Chapitre 13: " Un dîner presque parfait "


 L'heure du repas arrive à grand pas et je dois avouer que l'envie n'est toujours pas au rendez vous. Bien au contraire, je n'ai qu'une seule et même envie, me blottir sous ma couette et regarde le plafond à réfléchir à ma vie. A cette nouvelle vie qui se profile devant moi, sans que je n'ai eu le plaisir d'y réfléchir. En une nuit, en quelques secondes même, ma vie à prit une nouvelle tournure que je rêvais posséder durant ces moments de douleurs et de désarroi total. Je vais attendre que ma mère m'appelle, pour descendre et rencontrer le généreux donateur dont ma mère m'a gentiment parlé. Pourquoi veut-elle absolument que je le rencontre ? L'association ne m'appartient pas, je n'ai même pas une part dans cette démarche. Et pourtant, elle semblait vouloir absolument que je les accompagne.


Je m'observe dans le grand miroir de mon armoire à vêtements, essayant de ne pas me détailler de trop, n'aimant plus observer ce corps si défait et totalement emplit de séquelles de cette vie si triste et détruite. Oui... Ma vie a été détruite.. Mon corps l'est également, et mon âme... Laissons la en paix pour le moment.. Une tenue sobre, c'est ainsi que je vais qualifier ma tenue pour ce dîner auquel j'aimerai ne pas participer. Une robe, simple, ni trop longue mais qui laisse entrevoir tout de même mes mollets, seule partie qui semble intact. Noire, de préférence et une veste de costume de la même couleur, afin d'amincir mes courbes trop généreuses. Oui, il les trouvait trop rondes pour son bonheur, pour ne pas avoir honte de me montrer à ses amis.. Mais il aimait les caresser durant ces nuits que j'aimerai oublier. Je ferme les paupières, cet eau de Cologne, encore dans mes narines... Une remontée dans ma gorge et tout les mauvais souvenirs me reviennent. Je dépose une main sur mes lèvres pincées pour essayer de le contenir, mais c'est impossible. Je cours vers la salle de bain, les membres supérieurs tremblants et un léger cri pour aider le contenu à atterrir dans la cuvette du toilette. Les vomissements, ils sont devenus mon quotidien depuis mon retour chez mes parents. Juste une pensée, un souvenir de lui, une odeur qui m'y ferait penser facilement ou encore une phrase dite trop brusquement, et mon estomac semble vouloir me guérir à sa manière.


_ HANNA !!! DESCENDS S'IL TE PLAIT !


Je respire rapidement, et je reste quelques secondes au dessus de la cuvette, voulant être sûre d'avoir tout expulsé. Je fais alors la chasse d'eau et referme le tout. J'ose à peine me regarder dans le miroir au dessus du lavabo. Mon mascara à couler et j'ai mis tellement de temps à me maquiller que j'en perds déjà le courage de recommencer. Je retire juste les traces de mascara sous mes yeux qui ont perlé sous la pression de mes vomissements et rajoute juste de la poudre pour cacher les marques. Je ne semble pas avoir perdu pour ce qui est des pinceaux de maquillage. Tout de même une retouche de mascara et finalement, j'attache mes cheveux en un chignon défait, qui dénote avec ma robe. Mais je n'ai pas le temps pour commencer une coiffure trop compliqué, et puis après tout, je m'en moque. Une dose de parfum et me voilà finalement prête à répondre à l'appel de ma mère.



Je descends les escaliers en sachant pertinemment que je vais totalement m'ennuyer à cette soirée. Les discussions vont être compliquées pour mon esprit de ce moment, mais je ferais semblant de suivre et de m'intéresser. Je suis devenue une professionnelle dans ce domaine. Je veux tout de même y aller, pour ma mère, pour lui faire plaisir. Et je ferai en sorte de sortir de table rapidement, ainsi j'aurai fais mon apparition et ma mère sera contente. Je pose à peine le pied sur la dernière marche que j'entends une voix qui me semble familière, et mon père rire alors. Je secoue la tête et les rejoins dans le salon. Et c'est à ce moment que je vois l'homme et mon père.


