heures.


Il tombe à genoux devant moi et je me recule la main sur la bouche pour ne pas émettre le moindre son. Il m'attrape rapidement les hanches et je ne sais comment réagir, levant les mains ne sachant pas où les poser. Il colle son front à mon ventre et me serre encore plus fort contre lui.


_ Je suis tellement désolé mon amour, je ne sais pas ce qu'il m'a prit mais te faire ça, est la chose la plus conne que j'ai pu faire, pardonne moi, je t'en prie.

Pour appuyer ses propos, il lève la tête pour me regarder et ses joues sont humides de ses larmes. Son regard si remplit de haine, se transforme en un flot de larmes et débordant de tristesse. J'ai l'impression de lire de la sincérité dans ses pupilles et mon cœur si fragile, croque sous la douleur. Je ferme les paupières avant d'essuyer son visage avec mes mains, caressant la repousse de sa barbe, me picotant les paumes. Il enfonce une fois encore sa tête sur mon ventre et d'un geste, soulève mon haut pour déposer de léger baiser juste en dessous de mon nombril. La vérité me revient en plein visage de plein fouet, il m'a trompé, humilié, je ne pourrais pas lui pardonner si facilement. Je prend sur moi pour ne pas succomber à l'appel de son corps. « Fais attention à toi, Hanna ». Cette parole me glisse sur les nerfs à vif de mon esprit. J'hoquette avant de repousser l'homme en qui j'avais confié toute ma confiance. Je replace mon haut correctement et le laisse dans la cuisine, avec ses sanglots et ses remords, je ne peux pas lui pardonner avec tant de faiblesses, pas pour ma dignité.


Dean dort à point fermé derrière moi, je lui tourne le dos, entendant sa respiration lente et lourde de son sommeil. Je ne parviens toujours pas à dormir, essayant de recoller toutes les périodes de ma vie, où j'ai certainement merdé pour me retrouver dans une situation pareille. Je sens encore les doigts de mon patron me toucher le poignet et la joue, je sens encore son odeur si particulière et qui pourtant, lui convient parfaitement. Elle est fraîche, forte et débordante de testostérone. L'inquiète de sa voix quand il m'a demandé de faire attention, ses conseils avisés sur mes bleus, l'envie de savoir ce qui se passait dans ma vie, pourquoi ? Un vibreur me sort de ma réflexion et je vois mon téléphone s'illuminer dans le noir complet de la chambre. Je me tourne vers Dean, cela ne l'a pas réveillé. Je saisis mon smartphone et ce que je découvre me coupe le souffle. Une notification de message, venant de Tom Hiddleston. D'un coup d'oeil au dessus de l'épaule, je vérifie bien qu'il ne fait pas semblant de dormir et appuie sur l'écran tactile, le cœur battant la chamade.


De : Mr Hiddleston.

« Tout va bien ? »


Il ne faut que ces trois mots pour semer le trouble dans mon esprit déjà bien perturbée. Je reste immobile, n'exclamant aucunes réactions face à ce SMS. Sans doute s'est-il trompé, je ne dois pas être la destinataire. Je fais pour répondre, mais je m'arrête aussitôt, si je me lance dans cet engrenage, je ne pourrais pas m'en défaire et cela nuirait en tout ce que je crois. Je ferme les yeux et je vois son regard bleus verts me sonder et je comprend, que je ne dois jouer à ce jeu. Il s'est trompé, voilà tout. J'efface alors le message, sachant pertinemment que Dean aime trifouiller dans mon téléphone, à la recherche de la moindre occasion de me rappeler qu'il est le seul homme dans ma vie. Je replace mon téléphone sur la table de chevet et me glisse sous la couette, prenant bien soin de tourner le dos à Dean. Je ferme les yeux. « Fais attention à toi, Hanna. »


_ Laisse moi tranquille, soufflais je dans un chuchotement avant de m'endormir. 

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