- 18 years -

Pardon pour le retard, j'ai mis énooooormément de temps à organiser et écrire ce chapitre.
Le nombre de pages/longueur du défilement vous le prouvera, et sans vous mentir, ça me rendait malade de mettre autant de temps à le terminer 😅
( la non-confiance en soi bonjour )
Bref, j'espère qu'il vous plaira, j'ai clairement tout donné pour celui là
Je vous aime fort ❤️
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« Tu as rendez vous avec le docteur Hwang le dix-neuf. »

C'est quand Moonbyul m'a dit ça le matin venu que je me suis rendu compte que mon anniversaire arrivait à grand pas.
En fait, il avait littéralement lieu dans deux jours.
Mais j'avais autre chose en tête.

« T'es bonne qu'à te faire enculer. »

J'y avais pensé toute la nuit.
Ça me torturait l'esprit, de voir qu'il se faisait traiter ainsi, mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir en savoir la signification.
Qu'est-ce que ça voulait dire, exactement ?
J'aurais pu me dire que ce n'était qu'une insulte, qu'il avait dit la première chose lui passant par la tête pour le blesser.
Je me disais que, dans le fond, je ne connaissais rien de Jimin, alors que je devais en savoir bien plus que n'importe qui, mais passons.
Même son enfoiré de beau-père semblait mieux le connaître que moi, et ça m'énervait. J'avais l'impression de faire trois pas en arrière chaque fois que j'en faisais un en avant.
Un jour il semblait proche de moi comme il ne l'avait jamais été, et le lendemain, des kilomètres nous séparaient.
Je me posais des questions sans arrêt depuis que je le connaissais.
Sois je ne m'étais jamais autant intéressé à quelqu'un, soit il était trop mystérieux.
Ou bien les deux.

C'est sur ces pensées que je suis descendu au réfectoire, un peu en retard.
J'y ai retrouvé Jennie et Taehyung, comme à mon habitude.
Ils s'embêtaient sans cesse, et je les voyais se rapprocher un peu plus chaque jour.
Ce midi là, Jennie s'amusait à voler les frites de Taehyung, et Taehyung s'était mis à la chatouiller, avec un énorme et bête sourire collé aux lèvres, alors Jennie avait éclaté de rire, en le suppliant d'arrêter.

« Jungkook ? »

J'ai relevé les yeux vers Taehyung.

« Ça va ?

— Euh, oui ?

— T'as pas dit un mot depuis que t'es arrivé.

— Je réfléchis, c'est tout.

— À quoi ?

— Hum, moi je sais, est intervenue Jennie, malicieuse.

— Nan, ai-je pouffé, c'est juste que, c'est mon anniversaire dans deux jours. »

Ils se sont figés, et Jennie en a fait tomber sa fourchette.

« Agent 002, au rapport. »
a-t-elle dit, alors Taehyung a approché son oreille de ses lèvres.

S'en est suivi un long moment de solitude où ils ont discuté en se chuchotant à l'oreille de l'autre, à hocher la tête ou à se faire des signaux incompréhensibles.
Quand j'ai cru qu'ils avaient terminé, Jennie s'est esclaffée, comme si elle venait d'avoir l'idée du siècle, et a fait signe à Taehyung de se rapprocher d'elle une énième fois, ce qu'il a fait.
Elle a dit quelque chose, puis il s'est esclaffé à son tour en se redressant pour la regarder.
Ils se sont compris en un regard, et Jennie a tapé dans ses mains.

« On peut savoir ce que vous faites ? »

Ils ont enfin semblé réaliser que j'étais là,
alors ils ont repris un air détaché et ont continué à manger.

« Jennie ? Ai-je dit, un sourcil haussé.

J'vois pas du tout de quoi tu parles. »
A-t-elle répondu, un morceau de salade en bouche.

Soudainement, Taehyung s'est levé.

« Jviens de me rappeler que j'ai...
que...

— Un rendez- vous ! Il a rendez vous, a continué Jennie.

C'est ça ! Je perds la tête, la schizophrénie hein, tu sais ce que c'est. Enfin non, du coup, tu sais pas, mais...

— Tu vas être retard ! »
A rajouté Jennie, en lui faisant signe de s'en aller, alors il est parti.

Je ne les ai qu'aperçus le reste de la journée.
En milieu d'après-midi, alors que je m'ennuyais un peu trop et que j'étais descendu vers le jardin, j'ai d'abord vu Moonbyul discuter avec un infirmier, puis Jennie et Taehyung arriver vers elle et commencer à lui parler.
Jennie a réalisé que je les regardais de loin, les bras croisés, seulement deux bonnes minutes après.
Elle a frappé le bras de Taehyung, qui s'est tourné vers elle pour (sûrement) lui demander ce qu'il lui prenait, puis Jennie a donné un coup de tête dans ma direction, alors il m'a vu.
Ce fut au tour de Moonbyul de me voir, et après s'être dit deux trois mots, ils se sont séparés comme si rien ne s'était passé, avec un jeu d'acteur un peu déplorable.

Le lendemain soir, donc la veille de mon anniversaire, ils ont prôné leur innocence quand j'ai essayé d'évoquer le sujet tout au long du dîner, puis, au moment de remonter, ils ont "étrangement" insisté pour que "surtout, je me repose bien".
J'ai levé les yeux au ciel, malgré moi amusé de leurs enfantillages.

