- analysis -
Alors, dès le lendemain matin, j'étais dans la voiture de Moonbyul direction le centre d'hématologie.
J'avais très mal dormi, et je somnolais sur mon siège passager. Je m'étais contenté d'enfiler un sweat-shirt pour me cacher derrière ma capuche, et j'avais mon éternel jogging. Il m'avait manqué.
Je crois que j'ai fini par m'endormir, car l'heure de trajet est passée plus vite que prévue.
Lorsque nous sommes sortis de la voiture, nous nous trouvions devant un grand bâtiment, d'ailleurs un peu trop grand pour ce qu'il était. Un espèce d'hôpital, mais un peu plus petit qu'un hôpital classique.
Bref, quelque chose de blanc, de fade et d'effrayant.
« Ça va ? »
Moonbyul m'a sorti de mes pensées.
J'ai acquiescé, et nous sommes entrés.
Ça a été rapide. A la seconde où nous nous sommes présentés à l'accueil, on nous a envoyés dans une salle d'attente, vide, et dix minutes plus tard, une infirmière venait me chercher.
Elle m'a emmené dans une salle à part, puis m'a dit que je n'avais qu'à enlever mon sweat-shirt.
Après ça, elle est sortie en me disant qu'elle reviendrait me chercher, et c'est ce qu'elle a fait.
Après quelques couloirs et portes traversés, je me suis retrouvé dans une pièce stérilisée, avec une table d'examen au centre et une femme médecin dans un coin. Elle avait toute l'artillerie d'un médecin, la tenue verte, le masque et les gants.
C'était loin d'être rassurant.
« Oh, bonjour. »
Elle s'est avancée vers moi et m'a serré la main.
« Je suis le docteur Yi, c'est moi qui vais te faire passer le myélogramme. Est-ce qu'on t'a expliqué en quoi ça consistait ?
— Pas vraiment non. »
Elle m'a fait m'asseoir sur la table d'examen.
« Je vais prélever un peu de ta moelle osseuse, au niveau du sternum, l'os que tu as juste ici. »
Son doigt est venu pointer la zone entre mes pectoraux.
« Tu verras, c'est plus impressionnant que douloureux.
L'aiguille peut faire peur, mais tu ne vas avoir qu'une sensation d'aspiration, qui pourra te paraître désagréable malgré tout.
Ça ne durera qu'un quart d'heure, et ce sera sous anesthésie locale, alors tu seras conscient. »
Elle a vu que je commençais à blanchir.
« Je suis prête à écouter toutes les peurs que tu peux ressentir, si ça peut t'aider à te détendre.
— Euh, hum, c'est juste que, j'ai ma propre expérience avec le cancer et ses milles et un examens, alors... »
Je me suis arrêté, parce que je sentais ma gorge se nouer.
« Je comprends. Je te promets que ce sera le seul qu'on t'obligera à faire, cette fois ci.
— Vraiment ?
— Oui. Nous n'avons rien besoin de plus pour établir un diagnostic. Une fois que ce sera fait, nous irons observer le prélèvement au microscope, comme ce que tu as dû faire en cours, entre deux plaquettes de verres. »
J'ai acquiescé, tremblant malgré moi et le sourire tendre qu'elle me lançait.
« Tu peux t'allonger, si tu te sens prêt. »
Je me suis demandé si j'étais prêt.
Je ne l'étais évidemment pas, mais je me suis allongé, les yeux rivés sur les lumières aveuglantes au dessus de moi.
Je l'ai entendue attraper quelque chose, et chaque bruit métallique que j'entendais m'angoissait un peu plus.
Je me suis un peu détendu lorsqu'elle a simplement désinfecté la zone qu'elle allait piquer.
« Alors, dis moi, Jungkook c'est ça ?
— Oui ?
— Tu as une petite amie, ou un petit ami ? »
J'ai souri.
« Petit ami, je ne sais pas, mais si s'embrasser signifie l'être, alors je suppose que oui.
— Oh. »
Même s'il devait plus me considérer comme un plan cul... Sans cul.
