- Allez Nomba, avance ! supplia Aliona avec une intonation désespérée dans sa voix.

Voilà trois jours qu'ils marchaient ensemble. Le territoire était grand, mais pas infranchissable. Il semblait surtout  escarpé sur les côtés,  car de grandes falaises entouraient la forêt.

Ils avaient reçu avec joie un paquet d'Alia,  contenant de la viande séchée. Tout deux en avaient été ravis. Dommage que la jeune guerrière n'avait plus de quoi  répondre. Pour une fois qu'elle aurait été ravie d'envoyer une missive à Alia !

A présent,  ils étaient à mi-chemin, d'après les estimations de la jeune fille. Et Nomba refusait de faire un pas en avant. Tétanisé, la queue entre les jambes et les oreilles en arrière,  il laissait échapper des gémissements. Pourtant, ce n'était ni la faim, ni l'épuisement.

- Nomba je t'en supplie ! Allez !

Il ne fit pas un pas. Elle tenta de l'appâter à l'aide d'un précieux morceau de viande, rien n'y fit ! Il ne bougea pas. Aliona soupira.

- Tu as autant peur que cela ? Mais de quoi ?

Bien entendu, l'animal ne lui répondit rien. Il lâcha un japement soudain et se retourna pour fuir de l'autre sens.

Aliona laissa échapper un soupir. Si Nomba ne voulait pas y aller, tant pis. Elle ne pouvait pas le forcer. Mais sa présence avait été si rassurante ! Cela lui faisait un peu mal de devoir l'abandonner.  Mais elle ne pouvait pas perdre de temps à partir à sa poursuite. Elmo n'était pas loin, elle le sentait. Autour d'elle,  les arbres se refermaient sur sa tête,  comme si ils cachaient quelque secret inavoué. Elle avançait plutôt vite, mais économisait ses forces pour la bataille finale. Plus elle progressait,  plus elle s'inventait des scénarios sur ses retrouvailles avec Elmo. Elle angoissait. Et si tout cela ne se passait pas comme prévu ?  Et si Elmo s'était fait corrompre ?  Et si il la rejetait ?
Toutes ses suppositions tournoyaient dans son esprit, tel de funestes créatures. 
Son coeur battait à tout rompre quand elle évoquait le nom de son bien aimé. De joie, de stress, de peur mais surtout d'amour.  Ce mélange délicieux,  mais un peu acide à son goût,  faisait l'effet d'un cocktail explosif dans son pauvre coeur.

Marcher lui permettait d'évacuer un peu toutes ses peurs. Elle se remémorait les bons moments passés avec son ami dans leur jeunesse.

Une ombre passa au dessus d'elle.  Aussitôt,  elle leva la tête pour tenter d'apercevoir quelque chose, en vain. Cette maudite forêt jouait sur ses nerfs. Ce genre d'illusion était arrivé souvent depuis son entrée dans le territoire. Et lui rappelait affreusement deux événements traumatisants qui lui étaient arrivés.

Elle poursuivit son chemin. Quand le soleil fut haut, elle mangea un peu. Puis reprit.

Aucun chemin ne l'accompagnait. Elle était un peu perdue au milieu de la forêt.

Soudain, une sorte de mûgissement retentit. Son son se persécutait entre les murs de pierre, résonnait dans la vallée. Aliona se figea. Un tel hurlement devait venir d'une bête énorme. Comme celle qu'elle avait vue au-dessus d'elle deux fois...

Il fallait qu'elle sache. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine. Son courage était quelque peu ébranlé par l'idée d'apercevoir un animal atroce. Elle avança lentement, en direction de l'endroit où elle avait entendu ce bruit. La pente s'élevait un peu. Les arbres semblaient presque noirs, mais Aliona n'y prêta pas attention. Trop focalisée par sa peur, elle retenait son souffle. Peut-être allait-elle comprendre pourquoi son fidèle loup avait pris peur de cet endroit !
Comme elle aurait aimé l'avoir à ses côtés en ce moment ! Il l'aurait rassuré, rien que par sa présence mutine. Mais elle était seule. L'escarpement devenait difficile à grimper. Ses pieds glissaient sur les feuilles mortes sombres, s'enfonçaient  dans la boue. Elle dérapa maintes fois mais avança tout de même, sans se décourager pour autant. Enfin,  elle arriva au sommet de ce qui semblait être une colline au milieu de la vallée.

Ce surplombement magnifique donnait une vue extraordinaire sur tout les environs. Aliona put voir la fin du val. Elle retint un hurlement de joie : elle y était presque !

Mais son regard fut vite attiré par une masse grise, énorme qui était lovée juste à ses côtés. Elle se retourna avec horreur.

L'animal était énorme. Aucun animal à la connaissance de la jeune fille mesurait une pareille taille. Il devait bien faire une dizaine de mètres, si ce n'était une quinzaine. Sa couleur,  qu'Aliona avait d'abord éprise pour du gris, était unique et indescriptible. D'un bleu métallique, d'une couleur azurée mais mauve en même temps,  elle changeait à chaque mouvement provoqué par le souffle de cet être gargantuesque. Les reflets du soleil hivernal rendait une teinte particulièrement extraordinaire, dont les mots ne sauraient reproduire la beauté.

Le souffle parcourant l'animal était lent et profond : il semblait dormir. Une longue queue s'enroulait autour du corps, comme une protection à toute attaque qui viendrait perturber ce sommeil serein. Des écailles recouvraient l'entier de l'être. Elles avaient l'air tranchante comme une lame venant d'être affûtée par le meilleur armurier de ce monde. Une crête courait sur ce dos énorme,  comme des sapins sur un escarpement. La tête était aplatie,  un museau surplombant une gueule énorme. Les naseaux gigantesques s'ouvraient et se fermaient régulièrement.
L'animal esquissa un mouvement,  sortit une patte et l'amena à son nez pour gratter. La patte se prolongeait par d'énormes griffes argentées.

Aliona faillit pousser un cri. Elle avait reconnu cette bête affreuse. Elle ne pensait pas qu'ils en existaient encore, tout le monde les croyaient disparus. Mais pourtant, l'un d'eux se tenait devant la jeune femme, preuve qu'il était réel.  Elle comprit alors que les apparitions dont elle avait été témoin n'avaient pas été des illusions.

La peur l'envahissait.  Elle ne resta pas plus longtemps. Elle courut. Elle prit ses jambes à son coup. Un détail la frappa alors qu'elle courait. Les arbres... étaient noirs. Noir de cendre. Noir calcinés.

Elle accéléra. Jamais elle n'avait couru aussi vite. Son souffle s'étouffait dans sa gorge. Elle peinait. Mais la peur gagnait. Quand elle n'en put vraiment plus, elle s'arrêta.

Autour d'elle,  les pentes escarpées avaient disparues. En face d'elle, à quelques lieues à peine, se tenait majestueusement un château sombre.

Elle y était. Elmo avait être sauvé.

Hey hey hey !
Au moment où j'écris cette nda, j'ai terminé Reviens-moi. Snif.
Je compte poster tous les deux jours jusqu'à la fin... C'est à dire le chapitre 26.
Merci encore à romane665 pour les photos !
( eh oui la dernière je ne l'ai pas postée sur le tableau commun ! Je voulais pas tout te spoiler x) )
Bref...
Et j'ai fait une carte ! Elle est encore au stade brouillon mais je vous la met !

Donc... le rond jaune c'est d'où Ali est partie à peu près.
Le point rouge c'est la fameuse clairière.
Et le bleu c'est l'endroit où elle se dirige c:
Voilaaaaaaa.

A la prochaine !