- under the stars -

Je n'ai revu Taehyung que deux jours après ce qui s'était passé.
C'était en fin d'après-midi, lorsque j'étais descendu pour aller aider Moonbyul.
Il sortait du bureau d'un psychiatre, et lorsqu'il a croisé mon regard, il m'a souri timidement, mais sincèrement.
Je lui ai rendu son sourire, et il a fini par partir de son côté.
Voir qu'il allait mieux et qu'il était capable de sortir m'a enlevé un énorme poids.
Je souriais toujours comme un idiot, et même lorsque Moonbyul est apparue et m'a rejoint, je n'ai pas pu m'en empêcher.

« Et bien, ça va mieux, on dirait. »

En réponse, je lui ai lancé un sourire plus grand encore, et à l'instant où j'ai voulu lui proposer mon aide, j'ai vu les portes principales s'ouvrir du coin de l'œil.

J'ai tourné la tête, en même temps que Moonbyul, et je l'ai vu entrer. Il a joyeusement salué la femme à l'accueil avant de me regarder, et son sourire est devenu plus tendre.

« Je vous l'emprunte pour aujourd'hui. »

Il a attrapé ma main et m'a entraîné avec lui.
J'ai à peine eu le temps de lancer un regard à Moonbyul, mais je l'ai vue sourire à son tour.
Ça m'a rendu fou de joie.
Je me suis promis de la couvrir de câlins et de bisous une fois rentré.

On est sortis, et il se contentait de me traîner sans un mot.

« Jimin. » ai-je dit dans le but de le stopper, et il s'est arrêté pour me regarder.

« Oui ? »

J'ai voulu lui dire qu'il m'avait manqué, mais je n'ai rien dit. Ça lui ressemblait, de débarquer à l'improviste et de me traîner je ne sais où sans un mot.

« Non, rien. »

Ses sourcils se sont un peu froncés, mais on a recommencé à marcher.

« On va où ? ai-je renchéri.

— Tu verras.

— On va encore sauter dans un train ? »

Il a ri.

« C'est pas une mauvaise idée, mais pas cette fois. »

Rapidement, on s'est retrouvés dans le centre ville, puis dans un quartier un peu reculé que je ne connaissais pas.
Les rues étaient calmes. Trop calmes.
J'ai vu une femme à sa fenêtre, en train de fumer, et Jimin s'est arrêté devant l'une des portes. Il a lâché ma main, a sorti un trousseau de clés de sa poche et a ouvert la porte.

« Fais pas gaffe à ma mère. »

Il est entré, et je l'ai suivi.
C'est l'odeur de cannabis qui m'a d'abord frappé.
Il a rapidement laissé ses chaussures à l'entrée, a jeté un coup d'œil vers la gauche et a directement emprunté les escaliers face à nous. Je me suis avancé derrière lui, mais j'ai quand même regardé la pièce à notre gauche, et j'ai croisé le regard d'une femme en plein milieu d'une cuisine désordonnée.
J'ai reconnu celle que j'avais vu fumer un peu plus tôt.
Ses cheveux noirs étaient en bataille, et les effets de la drogue qu'elle fumait la rendaient d'apparence plus vieille qu'elle ne devait l'être.

« Tu viens ? »

J'ai de nouveau regardé Jimin, presque arrivé en haut des escaliers.

« Euh, ouais. »

Je l'ai rejoint.
L'odeur était moins prenante à l'étage.
Il a ouvert une des portes, et elle a débouché sur sa chambre.
Je l'ai vu enlever sa veste en cuir.
Il y avaient sur les murs plusieurs posters, certains de groupes de rock, d'autres qui m'étaient inconnus.
À côté de l'un d'eux, il y avait un tag qu'il avait fait lui même, au marqueur noir.
Il avait simplement écrit

Arcadian

et lorsque je me suis retourné vers lui pour lui demander ce que ça signifiait, il venait d'allumer les milles-et-une guirlandes de lumière suspendues au dessus de son lit deux places.
Il y était assis au milieu, en tailleur.

« Wow. »

Il a légèrement ri.
Je suis resté à les admirer un instant avant de m'avancer vers son bureau, hésitant.

« Tu permets que je visite ?

— Ne sois pas trop long. »
a-t-il dit d'une voix mielleuse en posant son coude sur son genoux et sa joue contre la paume de sa main.
Ses yeux m'ont regardé.
Intensément.
Et un petit sourire déformait ses lèvres.
Je me suis mis à sourire bêtement, alors j'ai reposé mon attention sur son bureau. Au dessus, la fenêtre laissait montrer le ciel qui devenait rose. Il y avait un ordinateur portable encore ouvert sur YouTube. J'ai sélectionné une de ses playlist au hasard.
C'est Dive de Ed Sheeran qui s'est jouée.
Le son était parfait. On l'entendait à peine.
J'ai un peu ri sous l'ambiance qui s'était installée.
Un peu comme un film érotique à bas budget,
ce qui, finalement, le rendait érotique.