Un pote, finalement.
Je l'ai entendue sourire, puis, elle a approché une fine aiguille de mon torse.
« Ne t'en fais pas, c'est simplement pour endormir cette partie là de ton corps. »
J'ai senti l'aiguille passer à travers ma peau, un peu plus douloureusement que si elle le faisait à mon bras, puis j'ai senti le produit s'injecter. C'était juste un peu désagréable.
Elle a finalement retiré l'aiguille.
« Comment vous vous êtes rencontrés ? a-t-elle dit, et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en y pensant.
— Quand je suis sorti alors que je n'étais pas censé le faire. »
Elle a ri.
« Comme quoi, désobéir peut avoir du bon parfois.
— Vous êtes bien la seule à me dire ça.
— Alors, et ensuite ?
— C'était dans un café, puis, on a finis assis au bord du canal miteux et poisseux de ma ville.
— Pas mal, ça change du traditionnel "en boîte", a-t-elle dit.
— Pas faux. »
Je sentais de moins en moins ma poitrine.
Sa technique pour me faire penser à autre chose semblait plutôt bien fonctionner.
« Tu sens que ça commence à s'endormir ? »
J'ai acquiescé.
« Encore deux trois minutes et ça devrait être bon. »
J'ai de nouveau senti l'angoisse m'envahir, alors j'ai enchaîné.
« Et vous ?
— Moi ? a-t-elle dit.
— Vous êtes mariée ? »
Elle a pouffé, surprise.
« Et bien, non, a-t-elle répondu.
— Il n'a pas encore fait sa demande ?
— Pas encore, malheureusement.
— Pourquoi vous ne le faites pas ?
— Quoi ? a-t-elle dit, surprise.
— Sortons des clichés, pour une fois. »
Elle riait encore.
« C'est un peu osé, a-t-elle rétorqué.
— Je ne trouve pas.
— Vraiment ?
— Si vous voulez mon avis, il doit être fou amoureux de vous.
Il ne pourra pas vous le refuser.
— Me voilà à moitié draguée par un jeune de dix-sept ans. »
J'ai fini par rire avec elle.
« Réfléchissez-y.
— Et bien, je m'en souviendrai de celle là.
— On dit souvent que je marque les esprits, ai-je dit.
— Et je n'en doute pas. »
Entre temps, les nerfs de ma poitrine s'étaient totalement endormis.
« Bon, on va devoir s'y mettre.
Tu te sens prêt ?
— J'ai l'air d'être entre de bonnes mains, alors ça va. »
Elle m'a souri, puis je l'ai entendu attraper la fameuse aiguille de son bac en métal. Instinctivement, j'ai voulu voir à quoi elle ressemblait, mais elle m'a interpelé.
« Tu ferais mieux de ne pas regarder.
C'est comme une prise de sang, certaines personnes tournent le regard. »
En constatant qu'elle avait raison, j'ai reposé mes yeux vers le plafond. Malgré l'anesthésie, j'ai senti l'aiguille s'enfoncer, mais sans me faire mal. Elle est venue visser une pipette puis, c'est à ce moment que la sensation d'aspiration est survenue.
Comme elle l'avait prédit, c'était vraiment désagréable, mais je me disais que, de toutes manières, n'importe quelle chose touchant à la médecine n'était pas agréable.
J'ai fini par fermer les yeux, tentant de m'évader par la pensée autant que je le pouvais.
D'abord un sentiment agréable, de la chaleur, puis des images, son sourire, mais, ces souvenirs ont rapidement été remplacés par le fait qu'il m'avait vu dans un état pitoyable et que je n'avais pas de nouvelle depuis la veille. J'ai réouvert les yeux, et la sensation désagréable est revenue, comme trois fois plus intense.
Ça a duré une dizaine de minutes.
C'est long, dix minutes.
Surtout quand on t'aspire la moelle osseuse avec une aiguille de vingt centimètres.
