Chapitre 3
- Mademoiselle, appela Monsieur De Mondeau.
Elle se retourna, excédée. Son père la regardait durement, derrière ses lunettes écaillée d'or. Ses yeux bruns mais froids lançaient des éclairs. Sa bouche pincée témoignait de son agacement.
- Oui Père ? dit-elle du ton le plus mielleux qu'elle put. Mais elle savait que cela ne suffirait pas.
- Je vois que vos notes ont baissé de 95 sur 100 à 93. Il va falloir corriger cela immédiatement.
Elle s'apprêta à répliquer qu'elle n'en avait cure, qu'elle n'avait rien à faire du vieux schnock qu'était son père. Mais à la place, elle répondit humblement :
- Oui Père, je travaillerai plus.
- Vous avez intérêt.
Il la laissa plantée là et s'en alla. Elle le contempla alors qu'il marchait. Cet homme aux cheveux poivre et sel, fin comme un moineau mais ferme comme un roc était son père. Celui qu'elle avait appelé "Papa" jeune.
Mais cette époque était révolue. Sa mère était partie. Elle avait grandi et était devenu Mademoiselle De Mondeau. Elle n'était plus la petite princesse Lili aux yeux de son père, mais la jeune Lidia, dont les notes avaient baissées, oh malheur ! de deux points.
Elle soupira et retourna dans sa chambre, afin de se préparer. Elle gravit les immenses escaliers aux dorures extravagantes et, arrivée au premier étage, pénétra dans la pièce.
C'était le seul endroit de la demeure en total cheni. Des vêtements dépareillés tapissaient la pièce, en vrac. Sa bibliothèque, positionnée à côté du lit défait, tanguait sous le poids des livres empilés. Son armoire, heureusement fermée, était emplie de vêtements de tout genre, dépliés.
Madame Green , la femme de ménage, avait abandonnée l'idée de pénétrer dans la chambre tant elle désespérait voir cette malheureuse pièce.
Lidia n'en avait cure. Sa chambre était sa chambre, et si elle recevait une visite ( ce qui était plutôt rare ), elle la rangeait. Sinon... Elle vivait dans ce cheni et tant pis.
Les posters recouvrant les murs représentaient ses groupes préférés, mais la plupart du temps, c'était son héros qui posait. Robert Johnson et ses études l'avaient toujours passionnée. Il était l'homme le plus intelligent de ce vingt-troisième centenaire et il était aussi l'homme à qui la planète faisait confiance.
Cela ne devait pas être une petite responsabilité. De plus, il dirigeait sa propre entreprise de recherche et de constructions de nouveaux véhicules. Cet homme était un génie.
Elle jeta dans son sac les cahiers dont elle aurait besoin pour à matinée d'école et redescendit. Lorsque ce fut l'heure, elle sortit par la grande porte sculptée. Elle traversa le grand jardin où elle avait passé tant de temps étant jeune et sortit enfin de la propriété De Mondeau.
Une aéro-voiture vint immédiatement la prendre. Paolo, son chauffeur attitré, était toujours très ponctuel. Il effectua le trajet dans le silence, comme à son habitude. Lorsqu'il la déposa, il esquissa un sourire pour lui dire bonne journée, et repartit. Elle se retrouva devant ses amies, Elia et Kira, qui l'attendaient avec un grand sourire aux lèvres.
Elle se précipita dans leur bras et elles tournèrent sur elles-mêmes ainsi.
Ces deux filles, l'une blonde et l'autre brune, étaient ses amies depuis longtemps. Elles s'étaient rencontrées lors de la première année dans ce collège privé et ne s'étaient jamais quittées.
Kira, dont les cheveux bruns ondulés cascadaient en boucles légères sur ses épaules fines était appuyée contre la barrière, d'un air moqueur. Ses grands yeux noirs et sa peau pâle lui donnait un air supérieur, renforcé par son port élégant et son nez droit. Ses lèvres fines et roses étaient constamment pincées.
Elia était plutôt le contraire de son amie. Avec ses cheveux blonds aux vagues délicates, elle ressemblait plus à Lidia, dont la chevelure blonde cendrée faisait rêver plus d'une.
Ses yeux verts peu communs et son nez fin avaient un air angélique, pourtant détrompé par ce rouge à lèvres aguicheur et le fard à paupière charbonneux.
Lidia, elle, rehaussait toujours ses beaux iris d'un peu de mascara, mais contrairement à ses deux amies, elle n'en faisait pas plus,
Ses lèvres pulpeuses étaient souvent étirées en un sourire narquois, ce qui décourageait bon nombre de ses prétendants.
Son joli minois contrastait avec l'orage tempêtueux en elle.
Les jeunes filles furent coupée dans leur étreinte affectueuse par la sonnerie lancinante. Lidia soupira. La sonnerie du collège privé de Beau-Vallon était la même depuis presque cinquante ans.
Alors que les trois filles se dirigeaient vers leur classe d'un pas léger et aérien.
Quelques garçons se retournaient sur le passage, avec des regards admiratifs, aimants ou espérant.