Le jour J est arrivé encore plus vite que prévu, du coup.
J'ai été réveillé par une Moonbyul plus qu'enjouée, qui m'a recouvert de bisous et de câlins.
Je n'ai pas croisé un(e) seul(e) infirmier(e) qui ne m'a pas souhaité mon anniversaire.
Au réfectoire, toutes les cuisinières et cuisiniers ne s'en sont pas privés non plus.
C'était la première fois qu'autant de personnes me souriaient dans cet hôpital.
Jennie m'a pris dans ses bras en me le souhaitant, et Taehyung m'a taquiné sur le fait que je vieillissais.
Ça lui ressemblait, et c'était sûrement sa façon de me le souhaiter.
J'ai même eu le droit à une visite de ma mère, mon officiel beau-père et mon chien.
Trois câlins de plus, chacun avec leur particularité.
La façon dont ma mère m'a étouffé entre ses bras,
la prise de bras virile de Dae-Hyun et le supplément bave/aboiements plus griffes sur les cuisses de Aki.
Un téléphone neuf, le dernier livre de Stephen King et du sel au réfectoire n'étaient qu'un quart des cadeaux que j'avais eux.
Monsieur Han m'a offert un cadeau à sa manière, avec un cathéter enfoncé dans le bras gauche et une poche de sang frais.

Il était un peu plus de vingt heures trente lorsque Jennie et Taehyung se sont incrustés dans ma chambre, juste à l'instant où j'allais me rendre dans le bureau du docteur Hwang, comme prévu.
Jennie s'est assise sur mon lit, et Taehyung s'est adossé au mur, les mains dans les poches.

« Vous allez enfin vous décider à parler ?

— Prend un sac, avec des fringues et tout ce qu'un cancéreux a besoin, a dit Jennie.

Hein ?

— Après ton rendez-vous, rejoins nous, on t'attendra devant l'accueil. »

Je suis resté sans savoir quoi répondre.

« C'est OK pour toi ?

— Mais..

— T'inquiète, on a l'autorisation. » A dit Taehyung.

Des tas de questions (encore plus que d'habitude) avaient assailli mon esprit.

« Te pose pas trop de questions, viens juste. »
A rajouté Jennie avant de s'en aller avec Taehyung le plus normalement du monde.

Alors, j'ai enfilé un jean, j'ai attrapé le sac à dos qui me servait au lycée, je l'ai rempli du nécessaire, et après m'être demandé pendant cinq bonnes minutes si je devais le prendre avec moi dans le bureau, j'ai décidé de le prendre, et je suis descendu.

Je me suis dit que j'étais sûrement le dernier rendez-vous de la journée, vu l'heure qu'il était.
Hwang n'a pas tardé à me dire d'entrer.

« Bonsoir Jungkook, installe toi. »

Il a vu mon sac à dos, et a souri.
Je l'ai posé par terre et je me suis assis face à lui.

« Alors, comment tu te sens, ces temps-ci ?

— C'est... Éprouvant.

— Éprouvant ?

— Vous savez, cet espèce d'ascenseur émotionnel constant. »

Il a hoché la tête.

« Vas-y, continue.

— Même si certaines choses s'arrangent, j'ai toujours l'impression d'être épuisé... Moralement ? »

J'ai cru m'arrêter de parler, mais autre chose m'est venu à l'esprit.

« En fait, en réfléchissant, c'est comme ça depuis pas mal de temps. »

Il s'est redressé sur son siège, les lèvres retroussées et hochant la tête, comme si je venais enfin de comprendre.

« Tu sais pourquoi ? »

J'ai souri tristement.

« Vous allez me forcer à le dire ?

— Non, mais si tu le réalises, c'est un énorme pas en avant. »

J'ai hoché la tête à mon tour.

« C'est un peu là que tout a commencé, si tu veux.
Ta sensibilité s'est accrue suite à ce que tu as vécu, alors, plus les jours passent et plus tu as l'impression d'être épuisé.

— J'ai l'impression que plus en plus de choses me tombent dessus.

— C'est surtout que tu ressens les choses beaucoup plus intensément qu'auparavant.
Tu supportes déjà ton cancer, alors chaque événement suivant est un poids en plus. »

Je me suis mis à réfléchir et, en voyant que je ne répondais pas, il a enchainé.

« Parle moi de cette soirée, avec ta mère et ton beau-père. »

La réalité est revenue me frapper à la seconde où j'y ai repensé.

« Bah...

— Dis moi la première chose qui te vient à l'esprit, a-t-il dit après avoir remarqué mon changement d'expression.

— J'ai appris qu'ils allaient se marier. »

Il a haussé les sourcils, imaginant parfaitement mon ressenti.

« Et ?

— Et, je.. Crois que je suis content. »

Il est resté à me regarder dans les yeux sans un mot.

« Bon, d'accord, ça m'a fait chier.

— Pourquoi, à ton avis ?

— Forcément par rapport à mon père, mais, en fait, je me suis senti un peu... À part.
Pas comme un enfant qui a peur qu'on prenne sa place mais, j'ai eu l'impression d'avoir manqué des années, vous voyez ? »

Il m'écoutait attentivement.

« En y retournant, je pensais retrouver mon ancienne vie mais, finalement, je ne me sentais plus chez moi. Ma chambre était ma chambre, mais quelque chose avait changé.
Ma mère était ma mère, mais... Quelque chose avait changé.

— Est-ce que c'est ton beau-père, l'origine du malaise ?

— Même pas, on s'est bien entendus toute la soirée !
J'crois que... »

Je me suis tut un instant pour réfléchir, avant de continuer.

« J'crois que, je reste bloqué dans le passé.
Je voyais mon père partout où j'allais.
Mais j'me dis que, on ne m'a pas vraiment laissé l'occasion de m'y habituer.

— Est-ce que tu en veux à quelqu'un pour ça ?

— Oui.
À ma mère.
Parce qu'elle a fait son deuil dans son coin, et que je n'ai toujours pas réussi à faire le mien.
Dans le fond, j'ai dû me reconstruire seul.
Et, j'ai l'impression qu'elle n'a pas eu besoin de moi pour le faire.

— Mais, toi, tu aurais eu besoin d'elle pour le faire ?

— Hum.
Peut-être que si on s'était soutenus, au lieu de s'éloigner, ça nous aurait rapprochés.

— Est-ce que tu en as déjà parlé avec elle ?