Lorsqu'elle a enfin retiré l'aiguille et mis un pansement à l'endroit où elle a piqué, elle a dit :
« Voilà, c'est fait, je te libère enfin. Tu peux te redresser, mais va doucement. »
Je me suis redressé, doucement.
« Ça va ? »
M'a-t-elle dit lorsque je fut assis, un grand sourire aux lèvres, les yeux plissés. Elle m'a fait penser à Jimin.
« Ça va. »
Alors je me suis levé.
« Je vais envoyer le prélèvement au laboratoire d'analyses et les résultats devraient vous être communiqués dans vingt-quatre à quarante-huit heures, à toi et à ton médecin.
Je vais te prescrire des antalgiques, il se peut que ça soit douloureux quand les nerfs se réveilleront.
— D'accord.
— Et bien Jungkook, »
Elle a enlevé un de ses gants et m'a tendu sa main à nouveau.
« Je te dis au revoir, je te souhaite beaucoup de bonheur avec ton ou ta petit(e) ami(e), et surtout beaucoup de courage pour la suite.
— Merci, vous êtes adorable, ai-je dit en souriant, au revoir et j'espère que le mariage sera pour bientôt. »
Elle a ri, comme je l'espérais.
« J'espère aussi, je réfléchirai à ta suggestion. »
J'ai ri, l'ai saluée une dernière fois et je suis sorti de la pièce.
J'ai été me rhabiller, puis j'ai rejoint Moonbyul qui m'avait attendu dans la salle d'attente, son manteau sur les genoux.
Elle s'est levée en me voyant revenir.
« Ça a été ?
— Oui, elle était géniale.
— La ponction ? »
J'ai ri.
« La médecin. »
Elle a ri de sa propre connerie.
« Désolée, j'suis fatiguée. »
C'est seulement là que j'ai remarqué les cernes énormes sous ses yeux.
On s'est dirigés vers la sortie, puis vers la voiture.
« Tu veux manger quelque part avant de rentrer ? »
a-t-elle demandé tandis qu'on ouvrait les portières.
Tenté, j'ai répondu que oui, et on a fini au McDo pendant une heure ou deux, à parler de tout et n'importe quoi en mangeant, comme si rien de tout ça ne s'était réellement passé.
Ça m'a fait penser à autre chose.
Finalement, on est rentrés.
Elle est repartie à ses activités, et j'ai monté les escaliers jusqu'à ma chambre. C'est lorsque je me suis assis sur le bord de mon lit que je me suis rendu compte des symptômes de l'anémie qu'on m'avait détectée. Fatigue, essoufflements.
J'ai mis deux bonnes minutes avant de reprendre une respiration à peu près normale. J'ai sorti mon téléphone, puis je l'ai balancé sur le matelas en voyant que je n'avais aucun message intéressant.
J'avais des amis, avant tout ça.
Pas mal, d'ailleurs.
Des connaissances, des proches, des moins proches, mais ils se sont éloignés progressivement, tous autant qu'ils étaient.
Je n'ai jamais réellement eu de vraies amitiés, ayant passé les trois quarts de mon enfance dans des hôpitaux.
Ça fait peur, la maladie. Ça effraie, ça éloigne.
Et les amis malades, tu les vois crever autant que toi.
J'ai senti mon cœur se serrer,
alors, j'ai coupé court à mes pensées en soupirant.
Il était à peine quatorze heures, mais, après deux nuits pratiquement blanches, j'étais épuisé.
J'ai enfilé mon jogging, un teeshirt qui ne sentait pas l'hôpital, et je me suis couché.
J'ai enfin pu me reposer, et arrêter de penser.
J'ai dormi comme un bébé, et toute l'après-midi.
C'est un appel de Madame Kim qui m'a réveillé.
J'ai attrapé mon téléphone que j'avais posé sur ma table de chevet.
« Allô ? ai-je dit d'une voix endormie.
— Bonsoir Jungkook, excuse moi, je te réveille ?
— Non, ne vous inquiétez pas.
— Je voulais te prévenir de l'état d'Akane.
— Comment elle va ?