Je lui ai lancé un rapide regard, nerveux.
Je pense que j'arrivais à lui dissimuler cette nervosité, même s'il semblait lire en moi comme dans un livre ouvert depuis qu'on s'était rencontrés.

Un tableau périodique était collé au mur juste à côté.
J'ai souri en repensant aux messages qu'on s'était envoyés quand je mangeais de la purée et des carottes.

« Alors t'es en S, hum ? »
ai-je dit sans un regard et en continuant ma visite.

« C'est aussi surprenant que ça ?

— J'te voyais en L.

— Parce que mes parents fument de la weed ? »

J'ai ri.

« Et que t'as les cheveux roses. »

Il a ri à son tour.
Il y a eu un court silence pendant lequel j'ai attrapé un tas d'interros sur son bureau.

« Tu dois être sexy en blouse blanche. »

Je lui ai lancé un petit regard pour voir sa réaction, amusé.
Ses yeux ne m'avaient toujours pas quitté.
Son sourire s'est un peu agrandi, et il a essayé de le cacher en mordillant l'intérieur de sa lèvre.
J'ai de nouveau regardé les feuilles que j'avais entre les mains.

« Hum, seize sur vingt.
C'est prometteur. »

C'était de la chimie.
Je l'ai glissée en dessous du paquet pour voir la suivante.

« Ah. »

Il a ri en devinant que j'étais tombé sur son quatre sur vingt.
J'ai reconnu la réponse que je lui avais envoyée par message et qui, d'ailleurs, était la seule et unique qu'il avait mise.

« Je te déconcentre autant que ça ?

— Faut croire. »

J'ai reposé le paquet de feuilles où il était, et j'ai retenu mon envie de lui lancer un énième regard en allant vers un mur rempli de photos.
Mais je n'ai pas réussi.
Il n'avait pas bougé. Son autre main jouait avec les draps du bout des doigts.
Juste pour l'embêter, je suis resté à regarder chacune des photos accrochées sur ce mur.
Également parce que ça m'angoissait, et que je ne savais pas ce qu'il attendait de moi.

C'était surtout pour ça, en fait.

La plupart d'entre elles étaient avec des amis. Je me suis demandé lequel d'entre eux était Yoongi.
Le même revenait souvent sur plusieurs d'entre elles, alors j'en ai déduit que ça devait être lui.
Il avait des cheveux vert pastel.
Je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer à quoi avait dû ressembler leur rencontre, tout deux naturellement attirés par la couleur des cheveux de l'autre. Ou peut être qu'ils se les étaient teints ensemble.
Lorsque mes yeux se sont posés sur une photo où Jimin souriait, vous savez, le vrai sourire, capturé en plein fou rire, pas celui qu'on se force à faire pour être potable sur un selfie, je me suis mis à sourire comme un con.
J'adorais le voir sourire.

Puis, je me suis surpris à me demander si j'aurais pu être sur ce mur, un jour. J'avais du mal à m'avouer que j'en avais l'envie.

J'ai baissé les yeux.
Des tas de choses traînaient sur le sol.
Il n'était pas ce genre de personnes qui, en vue d'une présence autre qu'elles mêmes dans leur chambre, la rangeaient et la nettoyaient de fond en comble.

Dans le coin, toujours sur le sol, il y avait une bouteille de Jack Daniel's. Je l'ai attrapée, l'ai regardée, et je me suis retourné vers lui, un sourcil arqué, en attendant des explications.

« C'est bon, tout le monde a besoin de se détendre parfois, a-t-il dit.

— Elle est là depuis combien de temps ?

— Deux ou trois jours. »

J'ai de nouveau regardé la bouteille vide aux trois quarts,
et j'en ai bu une gorgée, puis six.
Honnêtement, ça m'a décapé la gorge.
Je l'ai reposée dans son coin, et Jimin a d'abord eu l'air surpris, puis s'est mis à rire franchement.

« Putain, tu me plais. »

Je n'ai rien dit.
Intérieurement j'hurlais comme une groupie.

Son regard amusé est rapidement redevenu intense, lascif.

« Tu vas m'obliger à venir te chercher ? »

J'ai bêtement souri, et j'ai baissé la tête pour le cacher en me résolvant à le rejoindre. Je me suis assis sur son lit.

