- breathless -
(Je vous mets la musique qui m'a inspiré ce chapitre)
J'ai senti que quelque chose n'allait pas en me levant, un peu comme si tous les symptômes de l'anémie et ses amies étaient revenus.
Ça ne m'a pas alarmé, puisqu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer. Rien de nouveau. Je me suis simplement fait à l'idée que ce n'était pas surprenant, vu tout ce que ces attardés m'avaient fait faire la veille.
Malgré tout, je ne regrettais pas cette soirée.
C'était le meilleur anniversaire que j'avais pu passer, et j'ai fait taire mon âme d'enfant qui me rappelait celui où mes parents m'avaient offert une figurine d'Iron Man plus grande que moi.
Nous sommes rentrés après nous être réveillés tranquillement, sans nous presser.
Nous avions tous l'air morose en remballant toutes les affaires, chacun regrettant que ça ne dure pas éternellement.
Je me suis dis que toutes les bonnes choses avaient une fin, mais lorsque j'ai vu Jimin éclater de rire, je n'ai plus autant eu envie de m'en persuader,
et mon anniversaire s'est terminé aussi vite qu'il avait commencé.
En retrouvant ma chambre, je me suis étalé, le ventre contre mon lit bordé et les bras le long du corps. Il n'a fallu que trois secondes pour que j'entende la porte se réouvrir.
J'ai tourné la tête vers elle pour la renfoncer dans le matelas.
« Alors ? »
M'a lancé Moonbyul, adossée à ma porte ouverte, un yaourt à la main qu'elle vidait progressivement.
Je n'ai pas bougé d'un centimètre.
« J'suis mort.
— J'imagine. »
Elle a avalé une cuillère, puis a souri, le regard dans le vide, comme si elle plongeait dans ses souvenirs.
« Tu t'es vraiment fait des amis en or.
— Je sais. »
Elle a continué de sourire, et j'ai enchainé.
« C'est à quoi ? »
Elle a mis quelques secondes avant de comprendre et de baisser les yeux vers son pot de yaourt.
« Abricot. »
J'ai tendu une main amorphe vers elle, alors elle s'est approchée, et m'a donné une cuillère comme on le ferait à un bébé.
Après ça, elle s'est dirigée vers la porte.
« Noona ? »
L'ai-je interpelée.
Elle s'est retournée.
« Merci.
— De rien ! Ça m'arrange, c'est bourré de sucre ces trucs, tu prends trois kilos au bout de la quatrième cuillère. »
A-t-elle dit en lisant les composants sur le papier du pot.
J'ai esquissé un rire.
« Pas seulement pour le yaourt,
merci pour tout.
— Oh. »
Elle m'a à nouveau regardé.
« De rien. »
M'a-t-elle dit tendrement, avant de fermer la porte derrière elle avec un sourire triomphant.
J'ai fini par attraper mon oreiller, et le plaquer entre mon bras et ma joue. Mon regard s'est perdu sur la porte de ma salle de bain, et il n'a fallu que quelques secondes pour que mon esprit s'évade sur la nuit que je venais de passer, mais une notification sur mon téléphone l'a interrompu.
Je l'ai sorti de ma poche, et je me suis tourné sur le dos.
J'ai vu mon écran se faire assaillir de notifications messenger, venant apparement d'un groupe composé de Jimin, Taehyung et Jennie, dont j'apprenais l'existence.
Jennie
Alors Jungkook, "bien dormi" ? 😏
Taehyung
jennie
arrête d'être gênante
Jennie
J'arrêterais quand t'arrêteras de me persécuter !
Taehyung
moh, vraiment ?
j'suis sûr que ça te manquerait
j'sais que t'es folle de moi
Jennie
Non
Vraiment pas
T'es insupportable
Espèce d'attardé
Taehyung
😚
Jennie a défini le pseudo de Taehyung sur Le schizophrène.
Le schizophrène
t'es sûre de toi ?
Jennie
Plus que jamais
Le schizophrène a défini le pseudo de Jennie sur la grosse tox.
la grosse tox
T'es content ?
