Chap 17

Mewnie sentait la moindre de ses articulations la faire souffrir. Il avait été insupportable. Ce maudit Sune après avoir constaté les dégâts de perte suite à la chute du colis, était revenu sur sa décision et ne lui avait administré non pas, une corvée en plus le jour même, mais une supplémentaire par jour pendant une semaine ! Elle avait passé la soirée à la plonge, plus de trois heures sans pause, aidée de seulement quatre autres personnes, qui avaient elles aussi écopée de corvées supplémentaires. Le blond avait donc congédié une grande partie des personnes présentes s'étant inscrite, les libérant ainsi de leur corvée du soir. Sous les commandements de l'El'fe prétentieux qui avait mandé à ce qu'elle ait plus de travail, elle avait récuré bols et cuillères, autant de récipients qu'il y avait de bouches à nourrir. Le lavoir, situé derrière la montagne, aux abords du lac, était un bassin alimenté d'un courant d'eau qui rejoignait le lac Voln. Les bassins possédaient une structure en pierre qui leur permettait d'éviter les courants d'air, et couvrait leur tête, seulement éclairés par une ouverture zénithale, rendant le lavoir à ciel ouvert, à peine protégé des tombées de neige. Des pierres basses et inclinées vers l'eau bordaient la margelle du bassin. Un banc de bois avait été posé à leur attention, bien qu'ils ne puissent pas s'y asseoir, à cause de la multitude de sacs gorgés de récipients qui y résidaient. Mewnie en arrivant, avait compris que les prochaines heures seraient bien douloureuses, aussi pour ne pas aggraver son cas, elle avait fait de rien, attisant la curiosité du Sune, qui observait la scène avec satisfaction en voyant la mine défaite des autres.

La jeune El'fe n'avait pas pensé à prendre des gants, mais bénissait ses intuitions qui lui avait forcé à prendre le manteau de Nora, plus chaud que le sien.

Le Sune n'avait pas eu besoin de leur expliquer, il avait simplement indiqué du doigt les sacs et toutes les personnes présentes avaient retroussé leurs manches jusqu'aux coudes. Chacune avait pris un des sacs, pesant bien plus lourd que ce que voulait admettre Mewnie qui tâchant vainement de garder sa fierté face au Sune, relevait le menton, digne, sans esquisser la moindre grimace. Il y avait avec elle trois garçons et une fille, qui semblaient tout aussi pressé de partir que Mewnie. Jetant le sac sur le sol, elle se mit à genoux comme les autres, attrapa un savon de sel et de fleurs et une pierre-éponge, attrapant le premier bol à portée de main et plongea ses mains dans l'eau glacée. À son contact, un frisson remonta le long de son échine, transperçant son corps de part en part. Elle frottait vigoureusement les récipients, pour se réchauffer les mains, dont les doigts prirent rapidement une teinte bleutée à l'instar des autres. Certains gémissaient, d'autres grognaient des mots inintelligibles se plaignant des conditions dans lesquelles ils devaient travailler.

Mewnie ne disait pas un mot, perdant peu à peu de son assurance à mesure que le temps passe. Ses mains tremblaient de froid, et chacun des muscles de ses bras tiraient. Bien qu'elle ait eu le temps de nettoyer les plaies qui ornaient ses genoux depuis le matin, celles-ci, qui venaient à peine de se fermer, s'étaient rouvertes au contact de la pierre dure et glissante sur laquelle elle s'appuyait. Ils avaient beau frotter, encore, et encore, les sacs ne se vidaient pas. Mewnie était semblable à une Danaïde, comme condamnée à remplir sans fin un tonneau troué.