Respire. Aies l'air décontracté.

Il est resté à me regarder, toujours assis en tailleur, et je me suis demandé s'il allait ouvrir la bouche un jour.

« Park Jimin perd ses moyens ? Ai-je dit, amusé, en tentant de paraître un minimum sûr de moi.

— On dirait bien. »

Étrangement, ça a fonctionné.
Je me suis dis que mon petit numéro pour le faire patienter avait dû faire ses effets.
Alors, en puisant tout le courage que j'avais pu trouver, je me suis approché.
Ses yeux ne m'ont plus quitté.

Lorsqu'il s'est retrouvé pratiquement allongé et que je le surplombais, je l'ai regardé sans bouger.
Ce fut comme si, tout d'un coup, la musique avait baissé de volume. Comme si j'étais à nouveau entré dans sa bulle.

« Y'a combien de gens qui se sont retrouvés dans cette position, sur ce lit ? »

Il a pouffé.

« C'est ça que tu dis quand t'es sur le lit de quelqu'un, toi ?

— Qu'est ce que tu dis, toi ? Ai-je répondu.

— Un truc du genre, "embrasse moi".

— "Embrasse moi, grand fou", tant que t'y es. »

Mon cœur s'est emballé à l'entente de son petit rire. Je me suis demandé si la situation le déstabilisait autant que moi.

Aller, enchaine, dis quelque chose.

« .. Je peux t'embrasser ? »

Et merde.

Je me suis frappé intérieurement pour être aussi con puis, ce fut à son tour de ne plus bouger, jusqu'à ce qu'il rigole à nouveau, nerveusement cette fois.

« Depuis quand tu me le demandes ?

— Depuis que je suis sur ton lit.

— Il te fait tant d'effet, ce lit ? »

Puis, comme si j'avais réussi à réellement le détendre, il a ri, plus fort et plus franchement cette fois. Je n'ai pas pu m'empêcher de le suivre, parce que j'avais rarement vu plus ridicule comme scène, et, instinctivement, on s'est embrassés.

D'abord furtivement.
On s'est lancé un dernier regard,

puis intensément,
les yeux pratiquement fermés,

et fougueusement,
une fois qu'ils l'étaient complètement.

Ses bras sont venus entourer ma nuque, mais, sans en connaître la raison, c'est à ce moment là que je me suis revu à dix ans.
J'ai froncé les sourcils, et j'ai tenté de me concentrer sur les lèvres de Jimin, maladroitement.

J'ai prié tous les dieux que j'ai pu trouver pour qu'il ne remarque rien,
et j'ai réalisé que je l'embrassais.
Lui.
Un homme.
Et que je n'avais jamais fait ça de ma vie.

En une demie seconde, j'ai repensé à Akane qui m'avait attendu.
Je me suis tendu.
C'est le sang de Taehyung qui m'est ensuite revenu.

« Jungkook ? »

J'ai enfoui mon visage contre son cou comme je rêvais d'enfouir tous ces souvenirs,
mais j'ai revu mon père et son sourire avant de mourir.

Je me suis figé un instant, la mâchoire serrée,
et je me suis éloigné.

« Putain, j'suis désolé. »

Je me suis complètement redressé.
En voyant mon visage, Jimin a suivi le mouvement.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Sa main est venue jusqu'à mon bras, mais je me suis dégagé.

« J't'en prie, ne me rejette pas. »

Ma gorge s'est serrée à l'intonation de sa voix.
J'ai baissé la tête, honteux d'avoir tout gâché.

Je l'ai vu esquisser un mouvement vers moi, hésitant, mais il n'a rien fait.

« Q... »

J'ai relevé les yeux.

« Qu'est ce que je fais de mal ? » a-t-il osé demander.

Il avait la mine triste, le regard fuyant, et les doigts qui se tordaient entre eux nerveusement.
Je ne l'avais jamais vu ainsi.

« Si je t'attire pas, t'sais, je t'en voudrais pas... et puis..

— M-Mais non, dis pas n'importe quoi. »

Rattrape toi.

« C'est juste que... »

Mais j'ai réalisé qu'il n'y avait rien à dire.
Que quoi ?
Que ce n'était simplement pas le bon moment.
Je suis resté planté, à le regarder, et il a fini par détourner les yeux, les doigts entre ses cheveux.

« J'crois.. Que tu devrais partir. »

J'ai à nouveau baissé les yeux.
Je n'ai plus rien dit, effrayé de croiser son regard à nouveau.
Lorsque j'ai osé relever la tête, il avait retrouvé cet air distant. Comme si, en quelques secondes, il avait replacé cette énorme distance entre nous.

