Ma très chère amie,

Je vous écris vite cette lettre, car je dois partir dans quelques instants. Nous allons faire un entraînement en forêt. Personne ne sait, dans notre tente, de quoi il s'agit. Sûrement un test de routine.
Enfin bref, je tiens à vous donner de mes nouvelles et à m'excuser. Tout d'abord, les nouvelles !

Malheureusement, avec ce froid grandissant et ces vents fourbes, j'ai attrapé une mauvaise grippe. Très mauvais, avec la bataille qui approche. Je suis tout courbaturé, je passe mes nuits à moucher mon pauvre nez rougis et ma gorge irritée m'empêche d'alerter mes camarades en cas de besoin.

Enfin bref, le bonheur infini ! De légers flocons sont tombés, hier ! Ils descendaient le ciel, comme de petits anges pelucheux. J'ai dû résister à l'idée de courir la tête vers le ciel, la bouche ouverte pour les avaler, comme nous le faisions autrefois.

Ces petites habitudes me manquent. Je n'ai pas d'ami ici avec qui je puis les partager. Déjà qu'on me prend pour un dépressif au camp...
Je ne suis pas dépressif, juste nostalgique. C'est toute la différence.

Nostalgique de cette belle époque où nous n'avions guère à nous soucier de guerre, de politique, de famine et de mariage.
A propos de mariage, je tiens à m'excuser de ma demande précipitée. Je ne sais pas ce qui m'a pris de jour là. J'avais un profond manque d'amour, et c'est ainsi que j'ai voulu le combler.
Que j'ai été sot ! Je ne voulais surtout pas vous effrayer ! C'était une suggestion un peu stupide.

Et votre lettre m'a fait plaisir. Je vois que profitez de votre vie, malgré mon absence. Je sens presque votre sourire derrière vos mots, et cela me réchauffe le cœur plus qu'un bon feu.

Je comprend tout à fait que deux bels hommes s'intéressent à vous ! Vous êtes belle, intelligente, distinguée, et j'en passe ! Dire que je vous ai eu pour moi pendant toutes ces longues années ! Je n'en reviens pas de ma chance.

J'imagine, depuis ma tente froide et humide, la tête des dames. Cela a dû être hilarant ! Comme je regrette de ne pas avoir pu  voir cela !

J'espère que vous ferez les bons choix, et de tout cœur !
Laissez votre cœur choisir, plutôt que votre tête ! Est-ce que c'est la personne qui vous plaît, ou sa marque sociale ? Réfléchissez bien !

Je suis sûr que vous ferez le bon choix.

Bien à vous,

Elmo.