Lidia, Kira et Elia étaient belles, oui, mais aussi populaires.
La jeune blonde rejeta ses cheveux sur son épaule dédaigneusement et mis bien en avance son nouveau sac, resplendissant, qu'elle avait payé une fortune.
- Hello les filles, fit une voix grave derrière elles.
Lidia se retourna d'un seul coup pour tomber en face de Charles. Elle poussa un gloussement nerveux. Il fallait dire qu'elle n'était pas insensible aux charmes de ce beau noiraud aux yeux de jais.
- Hello ! répondit-elle enjouée, aussitôt imitée par ses deux amies.
- Joli robe, fit-il avec ce sourire divin, particulier à ce bel homme.
Lidia rougit un peu mais tenta de rester calme et répondit nonchalamment :
- Merci, je l'ai achetée hier.
Un dialogue s'installa entre ce petit groupe, ponctué de gloussements nerveux. Pendant que Charles s'adressait à Kira, qui souriait bêtement, la jeune blonde observa l'homme d'un air discret.
Ses cheveux noirs couronnaient la tête anguleuse du beau garçon, ébouriffés, comme une couronne d'onyx. Ses yeux, surmontés de sourcil foncés, observaient avec attention son interlocutrice de ses pupilles aussi foncées que ses iris. Il avait un petit look "dark " , lui donnant un air délicieusement menaçant.
Quand il s'adressa à elle, elle eut l'impression d'être au comble du bonheur, fixée amicalement par ses yeux sombres, qui semblaient la transpercer.
A son grand malheur, ils arrivèrent en classe et Charles allai rejoindre ses amis. Lidia poussa un petit soupir et le regarda depuis sa place tout en sortant ses affaires. Le cours qui allait commencer était celui de physique, la leçon préférée de la jeune fille, qui entrait passionnée de sciences.
Impatiente de ce cours, elle trépignait presque sur place. Quand la prof, Madame Slice entra dans la pièce, tous les bavardages cessèrent immédiatement. Cette prof apportait toujours un silence profond avec ses cheveux blonds serres en un chignon stricte, ses lunettes sévèrement posées sur le nez aquilin et ses lèvres pincées.
- Bonjour, dit-elle sèchement. Vous pouvez vous asseoir.
Un raclement de chaise unanime se fit entendre dans la salle et Madame Slice continua :
- Aujourd'hui, vous allez tous passer un petit test. Bien sûr, il ne contera pas dans vos notes, comme il n'a pas été annoncé mais faites de votre mieux !
Elle tira de son sac une pile de feuilles et commença à les distribuer lentement, faisant durer un silence angoissant, seulement percé par ses claquements agaçants des talons sur le sol vernis.
Aussitôt le test saisi, Lidia commença. Elle voulait prouver à son père qu'elle n'était pas une bonne à rien, et aussi, elle adorait cette matière.
Les calculs qui lui furent présenté lui parurent plutôt simples, et elle les résolut si facilement qu'elle se demanda ce qu'elle avait raté.
Après avoir relu la feuille au moins quatre fois, et après avoir vérifié qu'il n'y ait pas de deuxième côté à la simple feuille distribuée auparavant, elle se décida à rendre sa feuille.
Traversant la pièce de son pas aérien, elle essaya de paraître assurée, comme tout le temps. Ce sourire narquois qui agaçait les profs la rendait si admirable aux autres élèves, et cette assurance qui la rendait si populaire était devenu un masque collé à son vrai visage, qu'elle n'avait pas revu depuis une éternité.
Elle déposa la feuille sur le bureau de Madame Slice, qui s'en empara tel un vautour avec sa proie. Elle commença à parcourir la feuille de traits rouges, tandis que la jeune blonde retournait sagement à sa place.
Quand le temps imparti fut écoulé, elle reposa ses stylos et mit le dessin qui l'avait occupée dans son sac. Alors qu'un brouhaha se faisait entendre, la prof fit :
- Les résultats vous seront donnés dès que possible. Vous pouvez y aller.
On ne se fit pas prier. Les sorties étaient bouchées par les élèves se bousculant pour sortir au plus vite de cette salle étouffante. Lidia, elle, prit son temps, encore troublée par ce petit test. Qu'en était le but ?
Elle sortit en dernier de la salle et se précipita auprès de ses amies, qui se trouvaient en l'aimable compagnie de Charles.
Charles... Un nom si banal pour une personne comme lui. Il n'y en avait pas deux pour rivaliser avec ce beau garçon. Il était vrai que Lidia n'était pas insensible à ce charme de mauvais garçon, à ce sourire narquois qui ressemblait tellement au sien.
- Alors, ce test ? dit-elle enjouée.
- Bof... Je serais contente de m'en tiré avec un 67... soupira Elia.
- Mais il n'était pourtant pas si compliqué ? s'exclama Lidia, étonnée.
- Il n'y a que toi pour comprendre la physique, répondit nonchalamment Kira.
Charles sourit en entendant ce petit dialogue.
- Vous vous souciez vraiment de ce test ? Il ne compte même pas dans la moyenne ?