Je l'ai regardé attraper son paquet de cigarettes, trônant sur la table de chevet.

J'ai fini par me lever.

« Jimin.. »

Il a ri, nerveusement, sans me lancer un regard.

« Sérieusement, ne rend pas ça plus gênant. »

Traduction : Ferme là, pour une fois.

Alors je l'ai fermée, et je me suis dirigé vers la porte.

Mon ventre s'est serré quand elle s'est refermée derrière moi.

Je suis resté quelques secondes planté là, avant de me résigner à descendre les escaliers, l'air morose.

Je suis sorti sous le regard neutre de sa mère.
J'ai retrouvé la fraîcheur du dehors et les teintes rosées du soleil se couchant.
Tout est soudainement redevenu calme lorsque j'ai fermé la porte d'entrée.

J'ai réfléchi,
la main toujours posée sur la poignée,
et j'ai fini par la réouvrir.
Peut-être un peu trop soudainement, puisque sa mère, qui passait derrière au même moment, a sursauté.
Je me suis excusé en bafouillant.
On est restés à se regarder, sans trop savoir quoi faire. Mes yeux passaient de son visage à sa clope, puis de sa clope à son visage.

Au bout d'un temps, j'ai refermé la porte derrière moi, je me suis incliné, et j'ai remonté les escaliers.

Il s'est redressé en sursaut lorsque je suis entré.
Il est resté à me regarder, comme sa mère, une clope entre les doigts.

« Désolée de rendre ça plus gênant. »

Sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, j'ai abandonné mes chaussures à l'entrée, je l'ai rejoint sur son lit, et je me suis blotti contre lui, en entourant son ventre de mes bras.

Il n'a pas bougé, durant un temps qui m'a paru une éternité, puis il a fini par se rallonger.


C'est seulement une fois dans ses bras, la tête posée contre son torse et que ses doigts caressaient tendrement mes cheveux que je me suis rendu compte qu'il faisait déjà pratiquement nuit.
On restait simplement l'un contre l'autre, sous les milles et une lumières qui brillaient encore au dessus de nous.
La playlist que j'avais sélectionnée plus tôt était finie depuis longtemps.

Il n'y avait plus que lui, moi, et les étoiles.

« Jimin ? »

J'avais les yeux rivés sur la fenêtre.

« Oui ?

— Tu m'as manqué. »

Mon ventre s'est serré, puis je l'ai entendu sourire.

« Tu m'as manqué, toi aussi. »

J'ai souri à mon tour.
Un silence a suivi, pendant lequel ses doigts jouaient toujours agréablement avec mes cheveux. Ça m'a rappelé la première fois où l'on s'était embrassés.

« J'vais te dire quelque chose mais, s'il te plaît, ne dis rien.»

Il n'a rien dit.
Ses doigts ne se sont pas arrêtés.

« J'avais dix ans, quand ça a commencé. »

J'ai profondément inspiré.

« On m'a découvert une leucémie chronique par hasard, sur des résultats de prise de sang. »

Je ne lâchais plus la pleine lune des yeux.

« Ça s'est vite dégradé.
J'ai pas échappé à la chimio'. »

J'essayais de me concentrer sur le mouvement de ses doigts, mais seul le fait de ne pas voir son visage et l'expression qu'il arborait m'angoissait, alors j'ai enchainé.

« On m'a drogué de médicaments contre le cancer bourrés d'effets secondaires, alors, on me donnait des médicaments contre ces effets secondaires, qui eux mêmes avaient leurs propres effets secondaires... »

J'ai baissé les yeux.
Je ne savais pas si j'étais capable de continuer.
Je n'ai pas précisé à quel point ça a été dur, parce que je savais qu'il l'avait deviné.
Bien sûr, tous les cancers sont différents, et toutes les chimiothérapies sont différentes également, mais une conséquence bien connue reste malgré tout.
La perte des cheveux.
Je les ai d'abord perdus, puis mes cils sont progressivement tombés pendant que je les regardais et que je ne pouvais rien faire pour les en empêcher. C'est ensuite mes sourcils qui ont disparu, puis mes ongles, et je sentais ma peau piquer à longueur de journée, comme si des milliers d'aiguilles rentraient et sortaient inlassablement.
Je me sentais mourir un peu plus chaque jour.

« J'ai fini par entrer en rémission, après deux ans.
Tous les signes de la maladie avaient disparu, mais ça ne voulait pas dire qu'elle était éliminée. »

J'ai soupiré discrètement.

« J'ai rechuté le jour de mes dix-sept ans. »

J'ai de nouveau regardé par la fenêtre.