L'homme est de dos, et sa silhouette est si particulière qu'elle me fait penser à lui. Son costume bleu clair le met en valeur et son dos est large. Je fronce les sourcils, me concentrant sur la forme de son corps et son parfum me vient rapidement en tête... C'est...


_ Ah ! Te voilà enfin ! S'écrit ma mère en s'approchant de moi.


L'invité et mon père se retournent vers moi et mon cœur se met à battre la chamade. J'ai l'impression que celui ci va exploser d'un seul coup alors qu'il me sourit tendrement. De la tendresse... Chose que je ne suis plus habituée à voir chez les autres hommes. Je reste silencieuse, ne sachant pas quoi dire. Surtout après ce qui a pu se passer, ce qu'il a pu voir. Ma mère me bouscule légèrement et je reprends aussitôt mes esprits alors.


_ Hanna chérie, dis bonjour à notre invité. Je ne t'ai pas élevé ainsi, sourit elle avec innocence, alors que son regard est loin d'être innocent. Je la dévisage, en colère contre ce qu'elle a pu faire, mais je ne dis rien et repose les yeux sur Tom.



_ Monsieur Hiddleston, dis je solennellement.

_ Hanna, sourit Tom. Tu as bonne mine.

_ Merci... Vous aussi, dis je sèchement pour cacher mon intérêt pour son bien être et pour également, rester polie.

_ Merci, rit il. Je semble étonnée de son rire puisqu'il s'arrête presque, laissant un sourire en coin étirer ses fines lèvres. Pourtant, je dors très peu ces derniers jours, je dois avoir les traits tirés, essaye-t-il de rire.


Je ne vois pas ce qui a de drôle dans ce qu'il dit, au contraire de mon père, qui se met à rire un peu trop sincèrement. De le voir rire ainsi, je remarque alors qu'il est totalement différent que la semaine qui vient de se dérouler. Il frappe virilement l'épaule de mon ancien patron, ce qui fait légèrement sursauter Tom, qui me regarde alors. Je ne sais quoi dire, à part le regarder, je suis totalement perdue, le voir ici, dans la maison de mon enfance, après qu'il m'ait aidé alors que mon petit ami me.... Je n'ai pas le temps de finir de réfléchir quand la voix rauque de mon père se met à trembler dans mes oreilles.


_ Venez, allons nous mettre à table.

_ Je vous suis, lui sourit Tom avec politesse et lui faisant un signe de main afin qu'il passe devant lui pour montrer le chemin.


Tom me regarde fixement et je reste immobile à faire de même. Il s'avance d'un pas vers moi, je remarque bien qu'il aimerait me dire quelque chose mais je ne lui en laisse pas le temps et l'esquive avec habilité. Un pas sur le côté et j'avance alors, suivant les pas de mon père.


_ Allons en salle à manger, dis je en lui tournant le dos. Mes parents nous attendent.


Et je continue mon chemin vers la pièce principale de la maison, suivit de près par monsieur Hiddleston, qui je l'entends, soupire légèrement. En arrivant, ma mère est debout devant sa chaise et sans pouvoir me contrôler, je la dévisage totalement, je sais très bien, qu'elle savait qu'il s'agissait de lui et qu'elle a omit de me l'annoncer. Cela ne m'étonnerai pas qu'elle l'ait elle même organisée. Je lui en toucherai deux mots plus tard, pour l'instant, il faut que je fasse bonne figure, que je montre que je m'en suis remise rapidement, même si cela est totalement faux, je suis complètement effrayée, chaque secondes, de chaque minutes.. Je m'installe et bien évidemment, Tom se retrouve à mes côtés. Sa présence est charismatique, même assit, il paraît si grand au contraire de moi, qui semble si insignifiante. Je reste à regarder les couverts devant moi, alors que ma mère sert le repas avec légèreté et un sourire bienveillant sur le visage. Mon père, lui, verse un verre de vin rouge à Tom qui le remercie avec une élégance qui lui est propre et qui semble beaucoup plaire à mon paternel qui décoche un sourire satisfait.


_ Ma femme a cuisiné rien que pour vous, sourit il à Tom.