Une jeune fille se décida finalement à engager la conversation avec l'un des garçons, et bien que Mewnie ne comprenne pas de quoi il en retournait, entendre les autres parler lui enlevait cette impression de solitude qui ne l'avait pas quittée depuis le début. Ils gémissaient plus qu'ils ne parlaient, lâchant quelques rires nerveux. L'activité de nettoyage était physiquement très difficile. Aussi, le fait de la pratiquer de façon collective la rendait plus facilement supportable, seulement l'instant de répit fut de courte durée, lorsque l'un d'eux envoya une réplique à l'encontre du Sune, couronné de son éternel bandeau, qui n'ayant pas dû lui plaire, activa un levier que Mewnie n'avait pas remarqué plus tôt, un sourire en coin. Une coulée de lave se déversa dans le bassin, chauffant l'eau d'une telle rapidité, que leurs mains brûlèrent instantanément. Dans un même mouvement ils les retirèrent tous en une fraction de seconde sous l'effet de surprise, seule Mewnie, continuait sans se soucier du picotement dangereux de ses doigts dans l'eau. Les autres l'interpellaient, visiblement stupéfait par son inaction, mais elle ne prit pas le temps de s'intéresser à eux, continuant de frotter toujours plus vite, rapidement habituée à la chaleur environnante qu'elle préférerait au froid, les vapeurs d'eau commencèrent à s'enfuir du bassin formant de la buée sur les lunettes d'un jeune métamorphe qui en prenant exemple sur elle, s'était remis à la tâche.

L'El'fe blond avait été surpris par l'attitude de la Dorosse mais n'en montrant rien, il rappela à l'ordre les trois autres indisciplinés, afin qu'ils se remettent au travail, leur rappelant au passage, qu'ils ne pourraient pas partir, tant qu'ils ne finiraient pas. Il observait du coin de l'œil la jeune El'fe, acharnée à l'effort.

- Arrêtez de me regarder, Sune, avant de vous attirer la colère d'une des filles d'Hora !

- Tu me menaces, Dorosse ? gronda le blond d'une voix caverneuse. Ta vie et ta richesse, tu nous l'a doit, Oriel en soit témoin !

- Ma richesse ? fit Mewnie en se tournant vers lui, d'une voix dédaigneuse, ma....vie ? La seule chose que les Sunes apportent à mon peuple depuis des siècles, c'est la misère !

Elle cracha les derniers mots avec force et frotta plus vite les récipients sales, serrant les dents pour ne plus rien dire. Elle sentait ses compagnons de labeur être inquiets d'une quelconque punition que le blond à la veste de cuir pourrait leur infliger.

L'ambiance était pesante, et un air sombre subsistait sur le visage du Sune. Il se déplaça lentement jusqu'à l'un des sacs qu'ils avaient ramenés et Mewnie se mordit la langue en se rendant compte de son erreur : elle n'aurait pas dû parler...

Il sortit de son sac des planches en bois et s'avança d'un pas lourd jusqu'à ne plus être qu'à un pied de Mewnie. Elle ne releva pas la tête, se maudissant une énième fois et lorsqu'il pressa son épaule, elle manqua de trembler à son contact.

- Lève-toi, Dorosse.

Mewnie, qui ne sentait plus ses pieds se redressa avec difficulté, le corps ankylosé par ses efforts, mais garda les yeux fixés sur ses chaussures, ne voulant pas aggraver les choses.

- Tu blasphèmes, dit-il d'une voix douce, c'est tout à ton honneur, El'fe.

Mewnie finit par le regarder dans les yeux, surprise, et observa son visage métamorphosé, toute la colère et la sévérité de son visage avait laissé place à une douceur et une candeur juvénile.

Mewnie était perturbée par ce changement de traits si brutal, mais plus encore, par l'appellation qu'il lui avait donné. Il ne l'avait pas nommée par le nom de son peuple, mais par le nom de leur espèce commune, comme si le Sune la mettait à égalité, un instant..

Ce genre de choses arrivait rarement, un Sune qui considérait un Dorosse ? C'était comme....un Dieu venu donner son corps et son sang pour les nourrir les miséreux, cela n'existait que dans les contes et légendes...

- Ett quoaa, nameretsu daer Tsenes konikama*, murmura le Sune dans sa langue d'origine, en regardant les flocons de neige se déposer sur ses cheveux d'encre bleue.

Mewnie qui habitait dans les Orgues d'Otokapi, avait reçu de la part de ses parents à l'école buissonnière, une éducation forcée de la langue noble des Sunes, l'Irindi. Elle ne connaissait pas assez de mots pour la parler, mais parvenait à la comprendre partiellement. Elle était caractérisée pour contenir beaucoup de mots dits "inutiles", enrichissant les phrases devenues longues et détaillées. Cette langue aux intonations légères, parfois presque nasillarde, était surprenante provenant du blond bourru. Les mots se formaient comme des vagues, s'échouant sur ses lèvres à la fin de ses phrases, courant vers le ciel.