« En général, la rechute est fatale.
La leucémie devient aiguë mais, par un quelconque miracle, la mienne est restée chronique. »

Ses doigts sont venus caresser ma nuque.

« Elle ne nécessite pas de traitement, pour l'instant. »

Les médecins avaient décidé d'attendre, tout en gardant mon état sous surveillance, au cas où elle se manifesterait une nouvelle fois.

Je n'ai plus rien dit ensuite.
Je ne m'étais jamais confié sur mon cancer.
La pression était redescendue, une fois que j'avais vidé mon sac.
Ou au moins, l'un de mes sacs.

Il n'a rien dit non plus.
Je ne le remercierai jamais assez de n'avoir rien dit, ce jour là.
Je ne voulais pas de pitié.
Pas toutes ces conneries que l'on dit lorsqu'on ne sait pas quoi répondre, car, dans le fond, on sait tous qu'il n'y a jamais rien d'autre à répondre dans ces moments là.
Il a simplement été lui.
Et j'adorais sa façon d'être.

J'ai fini par fermer les yeux, bercé par ses caresses.

« Jungkook ?

— Hum ?

— T'as un rêve ? »

J'ai légèrement ri.

« Tu promets de ne pas rire ?

— Promis. »

J'ai de nouveau regardé par la fenêtre.

« Je rêverais d'aller sur la lune. »

Je ne l'avais avoué qu'à une seule personne auparavant.
Un rêve de gosse universel, mais, chez moi, il n'avait pas disparu en grandissant.

« C'est magnifique, comme rêve.

— Un peu enfantin.

— C'est ça qui le rend beau. » a-t-il répondu en riant doucement.






Puis, il s'est redressé.
Alors, j'ai suivi le mouvement.

Il m'a regardé droit dans les yeux.
La guirlande se reflétait dans les siens.

Ils me dévisageaient avec une intensité nouvelle, que je n'ai pas su nommer.

« J'aurais aimé pouvoir le réaliser. »

Puis, il m'a embrassé comme il ne l'avait jamais fait.
Tendrement, comme si j'allais me briser.
Ses mains proches de ma nuque m'effleuraient à peine pour m'attirer à lui.
Un long frisson m'a parcouru lorsque ses lèvres se sont éloignées, et que j'ai senti son souffle sur les miennes.
Automatiquement, j'ai à nouveau cherché son contact,

mais, je vous avais prévenus, au début de cette histoire.

« Non, pitié ! »

Le début n'est pas très joyeux.

« Tu me fais mal ! »

Et le milieu ne vous fera pas sourire non plus.

« Merde, putain. »
a-t-il chuchoté lorsque l'on s'est éloignés en sursaut.

Jimin souriait trop pour être heureux.

Il s'est rapidement levé du lit et est allé devant sa porte.
Il l'a légèrement ouverte, ce qui n'a fait que faire entendre le fracassement du verre contre le carrelage.
Je l'ai rejoint.

« Jungkook, il faut que tu t'en ailles.

— Quoi ? »

Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il avait attrapé mes chaussures encore par terre, mon poignet et descendait les escaliers, paniqué.
En à peine un quart de seconde, je me retrouvais sur le pallier de sa porte, ma paire de chaussures dans une main.
Il a lancé un regard vers la cuisine, et j'ai entendu autre chose se faire fracasser.

« Jimin. »

Il s'est rapidement retourné vers moi, désemparé.

« Il faut que tu partes.

— Jimin ! »

J'ai reposé un pied à l'intérieur, mais ses mains tremblantes se sont posées sur mon torse et m'ont doucement repoussé.

« Va-t-en, je t'en prie. »

Sa voix s'est brisée, le regard suppliant, et il a fermé la porte.

« JIMIN ! »

























C'était un soir d'été, j'avais six ans.
On était assis dehors, sur deux chaises de jardin bancales, à contempler les étoiles. L'herbe était fraîche sous mes pieds.

« Juste là, regarde. »

Il a levé son bras vers le ciel.

« Tu vois ce qui ressemble à une casserole ?

— Oui.

— C'est la Grande Ourse.

— Ça ne ressemble pas à un ours. »

Il riait de bon cœur.

« Moi je préfère la lune, ai-je renchéri.

— C'est vrai ?

— Oui, et ne le dis pas à maman mais, bientôt je prendrai l'échelle qu'il y a dans le garage et je grimperai jusqu'à elle. »

De nouveau, il riait.

« Promis, je ne dirai rien, mais seulement si tu m'emmènes avec toi. »

Et depuis que ma mère m'a dit qu'il était parti vers le ciel,
je n'ai pas cessé de regarder la lune chaque nuit.





















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