_ C'est un honneur madame Davis, dit Tom avec un sourire à faire fondre n'importe quelle âme. Et bien évidemment, ma mère sourit en rougissant, la réaction que monsieur Hiddleston attendait certainement.

_ Ce n'est rien de bien compliqué, avoue ma mère.

_ Elle se sous estime, râle mon père en prenant sa main avec une tendresse infinie et un sourire qui prouve l'amour qu'il lui porte depuis tant d'années.


Je ne peux pas m'empêcher de les observer et de sourire. J'ai toujours admiré le couple de mes parents, en le prenant pour exemple pour la vie d'adulte que je m'étais construite dans mon esprit. Quand ils se regardent ainsi, on a l'impression que rien d'autre n'a d'importance. On peut lire dans leur yeux, l'amour et l'admiration qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Et ainsi, on pourrait croire, que rien ne pourrait les séparer. Et même si je suis adulte maintenant, je le crois toujours. J'espérais au plus profond de moi, vivre ce bonheur qu'offre l'amour de l'autre, et pourtant, j'ai vécu tout le contraire. Mon regard se plonge alors dans mon assiette, m'obligeant ainsi à penser de nouveau à lui.. A ce qu'il a pu me faire.. Devais je vivre ça ? Était-ce ça, l'amour auquel j'avais le droit ? La remontée me revient aussitôt et je me concentre pour ne pas qu'elle sorte dans mon assiette. Je serre mes doigts autour de mon couteau et de ma fourchette et j'oublie que je ne pas seule dans cette pièce. J'ai comme l'impression de tomber dans un néant, tombant à une vitesse folle.


_ Hanna !? Crie ma mère soudainement, et grâce à cela que je reprends connaissance de ce qui m'entoure. Je lève les yeux vers ma mère et je peux lire l'inquiétude grandissant dans ses pupilles. Ça va ma chérie ? Je ne dois pas l'inquiéter, je dois être forte, comme elle a pu toujours l'être à ma connaissance.

_ Oui, pardon, j'étais perdue dans mes pensées, souriais je avec difficultés.

_ Avances moi ton assiette s'il te plaît.


Je lui tend alors et lui sourit une fois encore pour essayer de dissiper ses doutes. Une fois l'assiette posée devant mes yeux, les nausées se font plus violentes. Je grimace discrètement et tourne la tête vers les trois autres personnes qui sont à mes côtés, espérant qu'aucuns d'eux n'ait pu le voir. Avec soulagement, je remarque Tom discuter avec mon père de son entreprise, et il explique avec une passion dévorante. Mon père semble pendu à ses lèvres et cela me submerge de jalousie. Une semaine que mon propre père ne m'a pas adressé la parole et je le vois totalement éblouit par le charisme de l'homme qui m'a sauvé.. Sauvé ? Est ce vraiment le mot ? Je ne sais pas... Je préfère me lancer dans la contemplation de mon repas, qui malgré l'odeur alléchante, me donne plus envie de rendre le vide de mon estomac qu'autre chose. Ma mère ne m'a pas lâché des yeux depuis plusieurs minutes et je n'ai pas le courage de lever la tête vers elle. Je veux juste que ce repas se termine rapidement et que je puisse courir dans ma chambre et soulager mon corps de cette sensation désagréable.


Je reste à jouer avec ma nourriture, silencieuse à les écouter se raconter des anecdotes, restant tout de même très guindés, chose que je ne connaissais plus depuis mon départ de la demeure familiale. Je tapote la purée avec la fourchette, attendant que le temps passe enfin quand la voix de mon père change totalement de tonalité, devenant un peu plus agressif. Je m'oblige alors à lui faire face, avec toute l'énergie qu'il me reste. Son regard est totalement différent de celui qu'il pose sur Tom depuis son arrivée. Il est froid et désobligeant. Qu'ais je pu faire pour qu'il me déteste ainsi ? Les six yeux sont posés sur moi, comme si je venais de faire la pire des bêtises et je me sens redevenir un enfant.


_ Hanna, Manges, me dit il en prenant une bouchée de son assiette, pour ne pas me regarder plus longtemps.

