Le ciel était d'une couleur violacée, sans une seule étoile, des nuages dentelés d'une couleur plus rouge que rose découpaient la voûte céleste. Yveo, qui avait largement ralenti, creva un gros nuage en piquant vers le bas. Sasha ne voyait qu'un océan d'arbres s'étendant face à lui, ils étaient si grands qu'on ne voyait pas le sol à travers leurs feuillages. En s'approchant, il ne put retenir un hoquet de stupeur. Les troncs des arbres à leurs cimes étaient si épais qu'il aurait fallu dix villageois se tenant les mains pour en faire le tour. Une épaisse brume couvrait l'ensemble de la forêt, mais il parvenait à entendre des bruits provenant des feuillages. L'Amphiptère émit un sifflement strident, vite rejoint par une dizaine d'autres, sous les branches. Il déploya ses ailes, faisant barrage au vent, pour perdre de la vitesse. Le jeune garçon s'accrocha si fort que les jointures de ses doigts blanchirent. Ils traversèrent la brume, parsemant leurs corps de gouttes d'eau et arrivèrent sous les plus hautes branches. Sasha avait du mal à réaliser ce qui se trouvait sous ses yeux, c'était difficilement concevable. Des dizaines de milliers de dragons volaient partout, autour de lui. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les sortes, de toutes les couleurs... Certains volaient en groupe, tournoyant dans tous les sens d'autres solitaires volaient tranquillement dans la même direction que lui. Yveo paraissait minuscule comparé à certains qui faisaient plus de cinq fois sa taille et dont l'œil était aussi grand que lui. Sasha se laissa porter par le cortège, ne se posant pas plus de questions et attendit sagement sur le dos d'Yveo. Au bout de vingt bonnes minutes, il aperçut une lueur fendre les arbres jusqu'à lui. Il se redressa et alors que l'Amphiptère passait entre les arbres, il distingua la source de lumière. Une cinquantaine de petites cabanes aux fenêtres lumineuses étaient attachées aux troncs des arbres, reliés simplement par des passerelles, flottants dans le vide. Yveo accéléra le mouvement, en battant plus vite des ailes, voyant leur point d'arrivée. Ils passèrent entre les maisons, laissant à peine le temps à Sasha d'apercevoir enfin des créatures bipèdes parsemant les passerelles et les dos de dragons. L'Amphiptère s'arrêta brusquement face à une maison au bois plus coloré que les autres et s'enroula autour d'une passerelle, pour qu'il puisse descendre. Sasha, dont les jambes étaient cotonneuses après le voyage à dos de dragon, manqua de tomber en touchant la surface des planches, et se rattrapa tant bien que mal aux écailles du dragon.
- Et bien dites-moi, cela faisait un moment que nous n'avions pas vu d'étrangers ici, clama une voix grave.
Sasha releva la tête, observant celui qui avait parlé. Un homme qui avait l'air d'avoir plus de quarante hivers, dont la barbe blonde mangeait ses joues et les épaules faisait deux fois la taille des siennes lui faisait face. Yveo prit la taille d'une main, et se réfugia sur l'épaule de Sasha, alors que celui-ci scrutait l'inconnu. Il s'approcha de quelques pas et remarqua ses yeux bleus, brûlants d'un esprit vif et alerte. Ses cheveux blonds étaient légèrement aplatis sur son crâne et son nez paraissait avoir enduré de nombreux coups. Mais le détail le plus intéressant était une cicatrice, quatre sillons qui barrait sa joue droite, la déformant étrangement. Il la fixait sans gêne, cherchant à savoir d'où elle pouvait provenir et l'inconnu qui avait remarquait son regard insistant répondit à sa question silencieuse :
- C'est une Hydre qui en protégeant ses yeux m'a griffée, à cette époque, je n'avais que quatre-vingts-trois hivers.
- Qu.. Quoi ?
- C'est vrai que je fais plus jeune, je fais partie des rares humains à avoir résisté au temps, grâce à mon lien avec les dragons.
Il se pencha vers Yveo et se mit à lui gratter la tête affectueusement.
- Et toi, tu m'as l'air d'un humain, pourtant je n'en n'ai jamais vu avec des yeux aussi clairs, est-ce courant à Carthag ?
Sasha resta quelques instants sans rien à dire, regardant son interlocuteur plutôt bavard avec désintérêt. Alors qu'ils s'apprêtait à répondre, il fut interrompu par une autre voix, bien plus aiguë et crispante qui hurla depuis la maisonnette :
- Henrik ! Que fais-tu encore dehors à cette heure-ci ? Bouge tes fesses illico si tu veux pas manger froid, seul dehors en compagnie de ton cher dragon !
Une expression gênée apparue sur les traits de l'homme robuste et il se gratta l'arrière de la nuque.
