Malgré ces cauchemars, le lendemain matin j'étais prête à vivre une nouvelle journée dans ce monde extraordinaire.
Le lendemain matin, après avoir ingurgité un petit-déjeuner frugal, Alyssa nous entraina derrière la maisonnette dans une clairière plus spacieuse que celle où nous nous étions réveillés le jour d'avant. C'était seulement un jour avant... Cela me paraissait des siècles en arrière. Notre protectrice se dirigea vers un grand arbre et glissa le bras dans un trou qui révélait un tronc creux. Il était complètement camouflé et il fallait savoir qu'il était là pour le voir. Elle en sortit, à ma grande surprise, plusieurs armes de types différents ainsi que des cibles.
- Le trajet vers Castellian et la suite de votre périple ne sera pas de tout repos. Il est possible et même probable que nous rencontrions des dangers. C'est pourquoi il est absolument nécessaire que vous sachiez vous défendre, du moins jusqu'à ce que j'arrive, nous expliqua Alyssa.
Elle étala devant nous un véritable arsenal de machines à tuer qui aurait fait fuir le plus valeureux des humains : des épées, des poignards, des haches, des arcs et des flèches, des massues... Mais pas une seule arme à feu. Cela me rassura un peu (un tout petit petit peu).
- Euh... Tu tiens vraiment à ce qu'on maîtrise toutes ces armes et qu'on soit prêts à affronter tous les dangers de ce monde d'ici deux jours ? demanda Théo, l'air légèrement paniqué.
Je remarquais qu'il essayait de garder un visage neutre, sûrement à mon attention. Bah oui, il faudrait pas casser son image d'homme fort, viril et protecteur. Non mais je vous jure, les mecs, des fois. Enfin bref.
- Bien sûr que non ! lui rétorqua la jeune femme, un peu agacée. Il vous suffira de prendre celle avec laquelle vous êtes la plus à l'aise et de vous entrainer un peu. Allez, au travail !
Je me dirigeai instinctivement vers l'arc et les flèches. Les filles étaient souvent bonne au tir à l'arc dans les histoires que je lisais, donc j'étais allée tenter ma chance. Grossière erreur : il s'avéra au bout d'une dizaine de minutes que j'étais complètement nulle, malgré les conseils avisés d'Alyssa, qui maitrisait toutes les armes sur le bout des doigts (évidemment !). Après vingt flèches, je n'avais réussi à toucher la cible que deux fois et loin du centre, alors que celle-ci n'était qu'à cinq mètres. Un peu découragée par cet échec cuisant, je me tournai vers d'autres armes.
Alyssa était une merveilleuse professeure, passant de Théo à moi en nous donnant des conseils ou en rectifiant notre position. Elle nous apprit les rudiments du combat à mains nues et cela se solda bientôt par des luttes endiablées entre mon ami et moi dont nous ressortions tout échevelés et transpirants.
Après l'arc, je m'essayai à la massue et à la hache. Elles étaient toute deux un peu trop lourdes pour que je les manipule aisément et je me sentais un peu mal à l'aise avec ces énormes instruments de combat, je passai donc bien vite à autre chose. Je tentai l'épée et après que notre professeure m'ait enseignée les bases ainsi que quelques bottes et feintes, je découvris avec plaisir que je n'étais pas mauvaise escrimeuse. Je fis quelques combats contre Théo et comme je le battais facilement, Alyssa me proposa de l'affronter. Au bout de dix secondes, j'avais perdu.
Encore une fois déçue, je m'attaquai à la dernière arme qui me restait : le poignard. Je n'avais aucun espoir mais en reproduisant les mouvements que j'avais appris à l'épée, des enchaînements d'une complexité bien supérieure à ce que m'avait enseigné Alyssa me vinrent naturellement. Quand je demandai à la jeune femme de m'affronter, elle fut un peu étonnée ; je ne travaillais cette arme que depuis dix minutes. Cette fois, je parvins à tenir trente secondes contre elle. Nous enchainâmes les combats et à chaque fois, je parvenais à grappiller quelques secondes de plus. Puis, au bout d'un combat de cinq minutes où aucune de nous ne semblait prendre le dessus, Alyssa s'arrêta, légèrement essoufflée.
- Mais où as-tu appris à combattre comme ça ? Les bottes que tu utilises, j'ai mis des années à les apprendre puis à les maitriser !
- Ben... J'en sais rien.