— Son état s'améliore. Elle dort beaucoup moins, et mange plus que ces derniers jours. C'est un véritable soulagement.
— Ça l'est pour moi aussi.
— Elle voulait absolument te parler, mais elle s'est endormie avant que je te téléphone. »
J'ai souri.
« Et toi, comment tu vas ? a-t-elle rajouté.
— Je vais bien. »
Je ne voulais pas l'inquiéter.
« Bien, alors je suis rassurée. Je vais devoir te laisser.
Surtout, prends bien soin de toi, Jungkook.
— Vous êtes gentille.
— À bientôt.
— À bientôt. »
J'ai raccroché.
Savoir que l'état d'Akane s'améliorait de jour en jour m'enlevait un poids. J'ai pu voir sur mon téléphone qu'il était déjà sept heures moins le quart, alors j'ai pris le peu de courage qu'il me restait pour me lever et descendre jusqu'au réfectoire.
Je me suis rendu compte que ma poitrine s'était réveillée, et qu'elle commençait à me faire mal.
J'ai pris mon plateau, je l'ai fait remplir, et je me suis dirigé vers la table habituelle, puis, mon visage s'est illuminé en voyant Taehyung qui y était déjà.
« I'm back. »
A-t-il dit lorsque je me suis assis.
« And I'm glad to see you. »
Ai-je répondu.
Ce fut un autre poids en moins.
On s'est parlés comme une semaine auparavant.
Il m'a dit à quel point il était heureux de pouvoir manger un steak et des frites, et je lui ai dit à quel point j'étais crevé.
Je lui ai expliqué tout ce qu'il s'était passé, sans évoquer Jimin, et il m'a écouté attentivement. Ça m'a fait plaisir d'avoir quelqu'un à l'écoute.
Le groupe de toxicos est revenu faire chier tout le monde, mais il a rapidement été viré par les infirmiers.
« Tu manges pas ? »
a-t-il dit alors que je les regardais se débattre pour ne pas sortir.
J'ai baissé les yeux sur mon assiette et je me suis rendu compte que je n'y avais pas encore touché.
« J'ai pas très faim, tu peux prendre mon assiette si tu veux.
— Je pense pas qu'on ait le droit. »
J'ai rapidement regardé autour de nous.
Tous les regards semblaient attirés vers les toxicos, alors j'ai échangé mon assiette pleine avec la sienne qui était vide.
« Personne ne le saura. »
Il a ri. Ça m'a fait du bien de le voir heureux.
Après ça, il m'a emmené dans une salle de repos.
Une espèce d'endroit où ceux qui s'ennuyaient allaient, et passaient du temps avec les autres.
J'ai toujours cru qu'il y avait une ambiance glauque, et que la plupart était de vieux légumes devant la télé, mais j'ai été surpris lorsque j'y suis entré et que beaucoup de personnes riaient entre elles. Certaines jouaient à des jeux de sociétés (sans internet et sans 4G, on s'occupait comme on le pouvait), d'autres aux cartes, certains regardaient la télé et d'autres lisaient.
Taehyung m'a expliqué que c'était ce groupe qui l'avait aidé à se re-socialiser, puis il m'a présenté à ceux à qui il parlait, c'est à dire les trois quarts à peu près.
« J'ai rencontré une fille archi sympa en venant ici.
— Ah ouais ?
— Une toxicomane. » a-t-il dit comme si, dans cet hôpital, notre identité se résumait à notre problème psychologique.
« Mais, elle est totalement différente du groupe d'abrutis. »
Quand il m'a dit qu'il allait continuer de saluer tout le monde, je l'ai abandonné pour un des fauteuils, et j'ai croisé le regard d'une personne assise en face.
C'était Jennie.
Elle a haussé les sourcils, visiblement surprise de me voir. Elle était à deux doigts de se lever quand Taehyung est venu vers elle.
« Taehyung ! »
Elle s'est alors levée en souriant pour lui faire la bise.
« C'est elle ta toxicomane ? » Ai-je lancé, et ils m'ont regardé.