_ Je n'ai pas très faim, avouais je malgré moi, en continuant de jouer avec la purée et de l'imiter, détournant le regard, perdant l'espoir que mon père me considère de nouveau.

_ Ta mère a cuisiné, donc fais un effort, crache-t-il froidement après avoir avalé ce qui l'empêchait de prononcer un seul mot.

_ John, arrête ! Me défend calmement ma mère. Je dois avouer, qu'à cet instant, je suis agacée. Je ferme les yeux et me lève légèrement en poussant doucement la chaise.

_ Je vais vous laisser à votre repas.

_ Assis toi ! Hausse-t-il de ton.


Je suis légèrement choquée de sa réaction, je le toise et m'assoit de nouveau alors sur la chaise. Son regard me prouve que je suis redevenue une adolescente et qu'une fois que l'on hausse le ton, je ne peux pas m'empêcher de devenir docile et je trouve cela irrespectueux, qu'il puisse s'en servir contre moi, après ce que je venais de lui avouer. Je baisse la tête en retenant cette fois ci, la boule de déception et de tristesse qui se noie dans ma gorge. Ma mère pose une main tendre sur l'avant bras de son mari et aussitôt, je l'entends soupirer, preuve qu'il essaye de garder son calme. Qu'ais je fais pour l'énerver à ce point ? Je me replonge dans mon assiette et je ne parviens toujours pas à prendre une première bouchée, je ne peux pas.. Et ne le veux pas, je peux le dire. Je sens une chose se poser sur ma cuisse. Je me tend discrètement pour regarder et je vois la main de Tom, poser sur ma cuisse, caressant doucement le tissu de la robe de son pouce. Ce geste se veut réconfortant et il l'est. Oui... Son touché est réconfortant et agréable, même après tout cela. Je sens une chaleur envahir mon corps qui a si froid depuis ces derniers jours. Lui, au contraire, fait comme si de rien était et continue de manger. Le regard de ma mère devient lourd pour mes épaules et je repousse doucement la main de Tom, bien que j'apprécie ça. Un peu de compassion, ne fait de mal à personne.


Le repas se termine malgré tout dans le calme. Mon père discute avec Tom dans le salon cette fois, ayant abandonnés la table pour déguster un digestif que mon père aime proposer à ces invités les plus prestigieux. J'aide alors ma mère à débarrasser les assiettes et tout nettoyer. Ma mère n'a jamais voulu de domestique, préférant tout faire elle même, même si cela lui prenait une journée à faire le ménage et ranger la maison entière. Je l'ai toujours admiré pour cela, montrant qu'elle était effectivement la femme au foyer et une mère aimante. C'est bien d'elle que je tiens, les bonnes manières d'une femme de maison et d'une famille aussi sérieuse que la notre. C'est elle qui a construit ce que nous sommes et elle doit être bien déçue de ce que je suis devenue.. Je n'ai pas eu sa force...


Je lave la vaisselle en restant plongée dans mes pensées, à aspirer de me coucher. Mais je pense plus au comportement de mon père vis à vis de moi et je suis terriblement touchée. Je nous pensais proche, moi sa seule fille, mais une erreur de ma part et le voilà totalement ignorant de mon existence. Ma mère me regarde alors qu'elle essuie les assiettes que je dépose sur le côté.


_ Ton père ne veut que ton bien... dit elle comme si elle lisait dans mes pensées et c'est légèrement... terrifiant. Je prend une grande inspiration en réfléchissant à ce qu'elle me dit.

_ Du bien ? Riais je sans joie. Ça fait plus d'une semaine qu'il ne m'adresse pas la parole ! Et la seule fois qu'il le fait, il me parle comme à une adolescente ! Dis je en colère.

_ Hanna... souffle ma mère avec agacement. Comme si j'avais tord, encore une fois.

_ Tu savais que c'était monsieur Hiddleston, n'est ce pas ? ! demandais-je pour changer de sujet, voulant absolument savoir.

_ Ce n'est pas le sujet Hanna !