— Pas vraiment. À chaque fois qu'on évoque ces sujets là, ça finit en larmes et en pleurs.
Je l'ai vue ce matin.
C'était la deuxième fois qu'on se prenait dans les bras depuis plusieurs années, mais...

— Mais ?

— C'est triste à dire, mais, malgré l'amour que je lui porte, je n'ai plus l'impression de serrer ma mère contre moi.
Et, le fait qu'elle se remarie, ça creuse encore un peu plus ce fossé entre nous.

— Hum... »

Il a réfléchi un instant à la réponse qu'il allait me donner.

« Tu n'as jamais pensé que, peut-être... Je ne sais pas hein, je fais des suppositions, mais, que peut-être elle s'en voulait ? Peut-être qu'elle n'a pas su comment t'aider, sans même savoir s'aider elle même, et qu'elle n'a vu que l'hôpital psychiatrique comme échappatoire. Si ça se trouve, elle pense la même chose que toi depuis des années.
Évidemment, je ne dis pas que c'était la meilleure chose à faire, tu t'en doutes. »

J'ai haussé les épaules, perplexe.

« Le réel problème entre vous, c'est l'absence de communication. Vous n'avez jamais reparlé du décès de ton père, et à partir de là, vous ne vous êtes plus rien dit, et vous avez fui les émotions de l'autre. »

J'ai fixé un point imaginaire, et je suis parti dans mes pensées, en remettant en question mon point de vue.

« J'crois que j'ai besoin d'y réfléchir. »

Il n'a pas plus insisté.

« D'accord, mais, n'y pense pas trop.
Ne va pas te torturer l'esprit avec ça.
Surtout ce soir. »

J'ai haussé un sourcil.

« Vous êtes au courant ?

— Moi ? Au courant ?

— Je vous interdis de nier !

— ... Je ne vois pas de quoi tu parles. »
A-t-il dit en souriant, et en se tournant vers son ordinateur.

J'ai ri, outré.

« Aller, va, et profite. »

Alors je me suis levé, j'ai récupéré mon sac et je me suis avancé vers la porte.

« Bon, bah, au revoir ?

— Au revoir Jungkook, à bientôt. »

Je suis sorti, un léger sourire aux lèvres.
Voir que ma relation avec lui s'améliorait m'enlevait un autre poids.
J'ai profondément inspiré, et j'ai longuement expiré pour me débarrasser de toutes mes mauvaises ondes.
Je pouvais enfin penser pleinement à la soirée qui m'attendait, et malgré l'excitation, une pointe de stress s'était installée.
Je n'avais aucune idée de ce qu'ils me préparaient.
Mais je ne pouvais plus reculer.
Alors j'ai attrapé les deux lanières de mon sac à dos sur mes épaules, et je me suis rendu au rez-de-chaussée.
Comme prévu, Taehyung et Jennie étaient accoudés à l'accueil, en train de discuter.
Lorsqu'ils m'ont vu arriver, j'ai eu le droit à deux énormes sourires, que je leur ai renvoyé.

« Prêt ? »
A dit Jennie lorsque je suis arrivé face à eux.

« Prêt.

— OK ! Alors on est partis. »

Chacun d'eux avait un sac à dos, et quand nous sommes sortis, j'ai vu que Jimin aussi en avait un, adossé à ce lampadaire.
Les yeux rivés sur l'écran de son téléphone, sur lequel ses doigts pianotaient sans relâche.
Il les a relevés vers nous quand Jennie a presque accouru vers lui en descendant les escaliers, agitant ses bras vers le ciel et nous abandonnant Taehyung et moi, arrivés qu'à la moitié.
Jimin a rangé son téléphone dans sa poche, et lui a fait la bise.
Je l'ai entendue bêtement se présenter, alors qu'il devait s'en douter, et j'ai failli manquer une marche tant j'étais concentré sur ce qu'il faisait.
Taehyung a ri.

« Évite de mourir maintenant, ce serait con, après tout le mal qu'on s'est donné.

— Comment vous avez fait ?

— Moonbyul s'est occupée de voir avec tes médecins. Je me suis chargé de trouver Jimin, de prévenir tes parents de ne rien prévoir, et Jennie s'est occupée de tout organiser pour la soirée.
L'argent, les tentes...

— Les quoi ? »

Mais Jennie nous a coupés en attrapant Taehyung par les épaules.

« J'te présente Taehyung, un peu chiant mais on s'y fait avec le temps.

Taehyung lui a dit de se taire en riant, et lui a serré la main. Jimin lui a lancé l'un de ses plus beaux sourires, qui est devenu plus tendre et timide lorsqu'il a posé les yeux sur moi.
Je lui ai rendu son sourire du mieux que j'ai pu, mais on ressemblait à deux ados pré pubères incapables de se regarder dans les yeux.

Jennie nous fixait, passant de lui à moi, un sourire niais aux lèvres, comme si elle attendait quelque chose en particulier.
Taehyung a toussé et l'a secouée.

« Le magasin ferme dans trente minutes, j'dis ça j'dis rien.

— Mais... A dit Jennie en faisant la moue.

Aller ! » A répliqué Taehyung en la traînant.

Jimin a ri.

« Désolé que tu doives te taper mes potes, ai-je dit.

T'excuses pas, je les trouve...

— Gênants ?

— Géniaux. »

J'ai pouffé, rassuré, et nous nous sommes mis en route vers le centre commercial à deux pas.
J'ai vu Taehyung et Jimin se mettre à discuter, mais Jennie a interrompu mes pensées en me donnant un coup de coude.

« Avoue qu'on est les meilleurs.

— J'avoue que dans la course des amis que j'ai eu dans ma vie, vous êtes en tête.

— J'vais rougir, c'est trop mignon. »

J'ai cru qu'elle allait s'arrêter là, mais elle a enchainé.

« En parlant de mignon.. »

Immédiatement, j'ai compris.

« Jennie !