- Ma femme....Viens, tu dormiras chez moi ce soir, nous en discuterons demain, tu as besoin de repos.
Il se retourna et gravit la passerelle jusqu'à sa maison, ouvrant en grand la porte et criant à travers la maison, qu'il hébergerait quelqu'un ce soir. Sasha regarda par-dessus les lianes entrelacées qui servaient de rambardes à la passerelle, et du vide en dessous de lui, n'aperçut pas le fond. Le petit dragon glissa dans sa poche et il rejoignit le centenaire au pas de la porte, qui l'attendait patiemment. Sasha observa avec intérêt la construction de la cabane, tenue par des lianes et des branches, servant d'appuis aux planches en bois qui faisaient office de murs. En entrant, il comprit que la maisonnette était bien plus grande que ce qu'elle laissait penser à l'extérieur. Elle était en réalité à l'intérieur du tronc même de l'arbre, et possédait deux étages. Il se trouvait dans le salon qui était joint à la cuisine, rendant la salle d'entrée plus vaste encore. Des canapés verts trônaient autour d'une table en bois, couverte d'un napperon, derrière se trouvait une cuisine entièrement équipée ressemblant fortement à celles des humains, et plus loin, il aperçut un escalier. Une jeune femme, à la beauté féérique descendit les marches en s'essuyant les mains sur son tablier blanc. Une expression de surprise se peignit sur ses traits et elle fondit précipitamment sur Sasha, le serrant dans ses bras. Il se laissa faire, perturbé par cet élan d'affection provenant d'une inconnue. Les longs cheveux roux de la femme balayaient ses bras et lorsqu'elle redressa la tête, il remarqua les petites pointes au bout de ses oreilles.
- Vous êtes une El'fe.
Elle se pencha vers lui, un sourire bienveillant sur les lèvres et ancra ses yeux dans ceux du jeune garçon. Ils devinrent brusquement plus verts que bleu et la pupille se fendit en deux, comme celles des chats, en présence d'un surplus de lumière. Un battement de paupière plus tard, ils reprirent leur couleur de départ. Sasha en eut le souffle coupé. Son esprit avait de plus en plus du mal à se faire à l'idée que dès à présent, tout était possible. Ses plus grandes convictions étaient secouées. Il allait devoir rapidement se faire à l'idée s'il ne voulait pas basculer dans la pure folie.
La jolie rousse se mit à rire et en dégageant ses cheveux sur son épaule, permit à Sasha de l'observer de plus près. Elle avait une peau laiteuse, aussi mince que lui, elle faisait à peine quelques centimètres de plus. Son nez légèrement relevé vers le haut, lui donnant un air attendrissant, était parsemé de petites taches de rousseurs. Elle donnait l'impression d'être une poupée de porcelaine. De ses bras nus et son visage, se dégageait une aura qu'il lui était presque visible, comme si elle faisait graviter le monde autour d'elle. Elle tournoya dans sa robe fleurie de rose jaunes et oranges et partit dans la cuisine en sautillant, chantonnant un air gai. Henrik, aux côtés de Sasha laissa un soupir s'échapper de ses lèvres et indiqua d'un sourire navré, de le suivre. Ils grimpèrent les marches tordues de l'étroit escalier et arrivèrent au premier étage, donnant sur un couloir, où quatre portes se faisaient face.
- À une certaine époque, on accueillait souvent des Voyageurs interdimensionnels, on les logeait quelques temps chez nous, pendant leur escale. Je suis le responsable de ce Camp, un doyen, parmi les plus vieux. Je suis chargé d'accueillir les nouveaux arrivants et de les guider, mais aussi, de faire respecter nos règles à l'ensemble des habitants et voyageurs aux alentours de ce Camp.
Il ouvrit la deuxième porte à gauche et laissa Sasha passer devant lui.
La chambre était exiguë, il y avait un lit, une petite table de chevet et une armoire. Une fenêtre, creusé dans le tronc-même servait d'ouverture au-dessus de son lit.
- Voilà ta chambre pour les prochaines nuits. Martha va venir t'emmener des draps propres et une serviette. La salle de bain est en face à gauche. As-tu d'autres questions ?
- Quel âge à votre femme ?
Henrik pencha la tête de côté, les yeux écarquillés et éclata d'un rire profond.
- Je ne m'attendais pas à cette question. Elle a cent-huit hivers environ, bien que nos hivers sont plus courts que ceux de Carthag, tu sais la coordinence de l'espace et du temps, c'est...compliqué, finit-il en roulant ses yeux. Autre chose ?
- Non, c'est bon, merci.