A cette réponse qui n'en n'était pas réellement une, j'ai compris. Elle avait tout prévu. Pourtant, je lui avais expliqué un bout de ce qui avait pu se passer. Pas sa façon de m'avoir méprisé, ce qui m'avait amené à rejoindre le domicile familial plus rapidement, mais le reste oui. Et elle a fait exprès de ne pas mentionner son nom dans son invitation à dîner. La colère vient dominer mes réactions et tout en la fixant, je claque les assiettes dans l'évier. Le bruit sourd des assiettes se cassant dans l'eau résonne dans la pièce et cela fait sursauter ma mère. Elle me regarde les larmes aux yeux et même cela, ne calme pas ma colère. J'essuie mes mains avec rapidité et jette le torchon sur l'îlot central en gris anthracite. Ma mère essaye de me retenir mais je retire rapidement mon bras. Cette soirée est totalement surréaliste, je n'arrive pas à le croire. Quand je quitte la cuisine, empruntant le couloir menant aux escaliers, je croise mon père, pour lequel je n'ai aucun regards. Je pose le pied sur la première marche et il m'interpelle pourtant. Mon corps obéit alors aussitôt, s'arrêtant pour ne pas le contrarier une fois encore. Je soupire le plus discrètement possible et me tourne vers lui. A ses côtés, Tom, me regardant avec une douceur infinie, comme si j'étais devenue une merveille que l'on ne voit qu'une fois dans sa vie. Enfin... Je l'ai ressenti ainsi. Mon père a les traits tirés et il me fait comprendre silencieusement que j'ai intérêt à l'écouter cette fois. Je croise les bras, prouvant ainsi mon agacement et attends sagement.



_ Monsieur Hiddleston a quelque chose à te proposer. Tu devrais l'écouter. Je soupire et ferme les yeux quelques secondes avant de poser les yeux sur l'invité.

_ Je vous écoute, soufflais je, prouvant ainsi que je veux que cela aille vite... Très vite.

_ Allons prendre l'air, me propose-t-il. Je crois que le digestif de ton père m'a donné chaud, j'ai besoin de frais, sourit il.


Mon père rit fièrement à sa réflexion et frappe son épaule avec gentillesse avant de rejoindre ma mère dans la cuisine. Je peux entendre quelques sanglots quand il ouvre la porte et mon cœur se serre. Elle ne mérite pas ça... je baisse alors la tête essayant de me convaincre une fois encore, que c'est ma faute... Ça l'a toujours été. Je regarde par la suite Tom qui éclaircit légèrement sa voix. Je l'invite donc à me suivre une fois de plus vers le salon, prenant un paquet de cigarettes en passant. M'intoxiquer les poumons ne pourra me faire que du bien à ce moment.



Je l'emmène donc sur la terrasse de la maison, nous laissant ainsi une belle vue sur la lune dominant le ciel, éclaircissant ainsi le terrain de la demeure. Je sors une cigarette et l'allume dans la pénombre, la petite flamme du briquet illuminant quelques secondes mon visage certainement décomposés en vue de toutes les émotions qui se bousculent en moi. Je l'ignore presque, m'avançant vers le petit muret qui délimite parfaitement la terrasse carrelée. Je m'y appuie de mes coudes et observe ainsi la lune qui est pleine en cette nuit étoilée.


_ Hanna... Je...


Je n'ai pas envie d'écouter des excuses qui seront totalement oubliées dans quelques jours. Je l'arrête d'un signe de main et appuie mes fesses contre la pierre cette fois. Je tire sur le filtre de ma cigarette et recrache doucement la fumée.


_ Que vouliez vous me proposer ? Le coupais je alors. Tom me regarde sans réellement savoir quoi me répondre. Je le remarque au fait qu'il ouvre et ferme ses fines lèvres, le regard se perdant dans le vide. Je soupire alors.. Il n'avait rien à me proposer...

_ Je peux avoir une cigarette moi aussi ? Je lui en donne une, le briquet en prime et l'observe l'allumer.



Même cela, il le fait d'une façon qui lui est propre et qui lui donne un côté rebelle assez sexy, avec son charisme dévorant. Tom me regarde en recrachant la fumée grisâtre de son nez. Reviens travailler pour moi. Dit il sérieusement en mettant une main dans la poche de son pantalon, mettant le bas de sa veste en arrière.

