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- Ce n'est plus possible. Nous devons les arrêter.

- Ģwertz űghio oopjh xdfart včii !

- Tous les Mondes sont menacés ! Exterminons cette espèce !

- SILENCE !!!

Le silence envahit l'Assemblée de Zarih. Les Émissaires de tous les Mondes frémirent au son de la voix de Kast, l'Émissaire des Terres Arrachées. Il était non seulement l'Émissaire du Monde le plus hostile, mais aussi un puissant mage et guerrier dont les cicatrices n'étaient qu'un prolongement de sa réputation. Ses cheveux noirs étaient en bataille, ses mèches piquant vers le ciel. Ses yeux, dont on ne pouvait discerner la pupille de l'iris, étaient plus noirs que le charbon. Ses traits étaient durs, marqués par des guerres rudement menés. Une cicatrice courait sur son visage du coin de l'œil gauche au creux de sa joue. Il dépassait très certainement le mètre quatre-vingt et allait sur ses vingt hivers.

Tous dans la salle, le connaissaient et personne n'était assez simple d'esprit pour vouloir frotter sa lame avec la sienne.

Les mains derrière le dos, il fit face à l'Assemblée de Zenrih. Pour la première fois, tous les Mondes se liaient ensemble. Zenrih, les Terres Neutres, n'était qu'une immense forêt sauvage avec une table de pierre. Une dimension sans vie.

Ils se rassirent tous autour de la table, attendant les mots du jeune homme.

Kast les scruta un par un, tous d'âges différents, certains dépassaient les cent-dix hivers, d'autres n'en avaient seulement qu'une quinzaine. Entre eux, ils n'avaient aucun points communs. Seulement des différences, qui les avaient toujours menés à des guerres. Il fallait y remédier, se concentrer sur un unique objectif pour empêcher le massacre de leurs peuples, et la menace que représentait les Er'endis sur eux avait assez duré.

- Aucun d'entre-nous, assis autour de cette table, n'a connu l'ère où le Molden n'existait pas. Les siècles où les Mondes vivaient en paix. Les temps où nos peuples n'étaient pas terrifiés, attendant chaque tempête avec plus d'angoisse que la précédente. Nous sommes dans une phase de renouveau. Il est temps que le Molden disparaisse.

Des murmures étranglés parcoururent la salle. L'Émissaire du Grand Océan prit la parole pour tous :

- Que proposez-vous ?

Kast se tourna, et s'avança lentement vers lui, jusqu'à qu'il n'y ait plus qu'un pas qui les sépare. L'Émissaire retint un frisson de peur et garda son masque d'impassibilité. Kast sourit, voyant l'effet qu'il produisait sur son aîné et clama d'une voix forte :

- Prenons les armes. Battons-nous contre la peur. Concentrons-nous sur cet unique objectif. Ainsi, je fais le serment qu'avant la fin de ce siècle, les Er'endis seront brûlés sur mes terres !

Il prononça ses derniers mots dans un cri de rage et l'ensemble de la salle le rejoignit mêlant leurs voix dans sa promesse. Ils tapèrent de leurs poings la table, comme les pieds d'une légion marchant vers la guerre, approuvant ses mots.

On apporta les Peaux et les Encres, pour écrire le Pacte.

Kast trempa le bout de sa plume d'aigle dans le mélange des sangs des premiers rois de chaque Monde et inscrivit ses mots sur le parchemin, fait de la peau d'une Wyvern sans écailles du Monde des Ambres.

Chaque Émissaire vint signer le parchemin, garantissant la mort des Er'endis.

L'Assemblée se leva et d'un mouvement commun, tous portèrent leur poing à leur poitrine et crièrent ensemble :

- Arganga !

Ce simple mot à lui seul signifiait, la promesse, la guerre, la fin et l'ensemble des Mondes. Ainsi, ils appelaient l'entité de la Vie, à accepter leur requête, se condamnant ainsi à se battre jusqu'à ce que le Pacte se brise.

Tous retinrent leur souffle, lorsque sur le parchemin des mots de lumière se gravèrent. Kast savait comme tous, ce qui se produisait. Une prophétie, dictée par les Dieux eux-mêmes.

Il se pencha sur le parchemin, décryptant la langue sans âge d'Arganga.

Heliti di søcerat geniroe uůya Ole dumerəei sacere dove lumia lerū

Ferneh jwae yīo Argangæ tress ka'ona Denrah yole werìua huur qűœ corore derte

Là où les Mondes se croisent, l'homme de feu, maudit par l'esprit de la pierre trouvera le peuple de Denrah, enfants d'Arganga, il les guidera vers le début ou la fin lorsque son cœur succombera

Kast ne connaissait pas cette langue, mais comme tous les autres, lorsqu'il lut les mots, ils s'inscrivirent dans ses pensées dans sa propre langue prenant leur sens.

Certains Émissaires étaient devenus blancs comme des linges, d'autres enragés gesticulaient dans tous les sens. Tous étaient perturbés par cette prophétie. Chacun savait, qu'elle était absolue, comme chaque prophétie mais pour la première fois, il y avait comme l'ombre d'un doute quant à la fin de ce pacte. Si même les Dieux ne savaient pas ce qui allait advenir, il fallait s'attendre au meilleur comme au pire. Les Dieux ne bénissaient ni ne maudissaient les quêtes des vivants, ils n'en n'indiquaient que quelques éléments vagues, qui se produisaient toujours. Mais désormais, comment savoir ?

- Quelle est cette prophétie ? Elle n'a aucun sens !

- À mort, les prophéties, battons-nous !

- Ne devrions-nous pas reconsidérer nos serments. ..?

- NON !

Les chuchotements s'arrêtèrent, interrompus par la voix de Kast.

- Que faisons-nous alors ? Nous avons accédé à ta requête, nous t'avons confié nos Mondes, seulement même les Dieux ne nous sont pas favorables !

- Croire le contraire, serait stupide ! Les Dieux ne prennent pas parti. Ils ne se soucient pas de nous, si nous voulons la paix, nous devons la prendre ! Gardons simplement en tête que le destin n'est pas tracé, cette prophétie nous le dit clairement.

Ils restèrent dans le silence, méditant ses mots, peu rassurés. Il se leva et les congédia. Il monta rapidement sur sa Wyvern, le pacte en main et disparut aux yeux de tous, pour accomplir sa mission.

Détruire les Er'endis.