Le schizophrène
grave
Jimin
Vous êtes choux
la grosse tox
En parlant de choux
Le schizophrène
JENNIE
la grosse tox
QUOI ENCORE
Le schizophrène
T'ES LOURDE
on t'as jamais dit que la curiosité est un vilain défaut ?
la grosse tox
Waw
Le schizophrène
?
la grosse tox
T'as réussi à faire une phrase de plus de trois mots
Le schizophrène
j'ai plus de répartie
en général c'est le moment où j'sors le tas d'insultes
la grosse tox
J'assume ma curiosité
N'importe qui serait curieux
Jimin
La qualité de mon sommeil t'importe autant que ça ?
J'suis flatté
🙄
la grosse tox
Il faut croire 😇
Le schizophrène
jimin fais gaffe, c'est que le début
bientôt ce sera les caméras dans ta chambre
la grosse tox
Arrête ! Tu vas le faire fuir
Jimin
Hum
J'ai plutôt bien dormi
😊
la grosse tox
Je vois 🤫
Et je vois aussi la ptite bulle de Jungkook depuis tout à l'heure
J'suis démasqué
la grosse tox
Eh là qui va là
Le schizophrène
inspecteur gadget
la grosse tox
Eh là ça va pas
Jimin
Ouh ouh
Même à travers un écran vous m'épuisez
Le schizophrène
on est nés pour ça
Mon corps vous remercie pas
Mais
Merci
Bande d'abrutis
J'ai verrouillé mon téléphone, la rétine épuisée par la lumière bleue de mon écran.
Une migraine a rapidement pris un peu trop de place dans mon esprit. J'ai fermé les yeux, et j'ai posé mon bras sur eux, le téléphone sur le ventre.
Je l'ai senti vibrer deux fois,
alors je l'ai de nouveau attrapé.
Le schizophrène
repose toi, sinon je t'égorge
on est là si t'as besoin
la grosse tox
Aïe, désolée 😫
Prends soin de toi ❤️ Je t'aime fort
❤️
La bulle de Jimin s'était arrêtée quatre messages plus haut.
J'ai souri et j'ai reposé mon téléphone, mais sur le matelas cette fois, puis je me suis à nouveau mis sur le côté.
J'étais tellement épuisé que je me suis endormi sans m'en rendre compte, le corps lourd.
Moonbyul est venue me réveiller pour manger.
Ma sieste n'avait pas atténué mon état. J'avais l'impression de me sentir deux fois plus mal.
Elle l'a remarqué, et n'a pas insisté.
Je l'ai entendue poser mon téléphone sur la table de chevet, sûrement parce qu'il était à deux doigts de tomber, juste avant de fermer les volets pour soulager ma migraine et de s'en aller en fermant la porte avec précaution.
Je me suis rapidement rendormi, pour n'ouvrir les yeux qu'après quelques heures, lorsqu'une nouvelle notification a retenti.
En attrapant mon téléphone, j'ai vu qu'il était plus de dix-neuf heures.
J'ai regardé l'écran quelques secondes, un peu sonné.
J'ai été tenté de lui demander pourquoi, mais comme j'étais certain qu'il n'allait pas me répondre, je me suis levé. Sûrement un peu trop vite, parce que ma vue s'est brouillée quelques secondes, et mes membres se sont engourdis.
Vive l'hypotension.
J'ai repris mes esprits, et je me
suis lavé les dents en quatrième vitesse avant de sortir. Le dîner venait de commencer, les trois quarts de l'hôpital étant au réfectoire, y compris les infirmières. Jimin devait l'avoir prévu.
Je suis descendu.
Les lumières m'éclataient les yeux.
Il n'y avait que la secrétaire à l'accueil, téléphone en main.
Au bout d'une dizaine de secondes, comme si j'étais protégé par une sorte de divinité, elle s'est levée, a dit à son interlocuteur qu'elle revenait et a posé le téléphone avant de se lever et de disparaître dans la salle d'à côté.
J'en ai profité pour passer,
mais à l'instant où j'ai posé le pied entre les portes automatiques, j'ai senti une présence derrière moi.