_ Quoi ? Non ! Je ne savais pas quoi répondre et cela est sotie tout seul. Sans que je ne puisse y réfléchir plus en profondeur. Pourquoi me proposer cela ? Alors que j'ai démissionné il y a bientôt cinq mois.

_ Ce travail était fait pour toi ! Tu as ta place dans le sein de mon entreprise Hanna.

_ Pourquoi ? Parce que j'obéis très bien ? Dis je avec mépris, repensant encore à ses paroles encore douloureuses.

_ Non... Bien sûr que non ! Avoue-t-il en avançant d'un pas pour appuyer sa réponse. Je suis réellement désolé de ce que j'ai pu te dire.. Je ne voulais pas te faire de la peine, je ne le pensais pas... Reviens travailler pour moi.. Je te promet que tu ne le regretteras pas.


Je le détaille et je perçois de la sincérité dans son regard. Je dois dire, que cela donne à réfléchir. Je ne voulais pas quitter mon travail, j'aimais me lever le matin pour aller derrière mon bureau toute la journée, travailler sur des dossiers, prendre ses rendez vous et participer aux réunions. Je me sentais douée pour ça, et voilà que je suis une bonne à rien, qui est revenue vivre chez ses parents, qui ne semblent pas la vouloir ici. J'aimais passer du temps avec monsieur Hiddleston, je dois l'avouer. Je baisse la tête et tire une dernière fois sur le filtre de ma cigarette avant de l'écraser dans le cendrier derrière lui, l'effleurant au passage et mon cœur en rate un battement. Son odeur me monte rapidement à la tête et cela me donne le tournis. Je me recule une fois que toute la fumée disparaît et le regarde. Je prend une grande inspiration et détourne les yeux.


_ Je veux une augmentation de trente pour cents, ancienneté comprise et une heure de pause déjeuner prolongée et payée, bien évidemment. Je sais que c'est moi qui ait démissionné, mais en vue de son comportement avec moi, pourquoi ne pas essayer ? Ainsi, il pourra se faire pardonner et j'y gagnerai. Tom me regarde en souriant en coin, en vainqueur et cela a le don de m'agacer. Quoi ? Demandais je en soufflant, comme une adolescente cette fois, je peux l'avouer.

_ Tu es difficile en affaire, rit il, c'est en associé que je devrais t'engager.

_ Ne me tentez pas, souriais je avec malice.


Tom me fixe dans les yeux, son sourire s'élargissant encore et oui... Il me fait encore totalement craquer, bien qu'il a été désobligeant, et impulsif, c'est tout lui... C'est tout ce qui fait Tom Hiddleston après tout. Il tend lentement une main vers moi et je la détaille avant de lever les yeux vers les siens. Il m'invite à la saisir en un signe de tête et je me sens rassurée. Je glisse doucement mes doigts dans la paume de sa main et ne le lâche pas du regard, peur qu'il disparaisse et que cela ne soit qu'un rêve, une fois encore. Il serre avec douceur ma main et la secoue avec tendresse.


_ Affaire conclue, dit il tendrement, souriant toujours en coin.

_ Affaire conclue, répétais je sans pouvoir décoller mes yeux des siens, sentant cette bulle se former autour de nous, comme le jour de cette valse enivrante et magique. Je souris alors et cette chaleur reprend possession de mon corps rapidement.


***


Deux semaines se sont écoulées depuis ce fameux dîner, qui une fois encore, change ma vie. Je suis parvenue à une reprise de travail une dizaine de jours plus tard, afin d'attendre que les dernières traces de ma vie disparaissent de mon corps. Je ne voulais pas revenir la peau encore colorée de ces coups. Monsieur Hiddleston l'a très bien compris et n'a rien demandé de plus. C'est donc aujourd'hui, que je reviens officiellement chez Hiddleston Architect Corp. Je suis très angoissée, le sommeil a été difficile, ne parvenant pas à fermer l'oeil durant des heures. Mais j'aime l'idée de le mettre sur le compte de l'excitation de pouvoir reprendre le travail. A peine levée, je me suis préparée, une douche et est venue le moment de la tenue. J'ai réfléchis très longuement, une jupe ou non ? Je sais que mes hématomes ont disparus mais... Non.. J'ai abandonné l'idée et ais opté pour une tenue de femme d'affaire plus sobre. Un tailleur d'un noir intense et d'une chemise bleue clairs, évitant de me mettre trop en valeur. Une fois mes cheveux attachés, je me suis maquillée très légèrement, juste pour cacher les cernes de cette nuit mouvementée.