— J'ai rien dit ! »

Je n'ai pas eu le temps de répondre, elle a accéléré le pas après m'avoir lancé un sourire espiègle en se dirigeant vers les cadis, tous emboîtés sur le parking.
J'ai levé les yeux au ciel, amusé.

« Taehyung !

— J'arrive. »

Il l'a rejointe en sortant une pièce.
Deux secondes après, Jimin sautait dans le cadis, et Taehyung le poussait vers l'entrée en riant.
Jennie a sorti un petit calepin en marchant à mes côtés.

« Ok, on a trente minutes pour choisir mal bouffe, trucs gras, alcool et soda.

— Ça commence à me plaire. »
Ai-je dit, et elle a ri.

Entre temps, nous étions entrés dans le magasin.
Jimin était descendu du cadis, et Taehyung et Jennie se sont mis d'accord pour commencer par l'alcool.

« Vodka ou Tequila ?

— Les deux ? Ont dit Jimin et Taehyung.

Ivrognes ! »

Finalement, puisque c'était mon anniversaire, ils ont décidé de me laisser le choix.

« Vodka. »

Alors nous en avons pris deux petites bouteilles, et nous sommes partis vers les autres boissons.
Redbull, Coca, jus de fruit.
Une trentaine de minutes après, nous nous rendions aux caisses, pile à l'instant où une femme annonçait la fermeture dans les haut-parleurs.
Jennie faisait une septième fois le compte de tout ce qu'on avait pris, pour "être sûrs qu'on a rien oublié, enfin !".

En sortant, nous avions fait de notre mieux pour vider le cadis et surtout nous contenter de nos sacs à dos. Jennie a pris la nourriture, Taehyung a pris l'alcool, et Jimin a pris les autres boissons.
Ils ne voulaient rien me laisser porter, sous prétexte que c'était mon anniversaire.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que c'était parce que j'étais malade, mais j'ai essayé de positiver. J'étais novice en la matière, mais je m'en suis plutôt bien sorti.

Après ça, nous nous sommes remis en route vers je-ne-sais-où.
Jennie s'est approchée de Taehyung.

« Ça va être chaud, le temps d'arriver jusque là-bas, puis tout installer.. »

Ils ont semblé réfléchir à une solution tout en marchant, puis, Jimin, qui écoutait la conversation aussi bien que moi, est intervenu.

« J'crois que j'ai la solution. »

Nous l'avons tous regardé, et il a pointé du doigt des vélos en libre-service.
Jennie l'a béni, et s'est jetée sur les quatre restants.
Elle a sorti sa carte bleue et s'est empressée de les louer.

Alors, la seconde qui suivait, nous étions sur nos vélos un peu bancals, entre les rues pavées d'Incheon, bercées d'une musique entraînante qu'on entendait au loin et d'une population chaleureuse. Le ciel devenait rose, et ça sentait l'été alors que nous n'étions qu'au printemps.

Nous suivions Jennie, devenue naturellement la meneuse de groupe.
D'un coup, elle s'est arrêté en plein milieu d'une rue commerçante, peu remplie.

« Faut absolument qu'on le fasse ! »
S'est-elle exclamée en descendant de son vélo pendant nous freinions.
Elle s'est avancée vers un photomaton, y a rentré sa tête et s'est retournée vers nous, enjouée qu'il fonctionne.

« Aller ! Dépêchez ! »

Sans que je n'ai le temps de réaliser quoi que ce soit, nous étions tous les quatre entassés dans la petite cabine. Jennie s'était assise sur l'unique siège, comme la reine (en carton) qu'elle était, Taehyung s'était retrouvé contre le mur à ses côtés, puisqu'elle ne lâchait pas son bras, et Jimin était juste derrière elle. Jennie m'a attrapé, alors je me suis incrusté à ses côtés.
Elle a essayé d'attraper un billet dans sa poche,
mais après vingt secondes, il commençait à faire extrêmement chaud.

« Putain Jennie ! A dit Taehyung, au bout de sa vie.

Demerde toi ! Ai-je renchéri pendant que Jimin riait.

— Vos gueules ! Je galère ! Aidez moi au lieu de me gueuler dessus, bande d'éclopés. »

Tout le monde a ri de l'insulte qu'elle venait de sortir, et elle a finalement réussi.
Elle a appuyé sur le bouton, a sélectionné l'option de quatre petites photos, et la voix de la machine a résonné. Si peu discrète que tout le quartier devait l'avoir entendue.

Sans que nous nous y attendions, les photos se sont lancées. Jennie a crié que ça commençait, alors nous nous sommes empressés de regarder l'écran, mais Taehyung s'est cogné le bras, a eu un mouvement de recul et s'est cogné la tête contre celle de Jennie.
J'ai attrapé un fou rire en voyant la bande d'éclopés qu'on était réellement, puis Taehyung et Jimin m'ont suivi, et Jennie s'est tournée vers moi en me grondant de regarder l'objectif.

« Vos photos sont terminées. Veuillez les récupérer à l'emplacement désigné.

— Quoi ?! » A crié Jennie, encore en train de se masser la tête.

Taehyung, Jimin et moi avons accouru dehors, pour voir à quoi ressemblaient les photos.
C'est Taehyung qui les a prises, puis qui s'est mis à rire de plus belle en disant à Jennie de venir voir.
Jimin et moi ne les avons vues que lorsque nous avons décidé d'en prendre chacune une.

Taehyung a eu la première, où Jennie criait au premier plan et que nous étions tous paniqués d'entendre que les photos commençaient.

Jennie a pris la suivante, illustrant Taehyung qui se fracassait le bras et la tête, moi et Jimin en train de rire, et elle même en train de recevoir le crâne de Taehyung dans le front.

Jimin a eu celle où nous étions tous en train de rire sans pouvoir nous retenir.

