Chap 28
Deux lunes étaient passées sans que la routine des jeunes étudiants ne soit perturbée. Mewnie apprenait assidûment le Pirus, et parvenait à communiquer brièvement avec tout le monde, soulagée de ne plus avoir besoin sans cesse de Sasha pour traduire ses moindres mots, bien que chacun de ses mots soit haché par l'incertitude, les bavures et les accents prononcés de sa langue maternelle, tout le monde voyait les efforts de Mewnie et se prêtait à l'effort. Le sentiment de satisfaction que ressentait la jeune El'fe à force d'effort, après des heures de travail de mémorisation aidée de Sasha et Nora, était fort. Plusieurs fois, elle avait voulu abandonner, mais parmi les particularités des Dorosse, on trouvait toujours la force du courage qui leur était commune, et le besoin d'aller jusqu'au bout de toute quête, alors, elle n'avait pas renoncée, fière d'avoir réussi à se surpasser. Au fil des jours, elle avait fini par prendre goût à la vie étudiante, entourée des inconnus qui étaient entrés dans sa vie, avec qui elles avaient noué des liens forts, partagés entre le travail, la complicité et leur omniprésence chaque jour. Une confiance vis-à-vis d'eux s'était peu à peu créer, adoucissant ses moments d'impulsivité qu'elle cherchait à mieux appréhender à présent. Elle avait fait le tour de toutes les corvées demandées par l'internat, que ce soit le nettoyage, le transport de cargaison, la parcheminerie, l'éclairage, la cuisine ou la poterie, elle avait su montrer à chaque Représentant une telle maladresse et un tel manque de patience qu'elle fut un des sujets du Conseil qui se rassemblait toutes les lunes entre les Représentants des Galeries et les Sages, qui décidèrent alors de l'assigner définitivement aux creusages des Galerie, la seule corvée qui semblait pouvoir canaliser la jeune fille. Elle ne s'en plaignait pas, les cours étaient si ennuyant à ses yeux qu'elle peinait à ne pas s'endormir et n'était ramenée à l'ordre que par ses camarades qui tentait vainement de la garder éveillée ou un minimum concentré, ou bien les professeurs. Mewnie n'était pas une fille d'études et de livres, capter son attention était déjà difficile et il fallait de plus que ce soit dans une langue étrangère, elle ne pouvait rien y faire. Bien qu'elle soit obligée d'y assister, elle séchait régulièrement des cours, l'activité sportive qu'était sa corvée ne suffisait pas à dépenser l'énergie accumulée en elle, bien que l'effort soit conséquent, tailler à la pioche la pierre de la montagne était éreintant ! Chaque soir, elle peinait à rester debout et alors même que Nora était plongée jusqu'aux heures tardives du soir, après le couvre-feu, la Dorosse sommeillait déjà profondément, le corps continuellement couvert de sueur, maudissant se fait par les horaires de bains qui étaient au matin pour les femmes. Mais ce qui avait réellement changé l'humeur de Mewnie, était son entraînement quotidien avec Hassane et Carsten. Le Sune était venu lui proposer de se battre avec elle, et Mewnie n'avait évidemment pas refusé le combat. Elle connaissait la réputation élogieuse des guerriers Sunes, parmi les meilleurs des Mondes, avec les Nyxes, les Kitsunes et les Mages autrefois. Se battre avec l'un d'eux et gagner un potentiel combat ne pouvait que raviver sa fierté. Elle avait accepté et bien que le combat soit moins violent que celui qu'elle avait eu avec le Nyxe, lorsqu'elle avait été en proie à la frustration des semaines passées sans se battre, qu'elle avait déversées, elle s'était contrôlé et aucun des deux combattants n'avait utilisé de magie, concentrée sur les maniements physiques de leurs armes. Mewnie avait aimé l'expérience de sa lame frottant contre celle du Sune, reconnue même dans les Cieux comme les épées les plus nobles et habiles. Le Combat s'était finalisé par la victoire de Carsten, gagnant de peu sur la jeune El'fe, qui ne lui en tient pas rigueur trop heureuse de se battre à nouveau, et de plus avec des combattants aguerris. Depuis son départ d'Otokapi, elle n'avait pas eu la chance de combattre avec des personnes expérimentées, et n'avait gardé que les préceptes, positions et maniement de base qu'on lui avait acquis depuis toujours, ainsi que son instinct, pour se perfectionner seule. Aussi, elle reconnaissait manquer de pratique et de tactique, lorsqu'elle n'était pas aidée de la magie, ses erreurs se faisaient plus grossières.