Henrik referma la porte sur lui et laissa Sasha seul. Il enleva sa sacoche et la posa sur la petite table, où reposait une drôle de cage dont le fond était couvert de minuscules coussins, ressemblant fortement à une petite maison, Une vive lumière s'en échappait. Il s'approcha et ne fut même pas surpris de voir une minuscule créature ailée, recroquevillée sur elle-même, à l'image des fées dans les contes pour enfant chez les humains. Ses ailes brillaient d'une lumière incandescente et ses yeux étaient plus sombres que le vide. La petite chose lui tira la langue, et partit s'installer sur sa balançoire attachée à l'intérieur de sa cage, lui tournant le dos. Soupirant, il ouvrit le pan de sa veste où était caché Yveo, laissant la petite créature grimper sur sa tête, et s'installer confortablement dans les boucles du jeune homme. Il rangea sa veste dans l'armoire et enleva ses bottes, les mettant au coin du lit. Il s'allongea et fixa le plafond, pendant un temps indéfini. La petite bête qui était descendue sur son ventre, s'était endormie, bercée par la respiration de Sasha et la caresse de ses doigts sur ses écailles. Perdu dans ses pensées, il en fut sorti brutalement par un toquement à sa porte. Il leva les yeux sur l'intruse aux cheveux roux, cachée derrière une pile de linge. Elle se décala légèrement, refermant la porte de son pied et posa son fardeau sur le bord du lit et s'assit, sans demander la permission, à l'autre bout. Sasha se releva, prenant délicatement l'Amphiptère dans ses mains et ils se fixèrent quelques instants sans rien dire. Elle s'allongea sur le ventre, posant sa tête sur ses mains croisées devant elle et battant les jambes à la manière des enfants, ses longs cheveux cascadant sur son corps et le lit. Sasha aurait dû être touché par la beauté qui se dégageait de cet être face à lui, envoûté, il aurait dû être attiré par cet aimant mais ce n'était pas le cas. Il voyait le subterfuge de cette belle rose aux épines, certainement aussi rusée qu'un renard. Un immense sourire s'étalait sur ses lèvres, et sa voix aiguë prit trois tons plus graves, en demandant au jeune garçon :
- Qui es-tu ?
Sasha ne bougea pas d'un doigt et cligna à peine des paupières face à cette question qui paraissait bien dérangeante entre ses lèvres roses.
- Et vous, qui êtes-vous ?
Le sourire de la dangereuse femme se noirci et ses yeux prirent une teinte rouge, bien qu'ils soient toujours bleus, Sasha ne savait comment, il arrivait à voir la couleur des émotions de la vile créature qui se trouvait face à lui.
- Peu de créatures sont capables de braver mon envoûtement, tu m'intrigues. Réponds à ma question, et je répondrais à la tienne. Seulement, je te préviens, la vérité et le mensonge sont les mots que je vois sur les visages.
Sasha sentait que lui dire qu'il était peut-être ou peut être pas un mage était une mauvaise idée. Seulement, il ne savait quoi répondre, il fallait utiliser la ruse, mentir sans vraiment le faire.
Un petit bruit s'échappa de la cage, attirant leur attention. La petite créature ailée tapait de son minuscule poing la porte de sa cage, cherchant à l'ouvrir.
La jeune femme allongea son bras pour atteindre la cage et ouvrit la petite porte laissant s'échapper la créature, qui s'enfuit par la fenêtre, les plongeant dans le noir, seulement éclairés par les faibles lueurs qui parvenaient de l'extérieur.
- Jusqu'à récemment je pensais être un humain, désormais, je constate que je suis ce que je suis, possédant une magie inconnue pour beaucoup, mais tu n'entendras pas plus de mots de ma part.
Elle pencha la tête légèrement à gauche, laissant retomber ses boucles sur son visage et le scruta en pinçant les lèvres. Finalement, elle laissa s'échapper un soupir et prit un air boudeur en se redressant.
- Tu n'es pas drôle. Si peu d'informations, ce n'est pas juste. Je suis déçue, mais tu me plais. Je ne pense pas que beaucoup de membres de mon espèce soient si indulgents, ce cher Henrik a dû au fil du temps, m'adoucir avec ses émotions humaines. Je vais te dévoiler mon identité. Je ne viens pas de Warden, contrairement à ce que j'ai fait croire à Henrik, mais de Boerol. Je suis une Syrèn, je change mon apparence pour passer inaperçue dans le décor où je me trouve. Tu as dû voir l'éclat blanc qui m'entoure, c'est ma magie. Celle qui me permet de charmer n'importe qui. De noms, je ne connais que les Dry'ades, les Gobelins et les Dragons qui puissent voir mes enchantements.
- Pourquoi ne pas montrer ce que vous êtes réellement à votre mari ? Vous l'aimez, non ?
Son visage prit un air crispé. Elle se leva et marcha lentement jusqu'à la porte, l'ouvrant délicatement. Elle s'arrêta quelques instants dos à lui, puis se retourna, les yeux pleins de larmes.