Sur la mienne, je riais.
Jennie me disait de regarder l'objectif, une main sur le front. Taehyung riait lui aussi, affichant ce sourire qui n'appartenait qu'à lui,
et Jimin me regardait.
Comme si, en plein éclat de rire, ses yeux s'étaient posés sur moi une seconde.
Tendrement, voire même trop tendrement pour que l'adverbe tendrement suffise à le qualifier.
J'ai tressailli quand j'ai réalisé que l'adverbe amoureusement
le qualifiait parfaitement.

« Jungkook ? »

Ils m'attendaient, tous à deux doigts de remonter sur leurs vélos. J'ai dit que j'arrivais en rangeant rapidement la photo dans ma poche, puis j'ai attrapé mon vélo et nous nous sommes remis en route.
J'ai fini par reconnaître la rue menant à la plage,
et j'en ai été certain quand nous nous sommes arrêtés juste avant, pour déposer nos vélos à la petite station.

En suivant le mouvement, j'ai senti mon cœur palpiter, et mes membres devenir lourds.
Rapidement, un mal de crâne est arrivé, puis j'ai eu du mal à reprendre mon souffle.
Les transfusions m'aidaient, mais n'effaçaient pas éternellement les symptômes.
Trop d'efforts se faisaient ressentir.
Taehyung et Jimin marchaient devant, vers le sable.
Jimin pointait quelque chose du doigt, et Taehyung le suivait des yeux.
Puis, alors que je ne les lâchais pas du regard, j'ai senti un bras prendre le mien.
J'ai tourné la tête vers Jennie, qui m'a doucement souri, et qui avait tout de suite compris que je ne voulais pas que Jimin me voit ainsi.
Alors elle m'a aidé jusqu'à ce que nous nous arrêtions proche de la mer, mais pas trop non plus.
Quelques personnes étaient déjà installées sur la plage.

« Bon ! »

Jennie a posé son sac sur le sable, puis s'est étirée, les bras vers le ciel.

« On a à peu près quarante minutes pour tout monter, si vous savez y faire ça devrait aller. »

Sur ces mots, elle a sorti les tentes.
Jimin était à mes côtés.

« T'as déjà monté une tente ? »
Ai-je dit, puis on s'est regardé.
J'ai senti mon cœur battre plus fort.

Il a secoué la tête, les lèvres pincées, alors on a ri.
On a fini par s'y mettre, maladroitement, et Jennie est venue terminer à notre place.
Pendant ce temps, la plage avait eu le temps de se remplir, et j'avais eu le temps d'angoisser de toutes les manières possibles.
J'allais me retrouver seul avec Jimin, dans une tente.
Mon ventre se tordait d'appréhension chaque fois que j'osais y penser.
C'est à dire à quatre-vingt-dix pour-cent du temps, et contre mon gré.

« Tu viens ? »
Avait dit Taehyung à Jennie qui cherchait quelque chose dans son sac, tandis que nous nous étions installés face aux tentes, bouteilles d'alcool à la main.

« J'arrive, t'inquiète, n'vous occupez pas de moi. »

Elle a attendu que nous détournions notre regard pour continuer ce qu'elle faisait.

Taehyung a attrapé les gobelets, j'ai ouvert la bouteille de Vodka, et j'ai commencé à les remplir.
Jennie nous a rejoints une fois chaque verre rempli.
Je lui ai tendu le sien, et elle s'est laissée tomber en tailleur à côté de Taehyung, soupirant du travail qu'elle venait de faire.
Jimin était à côté de moi.

Ils ont tous levé leur verre.

« À ton anniversaire, et à cette soirée qui s'annonce mémorable. » A dit Jennie.

À l'instant où nos verres se sont cognés entre eux, un bruit strident et progressif a résonné, jusqu'à s'éteindre dans le ciel pour y réapparaître en une explosion de lumières.
On a sursauté, puis on a ri avant de boire une gorgée.
Nos yeux n'ont plus quitté le ciel, parcouru l'instant d'après par un millier d'artifices.

J'ai toujours adoré les feux d'artifices.
Les explosions qui résonnaient dans ma cage thoracique, les yeux pétillants du reflet de leur lumière, puis les crépitements, avant que les feux ne s'évaporent, et meurent.
Je me reconnaissais en eux, un peu.
Ce soir là, je ne pouvais plus lâcher le ciel des yeux.
Mon âme y plongeait un peu plus chaque seconde. Mes bras et mes cuisses se recouvraient de frissons, un peu comme une explosion d'émotions.

C'est là que tout est sorti, sans que je ne sache pourquoi.

J'ai senti mes yeux s'embuer peu à peu, et
ce fut comme si toutes les émotions que j'avais refoulées m'envahissaient enfin.
Tout m'est revenu.
Le sourire de mon père avant de mourir,
devant lequel mon monde s'était écroulé,
sa main inerte dans la mienne et cette rage envers le monde entier
qui n'avait fait que grandir durant des années.

La maladie, contre laquelle je menais une course effrénée, mais que j'avais fini par abandonner, le cœur et les jambes trop usées.

Le sourire de Jimin,
venu raviver cette lumière que je pensais disparue à jamais, mais les larmes et les cris de ma mère
que je n'avais jamais voulu écouter, et cette lumière que j'avais choisi d'éteindre de mon gré.

Et, enfin, la chance que j'avais d'être entouré,
cette nuit là, à leurs côtés.
D'être encore là, après tout ce que j'avais traversé.
Bien amoché, mais là, en vie.
Et j'ai réalisé que je me sentais bien,
pour la première fois depuis des mois,
ne serait-ce qu'une soirée.

J'ai senti une larme oser rouler sur ma joue.
Depuis la mort de mon père, plus une seule ne s'y était aventurée, mais à ce moment, une deuxième s'est échappée, et ma gorgée s'est serrée.
J'ai baissé la tête, ignorant le ciel un instant, juste avant que ma main ne vienne cacher mes yeux.