Il lui avait alors donné une planche en bois à mettre sous ses genoux, comme à tous les autres, pour que le froid ne les atteigne plus et ils se remirent à frotter les derniers quarts de bols et de cuillères qu'il restait à nettoyer.

Mewnie ne se doutait pas que trois heures avaient pu passer, cela lui avait paru tellement plus long et tellement plus court à la fois...sa notion du temps avait été erronée.

Plus tôt dans la journée, elle n'aurait jamais pensé que cela se produirait ainsi, fit elle en remontant dans ses souvenirs....

- Mewnie, que t'est-il arrivé ? Je t'ai cherché partout à la fin de l'heure mais tu n'étais plus là, j'ai entendu dire qu'une cargaison avait....Oh.

Nora qui avait accouru dans leur chambre en la cherchant, l'avait surprise seulement vêtue d'une chemise ouverte sur ses seins bandés, le reste de ses vêtements traînants sur le sol, constatant les dégâts que sa peau venaient de prendre. Elle releva à peine la tête vers elle, sa tresse défaite pendant sur le côté, et se remit à son inspection. Nora, la surprise passée, sans même poser une question, se précipita dans ses bocaux cachés dans les plis de ses vêtements au fond du placard et sortit une bouteille d'Echid en souriant, goguenarde attrapant de vieux tissus et s'approcha des blessures que Mewnie s'étaient faites en tombant sur la glace quelques instants plus tôt. Mewnie toisa la petite rousse d'un œil sévère, en voyant la bouteille entre ses mains. Nora qui surprit le regard qu'elle lui lançait, fit rouler ses yeux avant d'en appliquer sur ses bouts de tissus et de désinfecter les plaies sur ses genoux et son bras gauche, qui avait pris l'impact.

- Il faudrait que tu ailles te laver Mewnie, déjà pour nettoyer ta peau des gravats et de la saleté, mais aussi parce que la sueur de ses derniers jours ne te fait pas des faveurs, tu ne sens pas la fleur, désolée de te le dire... Surtout que quand je suis passé voir si tu n'y étais pas, on m'a annoncé qu'ils fermeraient plus tôt ce matin pour le nettoyage de la semaine...navrée.

Mewnie qui grimaçait au contact du produit désinfectant sur sa peau, sans mot dire, soupirant intérieurement à l'idée qu'une fois de plus son bon bain douillet lui passe entre les doigts. Elle se mit à fixer la bouteille, le regard mauvais jusqu'à ce que Nora ne le remarque :

- Quoi ? Tu ne vas pas me faire la morale ! Et puis je n'ai que ça pour te désinfecter rapidement..

- Tu n'as même pas quatorze hivers au vu de ta frimousse, et tu caches déjà des bouteilles d'alcool dans tes vêtements !

- Arrête, je t'en prie. Tu seras bien contente d'en boire un coup avec moi, de temps en temps ! Les fêtes se font rares ici, il faut savoir trouver de quoi s'amuser ! D'ailleurs, tous les soins que je t'apporte vont te coûter une petite aumône de cazard !

- Rien que ça, dit sarcastique Mewnie en levant le bras, Sashant pertinemment que les produits qu'elle lui avait administrés ne devaient pas valoir plus de quelques couronnes*, tout au plus un ou deux cazard*. Allez, file la bouteille à l'El'fe qui sent l'homme, dit-elle en indiquant d'un geste ce qu'elle tenait, tout en refermant sa chemise en la boutonnant.

- Comment ? Entendrais-je par là que tu veux boire de ma superbe bouteille, alors qu'il y a seulement quelques secondes le fait d'en avoir une t'incommodait ?

- Moi, j'ai l'âge d'en boire, jeune Sorcière novice, fit Mewnie avec un grand sourire.

Nora fit une mine avec un semblant désabusée par la situation, avant de lui tendre la bouteille d'Echid en riant. Mewnie avala une grande gorgée au goulot, réchauffée par les vapeurs d'alcool, bien que le goût soit infâme comme se veut toute bonne bouteille d'Echid, réputé pour un être un alcool de bas de gamme pour les rustres.