- Toi qui viens de découvrir, les Mondes d'Arganga et les créatures qui les peuplent, il faut que tu comprennes quelque chose. La magie a quelque chose de merveilleux, elle est belle, elle permet tout un tas de choses incroyables, mais elle est surtout cruelle. Plus tu peux faire de choses, plus tu es liée à elle, plus elle coule dans ton sang, dans tes os, dans tes mains, plus tu la respires, plus tu en deviens dépendant. Elle devient indispensable à la vie, et ne fait rapidement plus qu'une avec elle. Ta vie est reliée à la magie. Les Humains sont chanceux à bien des égards. Vois-tu, retiens une seule chose. Une seule règle. En magie, tout est une question d'équilibre.
Elle referma la porte brusquement, dans un hoquet étouffé et ses pas s'éloignèrent.
Sasha continua de fixer la porte, pensif. Elle n'avait pas vraiment répondu à la question, mais il ne pouvait pas la blâmer, lui non plus n'avait pas vraiment répondu. Il se sentait en devoir d'être touché par le malheur de cette femme, mais il n'y arrivait pas. Ce n'était pas le fait qu'elle soit une Syrèn qui le poussait à être désintéressé, mais il ne comprenait simplement pas. Les émotions et sentiments avaient toujours été un mystère pour lui. Le plus grand mystère de sa vie, après son existence même.
***
Sasha fut réveillé par un cri strident provenant de l'extérieur. Il se releva en sueur et comprit qu'il s'était endormi habillé, rattrapé par la fatigue. Il remarqua l'absence de sa petite boule d'écailles et fronçant des sourcils se mit à la chercher frénétiquement dans ses draps puis délaissant son lit, sur la table, dans les poches de sa veste, dans sa sacoche, ou il trouva un nombre inconcevable d'objet étranges, puisqu'il ne l'avait pas ouvert depuis que la vieille Ara les lui avait donné. Il ne trouva pas non plus les bâtonnets de bœuf séchés qu'elle avait glissé dans la besace, cherchant même dans ses bottes il se précipita à la salle de bain et plongea ses mains dans la grande bassine d'eau, frottant son visage. Il s'appuya sur les rebords, essoufflé et resta un moment, le regard dans le vide, laissant ses mèches goutter dans l'eau de la bassine. Il se redressa et attrapant sa sacoche, ses bottes et sa veste, descendit dans la cuisine. Il trouva Martha face à une marmite cuisant sur un tas de poudre collante, tournant joyeusement sa cuillère et humant le parfum de son plat. En entendant les pas de Sasha, elle sourit, les traces de la douleur de leur dernière discussion disparues, et de sa cuillère lui indiqua la porte d'entrée. Il s'y précipita sans prendre la peine de la remercier et l'ouvrit en grand. Il trouva Henrik, au centre de la passerelle, penché dangereusement vers le vide. Il se mit à courir pour le rejoindre, mais à l'instant même où il allait poser un pied sur la passerelle, une rafale d'air l'empêcha de faire le moindre geste. Il se protégea le visage de ses bras et ancra ses pieds dans les lianes terreuses du perron, observant à travers ses mains, la scène qui se produisait face à lui. Un immense Dragon, qui devait bien faire deux fois la taille de la passerelle. L'immense bête aux écailles blanches et rosées, frappait littéralement le vent de ses ailes. La passerelle sur laquelle était accroché Henrik vibrait dangereusement, se tordant dans tous les sens. Une créature perchée sur le dos de la bête sauta sur la passerelle et le Dragon se volatilisa aussi brusquement qu'elle était apparue. Les rafales s'arrêtèrent si brusquement, que Sasha manqua de tomber en arrière. La passerelle était de nouveau stabilisée, seulement Henrik était désormais en compagnie de la créature qu'il n'arrivait pas à identifier. Il tenta de s'approcher, mais il fit à peine deux pas que l'interlocuteur d'Henrik se tourna brusquement vers lui et se jeta dans le vide, en plongeant. Sasha s'arrêta net, tétanisé par ce qu'elle venait de faire. Il se précipita aux côtés d'Henrik et se pencha pour voir où elle avait bien pu atterrir, mais ne vit que le néant couvert de brume. Il lança une expression paniquée à son hôte qui lui rendit un sourire malicieux et traversa la passerelle, les mains dans les poches de son pantalon, d'un pas nonchalant. Sasha, sidéré par l'attitude désabusée de celui-ci, se demanda si ces gens n'étaient juste pas complétement fous. Il emboîta ses pas dans les siens, et ils parvinrent à une autre maison, semblable à celle de ses hôtes à l'autre bout. Il devait y avoir quatre à six maisons par tronc d'arbre, créant une guirlande de lianes et d'habitations. Il y avait bien trop de passerelles pour les compter.
- Le soleil vient à peine de se lever. Savais-tu que notre soleil est bleu ?
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