C'était la stricte vérité. Quand j'avais mon poignard, je feintais, j'attaquais, je bottais, j'esquivais, je virevoltais. C'était une sensation assez familière en fait : celle de retrouver ses réflexes après avoir cessé de pratiquer pendant longtemps. Avant tout ça, j'allais au ski avec mon père une semaine tous les ans. Et chaque année, il me fallait une journée pour retrouver habitudes et sensations. C'était exactement la même chose avec le poignard, alors que je n'en avais jamais fait de ma vie. Je décidai de repousser ces questions dans un coin de ma tête pour y penser plus tard car je voulais me concentrer sur l'entrainement. Je trouvais ça assez agréable d'être douée pour quelque chose, moi qui ne m'était jamais marquée dans aucune discipline artistique ou sportive. Théo me regardait avec étonnement et admiration mais il ne me posa aucune question, se doutant bien que je n'avais pas de réponses à lui apporter.
Il s'avéra que Théo était assez bon en tir à l'arc (bien meilleur que moi en tout cas !), réussissant à toucher le cercle central de la cible jusqu'à vingt mètres de distance. Il se débrouillait avec une épée même si je le battais toujours au bout de quelques minutes.
La journée se termina avec un combat contre Alyssa dans nos disciplines de prédilection. Théo se surpassa en atteignant la cible à vingt-cinq mètres mais la jeune femme le détrôna en en plantant sa flèche pile au milieu à trente mètres de distance. Elle nous battit tout les deux à l'épée mais je faillis l'avoir au poignard avant qu'elle n'applique un enchainement d'une efficacité redoutable, qui, couplé à sa précision mortelle, fit mouche.
- T'es quand même une as dans tous les domaines Alyssa ! remarqua Théo, d'une rare perspicacité. Comment tu fais ?
- Des années d'entrainement intensif et régulier. La pratique, c'est la seule chose qui marche vraiment, lui répondit-elle froidement.
Dans ces moments là, elle était un peu flippante quand même...
Le lendemain, après s'être absentée quelques heures que nous avions mises à profit pour nous entrainer, la magnifique jeune femme revint avec deux majestueux chevaux. Je devais faire une tête de merlan frit parce qu'elle me dit en rigolant :
- Bah quoi, tu ne pensais pas qu'on allait y aller à pieds quand même !
Je ne répondis rien car à vrai dire, je n'y avais absolument pas réfléchi. En même temps avec tout ce qui m'est arrivé en à peine vingt-quatre heures, excusez moi de ne pas penser à notre mode de transport !
- Voici Orage, mon cheval, nous présenta Alyssa en nous désignant le grand animal noir au museau et aux pattes blanches à sa droite. Et Pomme de Pin, le vôtre. Vous devrez vous contenter d'un pour deux.
Ce cheval était plus petit, marron et tacheté de blanc également.
- Pomme de Pin ? s'exclama Théo. C'est quoi ce nom pourri ? Orage ça claque, mais Pomme de Pin...
Alyssa haussa les épaules.
- Ce n'est pas moi qui l'aies choisi.
Mon ami poussa un soupir un peu exagéré et déclama avec une expression dramatique :
- C'est bien connu, tous les grands héros ont souffert dans leur jeunesse ! Mais qu'importe ! Je me relèverai et accomplirai mon destin quoiqu'il m'en coûte !
Je souris, mi-exaspéré mi-amusée devant tant de grandiloquence.
- C'est ça ! Montre moi d'abord comment tu te débrouilles à cheval, on en reparlera après, lui répliqua la jeune femme, souriante malgré tout. J'imagine qu'on vous a enseigné les bases à tout les deux ?
- Ben en fait... Non. Chez nous, c'est plus considéré comme... Un loisir.
- Le béaba de la survie, un loisir ? Non mais franchement, votre monde est bien étrange... ronchonna Alyssa.
Malgré son incompréhension et son agacement, elle nous apprit tout ce qu'il fallait pour que nous puissions monter sans tomber. Evidemment, c'était rudimentaire, mais c'était mieux que rien.
Nous commençâmes par par enfourcher prudemment Pomme de Pin, lequel se révéla très conciliant et pas du tout nerveux. Heureusement pour moi d'ailleurs, car je n'étais pas vraiment à l'aise avec les animaux. Contrairement à Théo, qui noua vite une relation amicale avec Pomme de Pin. Le cheval fut d'abord un peu vexé, comme s'il avait entendu la critique de Théo sur son nom, mais après que mon ami lui ait présenté des excuses en bonnes et dues formes, il devint adorable avec nous. Théo avait une facilité évidente pour le contact avec les animaux, et cela lui permit d'acquérir très vite les bases de l'équitation. Je surpris même mon meilleur ami à l'appeler « Pommy » lorsque nous le nourrissions. Je me moquai un peu de lui mais en vérité, je trouvais ça plutôt mignon. Je voyais très bien que lorsque Théo montait, il ne faisait qu'un avec le cheval et il était dans son élément. Quand nous étions tous les deux, il me tenait, me guidait et me donnait une impression de sécurité et de stabilité que je n'avais absolument pas lorsque j'étais seule sur le cheval. Je n'y pouvais rien, ma nervosité me crispait et m'empêchait de réfléchir logiquement. Et malgré tous les efforts de Théo et toute le gentillesse de Pomme de Pin, je n'arrivais pas à me détendre. Ce qui avait paru un inconfort à Alyssa se révélait être la clé de mon salut : je n'aurais jamais réussi à voyager seule sur un cheval.