- Il est clair que ce n'est pas du Nil....grimaça Mewnie en tirant la langue exagérément, laissant le visage faussement offusqué de la gamine rousse lui prendre la bouteille pour en prendre une rapide gorgée et faire la même grimace avant d'en refermer le goulot.

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles !

Elles éclatèrent de rire, les bulles de l'alcool dans le nez, et continuèrent de bavarder gaiement.

Le fou rire passé, Mewnie se fit la réflexion qu'elle n'avait presque aucune pièce avec elle. A vrai dire, à Warden, le système d'entraide et de troc fonctionnaient sans monnaie, mais comme elle vivait sous la coupe d'Henrik, le chef de son Camp, communément appelé l'Ek'home, il tenait une petite caisse de pièces qui lui permettaient sous les demandes du village, d'acheter les produits qu'on lui demandaient dans les autres dimensions. Et à plusieurs reprises, alors qu'il avait le dos tourné, quand elle était encore jeune, elle lui volait quelques pièces, attirée par la beauté de celle-ci. Ces petits cercles ronds, rouillés par le temps, les couronnes, qu'elle trouvait si étrange à une époque. Un jour à son anniversaire, il lui avait offert trois cazard pour"plus tard", comme il le lui avait dit. Elle avait été si touchée par le geste, qui était normalement proscrit à Warden, qu'elle lui avait promis d'y faire très attention et de les dépenser avec parcimonie. Il lui avait appris comment reconnaître la valeur des choses, passionné par le sujet, et bien mieux que n'importe quelle langue, elle avait assimilé le principe et l'importance de ne pas trop dépenser dans des choses inutiles. Les Dorosse vivaient dans la misère de ce que leur donnaient les Sunes, aussi la valeur des choses était inscrite dans ses gènes comme la peur fondée, de la famine et de la misère. Les Dorosse avaient depuis des temps immémoriaux toujours été considérés comme une sous-espèce.

Mewnie repassait un à un les souvenirs de la journée, la corvée du matin avec le transport des cargaisons, la chute avec la jeune fille qu'elle n'avait pas revue depuis, l'aide de Nora avec ses blessures, les inscriptions aux cours et les dernières corvées de la journée qui l'avaient éreintées. Se faufilant discrètement dans les couloirs, ses chaussures dans une main, elle marchait silencieusement se repérant en frôlant les parois de ses mains dans le noir, cherchant à rejoindre les bains communs. Elle avait passé la journée à traîner çà et là dans les couloirs pour repérer les endroits et préparer le coup qu'elle avait en tête. Certes, elle venait seulement d'arriver et enfreignait déjà le couvre-feu, mais que n'aurait-elle pas donné pour ce bain qu'elle avait amplement mérité ? Elle avait choisi une heure tardive, attendant que Nora s'endorme, avant de filer en douce dans la noirceur de la nuit, jusqu'au fruit de ses désirs. Elle n'était jamais rentrée à l'intérieur, mais en passant la porte, elle se fit violence pour ne pas se jeter directement dans les bassins qu'elle apercevait. Elle referma la porte précautionneusement derrière elle, sans faire de bruit puis enleva les chausses trop grandes que lui avaient cousues Léo, ce qui était adorable d'après elle, ainsi que le veston que lui avait prêté Nora, en attendant que le marché mensuel ne vienne pour qu'elle puisse s'acheter des vêtements appropriés. Laissant ses bottes à l'entrée, elle prit le savon de fleurs, la pierre-éponge et le peigne qu'elle avait subtilisé à Nora pendant la journée, se promettant qu'elle les lui dédommagerait et elle parcourut le grand couloir aux parois grouillantes d'eau, de celle qu'avait Léo chez lui, qui coulaient comme une crème à présent sur sa peau, une bénédiction venue d'Hora elle-même. Elle dénoua sa tresse en quelques coups de doigts et enfin parvint à l'un des grands bassins creusés dans la roche par l'eau elle-même. Au fond de l'eau apparaissaient les bulles de laves qui bougeaient dans l'eau sacrée du temple, formant ce mélange délicieusement lumineux, dans lequel elle plongea ses jambes avec délectations, enlevant précipitamment sa chemise pour plonger entièrement. La lave chaude semblable à une crème apaisante couvrit son cœur dans une bulle d'eau froide et rafraîchissante, une sensation incroyable qu'elle n'avait jusque-là jamais ressentie. Elle sortit la tête hors de l'eau et en faisant quelques brasses attrapa l'éponge et le savon sur le rebord pour les faire mousser sur son corps. La sensation d'avoir une peau propre n'avait jamais été aussi grisante, Mewnie l'avait tellement frottée qu'elle en était presque rougie. Elle fit mousser ses longs cheveux encombrants, libérant les restes de neiges qui y étaient semé, et démêla ses cheveux avec le peigne heureuse d'avoir enfin trouvé un semblant d'ordre capillaire sur sa tête. A l'entente d'un craquement derrière elle, son premier réflexe fut de plonger la tête sous l'eau, mais consciente qu'elle ne pourrait pas rester sous l'eau éternellement, et que l'intrus l'avait surement déjà remarquée, elle se décida à en sortir. Un hoquet de stupeur s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle réalisa que le Sune se trouvait devant elle, simplement vêtu d'un chandail rouge sans manches, d'un pantalon, seulement cette fois-ci ses cheveux blonds n'étaient plus retenus par l'éternel bandeau, et retombaient dans ses yeux clairs.

