Chapitre 2

Nous dansons depuis notre arrivée et nous nous amusons tellement que nous avons perdu toute notion du temps. Il peut-être tôt comme il peut-être minuit, peu importe. J’ai décidé de m’amuser, pour une fois. Naemi et moi nous trémoussons au rythme de la musique et des stroboscopes. Ce n’est certainement pas le  genre de chose que j’écoute habituellement, moi qui suis habituée aux plus grands orchestres et à la musique classique. Mais la musique qui résonne dans la discothèque a le mérite de me défouler, et ça n'a pas de prix.

    En arrivant j’avais peur de ne pas savoir danser et donc de peiner à me fondre dans la masse, mais il m’a finalement suffi de suivre les gens. Tout va bien, cette sortie est un succès. Il n’est question que de moi et de ma soeur, les gens qui nous entourent n’existent pas à nos yeux.

    — Tu n’es pas fatiguée ? me crie Naemi en tentant de couvrir le bruit des gens de de la musique.

    — Si ! Je ne sens plus mes pieds !

    — Allons chercher à boire, ça nous fera une pause.

    Naemi me prend la main et m’entraîne vers le bar. Un barman est en train de préparer un cocktail, des gens discutent joyeusement, l’alcool aidant sûrement, et des dizaines de bouteilles d’alcools en tout genres sont exposées derrière le comptoir.

    Une fois que le barman est disponible, ma soeur prend les commandes.

    — Votre meilleur cocktail, un pour moi et un pour ma soeur s’il-vous plaît.

    — Je préférerais un verre de champagne, rectifié-je.

    Je fusille ma soeur du regard.

    — Je préférerais que tu me laisse choisir ma commande. On sait même pas ce qu’il y a dans ce cocktail !

    En effet, le barman est en train de mélanger divers alcools dont je n’ai jamais entendu parler.

    — Et un cocktail du chef pour la demoiselle, dit-il en faisant un clin d’oeil à ma soeur.

    Elle le remercie en enroulant une mèche autour de son doigt. Je n’en reviens pas, elle est en train de draguer ! Elle a sûrement appris ça dans un des livres à l’eau de rose qu’elle affectionne tant.

    Une fois que j’ai récupéré mon verre de champagne et réglé une somme pharaonique, nous allons nous asseoir dans un coin. Les prix des boissons dans ce genre d'endroit est à peine croyable. Heureusement que nous avons les moyens.

    — Alors cette soirée ? questionné-je ma soeur.

    — Ça fait du bien !

    Nous sirotons tranquillement nos verres quand soudain, deux hommes sortis de nulle part viennent s'asseoir à côté de nous. Je ne les sens pas, ils empestent le parfum. Les ennuis débarquent. Il faut que je fasse en sorte que ça ne dégénère pas trop.

    — Salut mesdemoiselles, ça vous dérange pas si on vous tient compagnie ?

    — Deux si jolies filles comme vous, seules dans un coin à une soirée d’enfer, c’est vraiment triste.

    Ils semblent passablement éméchés. Je ne veux pas savoir combien de verres ils ont bu jusqu’à maintenant. Ça empire considérablement la situation. On ne peut pas savoir de quoi sont capables deux homme saouls.

    — Eh bien justement, nous préférerions rester seules messieurs. Vous pouvez disposer, répond Naemi pendant que j’observe la scène, mortifiée.

    Naemi prend les devants alors que c'est moi la grande soeur. Tout ce qui tourne à ce moment dans ma tête est que ça y est, la soirée va mal tourner, je le sens. Les hommes se regardent un instant et se rapprochent encore plus de nous, jusqu’à nous toucher.

    — Allez, on vous veut aucun mal.

    — Toi ma p’tite, tu veux pas passer un peu de bon temps avec nous ?

    Il a dit ça tout en posant sa main sur la cuisse de ma soeur. Je n’en reviens pas. Nous sommes paralysées. Mais ce simple geste suffit pour me sortir de ma torpeur et pour me mettre hors de moi.

    — Ne touchez pas à ma soeur ! hurlé-je ; De quel droit vous permettez vous de poser votre main répugnante sur elle ?

    — Oh c’est bon, on l’a pas violée non plus… Et puis avec cette robe elle aurait bien dû s’y attendre.

