Chapitre 24
Après sa gourde, Estel continua à manger et à parler mais cette fois, en surveillant ses paroles.
Après le déjeuner, elle remonta dans sa chambre et se prépara. Mirion lui avait donné rendez-vous dans la serre, à 11 heures.
Elle ne savait pas trop quoi penser du jeune homme. C'était un sentiment bizarre qui l'habitait. Son cœur frémissait à chacune de ses paroles, faisait des cabrioles quand il souriait et quand il lui touchait le bras... Là, c'était carrément l'explosion de son organe vital.
Elle ne savait pas comment il résistait à tous ces dérèglements. A sa place, elle aurait déjà arrêté de battre depuis longtemps. Quand elle était aux côtés de Mirion, elle calmait son rythme respiratoire, histoire d'épargner un peu sa pauvre pompe sanguine, pour vivre quelques années encore. Mais rien n'y faisait. Il suffisait qu'il la regarde pour que Pouf ! tout se déréglait encore. Que se passait-il ? Elle n'avait jamais ressentit cela. Du moins, pas à cette intensité. Quand elle avait 8 ans, elle était tombée amoureuse - ou plutôt avait trouver un garçon beau et intelligent -, mais cela ne ressemblait en rien aux sentiments qu'elle ressentait maintenant.
A force, son cœur allait finir champion de gymnastique avec toutes ces galipettes.
Elle délia ses cheveux - Mirion lui avait avoué qu'il adorait les filles aux cheveux aux vents. Elle respira un grand coup, histoire de calmer son rythme cardiaque qui commençait à accélérer dangereusement. Elle descendit dans les jardins et traversa l'allée fleurie.
Non ! Non ! Elle me voulait pas y aller ! Le ridicule ! Voilà tout ce qui l'attendait là-bas ! Le ridicule et la honte ! Elle allait se ridiculiser aux yeux de Mirion.
Elle fit demi-tour, prête à regagner le château. Mais elle se ravisa elle prit son courage à deux mains. Elle se dirigea vers la serre en verre. Elle prit la poignée. Appuya. Le grincement retentit
et Estel grimaça. Il allait vraiment falloir qu'on huile cette porte.
- Hey !
La voix chaleureuse de Mirion retentit, son écho prolongé par les parois en verre.
- Sa... Salut, balbutia Estel.
Et voilà ! Elle reperdait tous ses moyens.
- Ça va ? lança le jeune homme, un sourire peint sur son visage d'ange.
- Oui, oui et toi ?
Pourquoi est-ce que cette simple phrase restait bloquée dans sa gorge ?
- Ca va , répondit son interlocuteur, enjoué.
Elle vint s'asseoir à ses côté. Il était en train de donner à manger à un oiseau peu craintif, qui picorait dans la paume du jeune garçon. Son plumage était magnifique. Bleu, vert, violet, il reflétait la lumière du soleil et changeait de couleur suivant sa position. Son bec d'or piquait les graines mais ses yeux restaient vigilants. La houppette qu'il arborait tressautait à chacun de ses mouvements.
- C'est un Trinon Royal, expliqua Mirion. Ils sont assez rare mais on en trouve encore dans certains endroits. Celui-là est très sympathique.
Elle buvait ses paroles, comme si c'était du vin. Ou plutôt du sirop, vu que le vin lui était encore interdit.
- Il dit qu'il vit dans cette serre. Qu'il a deux oisillons. Il va falloir qu'on s'en occupe un peu, fit Mirion nonchalamment.
- On pourrait piquer des graines aux poules, proposa Estel.
- Oui ! Super idée !(Le visage de son ami se crispa.) Ah non, il va falloir qu'on en achète. Il n'aime pas les graines pour les poules... Et celle que je lui donne maintenant, qui sont normalement pour les colombes, sont mes dernières.
- On organisera une petite escapade clandestine alors, fit la jeune fille malicieusement.
Il eut l'air emballer par cette idée.
- Ce serait génial ! L'oiseau approuve en plus !
Là, le cerveau de la jeune fille remua ses rouages. L'oiseau approuvait ? Comment ça, l'oiseau approuvait ? Et la conversation lui retourna en tête. L'oiseau... Parlait ?
Non, elle ne l'avait pas entendu. A moins que...
- C'est ça ton don ? demanda-t-elle.
- Ouaip, répondit fièrement son ami. Je peux parler aux oiseaux !
- Waaaa ! laissa échapper Estel.
- Oui c'est cool. Ca me permet d'envoyer des messages sans payer. Il suffit de demander à l'un de ces animaux de porter ton message ! ( Un grand sourire éclairait son visage d'ange.) Et toi, c'est quoi ton don ?
Estel se figea. Elle ne devait pas révéler son don. Elle n'avait pas le droit ! Elle finit par mentir :
- J'en ai pas.
Le visage de Mirion se tordit :
- Ne t'inquiète pas ! La reine a toujours un don !Tu vas finir par le trouver.
Je l'ai déjà trouvé. Simplement, je n'ai pas le droit de te le dire, cria le cœur d'Estel.
Mirion lui demanda si elle voulait tenter de nourrir le Trinon. Elle accepta et se retrouva avec un tas de graine aux creux de la main et un Piaf qui piquait sa paume de son bec.
- Détend-toi, fit Mirion en posant sa main sur le bras de la jeune fille qui tremblait.
Le cœur de celle-ci fit un soubresaut. Elle frissonna, malgré la chaleur étouffante de la serre. Mirion tenait fermement mais gentiment son poignet, pour l'empêcher de bouger tandis que l'oiseau mangeait tranquillement. Le souffle d'Estel se fit plus calme. Mirion releva la tête et plongea ses beaux yeux dans ceux de la jeune fille, qui retint encore une fois son souffle. Rien ne pourrait gâcher ce moment.
À part une explosion.
Tandis que les deux visages se frôlaient, la serre entière explosa dans un bruit de cristal brisé. Mirion se jeta sur la future reine pour l'épargner des débris meurtriers. Estel risqua un coup d'œil vers la porte.
Une silhouette à capuche entra d'un pas déterminé dans l'enceinte de ce qui était autrefois une serre. Il serrait dans sa main un poignard étincelant. Il se dirigea prestement vers les jeunes gens. D'un coup sec, il assomma Mirion, qui n'eut rien le temps de faire, vu qu'il n'avait rien vu. Estel, elle , resta recroquevillée sur elle-même.
Cette scène lui rappelait trop un affreux cauchemar, qui était en fait une réalité. Elle, malgré son courage et sa vaillance, restait paralysée à la vue de l'homme à la capuche. Derrière ses paupières qu'elle venait de refermer se jouait encore et encore la scène du crime lors duquel ses parents avaient disparus. Les larmes perlaient, sa lèvre tremblait, et son corps était agité de sanglots.
- Ah ! Tu reconnais la mort quand tu la vois, chuchota l'assassin d'un murmure cruel. Ne t'en fait pas. Ce sera rapide et efficace. Ce ne sera pas long... Peut-être que tu ne souffrira même pas... Je n'en sais rien, je ne suis jamais mort, dit l'homme en partant d'un grand rire. Bien, assez bavarder. Passons aux choses sérieuses.
Il enleva son poignard d'argent au-dessus de sa tête et se prépara à l'abattre sur sa jeune victime.
Tadaaaaam
Suspens hein ?
Avez-vous remarqué le subtil clin d'œil ? Très subtil.
En tout cas j'espère que ce chapitre vous aura plus. Je l'ai écrit pendant mes deux semaines d'absence, sur papier et j'ai dû le raccourcir un peu.
Bref, sur ce ,
A la prochaine !
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