- À peine sortie d'une punition, que tu en demandes une autre, Dorosse ? fit-il moqueur en s'accroupissant.

- Mewnie releva le menton avec fierté et clama sans se soucier de ses mots :

- Après tout ce que vous m'avez fait subir, j'en ai bien le droit ! Cela fait plusieurs jours que je suis arrivé, je ne pouvais décemment pas m'y soustraire plus longtemps.

- Le couvre-feu est dépassé depuis longtemps, jeune fille, vos efforts ne sont pas une raison valable pour vous promener ainsi dans les bains à cette heure-ci. Surtout que les bains sont réservés pour les hommes le soir.

- Le soir est dépassé Sergent, fit-elle moqueuse, aussi, je me garde le droit de venir.

- Je tiens simplement à vous dire que je suis un homme, face à vous dans un bain, et que la lumière projetée par l'eau doit pas laisser beaucoup de place à l'imagination, je pense, n'importe quel homme pourrait profiter du spectacle...

Mewnie baissa les yeux sur son corps dénudé reluisant de lumière et poussant un petit cri, sortit rapidement de l'eau plaquant la chemise sur son corps, cherchant vainement à cacher un minimum son intimité.

- Arakandi* ! lança Mewnie en Sylena.

- Sestore que naovi des, dit-il d'une voix doucereuse, laissant les accents lascifs de sa langue maternelle faire surface, ne vous inquiétez pas, vous serez punie par un rajout de corvées comme il se doit ! Après tout, je suis le représentant de la galerie trois, je peux me le permettre !

Mewnie lui lança un regard courroucé en enfilant rapidement sa chemise à moitié mouillée et prenant ses affaires elle partit d'un pas furieux, le corps luisant encore d'eau. Elle reçut un objet non identifié en pleine tête et en se retournant ne vit plus le Sune, mais uniquement la serviette qu'il lui avait lancé.

- N'attrapez pas plus froid, il serait dommage de repousser les corvées qui vous attendent pour les deux prochaines semaines à cause d'une petite fièvre, rit-il avant de disparaître complètement de son champ de vision.

Mewnie attrapa la serviette pour sécher ses cheveux et ses jambes avant d'enfiler ses chausses qu'elle avait récupérées à l'entrée, furieuse de s'être fait prendre par cet inconvenant personnage. Mais une fois les couloirs traversés, et sa tête fraîche et propre reposée sur le grand coussin noir, les seules choses auxquelles elle pensa furent le bain réconfortant auquel elle avait eu le droit, et le sourire surplombé des yeux perçants du Sune...

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*Ett quoaa, nameretsu daer Tsenes konikama : (Quoi que mon peuple en dise, la vérité se sait des Dieux.

*couronnes et cazard : pièces de monnaies, on compte vingt couronnes pour un cazard, sachant que ces pièces sont les plus courantes et les plus utilisées par le peuple.

*Arakandi : "pervers", "malotru"

*Sestore que naovi des : Seulement, pour les belles dames (Irindi)

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