    — Monsieur, une robe n’est pas un appel au viol ! Maintenant partez ou j’appelle la police. C’est un ordre !

    Mes cris ont attiré l’attention sur moi, maintenant tout le monde a le regard rivé sur nous.

    — Naemi, viens on s’en va, intimé-je à ma soeur.

    Le deuxième homme nous observe soudain, incrédule. Ai-je dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

    — Naemi ? Je me disais bien que vos tronches me disaient quelque chose.

    Il se tourne vers la foule qui a désormais totalement arrêté de danser pour reporter son attention sur notre altercation.

    — Mesdames et messieurs, les Princesses Naemi et Alyssa d’Arcana sont parmis nous ce soir ! annonce-t-il en me pointant du doigt.

    Tout le monde nous regarde tandis que les murmures commencent à couvrir la musique.

    — Sympa les lentilles de couleur, Princesse, chuchote-t-il trop près de mon oreille.

    On nous a reconnues. Il faut qu’on sorte d’ici.

    Des centaines d’inconnus nous mitraillent de photos, bientôt nos têtes seront partout dans les magazines. Quelle image allons nous donner à notre royaume… J’essaye de couvrir mon visage avec ma main et ordonne à ma soeur de faire de même. Nous tentons de nous frayer un passage, mais c’est sans compter les dizaines de mains qui essayent de nous toucher.

    — Je n’en reviens pas, quand mes potes vont apprendre ça…

    — Elles sont vraiment moins belles en vrai.

    — J’ai bien fait de venir à cette soirée !

    Les gens commentent notre présence et les rumeurs se multiplient.

    — Où est la sortie ? me demande Naemi.

    Je n’en ai aucune idée. La salle est noire de monde, de gens agglutinés autour de nous, il n’y a pas d’issue. Nous forçons un passage dans la foule et tombons enfin sur un mur. Si nous le longeons nous finirons forcément par trouver la sortie.

    Cette soirée est un désastre, voilà ce qui arrive quand nous sortons sans garde du corps. Moi qui aspirait à des vacances tranquilles… Quand nous aurons réussi à sortir, Naemi va m’entendre ! C’était son idée, et c’était une très mauvaise idée.

    J’ai l’impression qu’on ne va jamais sortir, j’ai chaud, je suis en sueur. Je me suis rarement sentie aussi mal à l’aise. Tous ces gens qui nous regardent comme s’ils allaient nous manger… Et où est passée cette fichue porte ? Elle ne s’est quand même pas volatilisée…

    — Princesse… Par ici !

    Une voix féminine me sort de ma torpeur. Quelqu’un va enfin nous aider ! Une main me prends par le bras. J’appelle Naemi et suis ma sauveuse. Finalement, nous somme dehors.

    Je m’arrête quelques secondes pour reprendre ma respiration. Cette sortie était éprouvante !

    — Alyssa, tout va bien ? me demande ma soeur.

    Je la rassure d’un signe de la main et me retourne vers la femme qui nous a aidé. À la lumière des lampadaires, je peux enfin voir le visage de cette aide inespérée. Elle a l’âge d’être mère et porte une robe pourpre et des bottes.

    — Merci pour votre aide madame, nous vous en sommes reconnaissantes, la remercié-je ; puis-je faire quelque chose pour vous en échange ?

    L’inconnue me sourit.

    — Si j’avais une fille, je n’oserais même pas imaginer ma réaction si cela lui arrivait. Les hommes sont ignobles… J’espère que mon fils deviendra une meilleure personne.

    — Que puis-je faire pour vous ? répété-je ; Cela me tient à coeur.

    Elle balaye ma question d’un geste de la main.

    — Je n’ai besoin de rien, ne vous inquiétez pas. J’ai un fils aimant et un métier satisfaisant, je suis heureuse de ma vie. Et je ne veux pas d'argent, si c'est ce à quoi vous pensez. Ça m'a fait plaisir de vous aider, Vos Altesses.

    Je me sens redevable à cette femme. Je sors ma bourse et lui offre quelques pièces d’or.

    — Acceptez les s’il vous plaît. Faites en bon usage, et rendez votre fils heureux.

    Elle me remercie et me conseille de faire attention sur le chemin du retour. Naemi et moi rentrons finalement saines et sauves dans notre villa de vacances. Cette soirée était mouvementée, mais surtout, elle était mémorable.

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