Je vois bien que si je pars maintenant, je serais très en avance, mais malgré tout, je prend mon sac et descend les escaliers presque en courant. Je peux entendre mes parents discuter dans la cuisine et à mon arrivée, les paroles s'estompent. Ma mère, tasse de café en main me regarde et me sourit tendrement, alors que mon père se cache derrière son journal. Je ne leur adresse pas la parole depuis ce dîner. Je suis une locataire plutôt désagréable mais je n'ai pas la force de leur demander des explications. A me triturer l'esprit avec tout ça, je me rend compte que mes réactions ne sont en rien exagérée. Je suis juste ... Perdue et détruite. Je dois apprendre à me retrouver, à comprendre de nouveau ma façon de réfléchir et surtout, de le faire par moi même.


_ Tu prends quoi pour ton petit déjeuner ? Me demande-t-elle en me tendant une tasse que je ne prend pas. Tu es prête pour ta reprise ?

Jene veux rien merci, bonne journée à vous. Dis je en m'éloignant, n'étant venue que pour une pomme.

_ Hanna... soupire ma mère.


Je ne prend pas la peine de m'attarder ici et m'empresse de partir pour cette journée qui risque d'être fatigante dans tout les sens du terme. Je me dirige à pas rapide vers l'arrêt de bus le plus proche du domicile de mes parents, qui se trouve à cinq cents mètres. N'ayant toujours pas de véhicule, je me suis donc permise d'acheter des tickets de bus afin de pouvoir me mouvoir sans devoir demander à qui que ce soit un service. Et les taxis, sont bien trop cher pour mon budget. J'ai l'impression d'être redevenue une étudiante qui doit faire attention à ses fins de mois et je vous l'avoue, la fierté en prend un sacré coup.


Durant le trajet, je me rend compte que j'aurai dû penser à prendre mes écouteurs. La musique m'aurait fait certainement oublier la peur de se retrouver dans un lieu publique. Les sons me font sursauter à la moindre occasion. Je ne pensais jamais devenir ce genre de femme, qui se méfie de chaque geste des personnes qui l'entourent. Et même un moment, le timbre de voix d'un homme m'a aussitôt fait penser à Dean, et mon cœur s'est emballé, mon sang ne coulait plus dans mes veines et mes mains se sont mises à trembler. J'ai hésité... Tellement hésité à retourner chez moi, à me cacher sous la couette. Je suis parvenue à garder les nausées pour moi et de ne pas en faire profiter les autres. Mais elle reste là, ancrée en moi, profondément. Je ferme les yeux et essaye de me concentrer sur ce qui va certainement m'arriver aujourd'hui, mais la douleur de se sentir faible et apeurée est bien trop présentes.



Ma mère m'a conseillé une bonne amie à elle, afin que je puisse consulter une personne qui saura me conseiller et m'écouter quand j'en aurai le plus besoin, en somme, un psychiatre. Mais je refuse catégoriquement, ce qui a pu se passer, reste dans le domaine du privée et je ne veux en aucun cas divulguer tout ce qui a pu se passer. Le raconter, le ramènerai au plus proche de moi et je refuse qu'il fasse irruption dans ma vie, à n'importe quel moment de mon existence. Je suis redevenue maîtresse de moi même, en partie, et je veux justement, que cette partie reste en moi. Alors j'ai grogné en réponse à ma mère, qui m'expliquait avoir remarqué que j'avais radicalement changé ces derniers jours et qu'elle voulait juste m'aider. Et je suis partie m'enfermer de nouveau dans ma chambre. Un jour, je m'excuserai auprès d'elle, je lui expliquerai le pourquoi du comment... Et j'espère qu'elle comprendra.