Puis, c'est le regard de Jimin que j'ai senti se poser sur moi avant celui de Jennie, et de Taehyung, alors, j'ai ri, nerveusement, et lorsque j'ai réalisé que je ne pouvais plus rien y faire, j'ai porté ma deuxième main sur mon visage, la mâchoire serrée.

Rapidement, j'ai senti les bras de Jennie m'entourer, puis la main de Taehyung se poser sur l'une de mes épaules, et la tête de Jimin sur l'autre.

En voyant qu'on me comprenait enfin, mes larmes ont redoublé, mais un sanglot s'est transformé en rire, et finalement, je ne savais plus si je pleurais ou si je riais.

« Arrêtez, j'vais jamais m'arrêter de chialer sinon. »

Ils ont ri, alors j'ai de nouveau ri.
Jennie m'a lâché après m'avoir serré un peu plus fort, la tête de Jimin s'est éloignée, et les feux d'artifices ont redoublé à leur tour, alors nos yeux se sont relevés vers le ciel.
Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'à ce que je ne réalise que ceux de Jimin ne m'avaient pas quitté.
J'ai osé tourner la tête vers lui.

« T'es sensible, c'est mignon. »
M'a-t-il dit à travers les explosions, d'un sourire à moitié moqueur, mais attendri.

J'ai esquissé un rire.

« Tais toi. »
Ai-je répondu en essuyant une dernière larme.

Son sourire s'est agrandi,
puis j'ai senti sa main glisser jusqu'à la mienne, et nos doigts s'entrelacer.
Sa tête est revenue se poser contre mon épaule, et j'ai reporté mon attention sur le feu d'artifice,
mais je ne pouvais pas penser à autre chose que sa présence à mes côtés.

J'ai fini par regarder du côté de Jennie, nerveux, et j'ai vu Taehyung poser sa tête contre son épaule, à son tour. Je n'ai pas pu retenir mon sourire, alors j'ai détourné les yeux, et les explosions ont cessé quelques minutes après.

J'ai pris quelques secondes et une profonde respiration pour me remettre de mes émotions.
Peu à peu, les gens présents quittaient la plage.

« Qui est-ce que je ressers ? »
A dit Jennie, la bouteille à la main.

Nous avons tous tendu notre verre, y compris Jimin qui a lâché ma main pour attraper le sien.

« Bande d'ivrognes. »

On a ri, et rapidement une discussion a commencé.
Nous avons parlé de tout et de rien pendant une heure ou deux, baignant notre sang dans un peu plus d'alcool chaque fois.
A la fin, ce fut comme si nous nous connaissions depuis toujours.
Entre temps, la plage s'était complètement vidée,
la lune et les étoiles avaient montré le bout de leur nez pour nous éclairer, et la mer s'était un peu éloignée.

Nous venions à peine de nous remettre d'un fou rire quand Jennie a dit :
« J'ai l'impression qu'on se connaît depuis des années.

— Si ça se trouve, dans un univers parallèle, on est tous des stars de Kpop, a dit Taehyung, et nous avons ri à nouveau.

Tu crois qu'on serait tous les trois dans un boysband ? Ai-je répondu.

— Aller, c'est encore pour ma gueule !
Est intervenue Jennie en riant.

Nan, sans rire, il manque plus que toi à l'hosto Jimin, a rétorqué Taehyung.

T'inquiète, il a ri, j'ai de quoi.

— C'est vrai ? »
A dit Jennie, et Jimin a bu une gorgée de sa Vodka, mais elle a tout de suite enchainé.

« Nan, attendez, j'ai une meilleure idée. »

Elle s'est mise en tailleur, de sorte à être face à nous.

« On trinque à nos vies pourries. »

Taehyung, moi et Jimin nous sommes regardés, et n'avons pas pris plus de temps pour nous décider.

« Jungkook, à toi de commencer, on n'a dix-huit ans qu'une seule fois, a-t-elle dit.

Comme on n'a dix-sept ans qu'une fois, et dix-neuf ans... » A dit Taehyung, et Jennie l'a frappé.

« Tais toi ! Tu gâches tout ! »
Lui a-t-elle répondu, un grand sourire aux lèvres malgré tout, puis tous ont fini par me regarder.

J'ai levé mon verre.

« À ma mère qui se remarie. »

Jennie a levé son verre ensuite.

« A mon ex qui se tape ma meilleure amie.

— Pas mal, ai-je dit.

Je sais, je sais. »

Taehyung l'a levé à son tour.

« A mon frère en taule depuis six mois. »

Puis, j'ai regardé Jimin.
Son regard n'a croisé le mien qu'un instant avant qu'il ne lève son verre.

« À ma mère qui s'fait frapper. »

Nos verres se sont cognés entre eux, et nous les avons finis d'une traite.
Ça nous a rapprochés d'une certaine manière, et dans un sens, ça nous a montré que nous n'étions pas seuls. Même si nos problèmes se situaient à des niveaux différents, nous avions chacun notre propre souffrance, et aucun de nous ne jugeait l'autre pour ça.

En réalisant qu'il était plus de minuit,
on a décidé de tout ranger.
Les rues un peu plus loin étaient encore éclairées par les lampadaires, vides de passants.

Des lampadaires.
Mon ventre s'est serré.
Même si l'alcool m'aidait à décompresser,
l'idée de dormir avec Jimin dans un espace restreint me nouait l'estomac.

« Bon, mes gens, à demain ? A dit Jennie.

À demain ! »
Avons répondu Taehyung, Jimin et moi.

« J'vous aime ! A-t-elle enchainé d'une voix pâteuse.

On t'aime aussi ! Ai-je dit.

— Bisous partout !

— Jennie ! A dit Taehyung, pratiquement rentré dans leur tente.

Quoi ?

— Ta gueule !

— Hé ! »

J'ai entendu Jimin rire en entrant dans notre tente.

J'attendais pour y rentrer, comme Jennie attendait pour entrer dans la sienne, et au moment où j'allais me lancer, elle m'a interpellé d'une voix chuchotée.

