- Ah ! Les nouveaux scientifiques ! Bienvenue à Johnson Entreprise !

Le coeur d'Apollon se souleva de joie. Son héros  de toujours, l'admiration de sa vie se tenait devant lui, les bras écartés comme si il était près à recevoir un câlin. Son crâne chauve  luisait à la lumière des LED chatoyants. Ses lunettes posées sur son nez déformaient  légèrement ses yeux savants, d'où s'échappait une lueur malicieuse. Malgré les rides et les nouveaux cheveux gris qu'il arborait et qui reflétaient son épuisement au travail, il semblait infatigable. Comme un phare résistant à l'assaut intarissable des vagues et des marées, il encaissait les chocs, mais restait bien campé sur ses pieds.
Il congédia d'un coup de main le petit roux binoclard qui l'accompagnait et se frotta les mains.

- Ah !  J'avais tellement hâte de ce stage !

Il avait l'air d'un enfant, vent de recevoir un jouet qu'il attendait avidement. Tout le groupe sourit.

Le jeune homme regarda autour de lui. Tous arboraient un faciès d'admiration, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés d'émerveillement. Le visage le plus frappant était celui de la jeune rousse qu'il avait embêté quelques instants plus tôt. Son regard était brillant de larmes qu'elle retenait avec une peine apparente. Les joues de cette fille sortie des bas-fonds de la ville étaient mouillées. Elle cachait son visage derrière sa crinière aux reflets rouges. Elle sembla surprendre le regard du bel homme et détourna aussitôt ses yeux, sa peau rougissant dans une couleur pourpre. Elle essuya rapidement le liquide salé qu'elle venait d'évacuer et se reprit lentement. Apollon eut un rictus. Cette fille pourrait être la prochaine proie de son tableau de chasse. Elle avait l'air facile, un peu trop intelligente mais elle semblait déjà prise dans ses filets. Quelques mots doux, des excuses, et un largage par message  ( si elle avait un téléphone ) et ce serait fait. Son plan le plongea dans une euphorie maîtrisée.

Mais il hésitait à exécuter son dessein. Ou du moins, sur la personne.
Car la rousse avait beau être mignonne, une autre femme avait attiré le regard du jeune brun. Il l'avait tout de suite remarquée. En même temps,  ce n'était pas difficile : ses airs de riches et sa voix un peu stridente faisaient relever la tête de toutes les personnes autour.

Mais c'était surtout son physique angélique qui attirait Apollon. Ses beaux cheveux blonds relevés en une queue-de-cheval parfaite brillaient d'un éclat doré, comme les lingots qui devaient emplir le coffre fort de son père. Ses yeux bleu-gris éclataient d'une tempête entêtée, et aspiraient de leur fierté insolente les regards autour d'elle. Son nez droit descendait jusqu'en dessus de sa bouche pulpeuse et maquillée avec soin. Son menton droit et sa mâchoire fine montraient une détermination sans bornes.

Elle ne serait pas une proie facile,  il en avait conscience. Mais l'idée d'avoir cette beauté pour lui, et du challenge que ça lui procurerait le tentaient dangereusement.

- Donc... continua Robert en se frottant les mains, faisant sursauter Apollon. Commençons cette visite !  Je suppose que ma secrétaire vous a déjà fait part de l'histoire de ce bâtiment ? Et que personne n'a vraiment écouté?

Tous baissèrent honteusement la tête. Mais monsieur Johnson eut un rire :

- Ne vous inquiétez pas ! J'aurais fait pareil ! Et vous leur avez fait part des interdictions aussi ? demanda-t-il à la dame en tailleur en se tournait vers elle.

Elle hocha la tête et il s'exclama :
- Parfait ! Parlons à présent des obligations de ce lieu.

Il prit une grande inspiration et à ce moment, Apollon se dit qu'il aimait le caractère excentrique de l'homme en face de lui.

-  Premièrement : il est strictement OBLIGATOIRE d'être CURIEUX !

Il avait crié ces deux mots importants, faisant sursauter et rire les adolescents qui l'écoutaient avidement.

- Deuxièmement : il est obligatoire d'essayer. Troisièmement : L'échec total n'existe pas. C'est seulement  une étape à résoudre. Quatrièmement... Je ne me souviens pas alors arrêtons-nous là d'accord ?

Un rire secoua le petit groupe.

- Bref allons-y !  Ah non , j'oubliais !  D'abord, Présentez-vous.

Aussitôt, Apollon remarqua la réaction d'Arianne. Elle s'était recroquevillée, ses yeux révulsés de peur. Elle était terrifiée à l'idée de se présenter devant son héros. Elle semblait à la limite de la crise de panique. Chochotte, pensa-t-il avec un rictus.
Il détourna son regard.