Jennie a ri.
« Tu lui as déjà parlé de moi ? a-t-elle dit.
— Manqué, on se connaît déjà. » Ai-je finalement ajouté avant qu'elle ne s'avance vers moi pour me saluer de la même manière.
Elle a ensuite attrapé son fauteuil pour se rapprocher du mien, et Taehyung a pris une chaise trônant un peu plus loin.
« Pour quelqu'un qui se dit casanière, tu connais pas mal de monde, ai-je engagé.
— Disons que je fais des efforts, en ce moment.
Enfin, surtout sous les conseils, pour ne pas dire ordres, de ma psy.
— Je compatis. » Avons dit Taehyung et moi dans une synchronisation parfaite.
Sans un regard, nos mains sont venues se frapper entre elles, ce qui a fait glousser Jennie avant d'enchaîner.
« On dirait que vous vous connaissez depuis des années.
— Quelques semaines.
— À peine deux, ai-je rectifié.
— Mais, ça a suffit, m'a coupé Taehyung, d'une certaine façon, il m'a vraiment aidé, alors...
— Arrête, tu vas me faire chialer. »
Il a ri.
« Faites pas les cons, j'suis sensible, a dit Jennie.
— Ouais, tu dois être le genre à avoir chialé devant Titanic. » a rétorqué Taehyung.
Elle n'a pas répondu, mais n'a pas pu réprimander un sourire traître.
« J'en étais sûr !
— Me jugez pas, a-t-elle avoué en riant.
— C'est difficile.
— Non, mais, avouez que c'est badant, comme histoire d'amour ! » S'est-elle défendue face à Taehyung en tentant de m'embarquer de son côté.
Elle m'a lancé un regard entendu, et je me suis mis à penser à Jimin.
J'ai souri en me demandant si, la notre, d'histoire, était digne d'un film ou d'un roman.
Alors j'ai enchainé.
« J'avoue que...
— Ah ! Tu vois ! A-t-elle lancé à Taehyung, comme la scène du crachat !
— Celle du dessin est pas mal.
— Comme par hasard. » A-t-elle dit en me lançant un regard similaire au précédent.
« Venant d'un mec, ça ne m'étonne même pas. »
On a finalement regardé Taehyung, soudain déstabilisé par nos regards.
Un long silence a suivi.
« Attends... A lancé Jennie.
— Taehyung...
— Me dis pas que t'as jamais vu Titanic ? »
Il a pouffé.
« Taehyung ! a-t-elle ajouté, abasourdie avec une trace d'amusement qu'elle reflétait en un sourire moqueur.
— Quoi ?! A-t-il dit, offusqué, avec le même sourire aux lèvres.
— Mais, c'est un classique ! Comme... Comme... Euh, Jungkook, aide moi.
— Le roi lion.
— Le roi lion ! » A-t-elle répété.
Les lèvres de Taehyung se sont retroussées.
« T'as jamais vu le Roi lion ? » Lui ai-je demandé en riant, et il a secoué la tête en pouffant le rire qu'il retenait depuis plusieurs minutes.
On s'est foutus à rire comme des cons pendant que Jennie continuait de s'offusquer à nos côtés.
Elle a fini par se lever, puis à se diriger vers une commode.
On ne l'a pas quittée des yeux lorsqu'elle s'est accroupie pour l'ouvrir, et qu'au bout de quelques secondes, elle en a sorti le DVD du Roi Lion d'un air triomphant. Un peu comme le singe qui porte Simba sur la falaise.
« Jennie ! » A dit Taehyung, désespéré.
« T'as pas le choix ! »
Il a levé les yeux au ciel, amusé.
Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire.
« Aller ! Ça va pas te tuer.
— Jungkook, sors moi de là.
— J'peux pas t'aider sur ce coup là. »
Il a mimé pleurer tandis que Jennie traînait son fauteuil face à la télévision sans qu'il ne bouge.
J'ai fait de même avec le mien, en prenant soin de prendre celui de Jennie.