« Hé. »

Je l'ai regardée.

« Bonne nuit. »
M'a-t-elle dit avec un clin d'œil et une voix pleine de sous-entendus.

Mon stress a décuplé, mais j'ai vite rétorqué.

« Parle pour toi. »

Je l'ai vue se raidir, puis toucher ses cheveux nerveusement, et nier, sûrement en rougissant.
Je lui ai lancé un clin d'œil à mon tour, un sourire moqueur, et je t'ai rejoint.







J'ai fermé l'entrée derrière moi, puis, je me
suis tourné vers toi.
Tu étais face à moi, mais les yeux rivés sur une guirlande de lumière accrochée au dessus de nous.
J'ai ri, surpris, et au vue de ton regard j'ai vite compris que ça n'était pas ton idée.

« Jennie, ai-je dit.

Cette meuf est autant géniale qu'épuisante. »

Nous avons ri.

« J'aurais pas dit mieux. »

Tes yeux ont croisé les miens un instant,
puis le silence s'est installé.
Nous sommes restés assis face à face,
à tenter de nous regarder dans le blanc des yeux jusqu'à ce que tu détournes les tiens.

« J'ai chaud là, ai-je lancé, fébrile.

Putain, moi aussi. »
As-tu répondu en riant nerveusement.

Je me suis mis à rire aussi, et je t'ai regardé passer une main dans tes cheveux avant de l'agiter un peu face à toi pour te faire de l'air quelques secondes.

Lorsqu'on s'est de nouveau regardés, la tension a augmenté d'un cran.
J'ai compris que c'était mon tour, cette fois.

« Viens, ai-je dit.

Quoi ?

— Approche. »

Tu t'es approché.
J'ai regardé tes lèvres.
On n'entendait que nos souffles.
D'un geste nerveux, j'ai relevé les yeux vers toi une seconde, et j'ai compris que tu regardais mes lèvres quand j'ai vu les tiens se relever au même moment.

« ... Faut qu'on lâche prise. »
Ai-je dit.

Tu as hoché la tête,
visiblement aussi tendu que moi.
Alors, j'ai de nouveau baissé les yeux vers tes lèvres, mais, je me suis figé,
comme si c'était la première fois que je m'apprêtais à t'embrasser,
et comme si toutes les fois précédentes n'avaient jamais compté.
J'ai senti mon cœur battre plus fort,
si bien que ce fut comme s'il avait pris possession de toute ma cage thoracique.
Quelque chose était différent, ce soir là, mais tandis que je cherchais à mettre un mot dessus, ce sont tes lèvres qui ont pris l'initiative de réduire ces millimètres qui nous séparaient.

J'ai fermé les yeux.
Mes sourcils se sont légèrement froncés à la sensation que ça m'a procuré.
Nos lèvres se sont éloignées,
laissant nos souffles se mélanger,
et je n'ai pas hésité à recommencer.

Deux secondes après, j'ai senti ta main me repousser doucement.
J'ai relevé les yeux vers les tiens, que je m'attendais à voir fuir, mais ils ne m'avaient pas quitté.

« Tu vas encore me filer entre les doigts ?

— Pas ce soir. »

Tu m'as lancé ce sourire dont toi seul avait le secret, puis je me suis approché de toi, et j'ai attrapé mon téléphone dans la poche de mon jean, que j'ai mis en silencieux sans te quitter des yeux, avant de le balancer entre les draps.

Tu t'es progressivement allongé tandis que je suivais le mouvement.
Tu m'as regardé un instant, sans un mot, et je crevais d'envie d'entendre tes pensées.

« Quoi ? »

Tu as secoué la tête, sans perdre une miette de ton sourire.

« Rien. »

Après ça, tu as attrapé le bas de mon teeshirt,
et je me suis laissé faire jusqu'à me retrouver torse nu, les cheveux en bataille. Tu as ri, et a retiré le tiens, puis tu m'as attiré contre ta peau chaude.
Un profond sentiment de bien-être m'a envahi.
Ça m'aurait presque fait chialer à nouveau.
Je t'ai regardé, allongé sous moi, une main entre tes cheveux. L'autre est allée se balader sur tes côtes.
Lorsque mes pensées se sont dirigées vers les hématomes qui recouvraient mon buste et que j'ai voulu vérifier qu'il y en avait encore, tu as pris ma mâchoire entre tes doigts, et m'en a empêché.
J'ai souri, vaincu, et j'ai lâché prise.
J'ai enfin, lâché prise.

« Arrête de réfléchir. »
M'as-tu grondé gentiment, en m'obligeant à ne pas te quitter des yeux.

« Quand t'es là, c'est plus fort que moi. »

Tu as levé les yeux au ciel en souriant.

« Arrête de rire ! »
Ai-je dit en riant moi même,
et en chatouillant tes hanches sensibles.
J'ai enfoui mon visage contre ton cou alors que tu riais aux éclats, et que tu te tortillais comme tu le pouvais.
À ce moment, j'étais persuadé que la mélodie de ton rire pouvait apaiser tous les maux du monde.
Y compris les miens.
Peu à peu, mes chatouilles sont devenues caresses, et mes lèvres avides des grains de ta peau.

Je t'ai fait trembler de désir pour la première fois, cette nuit là.
Je t'ai rendu ivre.
Ivre de plaisir,
ivre de mes doigts.
Seulement de mes doigts.

Quelques audacieux gémissements t'ont échappés,
mais toujours contrôlés,
pour que tout ça reste secret.

« J-Jungkook.. »
Toute mon attention t'était dédiée.
Ta voix tremblait autant que toi.
« Si tu veux pas qu'on m'entende,
va doucement.. »

Mais je n'ai pas pu m'en empêcher,
et je m'en suis délecté.

Tu t'es cambré, et ta main a frappé les draps avant de les serrer entre tes doigts lorsque j'ai perdu le contrôle des miens, peut-être un peu trop audacieux eux aussi.
J'ai souri lorsqu'à ton tour, tu as perdu le contrôle, et que tu as juré entre tes dents.