Lorsque je me suis retourné, j'ai vu Moonbyul à peine quelques mètres plus loin, un panier à la main et les sourcils froncés.
On entendait les couverts s'entrechoquer depuis la cuisine. Et alors que je m'attendais à me faire engueuler comme jamais auparavant, elle s'est ravisée. En y repensant, un peu comme si elle comprenait en un regard que c'était probablement l'une des dernières fois.
Lorsqu'elle a baissé les yeux, j'ai compris qu'elle m'en donnait l'autorisation,
alors je me suis faufilé dehors.
Mais une fois au pied des escaliers,
rien.
Pas de veste en cuir ni de cheveux roses,
seulement un 4x4 noir garé grossièrement sur le trottoir d'en face.
J'ai eu du mal à y croire lorsque la vitre teintée s'est abaissée, et qu'il a baissé des lunettes de soleil imaginaires avant d'éclater de rire avec moi.
« J'y crois pas !
— Viens ! »
Alors j'ai contourné la voiture et je l'ai rejoint, un énorme et bête sourire collé aux lèvres et qui, décidément, me quittait de moins en moins.
« T'as pas fait ça ? »
Ai-je dit une fois installé sur le siège passager.
« Ça te surprend ?
— T'es dingue.
— Jeon Jungkook, saches que je ne reviens jamais sur ma parole. »
Il a démarré.
« Où est-ce que t'as trouvé ça ?
— Je l'ai emprunté à mon voisin.
— Ton voisin qui était présent et d'accord avec ça, bien entendu.
— Oui... Évidemment...
— Vas-y, balance.
— Il est parti en vacances.
— Jimin !
— Quoi ?! C'est pas du vol si je lui rends après ! »
Il souriait, les yeux posés sur la route, et je n'ai pas pu m'empêcher de rire.
« T'as même pas le permis !
— Bon ! Ça y est Maman, t'as fini ?! »
J'ai levé les deux mains en signe de paix et d'abandon, puis j'ai pensé à toutes les personnes qui avaient pu partager ma vie avant lui,
et je me suis rendu compte à quel point elle pouvait être d'un ennui. J'aurais voulu le remercier un millier de fois pour ça, lui dire à quel point je revivais à ses côtés,
mais je n'ai réussi qu'à allumer la radio d'un geste désespéré. J'avais peur de ce que je pouvais dire, et de ce qu'il pouvait répondre.
Il s'est garé quelques minutes après, face à la mer.
Le soleil commençait déjà à se coucher,
les rues à se vider,
et mon cœur à palpiter.
Lorsque j'ai cherché son regard, (avec la plus grande difficulté du monde) , sa tête était tournée vers la fenêtre. Il a semblé prendre une profonde inspiration avant d'ôter sa ceinture de sécurité,
et il a enjambé l'espace qui nous séparait pour finir à califourchon sur mes jambes.
Une fois de plus, tu m'autorisais à rentrer dans ton monde, où je me sentais un peu plus proche de toi chaque seconde.
Tu as éteins la radio.
Je te regardais,
si intensément que j'ai failli frôler la crise cardiaque lorsque mon dossier s'est brusquement abaissé.
J'ai remarqué ta main qui s'était faufilée jusqu'aux boutons, et j'ai vu que la brutalité du siège t'avait aussi surpris lorsque tu t'es rattrapé sur mon torse à la dernière seconde.
J'ai ri, alors tu as souri,
et j'ai enfin retrouvé ce regard que j'aurais pu reconnaître entre milles.
Le même que sur cette photo.
Mais, il s'est assombri, doucement.
Il n'a duré qu'un instant.
Tes yeux ont perdu de leur éclat,
et ton sourire s'est effacé malgré toi.
En te détaillant, j'ai remarqué les veines sur tes yeux, plus apparentes qu'elles ne devaient l'être,
tes paupières un peu enflées et les cernes qui te marquaient.
« Jimin... »
Tu as baissé les yeux à l'entente de ma voix,
et ton expression s'est brisée.
« Hé.. »
Ai-je dit, en faisant glisser la paume de ma main près de ta joue, inquiet.