D'abord se présenta une jeune brune, banale. Ensuite un blond boutonneux. Et ainsi de suite. Quand ce fut le tour de Lidia, le jeune homme concentra toute son attention.

- Alors je m'appelle Lidia, j'ai 15 ans, bientôt 16 enfin dans 3 mois. Sinon j'aime... le shoping, parler mais surtout la chimie.

Robert hocha la tête et passa la parole à Apollon.

- J'm'appelle Apollon, comme le dieu grecque. J'aime ... La science, les filles et... Euh... La lecture parfois.

On eut un rire.

- Un assemblage. ..particulier, fit Robert en se joignant au groupe. Bon, à qui le tour ?

Apollon se surprit à penser que le scientifique n'était pas si différent qu'eux.  Mise à part une intelligence remarquable, bien sûr !
Cet homme dégageait une aura chaleureuse,  qui rassurait et détendait les  personnes aux alentours.

- Ah ! Je crois que tu pourrais te présenter toi ! s'exclama ce dernier en désignant la rousse.

Elle sembla se liquéfier sur place. Son visage exprima une grimace apeurée, tandis que sa peau se teinta d'une couleur pourpre.

- Je... Je m'appelle Arianne, commença-t-elle à balbutier.

- Arianne, Apollon, tout dans la mythologie dis donc ! intervint le scientifique avec un visage rassurant.

La pauvre petite sembla reprendre un peu d'assurance.

- J'aime la lecture, un peu de musique, mais surtout les sciences et particulièrement la physique. C'est dans ce domaine que j'aimerais d'ailleurs travailler.

- Fort bien ! Continuons.

L'adolescente rousse que Apollon ne cessait de fixer étrangement respira à nouveau. Elle tordait toujours ses mains mais s'était calmée.
Apollon fit ensuite dériver son regard vers Lidia, la belle, la seule et l'unique. Son esprit ne cessait de balancer entre ses deux créatures. Il ne savait laquelle choisir.

Et pourquoi pas les deux ?

Non, non. Elles étaient bien des filles mais n'en étaient pas stupides pour autant. Si il se faisait surprendre à flirter avec l'une d'elle, par sa rivale, il risquait de tout perdre. Il fallait qu'il se décide sur une seule.

Après tout, n'était-ce pas l'occasion parfaite de faire une victime ?
Un stage, une amourette et paf !  Quelques jours plus tard, il annoncerait qu'une relation à distance était trop compliquée pour lui et qu'il fallait mieux s'arrêter là. Si il avait été seul et avait été un méchant de cinéma,  il en aurait ricané bruyamment dans un décor verdâtre.

Il se contenta d'un sourire.

La présentation de tout ce petit monde se fit longue et plate. Tous répétaient qu'ils étaient les plus grands fans de sciences, les meilleurs, les plus intéressés. Cela en devenait lassant. Apollon en profitait pour observer les deux créatures avec calme. Son coeur se tordait, non pas par amour, mais par hésitation. Quel dilemme affreux.

- Bon et bien parfait ! Nous pouvons continuer notre visite ! Suivez-moi s'il vous plaît !

Robert Johnson les fit déambuler dans les couloirs où couraient une multitude de scientifiques. Malgré le stress qui empreignait leur visage, ils semblaient passionnés par leurs activités et ne semblaient pas remarquer la présence des jeunes. Apollon tenta une approche vers Lidia.

- Hey. Ça va ?  tenta-t-il d'une voix grave, qui faisait normalement craquer toutes les filles.

- Ça allait jusqu'à ce qu'un mec châtain vienne m'accoster avec ses manières de drague pourrie. Ta seule beauté ne t'arrangera pas une relation avec moi, répondit la belle avec véhémence.

Apollon grimaça. Sa fierté venait de prendre  un coup. Comment pouvait-elle être indifférente à lui ? Il avait été conscient que la tâche ne serait pas aisée mais à ce point ? C'était presque peine perdue. Il soupira et s'éloigna, alors que Lidia rehaussait son menton et regardait ailleurs. Le groupe arrivait maintenant dans un petit laboratoire. Les murs étaient blancs, glaciales. Mais Robert activa rapidement les lampes qui donnèrent un éclat un peu plus chaleureux à ces parois rugueuse.

Tout le monde s'arrêta de parler quand le scientifique ouvrit sa bouche.

- Alors ici vous pouvez l'un des nombreux laboratoires de la tour. Celui-là est aujourd'hui réservé pour vous et seulement vous !  Et oui ! Quelle chance n'est-ce pas ? sourit le savant.