« Ça t'amuse ? »
As-tu dit, les joues empourprées, puisque toi aussi, de ton côté, tu guettais tout ce que je faisais.

« Tellement. »

Pour une fois, tu n'as pas rétorqué.
Tu as semblé rougir un peu plus,
et tu m'as laissé gagner.
C'est là que j'ai compris que tu avais lâché prise, toi aussi, juste le temps d'une nuit.

Finalement, nous n'étions vraiment pas si différents.

Tu as fini par atteindre tes limites,
en une mélodie aussi belle que celle de ton rire,
qui aurait pu à elle seule m'emporter aussi haut que l'endroit où tu étais déjà.

Tu m'as attiré contre toi, en t'abandonnant entièrement à moi.
Tes doigts frémissaient entre mes cheveux, et ta peau vibrait sous mes doigts.

J'ai embrassé la zone entre tes pectoraux, le cœur aux bords des lèvres, puis le bas de ton ventre, l'une de tes hanches entre mes mains.

Ta respiration s'est calmée, et peu à peu, tu as de nouveau été capable de me regarder dans les yeux.
Les cheveux désordonnés, le regard embué et une idée en tête, tu m'as dit :

« C'est toujours comme ça avec toi ? »

Et quand je nous ai revus sur le toit de ce train,
j'ai ri, en tombant un peu plus pour moi même.















Tu as pris ma main, lorsque je suis sorti de la tente juste après toi, et, tu m'as souri, embelli par la lumière de la lune.
Nous nous sommes assis sur le sable, face à la mer livide où se reflétait le ciel étoilé, jaloux de l'éclat de ton regard lorsque tu me regardais.

Tu pouvais rester des heures à contempler un paysage comme celui là.
J'avais l'impression que ça t'apaisait, et que tu t'évadais à travers ça.

« C'est pas le plus beau truc que t'as jamais vu ? »
As-tu dit, les yeux rivés sur les étoiles qui nous regardaient.

J'ai fait mine de réfléchir.

« Hum, non. »

Tu as compris l'allusion au bout de quelques secondes, alors le dos de ta main a frappé mon bras sans un regard envers moi, mais ton sourire te trahissait.

« T'es bonne qu'à te faire enculer. »

Ça me hantait.
J'ai regardé la lune, et je l'ai priée de me donner tout son courage, avant de me lancer.

« Pourquoi il a dit ça ? »

J'ai senti ton regard se poser sur moi.

« Qui ?

— Ton beau père. »

C'est à ce moment que je t'ai regardé,
mais tu ne m'y as autorisé que quelques secondes, avant d'à nouveau porter ton regard sur le spectacle face à nous.

« Disons... »

Tu as baissé les yeux, et tu as ri amèrement en plongeant tes doigts sous le sable frais.

« Disons qu'en général,
on m'aime que pour une nuit. »

Et, soudain, tout a pris sens.

« Comme si tu m'aimais. »

Cette haine et cette déception dans le regard que tu m'as lancé lorsque je t'ai dit de t'en aller, et cette façon dont tu m'as regardé lorsque je t'ai forcé à te coucher,
presque étonné que je m'en aille sans ne rien tenter.

Un goût amer m'a étreint la gorge à la seconde où j'ai imaginé quelqu'un profiter de ton état, comme j'aurais pu le faire ce soir là.

J'ai de nouveau regardé face à moi.

« Désolé de te décevoir, mais, je serai là demain,
quand tu te réveilleras. »

Tu n'as rien dit,
puis, je t'ai entendu sourire.

« ..Tais toi. »

J'ai souri à mon tour,
et le silence s'est installé.

J'ai regardé les vagues qui venaient s'écraser sur le sable quelques mètres plus loin, ramenant parfois une algue malchanceuse et quelques cailloux aventuriers qui s'étaient laissés porter par le courant.

« On va se baigner ? »
As-tu dit soudainement, alors je t'ai regardé.

« Hein ?

— Aller !

— T'es sérieux ?

— Surprends moi. »

J'ai craqué face à ton sourire espiègle et ton air de défi.
Tu as ri lorsque je me suis levé, et que j'ai abandonné mon teeshirt sur le sable, juste avant d'y laisser mon jean. Je t'ai tendu la main, et tu l'as prise sans hésiter. Il n'y avait que toi pour me faire faire ce genre de choses.

L'instant d'après, notre peau frissonnait sous l'eau un peu trop fraîche, et tu riais aux éclats grâce au cri que je venais de pousser en sentant quelque chose frôler ma jambe.

Nous sommes sortis un quart d'heure après,
lorsque la brise qui sifflait commençait à nous frigorifier.

« Vite ! Dépêche toi ! »
As-tu dit en grelotant et en riant malgré toi, tandis que tu étais déjà plus loin.

Nous nous sommes séchés le plus rapidement possible, impatient de nous glisser sous la couette qui nous attendait, et tu as poussé un soupir de bien être une fois à l'intérieur de la tente fermée.

Je t'ai rejoint, et tu t'es blotti dans mes bras, la peau encore frissonnante sous le teeshirt que tu avais enfilé.
J'ai senti ta main se faufiler sous mon haut.

J'ai souri, et j'ai même esquissé un rire tant j'étais heureux.
Mon pouce a tendrement effleuré l'hélix de ton oreille, puis, mes doigts sont allés caresser la naissance de tes cheveux, et j'ai senti ton souffle devenir plus régulier contre ma clavicule.


On n'entendait que le son apaisant des vagues au loin, mêlées à sa respiration apaisée qui envahissait agréablement mes pensées.

Je me suis torturé l'esprit une dizaine de minutes, n'osant pas bouger pour éteindre la guirlande au dessus de nous au risque de le réveiller, mais j'ai fini par le faire, et je me suis endormi, le cœur battant.














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