« Traître. » M'a-t-il lancé.
J'ai tapoté son épaule en signe de compassion.
« J'avais confiance en toi ! »
Jennie s'est chargée de glisser le DVD dans le lecteur avant de se joindre à nous.
« Chut ! Ça va commencer.
— Abuse p-»
Sans une once de douceur, son index est venu s'écraser contre les lèvres de Taehyung.
J'ai retenu un rire pour ne pas subir le même traitement et, j'ai vérifié que je n'avais pas de message de Jimin quand le générique a commencé.
Je n'en avais pas.
Je l'ai reposé, l'air morose, avant de me concentrer sur le moment que j'allais passer et qui, peut être, allait finalement me faire penser à autre chose.
Le film a commencé,
avec la fameuse musique que Jennie n'a pas hésité à chanter. Je l'ai regardée s'agiter, amusé, et j'ai vu Taehyung pincer l'arête de son nez, en plein désespoir.
« T'inquiète, tu vas kiffer. » ai-je chuchoté, et son coude est venu frapper mon bras.
Suite à ça, on s'est tu.
Mon âme d'enfant est rapidement ressortie.
Ce genre de films avait bercé mon enfance lorsque j'étais cloîtré dans un lit avec ma télé.
Plus le film avançait, plus la nuit tombait.
On se retrouvait pratiquement éclairés que par l'écran.
Puis, la scène de la mort de Mufasa (le père de Simba) est arrivée. Celle qui a traumatisé les pauvres enfants que nous étions auparavant.
Lorsque Scar l'a salement laissé s'écraser en bas de la falaise.
Jennie s'était tout à coup radoucie, enfoncée dans le fond de son siège.
« Pa'... » A dit Simba face au corps inerte de son père.
« Tu te réveilles ? »
« Il faut que tu te lèves... »
« Viens, on rentre ! »
C'est quand Simba, les yeux emplis de larmes, s'est blotti contre son père, que j'ai entendu un reniflement.
« Jennie... » Ai-je dit en la regardant, mais c'est Taehyung que j'ai vu les sourcils froncés, les lèvres tremblotantes.
« J'y crois pas ! » S'est esclaffée Jennie.
« Et toi qui disait...
— Chut ! » A chuchoté Taehyung, et moi et Jennie nous sommes regardés en gloussant avant de nous replonger dans l'écran.
Scar est arrivé, plaidant que personne ne souhaiterait des choses aussi horribles lorsque Simba lui assurait qu'il n'avait pas souhaité que ça se passe comme ça.
« Quel enculé ! » A dit Taehyung lorsque Scar a jeté la faute sur Simba, que son père avait voulu sauver.
Alors Simba s'est enfui,
puis a fait la fameuse rencontre de Timon et Pumbaa,
et c'est là qu'on a à nouveau perdu Jennie.
« Hakuna Matata ~
— Mais quelle phrase magnifique ! »
Ai-je continué, et elle a souri comme une enfant de cinq ans, enjouée.
J'ai éclaté de rire lorsqu'elle a mimé Pumba avec une voix de cochon étranglé.
« J'étais jeune et phacochère ! »
Elle s'exclamait, assise en tailleur sur son siège, une main posée sur sa poitrine et l'autre en l'air, totalement dans son rôle.
« Bel organe ! » Ai-je dit entre deux éclats en tentant de suivre les répliques de Timon.
« Merci. » a-t-elle répondu en reprenant son sérieux, un air faussement supérieur sur le visage.
C'est limite si elle n'avait pas fait voler ses cheveux en arrière telle une diva.
Ça a suffit pour qu'on parte tous les deux dans un profond délire et qu'on continue à chanter les paroles.
J'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre avec eux. D'oublier un instant tout ce qui n'allait pas et, on avait l'air ridicule mais, putain, ce que ça faisait du bien.
« Disgrâce infâme !
— Parfum d'infâme.
— Inooonde mon âme !
— Oh ! Ça pue le drame.
— Je déclenche une tempête !
