Chapitre 20

Un bruit tira Aliona de son repas de midi. Autour d'elle,  rien que la neige tombée dans la matinée tapissait le paysage de sa froideur. Rien d'autre.
Elle plissa les yeux. Un mouvement gris dans les arbres trahit la présence d'un oiseau. Aussitôt elle décocha une flèche et se mit en positon de tire, une paupière fermée. Elle se concentra, s'apprêta à lâcher la flèche sur le volatile jusqu'à ce qu'il se montre enfin. Elle rabaissa son arme et poussa un soupir. Un roucoulement de pigeon accompagna le vol hésitant de ce dernier. Le messager apportait sa lettre.

Aliona saut dessus,  et fut vite déçue. Alia n'avait pas pensé à lui joindre une simple pomme. Un nécessaire à lettre, oui ! Mais une pomme, il ne fallait pas rêver à ce point tout de même.  Elle ne prêta que peu attention à la lettre,  dont le contenu niais et fade horripilait la jeune guerrière. Les pensées insipides de  l'infirmière ne lui importait guère. Elle griffona une réponse peu soignée - en vengeance de la non-pomme- et renvoya l'agaçant oiseau avec le petit fardeau. Elle soupira et se remit à manger sa soupe, froide à présent. Coupée avec de l'eau pour tuer la faim qui grondait dans son ventre, elle n'avait pas de goût,  sauf l'amertume de l'absence d'un repas digne de ce nom. Les herbes qu'elle y avait ajoutées était comme de la cendre dans sa bouche et pourtant elle n'avait pas fait brûler son met.

Elle respira un bon coup, refit son paquetage pour s'en aller. Le soleil était haut dans les arbres. Il devant être une heure, peut-être deux. De ce qu'Aliona pouvait voir, une tempête allait peut-être éclater. Pour cela, il fallait que la jeune femme se hâte. Trouver un abris ne serait pas chose aisée. Et il était hors de question de se coucher simplement sous un arbre, la neige risquait de tomber et de l'ensevlir sous sa clarté gelée.

Elle ajusta son sac et se remit en marche. Dans son esprit abruti par le manque de nourriture  résonnaient les mots heurtant son coeur et son corps.

Faim. Elmo. Torture. Faim. Fatigue. Faim. Faim. Faim. Elmo.

Elle se tuait à petit feu, forçant son métabolisme à suivre le rythme qu'elle  s'imposait. Plus rien ne traversait son esprit quand elle marchait. Elle était une sorte de zombi, allant , avançant.

A force d'avancer, elle ne voyait même pas les flocons tomber furieusement autour d'elle,  et les cimes des pins se pencher de plus en plus dangereusement au-dessus de sa tête,  mus par la seule force du vent.

Quand un arbre se fit secouer plus fort par une bourrasque,  et qu'elle en reçu l'intégralité de neige reposant jusqu'alors sur les branches,  elle se réveilla de sa transe. Sa tête lui tournait. Ses jambes ne tenaient plus le reste du corps. Elle luttait pour ne pas s'écrouler. Et pas un abri à l'horizon.  Elle se força d'avancer, se battant contre son épuisement. Une trouée lumineuse l'attendait quelques dizaines de mètres plus loin. Elle trébucha et s'étala contre une racine. Elle tenta de se relever. Elle ne pouvait pas rester là, ainsi prostrée. Elle risquait une engelure. Et la mort. Elle rampa lentement, abandonna son paquetage. Elle allait plus vite ainsi. Les minutes semblaient durer une éternité et elle n'avançait à peine.
Pourtant elle persévérait. La trouée lumineuse s'approchait. Un dernier effort la fit se relever.
Un pas. Deux pas.  Trois pas.

Elle en fit dix. Et s'écroula. Son souffle était rauque, sa tête était martelée par ses battements de coeur. Tous ses muscles souffraient. Elle suffoquait presque.

Mais elle avait réussi. En-dessus d'elle,  le ciel dégagé vomissait des milliards de flocons qui retombaient lourdement sur le sol déjà enneigé. Le vent rugissait, mugissait. Aliona y était arrivé.

Mais c'était loin d'être une bonne nouvelle. Elle était encore moins à l'abris que dans la forêt. Elle ne pouvait plus remuer. Qu'elle avait été sotte de penser que cette lumière provenait d'une maison. Qu'elle maudite forêt,  cachant ses illusions derrière un voile opaque. Maintenant, elle était vouée à rester couchée là, la neige s'écrasant sur sa poitrine haletante.
La pellicule blanche allait se transformé en duvet, en masse oppressante puis finir en linceul.
Quelle belle tombe pour la jeune guerrière !
Morte et enterrée dans la froidure virginale de ces flocons, métaphore même de son personnage.
Elle s'apaisa lentement. Que c'était beau ! Le calme de la tempête,  la chaleur qui quittait lentement ses membres, la blancheur hivernale l'entourant...
Elle laissa aller sa tête dans le froufrou apaisant de la neige. Malgré le vent fourbe, son cercueil n'en était pas moins confortable. Un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres gercées,  presque saignante. Elle ramena ses bras autour d'elle,  dernière coque de protection contre le froid. Une larme s'échappa tout de même de son oeil droit. Elmo ne serait pas secouru. La goutte parcoura sa joue, et retomba. Peut-être qu'Alia se débrouillerait pour le sauver. Sa paupière gauche laissa échapper une autre larme. Peut-être qu'Elmo finirait par l'oublier, si il était sauvé, et s'unirait à l'infirmière. Une autre roula sur sa peau pâle et gelée. Ou mourrait-il.
Dans ce cas il la rejoindrait. Un sanglot secoua son corps, gelant peu à peu. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Après tout, mourir n'était pas si terrible. C'était juste un passage jusqu'au Terres Éternelles. Elle se laissa submerger par la fatigue, par le froid et sombra dans une semi-inconscience.

Mais un aboiement la réveilla.

Tam tam tam

comment dire...
Ce chapitre, je le prépare mentalement depuis... avant les Seychelles x)
Ouais ça fait un bout de temps.
Cette partie était déjà claire dans ma tête alors qu'Alia était genre... Juste une infirmière inutile x)
Bon maintenant vous la haïssez pour la plupart mais bref x)
J'espère qu'il vous a plu, que le retard ne vous dérange pas trop --"
Bref.

A la prochaine !

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