Sasha ne cessait de chercher à comprendre les Mondes qui l'entourent et les espèces le peuplant. Il emmenait partout avec lui, le manuscrit dans lequel il écrivait les questions dont personne n'avait la réponse, mais ne l'avait pas ouvert depuis bien longtemps, le gardant simplement en sûreté. Elle passait le plus clair de son temps en compagnie du Sage Jeremiah qui s'était attachée à la jeune fille aux cheveux blancs. Elle était dispensée des Cours de Magies de niveau proposés par le Temple, et avait ses propres cours avec le Sage, qui cherchait désespérément à comprendre quelle magie habitait la jeune fille. Sasha lui avait révélé, qu'elle avait une mémoire gouffre, lui permettant de ne jamais rien oublier, sa capacité à pouvoir parler toutes les langues sans souci, sa manière de changer de genre et d'âge et sa capacité à toucher la pluie du Molden, à s'en nourrir et son incapacité à comprendre la notion d'émotion. Le Sage avait rapidement exclu l'idée qu'il puisse être un quelconque Mage, mais ne parvenait pas à comprendre, pour lui, Sasha restait une énigme, jamais il n'avait connu telle forme de magie. Jeremiah emmenait chaque jour, la jeune fille dans son antre, et autour d'une petite table de bois, les genoux repliés, les doigts posés sur une tasse fumante de tsarine, une infusion chaude et amère à base de terre de sienne et d'ocre, il enseignait les bases de la magie élémentaire à sa jeune protégée. Il lui avait enseigné les principes mêmes du maniement de cette force de la nature qui régissait au sein des Mondes et maintenait en vie chaque espèce. Décrivant les flots tumultueux de cette force, comme une entité à part entière, sans distinction du bien ou du mal, vivant à l'état sauvage, et l'importance de la maîtriser, autant que son propre esprit et son propre corps pour vivre en harmonie avec celle-ci. Ces notions étaient floues par Sasha, mais il avait fini par comprendre, que ce que voulait dire son professeur, c'était que chaque créature ne se devait pas de prendre les rênes sur la magie, ils ne devaient pas chercher à la contrôler ou à la tenir par la force. Il fallait s'accorder avec cette énergie vivante, la pousser à cohabiter plutôt que de la soumettre ce qui reviendrait à produire l'effet inverse et la rendre incontrôlable. Le Sage avait insisté plus d'une fois sur ce point, grimaçant en parlant des êtres perdus, qui s'étaient laissé emportés par le flot de puissance, et avait finit par être dévorés par leur magie, devenant sauvages et sans conscience propre, menés uniquement par l'instinct. Il répétait sans cesse "La magie est aussi belle que dangereuse, comme l'alcool, elle enivre, mais s'y on ne prend pas garde sa puissance finit par nous rendre faibles, et alors elle prendra le contrôle sur nous, nous laissant démunis". Les cours étaient normalement dispensés au Temple selon les niveaux Intermédiaires et Confirmés et Maîtres par les Sages du Temple, considérant que les Novices apprenaient chez eux, mais Sasha ne semblait pas en être un de ce que notait Jeremiah dans ses multiples carnets. Dès les premières tentatives, il était fasciné de voir la symbiose qui régnait entre l'énergie magique qui exhalait du corps de Sasha pendant les exercices. Elle n'était pas Novice, pourtant, aucune de ces sensations ne paraissait connues aux yeux de Sasha. Les exercices étaient toujours menés de la même manière. Sasha prenait place face au Sage, pliant des jambes de manière à être concentré et alors elle fermait les yeux. Selon les instructions du Sage, elle laissait place à son éternel détachement émotif, qui était normalement l'une des premières choses que l'on apprenait pour produire des actes de magies, afin de pouvoir juger en toute objectivité et utiliser sa magie de manière stable, sans être emporté par la fureur des émotions. Cela n'avait pas été un état nécessaire pour la jeune fille. Elle se devait de méditer très régulièrement, plusieurs fois par jour même, afin de faire le vide dans son esprit et ainsi renforcer ses capacités, comme le voulaient les enseignements du Sage. Une étape difficile pour une personne dont la mémoire et photographique, et qui ne cesse jamais de poser des questions, les heures de travail acharné finirent par lui permettre de plonger au fond d'elle-même et de savoir appeler le nœud de magie dans les profondeurs de son corps, à faire surface. Les jours avaient passé, et elle parvenait de plus en plus vite à accéder à cette énergie, découlant chaque fois avec plus de force. Le Sage n'avait pas fait part de ce qu'il voyait lorsque la jeune fille puisait en elle la force de sa magie, mais comment