— Pitié arrête !
— À chaque fois que je...
— Ça va les jeunes ? »
Nous nous sommes tous retournés vers la voix en provenance de la porte.
Une infirmière était venue nous voir depuis le chambranle, nous entendant sûrement chanter.
C'est à ce moment qu'on s'est rendu compte qu'il n'y avait plus personne dans la pièce, à part nous.
On lui a répondu que oui, encore dans l'euphorie du moment, et elle a fini par repartir, souriante.
C'est Taehyung qui a pris le rôle de Simba et qui nous a rejoints pour le refrain dans un entrain qu'on ne lui connaissait pas.
Le film s'est terminé au bout d'une heure.
Je me souviens que Taehyung nous en a parlé pendant une semaine, après ça.
Même lorsque, tous les trois, nous sommes partis vers nos chambres.
« Aller, arrête, j'suis sûr que t'as kiffé mais que t'assumeras jamais, ai-je dit, moqueur.
— Tu rigoles ?! Ce film, c'est un pur chef-d'œuvre ! »
A-t-il avoué.
C'est lui qui est arrivé devant sa chambre en premier, puisqu'on passait dans son couloir.
Il a poussé la porte.
« Titanic doit vraiment être à chier à côté.
— C'est ce qu'on verra ! A dit Jennie.
— Rêve ! Aller, à demain, nous a dit Taehyung.
— À demain !
— À demain. »
Rapidement, c'est moi qui suis arrivé devant ma chambre. Jennie s'est arrêtée face à moi.
« Et bien, elle m'a tendu sa main, un joli sourire aux lèvres, Jeon Jungkook, je suis contente d'avoir pu te revoir. »
J'ai souri et ma main est allée serrer la sienne.
« C'est partagé. »
Sans un mot de plus, elle a fini par s'éloigner.
Je me suis retourné vers ma porte, mais, au dernier moment, j'ai fait volte-face.
« Jennie ? »
Elle s'est retourné, déjà deux trois mètres plus loin.
« Viens manger avec nous, demain. »
J'ai perçu une pointe de soulagement quand elle m'a répondu.
« C'est noté. »
Elle est aussitôt repartie, et moi aussi.
J'ai retrouvé le calme ancestral de ma chambre une fois la porte fermée derrière moi.
Ça m'angoissait, alors, je me suis avancé vers la fenêtre.
J'avais l'impression qu'il faisait noir chaque fois que je m'attardais à regarder par une fenêtre.
La lune était cachée par d'épais nuages, et il crachinait.
Je me suis demandé si Jimin allait bien.
Ça m'inquiétait.
J'ai sorti mon téléphone, mais, rien.
J'ai difficilement ignoré ma conscience qui me disait qu'il ne voulait peut être plus parler à un cancéreux repoussant.
Ou que son beau père était revenu, et que ça s'était mal terminé.
J'ai soupiré et je me suis avancé vers mon lit, mais, lorsque je me suis baissé dans l'optique d'attraper mon ordinateur posé à ses pieds, une vive douleur a l'abdomen m'a fait m'arrêter.
De bouger, et de respirer.
J'ai glissé ma main sous mon teeshirt, et en appuyant légèrement, ça m'a fait mal.
J'ai froncé les sourcils, ai allumé ma lampe de chevet et me suis rendu dans la salle de bain jusqu'au miroir plaqué au mur.
J'ai allumé la lumière et, une fois face à mon reflet, j'ai enlevé mon teeshirt.
Mes cheveux se sont ébouriffés.
J'avais encore le teeshirt au bout des mes bras baissés lorsque j'ai vu l'hématome près de mes côtes.
Ça m'a rappelé ceux que j'ai eu suite à d'infimes coups que je pouvais me faire lorsque j'étais petit et déjà malade.
Cependant, ça avait fini par se calmer lorsque j'étais entré en rémission.
♢
Pardon pour le retard, avec mon bac de français et celui de sciences, je m'en sortais pas !
J'espère que vous allez bien, je vous aime fort fort fort
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