Mon très cher Elmo,
Je vous écrit précipitamment, mes mots décousus et mes pensées vagabondes.
Oh comment vous expliquer cela ! Voilà le troisième fois que je recommence cette lettre et je n'arrive pas à tenir le fil des mots. Il m'échappe, emmêlant mes phrases, et brouillant mon esprit.
Je reviens tout juste d'une visite chez Linnio Ferrand.

Il m'a ouvert les yeux sur les sentiments que j'éprouve à votre égard.

Le battement frénétique de mon cœur lorsque mes pensées vagabondent jusqu'à votre doux visage, les papillons s'envolant dans mon ventre lorsque j'imagine votre retour, et cette douleur qui me ronge quand je pense à votre campagne, à cette distance qui nous sépare, tout cela n'était pas qu'un sentiment d'amitié profond.
C'était bien plus que cela.

La visite que j'ai eu chez le jeune Ferrand m'a déchirée. Il m'aimait véritablement. Moi pas. Je crois que je n'étais attirée que par sa beauté, sa classe sociale et sa richesse. Je voulais faire vivre ma famille dans un monde meilleur, mais je n'avais pas pensé à moi. J'ai brisé le cœur à ce jeune homme, en lui donnant une once d'espoir, avant de l'anéantir.

Il m'a pourtant aidé à vous avouez ce qui me pesait sur le cœur. Sans lui, je n'aurais sûrement jamais pu vous avouer tout cela.

Je veux vous le dire simplement, sans fioritures, ni chichis.

Je vous aime.

Depuis tant d'années, je n'osais pas mettre le mot "amour " sur mes sentiments. Je ne disais que "amitié".

Je n'osais pas, et je ne savais pas.

Alors, votre demande un peu bâclée, je l'accepte, les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres.

Oui, Elmo, je veux bien te prendre comme époux.

Je t'aime comme je n'ai jamais aimé quelqu'un, et je te le dis.

Je te tutoie à nouveau, maintenant. À quoi bon se préoccuper des jugements des autres ? Mon amour pour toi est tellement plus fort que les regards de la société. Je n'attend que ton retour, et ta réponse.

Je t'aime,

Aliona