Tu t'es blotti contre elle en fermant les yeux,
puis tu lui as échappé en venant poser ton front contre mon épaule.
Peu importe Ô combien tu pouvais paraître parfait,
tu n'étais pas surhumain.
Toi aussi, tu pouvais craquer.
« Excuse moi.. »
As-tu chuchoté sans bouger.
Ce fut comme si, l'espace d'un instant, j'avais pu entrevoir qui tu étais vraiment.
Quelques secondes d'inattention où tu n'avais pas pu contrôler tes émotions.
J'ai eu envie de te secouer, de te faire parler, de mon cancer s'il le fallait.
J'ai désespérément réfléchi à un moyen, jusqu'à ce que tu me proposes une ouverture par toi même, inconsciemment.
« Ça me ressemble pas. »
As-tu dit plus clairement en te redressant.
Tes doigts sont venus effacer toutes traces des larmes qui avaient osées te trahir.
« Si, justement, ça me laisse imaginer qui tu caches, derrière ce sourire. »
Tu as souri tristement, sans un regard.
« Voilà, celui-là. »
Tes yeux ont finalement croisé les miens, alors je t'ai souri tendrement, avec l'espoir de te montrer que j'étais capable de te comprendre.
Tu as semblé hésiter un moment, en mordillant l'intérieur de ta lèvre, en baissant les yeux, en les relevant, et puis, tu t'es lancé, le regard posé sur mon teeshirt que tes doigts trifouillaient nerveusement.
« Ne t'en vas pas. »
Par réflexe, j'ai voulu te répondre que je ne partirai plus, que j'avais fait une erreur, que j'étais désolé,
et puis,
j'ai compris le double sens.
Tu as relevé les yeux vers les miens à ce moment là.
Le truc tu vois, c'est que, j'avais inlassablement attendu que tu t'ouvres à moi comme tu venais de le faire, mais, je n'avais rien à te répondre, ce jour là.
J'ai détourné les yeux, et j'ai pu sentir ta déception lorsque tu l'as compris.
Ma gorge s'est serrée,
mais j'ai senti ton index relever mon menton.
« Hé. »
As-tu dit pour que je te regarde.
Je t'ai regardé.
J'ai vu tes yeux parcourir les miens un instant,
puis, tu as simplement déposé tes lèvres sur les miennes, d'une douceur qui m'a bouleversé.
Tu t'es éloigné, et tu m'as lancé ce sourire si tendre,
digne d'une maman.
Celui qui me donnait des ailes,
et la force de vaincre le monde entier.
J'aurais voulu qu'il ne s'évapore jamais.
Alors, j'ai laissé mes sentiments parler.
J'ai voulu te montrer, tout te dévoiler,
te prouver que, non, tu n'étais pas qu'un jouet,
qu'on pouvait t'aimer.
Je t'ai embrassé, si passionnément que j'en ai eu l'estomac retourné.
J'ai avalé ma dose de toi,
les sourcils froncés sous le cataclysme que tu me provoquais.
Tu t'es tendu sous mes caresses,
surpris de ma témérité, et j'ai su que tu avais tout compris lorsqu'en reprenant ton souffle, tu as souri, les yeux fermés.
Et alors que je m'apprêtais à en dire un mot, tu as rétorqué.
« Ne dis rien, il est réel, celui-là.
— Je sais. »
Ai-je chuchoté juste avant d'attirer tes hanches aux miennes une énième fois.
Un frisson t'a secoué, si fort que j'avais pu le sentir.
J'ai esquissé un rire contre tes lèvres, les sourcils haussés de surprise et fier malgré moi d'exercer autant d'effet sur quelqu'un comme toi.
« Ne rigole pas. »
As-tu lancé en riant toi même.
J'aurais pu rester là des heures,
même des nuits entières à t'aimer sans arrêt.
Émotionnellement, cette fois là encore a été différente de la précédente,
et physiquement, nous avions osé aller plus loin.
J'ai à nouveau pu te découvrir sous ta vulnérabilité la plus totale, mais cette fois aussi vulnérable que toi. À notre fou rire lorsque, les joues rouges d'impatience et frémissants de désir l'un pour l'autre, nous nous sommes rendus compte que nous déshabiller entièrement dans cette position et dans un espace qui, bien que disproportionné restait restreint, allait être compliqué.