Le soir venu, nous préparâmes nos bagages : avec nos maigres possessions, cela ne dura pas longtemps.
Nous avions été transportés à Arcadia avec nos vêtements et toutes nos affaires, mais Alyssa nous avait donné de nouveaux habits (nous avions compris que le jean et les baskets n'étaient pas vraiment au goût du jour par ici). Nous étions à présent vêtus de longues tuniques fluides, de pantalons en tissus fin confortables et de bottes en cuir adaptées à la marche en forêt. Cela m'avait encore une fois interpellé : comment se faisait-il qu'il y ait deux tenues à notre taille dans la maison d'une vieille dame paumée au milieu d'une forêt ? Vu sa réaction de la dernière fois, je n'avais pas osé interroger Alyssa à ce sujet.
La jeune femme m'avait également donné une bourse à accrocher à ma ceinture que j'avais remplie de mon couteau suisse, mon briquet, ma mini-lampe torche et mon portable dont j'essayais d'économiser la batterie au maximum (juste pour les photos-souvenirs car on ne pouvait évidemment pas passer d'appel ici). Je laissais tout le reste dans la maison, n'en voyant plus l'utilité.
Nous étions à présent fin prêts pour le départ, tôt le lendemain matin. Nous nous dirigions vers nos lits lorsqu'Alyssa nous interpella :
- Attendez... J'ai quelque chose pour vous.
Nous nous retournâmes, surpris. Elle ouvrit une armoire branlante et en sortit deux paquets, l'un assez petit et l'autre plus allongé.
Elle me tendit le moins grand et donna l'autre à Théo. J'avoue, j'étais un peu déçue d'hériter du petit mais comme on dit, il ne faut pas se fier aux apparences...
Je déchirai l'emballage rudimentaire et un éclat d'argent attira mon regard. C'était un magnifique poignard, au manche gravé assez simple mais à la lame tranchante et précise. Ma bouche s'ouvrit devant ce cadeau que je jugeais inestimable et je sentis des larmes de reconnaissance me monter aux yeux. Cette arme représentait mon seul talent, ma seule chance de m'en sortir dans ce monde hostile et, je ne m'en étais pas rendu compte avant, mais sa présence me manquait. Je le rangeais à ma ceinture, trouvant sa place aussi facilement qu'un vieil ami. Je souris entre mes larmes, profondément émue. Alyssa m'offrit simplement un sourire complice et n'eut rien besoin d'ajouter d'autre : nous nous comprenions.
Théo, de son côté, avait reçu un arc majestueux ainsi qu'un carquois décoré et rempli de flèches solides. Il exprima son émotion par un petit cri de surprise puis se confondit en remerciement car il était, je le savais, aussi touché que moi par ce cadeau.
Après cette montée d'émotion, j'étais épuisée et je ne rechignai pas lorsque la jeune femme nous envoya nous coucher illico presto.
Le lendemain, je me réveillai avec une seule idée en tête : nous partions pour Castellian.
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Hello everybody !
Un petit chapitre (en fait un très long chapitre, plus de 2100 mots XD) où nos héros préparent leur voyage... J'ai beaucoup aimé écrire la scène du cadeau, qu'est ce que vous en pensez ?
Et que pensez-vous du talent de Lyra pour le poignard ? Et va-t-il arriver un danger pendant le voyage où les deux amis auront besoin de leur capacités acquises à l'entrainement ? Dites moi tout en comm' :)
Je sais pas si vous avez remarqué mais à partir de maintenant je mettrais la dernière phrase du chapitre précédent en italique au tout début, pour que vous ne soyez pas trop perdus si les publications sont espacées (ce qui risque fort d'arriver désolée :/)
Petit bonus : images de leur cheval respectif :D et désolée pour les fans d'équitation, je ne suis pas très calée en chevaux ! J'espère que j'ai pas dit de grosse bêtise :)
Voici Orage, le cheval d'Alyssa
Et Pomme de Pin (ou Pommy XD), le cheval de Lyra et Théo
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