Un murmure de joie parcourut le groupe.

- Bon, vous allez vous mettre par groupe de... disons... trois ! Si possible, sexe mélangé ! Allez, allez !

Tout le monde se précipita vers leurs nouvelles connaissances, un brouhaha envahit la pièce alors que Apollon restait campé sur ses pieds.
Il ne voulait pas se mélanger aux autres. Lidia semblait s'intégrer facilement dans un groupe mais après une petite observation,  Apollon remarqua qu'ils étaient quatre. Quand tous les stagiaires s'étaient répartis, il ne restait plus que lui et la jeune rousse de tout à l'heure.
Il s'approcha lentement d'elle et dit avec un soupir, faisant mime d'être exaspéré :

- Bon, eh bien on  a plus qu'à se mettre ensemble...

Elle rougit  violemment et hocha la tête. Elle semblait incapable de prononcer la moindre paroles.

Ils s'installèrent à une table et attendirent. Johnson prit la parole :

- Mais parfait !  Vous avez bien casé tout le monde ? C'est bon ? Parfait, commençons ! sourit-il avant de jeter un oeil sur le groupe d'Apollon et d'Arianne . Mais ... vous n'êtes que deux ?

- Yep, répondit le jeune homme alors que sa camarade piquait (encore) un fard.

- Mais j'ai pourtant bien compté... vingt-quatre  divisé par quatre... six groupes de quatre.

Il marmonna dans sa barbe puis son oeil se fixa sur le groupe de la belle blonde.

- Ah bien voilà la réponse ! Mademoiselle Clark, s'il te plaît,  change de groupe !

Cette dernière poussa un grognement mais abandonna ses nouvelles connaissances pour se diriger vers les deux autres.

- Parfait ! Commençons immédiatement !  Vous avez sur la table des éprouvettes et...

Apollon n'écouta pas la suite, perdu dans ses réflexions. Les deux filles qu'il convoitait, dans son groupe... C'était une chance inouïe. Il fallait qu'il la tente en se la jouant cool.

- Okay alors on commence par quoi ?
La voix de Lidia  le ramena à la réalité.

Arianne répondit immédiatement :

- Le liquide qui change de couleur quand on le secoue a l'air super !

La blonde hocha la tête :

- T'es d'accord ?

Comprenant qu'elle s'adressait à lui, il bredouilla une réponse affirmative. Bon sang ! Que lui arrivait-il donc ? Il n'était pas ainsi auparavant.

Ils commencèrent minutieusement à mélanger les produits, comptant les doses exactes et les étapes franchies.
Arianne semblait dans son univers. Elle ne regardait même plus les pots, sachant lequel elle allait utiliser. Ses lunettes sur son front et sa langue effleurant avec concentration ses lèvres, Apollon lui trouva un certain charme. Lidia souriait de voir sa copine si impliquée et l'aidait avec  gentillesse. Quand ils eurent terminé, le liquide était jaunâtre. Avec une excitation palpable, les deux filles le secouèrent énergétiquement et le reposèrent sur la table. Leur expérience était devenue violette.
Elles poussèrent un cri de joie et se tapèrent dans les mains. Apollon se sentait un peu à l'écart mais ne dit rien et se contenta de sourire.

- Je vois que de vrais  chimistes travaillent à cette table, fit une voix derrière eux.

Robert Johnson s'adressait à eux, un sourire aux lèvres.  Apollon vit la jeune rousse piquer un fard. Et la magnifique blonde souriait avec fierté. Lui-même ne savait que répondre.  Il balbutia un peu, sur un ton peu assuré :

- Je préfère la biologie.

Il se serait giflé. Quelle phrase stupide ! Mais le scientifique eut un petit rire.

- Chacun sa branche préférée ! Moi c'est physique. Quoique chimie est aussi une chose que j'adore.

Il les laissa alors, pour aller rendre visite à un autre groupe. Apollon sentit son coeur se serrer avec regrets. Il avait apprécié la présence chaleureuse du professeur.

Bon. No comment sur cette attente.
Je suis navrée.
Le début de ce chapitre date de... Euh. .. octobre. Je l'écrivais dans le bus à Sydney.
Ça fait un bail !
je ne suis pas sûre d'arriver à garder un rythme dans les
Publications, je vais faire un effort pour publier la suite avant la fin de cette année x)))
Faut dire que j'ai failli arrêter cette histoire. Mais je retrouve un peu d'inspiration. Enfin bref on verra !
Merci à vous !
A bientôt j'espère !