Lidia se sentit rougir, et tenta de se rattraper en bégayant :
- Naaann... Enfin... C'est juste que j'aime bien avoir de bons résultats...
- Intellote va...se moqua Charles.
Malgré le ton sur lequel cette phrase avait été prononcée, Lidia se vit profondément offensée et se terra dans un mutisme jusqu'à l'arrivée de prochain cours, lors duquel elle resta silencieuse.
***
Lors du dernier cours de la matinée, le professeur d'art plastique fut interrompu par l'intervention de Madame Slice.
- Je te les prend cinq minutes, juste le temps de leur rendre leur tests.
Elle commença à distribuer les feuilles de papier, arrachant des cris de joie à certains et des soupirs aux autres.
Quand elle n'eut plus aucune feuille dans les mains, Lidia n'avait toujours pas reçu son résultat. Elle leva assurément sa main manucurée, pinçant ses lèvres brillante.
- Madame ?
Madame Slice l'ignora glorieusement, et se retourna vers son collègue avec cet air supérieur qui la définissait si bien.
- Puis-je vous emprunter Mademoiselle De Mondeau ?
Tétanisé par cette femme imposante, le pauvre homme n'eut pas son mot à dire. Il hochai juste frénétiquement la tête, se réjouissant de voir la femme quitter sa classe.
- Lidia, venez avec moi.
Sous le regard interrogatif de la classe entière, elle se leva, et suivit sa prof d'un pas étonnamment peu assuré.
Cette dernière la conduisit dans une petite salle et sortit un papier de sa poche.
- Je dois vous féliciter. Vous avez eu le meilleur résultat pour ce petit test. C'était en fait une sélection. Le "gagnant " en quelques sortes, gagne une place pour un stage.
Elle s'arrêta là, laissant planer un silence attisant la curiosité de la jeune élève.
- Un stage avec Robert Johnson.
Lidia étouffa un cri et sentit ses lèvres trembler dangereusement.
- Le formulaire est là ! Faites le signer à votre père et ramenez le moi demain ! Le stage se passera avec plusieurs élèves de différentes écoles.
L'excitation retomba immédiatement. Jamais son père ne serait d'accord de signer, si elle devait côtoyer d'autres milieu sociaux. Ses yeux s'emplirent de larmes, et Madame Slice, pensant qu'il s'agissait de larmes de joie, lui fit :
- Allons ! Ne pleurez pas pour cela ! Bon, regagnez votre cours.
Le dernier cours passa à une lenteur extrême. Quand enfin il fut terminé, Lidia sortit de la classe en furie, après avoir avertie ses amies de la situation. Elle se précipita vers la voiture de son chauffeur et s'y engouffra, impatiente.
Quand elle fut arrivée, elle avait élaboré un plan. Son père ne signait jamais ses papiers avec un autre stylo que celui qui trônait dans son bureau. Une sorte de précaution assez utile contre les escroqueries.
Au lieu d'aller dans sa chambre, comme à son habitude, elle monta les grand escaliers de marbre, discrètement. Quand elle fut arrivée en haut, elle poussa la grenade porte d'ébène et pénétra dans l'antre secrète de son père. Aussitôt, un mélange d'odeur l'assaillir. Cigare, cuir et livres diffusaient une odeur satinée, qui faisait rejaillir tant de souvenirs à la jeune fille. Quand elle était petite, elle adorait venir la, prendre un livre et le dévorer devant la magnifique vue que lui offrait la baie vitrée qui surplombait le jardin.
Mais elle n'était pas venue pour cela. Elle se précipita vers le grand bureau sculpté et ouvrit le premier tiroir. Le double-fond coulissa lentement alors qu'elle appuyait sur la dorure prévue à cet effet.
Le stylet trônait là, dissimulé aux yeux de tous. Elle s'en saisit et s'entraîna plusieurs fois à imiter la signature de son père sur un autre papier. Quand elle fut enfin satisfaite, elle se prépara à l'attaque finale.
Elle posa la pointe du stylo sur la feuille, amorça une descente vertigineuse avant de remonter en piqué. Elle créa l'arrondis majestueux du D, les courbes malicieuses du E et le reste s'enchaîna tout seul.
Elle reposa le stylet, et respirai à nouveau. Elle avait réussi.
Elle serra le vulgaire bout de papier contre son cœur. Pour elle, c'était comme une promesse d'un meilleur avenir.
Dernier personnage principal présenté !
Alors, comment trouvez-vous cette fameuse Lidia ?
Ce personnage, il faut encore que je le retravaille, car au début je l'avais écrit d'une toute autre façon et puis j'ai décidé de tout changer, vu que cela ne me convenait pas. Alors j'ai encore de la peine à bien me l'imaginer.
Et vous ?
Comment avez-vous trouvé ce chapitre ?
Et Lidia et ses amies ?
Perso, j'adore Elia, mais Kira m'insupporte ^^
Et puis Charles aussi !
Merci infiniment pour tous vos votes, vos commentaires et vos vues ! Cela me touche vraiment ! Merci merci merci merci merci [...] merci !
Bref, sur ce :
A la prochaine !
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