Ça pouvait paraître con mais, parmi tout ce que nous avions vécu ensemble jusque là, c'est à ce moment que je suis tombé amoureux de toi.
« Tu trembles. »
M'as-tu dit après notre stratagème pour nous déshabiller, les yeux rivés sur ma main que tu tenais entre la tienne, comme si nous étions retournés à ce jour dans ma chambre.
Tu as relevé les yeux vers les miens.
« Ton anémie ?
— Non, toi. »
Tu as semblé surpris.
Sûrement autant que moi même.
Tu t'es figé un instant,
troublé, presque ému.
Puis, tu as voulu dire quelque chose,
mais tu t'es ravisé.
Mes lèvres ont dérivé sur la peau de ton cou,
et au bout de quelques secondes, j'ai senti tes doigts se plonger dans mes cheveux.
Tu n'as plus dit un mot après ça,
comme si je t'avais touché si profondément que tu n'en étais plus capable.
La journée s'est terminée sur nos deux corps brûlants, où nous n'étions plus que soupirs et gémissements. Tes mains baladeuses se tordaient, et mes doigts se perdaient sur ta chair embrasée pendant que je me noyais dans tes yeux,
à bout de souffle.
« On se voit bientôt ? »
As-tu dit au pied des escaliers,
sur le point de lâcher ma main.
Le soleil était déjà bien loin,
sur le point de céder sa place à la lune.
Un peu comme une métaphore,
où j'étais la lune, et toi le soleil.
Tu étais le jour,
j'étais la nuit.
.. Peut-être n'étions nous pas destinés à être réunis.
« Promis. »
Alors, tu m'as lâché, tu as difficilement souri, et tu t'es éloigné, rejoignant ton 4x4 volé.
Je ne t'ai pas quitté des yeux, et tu t'es retourné en le sentant.
Nos regards se sont croisés une dernière fois.
Les dernières lueurs du soleil nuançaient tes cheveux.
J'ai bêtement souri, réalisant la chance que j'avais de t'avoir près de moi.
Tu as légèrement penché la tête,
comme dans ce café,
et je me suis éclipsé.
Pour ne prendre aucun risque, j'ai rejoint le parking du personnel. Moonbyul m'attendait avec ses clés.
Nous sommes rapidement rentrés, et après avoir vérifié que personne ne traînait près de l'accueil,
elle m'a fait signe de prendre les escaliers, mais lorsque j'ai posé le pied dessus, elle m'a interpellé.
« Hé, Jungkook. »
Je me suis arrêté pour la regarder.
« Tes lèvres sont rouges. »
Puis elle s'en est allée, une petit sourire moqueur aux coins des lèvres.
J'ai tapoté le dos de ma main contre les miennes par réflexe, avant d'entendre des voix au loin et de rejoindre ma chambre encore plongée dans le noir.
Je me suis avancé jusqu'à ma lampe de chevet, que j'ai allumée, puis j'ai abandonné mon jean pour mon jogging avant de m'asseoir sur mon lit.
J'ai attrapé mon téléphone.
Il était vingt heures quarante-deux.
J'avais beau avoir du monde autour de moi,
des « amis en or » et des gens sur qui compter,
quelque chose n'allait pas.
Mon sourire s'était effacé,
et voir qu'il s'en était allé avec tant de facilité ne m'aidait pas à le retrouver.
J'ai délaissé mon téléphone, et je me suis allongé.
J'ai tenté de dormir,
une heure, puis deux,
mais quelque chose n'allait pas.
Mon corps était lourd,
et mon cœur l'était trois fois plus.
« Ne t'en vas pas. »
Malgré l'instant magique que je venais de passer et les milliers de souvenirs qu'il m'avait laissés,
je n'entendais plus que sa voix brisée.
Une heure de plus est passée.
J'ai ressassé,
les yeux durement fixés sur le plafond,
l'esprit en surchauffe et le ventre noué.
Arrête de réfléchir.