Après vingt minutes de bus et des multiples arrêts pour accueillir d'autres voyageurs, je peux enfin descendre du véhicule. A peine suis je à l'extérieur, que j'ai l'impression que l'air rempli mes poumons facilement. Bien qu'il soit tôt dans la matinée, les rues sont bondées de monde et j'essaye de me contenir de ne pas courir à l'intérieur de l'établissement. Je lève les yeux pour regarder l'édifice et les souvenirs de mon premier jour me viennent à l'esprit et je ne peux pas m'empêcher de sourire alors. Je prend une grande inspiration et m'avance vers l'entrée, quand instinctivement je me retourne et remarque le café sur le trottoir d'en face. Je prend sur moi et traverse alors la rue pour aller chercher deux cafés. C'était la première tâche de mon travail, je ne dois pas l'oublier. Après quelques minutes d'attente, je reviens alors vers le bâtiment en tenant fermement les deux gobelet en carton, ne voulant pas les faire tomber.


Quand j'entre dans le hall d'entrée, mon regard se pose rapidement sur la réceptionniste, qui est toujours la jeune femme blonde de mon premier jour. Elle me remarque et cette fois ci, elle me sourit gentiment. Je reste interdite, alors qu'elle avait toujours été très désagréable à mon encontre. Je lui répond d'un signe de tête, ne pouvant pas réellement faire autrement, ayant les deux mains prises. J'appuie sur le bouton pour appeler l'ascenseur avec grande difficulté et je me félicite intérieurement de ne pas avoir lâché les gobelets. Première victoire de la journée, me souriais je à moi même.


Au fur et à mesure que l'ascenseur gravit les étages, je sens mon angoisse monter elle aussi. Et si je n'étais plus faite pour ça ? Si je foire tout ? Je ferme les yeux pour me concentrer sur moi même, il n'y a pas de raison pour que je n'y arrive pas. Avant je savais très bien le faire, j'ai appris avec la pratique et tout reviendra rapidement... Enfin je l'espère.


Le « ding » de l'ascenseur, m'indiquant que je suis arrivée me fait sursauter. Les portes en métal s'ouvrent et je vois de nouveau mon ancien bureau. Je souris en m'avançant vers celui ci. Je pose rapidement les cafés et mon sac pour ne pas faire de bêtises. Je détaille le bureau et rien n'a changé, tout est à sa place, on dirait que personne n'est venu dans cet endroit, depuis que je l'ai quitté, mais j'en doute fortement. Mon regard vient se poser sur les deux grandes portes au bout de la pièce, l'antre de la bête. Je prend une grande inspiration pour me donner du courage et attrape son café pour aller vers les portes. Je toque fortement, plus fort que je ne l'aurai cru, m'étonnant moi même et j'attends. Aucunes réponses. Je réitère mon geste, peut être ne m'a-t-il pas entendu.. Mais non.. Toujours pas de réponses. Je soupire alors, de soulagement ? Oui, certainement et retourne alors derrière mon bureau. Je profite du calme et l'odeur de l'endroit me caresse doucement les narines. J'aimais tellement être ici, cela m'a terriblement manqué, je ne peux plus le nier maintenant que je m'y trouve de nouveau. Je dépose le café de mon patron en hauteur, sur l'étagère de mon bureau, qu'il pourra prendre en passant alors. J'allume l'écran de mon ordinateur et un mot de passe est demandé. Je fronce les sourcils, il ne m'a laissé aucuns mots, aucunes notes pour m'indiquer le nouveau mot de passe. Bêtement, j'essaye le mien et comme par magie, l'écran s'allume sur une photographie d'un chat. C'était le fond d'écran que j'avais choisis avec Darcy. Mais... Est-ce possible ? N'a-t-il réellement pas eu d'assistante depuis mon départ ? Je ne saurai pas vous expliquer pourquoi, mais je souris, comme si j'étais fière... Fière d'avoir était la seule à avoir occupée ce bureau ces derniers mois... J'en garde espoir... Espoir d'être indispensable à quelqu'un.... 


***


Petit chapitre de transition de l'histoire, des avis?! 


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