aurait-il pu expliquer l'aura de lumière qui grossissait à chaque fois en puissance autour de la fille couleur de neige ? Il ne comprenait qu'elle force était associée à elle. Comment le pourrait-il ? C'était la première fois, qu'une magie prenait une forme de cette manière. La magie des Rêves d'Yndris se manifestait par des formes indistinctes, étrangères, des couleurs aux tons froids et sombres, qui faisaient vibrer l'air. Celle de Shiva, l'ancestral rouge, n'était maniés que par quelques espèces aux rares représentants, par une vague de force d'une couleur rouge, d'où le choix du nom, associés aux Dieux, surtout utilisés par les Sorciers. La magie destructrice, laissait apparaître des ombres froides, inspirant la peur, la magie protectrice de Daeron, se manifestait par une faible lumière blanche, et les magies élémentales de Idore et Oriel par l'agitation d'un élément propre à celui qui le manie, quant à la magie audacieuse de Hora, elle ne se manifestait que tard lors de la puberté, mais restait visible, par l'étincelle qui
Il continuait cependant à lui faire suivre un entraînement régulier, lui demandant par la même occasion de s'entraîner dans le calme et la solitude la plus absolue dès qu'elle le pouvait, la pratique de la Magie repose sur une pensée déterminée, bien orientée, bien concentrée, pouvant se concrétiser, influer sur les choses et les êtres, seulement lorsqu'elle s'harmonisait à la créature qui l'appelait. Les exercices les plus durs pour la jeune fille étant ceux où par concentration et visualisation mentale, elle devait imaginer influer sur quelque chose. Ne Sashant pas d'où provient sa magie, le sage ne pouvait pas lui indiquer quoi faire aussi, elle ne pouvait que faire apparaître sa magie à l'état brut autour d'elle sans pouvoir vraiment l'utiliser au grand désespoir du Sage. Les élèves à cette étape de l'apprentissage s'aidaient souvent de la parole. Chaque tradition ou culture possédant ses propres définitions des catégories magiques, les paroles divergeaient selon l'endroit, plus ou moins efficace à condition de connaître l'intonation correcte des mots, utilisés comme catalyseurs de magie, et cible de concentration, ils étaient souvent enseignés par les Sages. Seulement, dans cette situation... Le sage ne pouvait rien faire. Après les mots, on voyait les gestes, autre forme de catalyseur, ils sont les plus récurrents, particuliers à chacun, ils ne s'apprennent que par l'instinct et l'entraînement, mais une fois de plus le Sage se trouvait dans une impasse. Et à mesure que les jours passent, la force de Sasha s'amenuisaient face aux yeux inquiétés de Jeremiah. Un jour pourtant, alors que la Tempête du Molden faisait rage à l'extérieur, Sasha était arrivé face au vieil homme, le corps couvert de la pluie brûlante, et en lançant un regard glacial au Sage, les cheveux dégoulinants de lumière, ses veines s'étaient embrasées de lumières elle leva alors les doigts vers une statue de glace d'une chouette que conservait le Sage sur étagère depuis des années, cadeau d'un ancien temps et avant qu'il ne puisse prononcer un mot, elle toucha la statuette. Sous les yeux ébahis du Sage, les ailes de celle-ci semblaient frémirent. Le Sage crut halluciner. Cela ne pouvait être qu'un sort de Sorcier, pourtant, aucun d'eux n'avait une aura de lumière si iridescente. Sasha lui avait dit par la suite qu'elle avait agi par instinct, et que c'était sûrement ainsi qu'elle agissait sur les choses et les êtres. Jeremiah ne pouvait se permettre de le penser, il émettait de nombreuses hypothèses sans comprendre, mais continuait à enseigner à Sasha tout ce qu'il pouvait. La jeune fille voyait que le mystère n'arrivait pas à être résolu, autant sur sa mémoire disparue que sur son espèce ou sur la magie qu'elle employait. Il avait suivi les indications de la vieille Ara, mais se rendait compte à présent qu'il n'avait que plus de questions, aussi sous l'autorisation du Sage, il passait ses nuits à lire à la Bibliothèque du Temple, tous ses ouvrages, les autre Sages avaient finis par se rendre compte de la menace que représentait Sasha, pouvant lire ces ouvrages datant de d'autres temps, contenant un savoir puissant et dangereux, mais le mentor de la jeune fille avait finit par les convaincre qu'il veillait à ce qu'elle ne s'approche que des ouvrages inoffensifs. Ils n'avaient pas été convaincus, mais Sasha qui avait comprit que sa présence n'était pas bien envisagée, s'arrangeait pour venir aux heures où personne ne pouvait la surprendre.courait sur la peau et dans les yeux de ses utilisateurs. Le bilan était là. Rien ne correspondait.