Je me suis levé.
Je suis sorti, et je suis descendu.
La salle des infirmières était la seule pièce encore éclairée.
Je m'en suis approché.
Deux d'entre elles discutaient, un café à la main,
et Moonbyul se concentrait sur l'écran de son PC.
Les deux autres m'ont remarqué lorsque je me suis arrêté sous le chambranle.
Elles se sont tues, et Moonbyul a levé les yeux vers moi.
Mes lèvres se sont entrouvertes, mais aucun son n'en est sorti. J'ai senti mes mains devenir moites.
J'ai cru que mon cœur allait imploser,
comme si j'allais me jeter dans le vide.
« J'veux recommencer la chimio. »
Le silence est devenu plus silencieux qu'il ne l'était déjà.
On m'a fixé sans un mot.
Moonbyul m'a fixé sans un mot.
Et, enfin, elle s'est levée.
Je n'ai eu le temps de faire que trois pas avant qu'elle ne me prenne brusquement dans ses bras.
Elle a soupiré de bonheur en me serrant si fort que j'en ai eu le souffle coupé.
J'ai fermé les yeux.
« Dieu merci. »
A-t-elle chuchoté pour elle même.
Et nous sommes restés ainsi,
si longtemps que j'ai cru qu'elle n'allait jamais me lâcher, mais lorsqu'elle l'a fait, j'ai vu l'énorme sourire qui ornait ses lèvres, et le tendre regard que me lançaient ses yeux si fatigués.
Ma gorge s'est serrée.
J'ai eu envie de m'excuser.
Milles fois s'il le fallait.
« J'appelle le docteur Han dès demain. »
J'ai hoché la tête,
les jambes flageolantes malgré tout.
J'avais pu respirer à nouveau,
malgré l'angoisse qui m'étreignait tout entier.
Je suis retourné me coucher,
le cœur plus léger.
Et puis..
Il y a eu ça.
C'est venu progressivement.
Je me suis réveillé en sueur, tremblant.
En me redressant, une vive douleur dans le crâne m'a étourdi.
Tout est devenu sourd.
J'ai fortement fermé les yeux, et j'ai porté ma main à mon front.
J'ai eu envie de vomir,
alors je me suis levé,
mais j'ai été pris de vertige.
L'explosion intersidérale qui se passait dans mon crâne a redoublé,
et j'ai commencé à paniquer.
J'ai allumé la lumière de la salle de bain, en cherchant l'interrupteur aveuglément.
La douleur était telle que ma vision s'est troublée.
Je me souviens avoir posé mes deux mains à plat sur le lavabo, puis avoir tenté de voir mon reflet dans le miroir.
J'ai passé mon index sous mon nez, et lorsque je l'ai vu recouvert de sang je me suis dit que,
cette fois, c'était sûr, j'allais y passer.
J'ai fini contre le mur, assis sur le sol, incapable de rester debout plus longtemps.
Je tentais désespérément de respirer,
mais plus j'essayais,
plus ma gorge se serrait.
J'ai sorti mon téléphone de ma poche, la main tremblante, et j'ai appelé Moonbyul.
« Jungkook ? »
Un sanglot m'a échappé lorsque j'ai voulu parler.
J'ai serré les dents le plus fort possible,
en honneur à la réputation du légendaire courage des cancéreux, mais je n'ai pas réussi à retenir mes larmes,
ni ma panique.
Mon téléphone m'a échappé.
J'ai commencé à ne plus sentir ma main gauche,
puis mon bras.
J'avais peur de comprendre ce qui m'arrivait.
Et alors que j'avais clamé haut et fort pendant des années que je n'avais plus peur de la mort, cette nuit là, j'étais terrorisé.
La porte de ma chambre s'est ouverte en fracas,
et Moonbyul s'est jetée sur moi, les genoux à terre.
Elle a attrapé mes deux épaules, et s'est mise à hurler mon nom.
Ma vision blanchissait peu à peu,
j'étais incapable de réagir,
de dire ou faire quoi que ce soit.
Je ne pouvais que l'écouter me supplier tandis qu'elle me secouait.
♢
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