La petite Sorcière rousse quant à elle, s'était peu à peu éloignée du groupe. Elle disparaissait de plus en plus souvent, et étudiait sans cesse les livres et les pages manuscrites des cahiers de notes pour apprendre. Mewnie ne pouvait pas lui reprocher d'être studieuse, mais était déçue de ne plus voir aussi souvent son sourire rayonnant, désormais caché par la couverture des livres qu'elle tenait en main. Elles ne partageaient même plus les corvées, et les moments de rires et d'efforts qu'elle avaient pu avoir ensemble, même un mur semblait les séparer dans leur chambre, mais Mewnie comprenait ce besoin de solitude et de concentration que demander la jeune Novice. Elle voyait déjà poindre quelques couleurs rosées dans ses cheveux de cuivre et lui avait dit plusieurs fois qu'elle était fière de la voir aussi assidue. Nora l'aidait volontiers dès qu'elle avait du temps pour apprendre le Pirus, mais même lors de ces rares moments en sa compagnie, Mewnie la sentait ailleurs, perdus dans ses sortilèges variés. Lorsqu'elle en avait parlé à Léo, il avait simplement haussé les épaules, prétendant qu'elle tenait simplement à réussir, aussi la jeune El'fe finit par penser qu'elle se faisait des idées. De même que les trois garçons se faisaient de moins en moins présents, et disparaissaient dans la journée. Ou du moins, elle ne les voyaient plus autant lors de ses cours ennuyants à mourir. Hassane, particulièrement, avait parfois le visage sombre sans que la situation ne s'y prête, perdu dans ses pensées mais lorsque Mewnie lui posait la question, il lui répondait toujours qu'il réfléchissait simplement. Mewnie avait des doutes. Cinq lunes après leur arrivée au Temple, elle voyait les liens qui s'étaient construits, changer. Sasha se terrait dans le Temple, cherchant en vain les réponses de ses questions, Hassane et Léo perdait leur sourire et Nora ne répondait presque plus aux injonctions de Mewnie, trop obnubilés par ses lectures. La jeune El'fe n'avait plus que Carsten pour se défouler et penser à autre chose que la raison de sa présence ici. Leur lien s'était renforcé, et la Dorosse ne pouvait nier qu'elle avait des sentiments pour le Sune. Il avait finit par dévoiler une autre nature, c'était un garçon compréhensif, et bien qu'il soit tout aussi impulsif qu'elle était de bon conseil et écoutait patiemment. Parfois, la jeune fille tentait maladroitement d'attirer son regard ou simplement son attention sans trop savoir comment s'y prendre, mais il semblait à chacune de se tentatives, creuser un peu la distance. Mewnie était piqué au vif par ces émotions qu'elle n'arrivait pas à contrôler, et même si elle sentait son cœur battre un peu plus vite lorsqu'elle le voyait, elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il en était pour le Sune. A plusieurs reprises, elle avait souhaité pouvoir s'envoler dans les airs avec Arkayn pour oublier, ses sentiments outrageux, ou encore ses joues rougissantes de honte mais même si elle restait assise dans la neige à lancer des appels désespérés aux cieux, le Dragon n'apparaissait jamais dans le ciel, accentuant son sentiment de solitude. Elle doutait, elle avait perdu son plus grand confident pour rester sur terre parmi des gens étranges, qu'elle ne parvenait pas comprendre, même si elle était attachée à eux. Elle s'était plusieurs fois demandée si elle avait fait le mauvais choix, mais elle finissait toujours par se ramener à la raison. Il n'était pas question de retourner en arrière. Elle finirait par déceler le problème qui régnait depuis quelque temps au sein de leur groupe, et tout irait bien, à nouveau. Il était temps que Sasha trouve enfin les réponses à ses questions.
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